Gouvernance intégrée du risque dans la perspective d’adaptation des communautés côtières aux changements climatiques

Cette thèse est située au carrefour entre gouvernance du risque et l’aménagement du territoire. Eu égard au contexte d’étude, la gouvernance du risque est centrée sur les questions de (i) « représentations sociales » des socio-écosystèmes et des risques côtiers associés aux changements climatiques, de (ii) « résilience » en tant que concept clé de la gouvernance holistique du risque. Ce concept est ici principalement abordé sous l’angle de l’aménagement du territoire et de la géographie, notamment, et de (iii) « méthodes » d’analyse et d’approches d’intervention territoriale pour des réponses efficaces aux défis liés à l’adaptation des zones côtières dans le contexte des changements climatiques.

Ces trois catégories de questions invoquent, finalement, la problématique de la prise de décision dans un contexte de conflits multi-représentationnels des risques côtiers associés aux changements climatiques. Face à ces questions de représentation, de résilience et de méthodes d’intervention que pose la gouvernance des risques côtiers, l’aménagement du territoire s’interroge sur les dimensions scientifiques, techniques et politiques de l’organisation et l’utilisation de l’espace littoral affecté par des risques de submersion marine et ses effets collatéraux. De ce fait, il interpelle et se concentre sur le rôle de l’écologie et de l’ingénierie côtière dans la réduction de la vulnérabilité et le renforcement de la résilience des communautés. A travers ces centres d’intérêts, cette thèse s’adresse aux multiples défis et aux incertitudes liées aux changements climatiques dans les villes côtières. Elle est l’assouvissement d’un désir intellectuel concernant l’étude et l’analyse des processus et modes opératoires de déploiement du paradigme de résilience dans ces systèmes complexes qui demeurent, toutefois, appréhendés par des discours et des actions simplificatrices. En parallèle de cette thématique majeure, cette thèse explore le concept de vulnérabilité dont les paradigmes ou le mode opératoire sur le terrain semble entrer en dissonance avec le paradigme de la résilience. Dans une perspective de gouvernance inclusive des risques côtiers, ce rapprochement conceptuel consiste à promouvoir un dialogue entre différentes représentations du risque qui freinent ou ralentissent la prise de décision . En substance, cette thèse est une contribution aux recherches sur ces systèmes côtiers et les risques associés, sur la manière dont ces derniers sont communiqués, sur les décisions et les conflits paradigmatiques dont ils font l’objet. Nos investigations se sont déroulées dans un cadre essentiellement interdisciplinaire. En effet, dans cette thèse, ces connaissances sont produites à travers une navigation entre le conceptuel et l’empirique impliquant diverses représentations du risque dans l’interface tridimensionnelle science-sociétédécision. Le conceptuel s’articule autour d’une réflexion sur la dimension épistémologique des concepts à travers l’analyse des discours. Quant à l’empirique, celui-ci porte la réflexion sur la dimension pratique des concepts à travers les expériences issues des acteurs du terrain. Ainsi, cette thèse interpelle la réflexivité de la science et la proactivité des politiques dans le processus de gouvernance du risque pour construire socialement la résilience. Elle interpelle, in fine, la transdisciplinarité dans le traitement des questions sociétales fourmillant d’incertitudes absolues et nécessitant un dialogue social constructif sur les procédures et les méthodes d’analyse et d’intervention sur les risques côtiers climatiques. Dans cette thèse, le processus de gouvernance du risque évoque quatre étapes itératives à savoir (i) pré-évaluation scientifiques des impacts, (ii) l’estimation des coûts et bénéfices (perceptions) et leur tolérabilité/acceptabilité sociale, (iii) la caractérisation/évaluation des options en fonction des enjeux et des scénarios, (iv) la gestion du risque par la décision politique ; chacune de ces étapes doit faire l’objet de communication qui est ici une étape transversale de ce processus.

Problématique générale, mise en contexte et éléments de justification

Les risques (inondation et érosion) attribués aux changements climatiques et les incertitudes en termes de conséquences sont de plus en plus devenus un casse-tête pour les pouvoirs publics. Cet état de fait s’expliquerait non seulement par leur fréquence , leur intensité et la complexité de leur origine causale (élévation du niveau de la mer), mais aussi par les dommages/enjeux (économiques, financiers, environnementaux et politiques) qu’il inflige à la société. Les systèmes ou territoires côtiers de façon générale et les communautés côtières en particuliers restent plus exposés à ces risques. Les facteurs explicatifs de cette situation de vulnérabilité s’avèrent, à tout point de vue, complexes. Mais, force est de constater que le contexte socio-environnemental (urbanisation linéaire par occupation de basses terres et voix de passage des eaux, par la destruction des habitats naturels, les phénomènes de subsidences) y ont beaucoup contribué, soit en termes de provocation ou d’aggravation des impacts.

