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La notion de centralité urbaine
La théorie des lieux centraux est une analyse qui cherche à établir une hiérarchie des réseaux urbains. Les modèles de répartition géométrique qui y découlent, s’inspirent des travaux de CHRSTALLER et de LÖCH. En plus des variables taille ou distance des villes, ils ont mis l’accent sur les fonctions urbaines. La concentration des services dans les agglomérations s’explique alors par une hiérarchie spatiale des figures géométriques emboitées. Des liaisons sont ensuite lues ; elles soulignent le niveau du rang par rapport à la diversité des fonctions. L’accessibilité des services demeure essentielle dans un processus économique. La fonction principale d’une ville est alors de fournir des biens et des services à l’espace qui l’entoure : c’est la loi de la spatialisation de l’offre aux consommateurs. La ville apparait ainsi comme élément indispensable pour les populations rurales dispersées sur un territoire donné.
Cependant il faut montrer que les modèles axés sur les lieux centraux, ont été conçus dans un contexte de difficultés en matière de transport. Ils relèvent une approche de maximisation des profits en contrôlant le plus souvent de productions et de consommateurs. Cette logique est obsolète parce que peu efficiente du fait de l’évolution urbaine marquée par une grande accessibilité, donc une réduction des inerties dans les transports ; l’organisation spatiale répond donc de moins en moins à une logique de configuration géométrique.
Malgré les difficultés liées à ces modèles, la notion de centre est approuvée par tant d’acteurs. Ainsi pour ROST.M.A (1965), la ville est « le centre d’une région agricole, dont elle reçoit sa nourriture et à la quelle elle fournit quelques biens et services ». La ville occupe alors une place centrale pour la surface qu’elle englobe. Il importe de préciser clairement que la théorie de CHRISTALLER a fait abstraction à l’activité industrielle car elle suggère que l’urbanisation se développe en fonction des rapports qui existent entre les zones de production agricole et les lieux ponctuels d’échanges des biens et services. Ainsi beaucoup de chercheurs se sont inspirés des travaux de CHRISTALLER. Entre autres on peut citer BECKMANN. M. qui montre comment par introduction d’un facteur aléatoire, les niveaux de la hiérarchie pouvaient former une distribution conforme à la loi rang-taille. LÖCH. A. dans son ouvrage publié en 1940, nous proposant un modèle plus souple que celui de CHRISTALLER, affirme que tous les centres d’un même niveau, n’exercent pas systématiquement les fonctions identiques, et ne disposent pas forcément toutes les fonctions des centres inférieurs.
La ville : un pôle d’attraction économique
La zone d’influence d’une ville est d’autant plus vaste que son pouvoir économique est directionnel et important. Cette logique a montré une divergence d’opinions dans la conception urbaine, à travers l’impact économique de la ville tant au niveau local qu’international.
Selon J. BASTIE et B. DEZERT4, la ville est « émetteur-récepteur de flux de tous ordre : flux financiers, flux de transport, flux intellectuel, flux de télécommunications, et de télégestion ». Ils sous-tendent que la qualité et la quantité des équipements attirent vers la ville les différents flux. A.PIATIER (1979) affirmait que l’attraction d’une ville vient souvent de son degré de chalandise, de la présentation des vitrines, des distractions que l’on espère y trouver.
De manière générale, se présente aux alentours de chaque ville, une mosaïque d’activités. En effet la ville utilise quotidiennement une main-d’oeuvre recrutée dans un rayon plus ou moins vaste. Les migrations pendulaires sont alors l’expression journalière. D’autres aires d’influences plus larges se manifestent par toute une série d’indicateurs tels que la diffusion du journal régional, l’importance des commerces ou des appels téléphoniques. Quelque part, on note la fréquence des banques, des établissements hospitaliers, des cinémas et lieux de loisirs.
Tous ces atouts font de la ville, une zone de domination incontestable par rapport à son environnement. D’ailleurs le concept de domination a été introduit depuis la fin des années quarante par PERROUX.F (1950 ; 1960), à partir de l’analyse des relations économiques urbaines. Pendant longtemps, la ville s’était créée une zone d’influence vis-à-vis de son arrière plan, surtout par la collecte des produits agricoles qui lui étaient nécessaires. Ainsi PERROUX. F pensait qu’au-delà de son rôle de distributeur de biens et de services, pour la région qui l’entoure, la ville constitue un pôle d’attraction industriel. Il affirmait même que le développement économique d’un pays ne peut pas s’en passer de l’activité industrielle. Ce qui a été complètement réfuté par le modèle des lieux centraux.
Les divergences entre CHRISTALLER et PERROUX5 nous paraissent donc claires. En effet, la théorie des lieux centraux ne prend pas en compte l’activité industrielle dans la dynamique urbaine car pour CHRISTALLER le développement urbain repose sur les activités centrales. Il soutient que ces activités d’échanges que sont les commerces et les services pourraient même aider à définir une ville. Alors que pour PERROUX, la ville est le lieu de concentration des industries qui représentent des activités dominantes et motrices d’un pôle de développement régional. Dans la majeure partie des pays industrialisés, une longue histoire économique explique l’existence de réseaux complets et bien hiérarchisés. Un véritable maillage de relations existe et chaque centre urbain exerce une influence bien précise.