La vulnérabilité et la résilience face aux extrêmes climatiques sont et resteront contrastées d’un continent à un autre, d’une région à une autre, et d’un individu à un autre. Selon les pays, les coûts, autant dans la réparation des dommages que dans les mesures de mitigation restent énormes. En d’autres termes, les coûts sociaux, économiques et écologiques des dégâts engendrés par les inondations, ainsi que les ressources investies dans les stratégies de résilience et d’adaptation constituent des dépenses budgétaires considérables pour les pouvoirs publics. Ce constat justifie toute l’urgence de s’attaquer au problème à la source –aménagement du territoire et gouvernance inclusive- en vue d’apporter des solutions acceptables au vu des enjeux multiples souvent en dispute concernant la prise de décision sur le risque. Le risque, à l’instar des autres concepts, est devenu multidisciplinaire. Le paradigme de la sociologie du risque s’est beaucoup développé dans les années 80 grâce aux travaux de Niklas Luhmann et d’Ulrich Beck concernant les risques technologiques (Encéphalopathie bovine spongiforme, nucléaire). Leurs travaux s’insèrent dans ce qu’ils appellent la société du risque post-moderne. Douglas, (1970) marque son empreinte sur la Théorie Culturaliste du risque surtout dans le domaine de l’anthropologie. Cet auteur étudie l’importance des notions de ‘groupes et réseaux d’acteurs et les facteurs et biais socio-culturels qui influencent la perception et la représentation à travers les processus d’évaluation, de communication et de gouvernance du risque. D’autres disciplines, des plus abstraites aux plus expérimentales, ont intégré la notion de risque dans leurs activités (psychologie, biologie, géographie, pour ne citer que celles-ci).

Aujourd’hui, plus que jamais, les inondations sont devenues des risques naturels sérieux pour l’humanité dans le sens où ils sont désignés comme des facteurs de désorganisation de la société. Les transformations induites par la dynamique des systèmes ainsi que les conséquences liées à ces transformations n’ont pas épargné les zones côtières. Depuis des décennies, celles-ci attirent de plus en plus les populations et la totalité des secteurs économiques. Ceci est dû au fait des diverses et nombreuses fonctions environnementales (bien être, support de vie et d’activité) et services écosystémiques (ressources consommables et non consommables) que les zones côtières fournissent quotidiennement aux humains. Plusieurs discours scientifiques ont été, de facto, consacrés à la notion de littoralisation ou de surlittoralisation du peuplement dans ces territoires d’interface terremer. Ces notions restent toujours une réalité en raison des difficultés, voir de l’impossibilité d’inverser cette tendance. Les risques naturels, surtout le cas des inondations, semblent, ou sont, parfois des risques pris volontairement par la société dans les zones urbaines côtières où la pression démographique réduit les réserves foncières. Il s’ensuit l’occupation des voies traditionnelles de passage des eaux et des espaces naturels sans respect de leurs fonctions environnementales et des normes d’occupation du sol dans le domaine public maritime. Dans les deux cas de risque, ce constat montre comment la société moderne post industrielle, au fur et à mesure de son évolution, se fabrique de manière systématique le risque en voulant satisfaire ses besoins.

De nos jours, l’augmentation des risques et des incertitudes générés par les changements climatiques sont en train de provoquer un changement de paradigme dans la gestion des risques côtiers. En effet, la voix des heuristiques profanes se prononce et souvent se soulève de plus en plus contre certaines approches scientifiques essentiellement technocentrées de la gestion du risque et certaines méthodes d’intervention politique mises en place par les pouvoirs publics. Sur le plan de l’intervention sur le risque, les systèmes les plus usités de défense contre les inondations et l’érosion côtières ont, en effet, montré leurs limites. Premièrement, les stratégies traditionnelles de défenses (les digues ou autres) sont victimes de leur contexte environnemental et socio-économique qui amenuisent leur efficacité : bétonnage à outrance éliminant ou réduisant la perméabilité du sol, déviation ou obstruction des cours d’eau par l’aménagement urbain irréfléchi. Ce contexte se traduit par une perte des fonctionnalités des écosystèmes -servant historiquement de remparts naturels contre les risques naturels- et par des coûts importants de réparation et de mitigation des impacts. En outre, la modification dans la conception des technologies traditionnelles de défense contre les risques inondation et d’érosion constitue une des attentes explicite des communautés côtières. Les solutions techniques résultant de l’expertise scientifique ou de l’ingénierie s’avèrent, à l’état actuel, insuffisantes et largement controversées par les populations côtières exposées à ou victimes des risques d’érosion et d’inondation. En outre, les stratégies de mitigation se caractérisent par des lourdeurs ou rigidités institutionnelles et souvent inadaptées au risque et à la vulnérabilité des résidents. L’analyse des perceptions, des représentations et de l’implication de ces communautés dans la prise de décision sur le risque devra permettre de nourrir la réflexion sur ce changement de paradigme en cours.

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Table des matières

I. Introduction
1. Problématique générale, mise en contexte et éléments de justification
2. Présentation des articles, liens thématiques et discussions
2.1. Présentation de l’article 1 : Communicating risk through a DSS: a coastal risk centred empirical analysis
2.2. Présentation de l’article 2 : L’utilisation du concept polysémique de résilience : une analyse empirique en zone côtière.
2.3. Présentation de l’article 3 : Vulnérabilité et résilience des systèmes côtiers, entre conceptions déterministes et non déterministes : les sciences du risque côtier à la croisée des chemins ?
II. Cadre méthodologique général
1. Processus et méthodes de recherche
1.1 Contexte de recherche
1.2. Exposition des corpus empiriques de recherche
2. Modèles conceptuels et outils d’analyse des corpus empiriques
2.1. Le modèle intégrateur de Renn (2008) sur les déterminants de perception du risque
2.2. Le modèle de Renn (2008) sur les typologies de revendications
2.3. Aller de la théorisation ancrée à la théorisation ancrée itérative des corpus
2.4. Apport de l’analyse documentaire
III. Conclusion
IV. Références bibliographiques
V. Résumé des articles
Liste des figures
Glossaire
Publications

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