Par ailleurs, la notion de ville en partie semble au moins, dépassée pour laisser la place à la ville-région, plus large mais aussi plus complexe. A titre d’exemple, G.H. de RADKOWSKI (1983) dans son ouvrage « La métropolisation du plein au vide », a montré que le beurre consommé en région parisienne peut être normand ou irlandais ; la région métropolitaine peut aussi devenir en droit, sinon en fait, tout à fait étrangère à son hinterland rural.
La notion d’espace en géographie urbaine
Comme pour la géographie physique, l’espace terrestre constitue un champ de recherche en géographie humaine. Ainsi cet espace peut être considéré comme un produit social. C’est en fait un espace aménagé qui reflète l’organisation sociale, avec des centres, des voies, des unités de gestion, des frontières. La ville est ainsi un objet spatial inscrit dans un territoire qui constitue une portion de l’espace approprié par des personnes dans le but de contrôler des flux et d’établir des liens permanents entre les lieux.
La problématique de l’espace est ainsi discutée dans le second renouveau de la géographie urbaine entre paradigme critique et paradigme humaniste.
Pour la problématique critique, la ville est étudiée « en tant qu’expression parmi d’autres des contradictions du système capitaliste… un système organisé de valeurs d’usages, système produit et reproduit c’est-à-dire transformé, système lui-même élément de différents processus sociaux responsables d’un espace de production de la force de travail ». (M.COSINCHI, J- B RACINE, in BAILY et alt, 1991, pp 106-107).
Les enquêtes qualitatives
Les enquêtes qualitatives ont été facilitées par l’utilisation d’un guide d’entretien et l’organisation de focus group avec les personnes ressources et les associations intervenant dans le domaine de développement de la commune. Ces entretiens ont donné lieu à des discutions ouvertes permettant d’apprécier les conditions de vie des populations et la situation de développement de la commune de Sokone. Les services tels que la Mairie, le centre de santé, le Lycée et le CEM, la SENELEC, la SDE, la Brigade de la Gendarmerie, le marché ont été visités pour recueillir des informations et des données qualitatives portant sur le développement de la ville, son organisation et son influence.
Les difficultés rencontrées
L’accès à la documentation était difficile. La collecte des données a coïncidé avec la fin des grandes vacances. Ainsi la mission n’a pu rencontrer certains responsables de l’éducation au niveau local (Directeurs d’écoles). De ce fait elle n’a pu collecter les données relatives aux taux de scolarisation et de réussite au niveau de l’élémentaire.
L’Hydrographie
Les ressources en eau de la Commune de Sokone sont constituées des eaux de surface et des eaux souterraines.
Les eaux de surface : La Commune de Sokone est principalement connue pour son bras de mer issu du delta du Saloum. Ce bolong qui ceinture près de 2/3 du périmètre communal, constitue les limites naturelles de Sokone, au Nord-Ouest, à l’Ouest et au Sud. Les eaux de surface sont aussi matérialisées par les mares et marigots localisés dans les bas fonds de la Commune, situés au Sud-ouest, au Sud et au Sud-est. Ces points d’eau, généralement remplis par les eaux pluviales, tarissent au bout de 2 à 3 mois après la fin de l’hivernage.
Ces mares, sources d’abreuvement du bétail, favorisent aussi de petites activités maraîchères.
Les eaux souterraines : Elles sont constituées de trois (3) nappes :
o La nappe superficielle du continental terminal, qui est de bonne qualité, est captée à des profondeurs de 40 à 50 mètres par forage, avec des niveaux d’eau variables pouvant atteindre 20 mètres.
o La nappe du paléocène, captée par forage à une profondeur moyenne de 150 mètres, offre une eau de mauvaise qualité non consommable.
o La nappe du maestrichtien est captée par forage à une profondeur de 350 mètres. La qualité de son eau est très mauvaise avec une salinité supérieure à 2g/l et une teneur en fluor excessive de plus de 2g/l.
ACTIVITES ECONOMIQUES DELA COMMUNE
L’enjeu de la planification du développement urbain, même s’il est multidimensionnel, est particulièrement économique, sans que ne soient occultés les aspects sociaux et culturels.
En effet, Sokone a une fonction de ville commerciale où les territoires voisins se sont toujours rencontrés pour échanger des produits agricoles, industriels, artisanaux et des services.
Cette fonction de ville commerciale a créé un cadre permettant le développement harmonieux d’unités pourvoyeuses d’emplois et productrices de richesses.
Ainsi, les activités économiques de la ville sont : l’agriculture, le commerce, la pêche, l’élevage, l’artisanat, le tourisme et le transport.
L’agriculture
Avec la forte poussée démographique et l’urbanisation progressive de la ville, les terres de culture de Sokone ont cédé la place aux habitations.
La portion congrue et en diminution de la population active, dans ce secteur, exploite des lopins de terres dans les villages des CL voisines. La faiblesse des capacités financières de ces exploitants ne leur permet pas de réaliser des investissements en infrastructures pour l’exercice et la promotion d’une agriculture intensive et rentable qui dépasserait le niveau de simple subsistance. L’exercice de l’agriculture peut être considéré ici comme une activité subsidiaire.
Toutefois, Sokone s’est relativement développée en tant que cité de commerce, avec un produit phare : l’arachide.
Dans le passé, Sokone était une ville de collecte et de commercialisation de la production arachidière de son hinterland. Autour de cette activité qui avait permis la création d’emplois dans la manutention, le pesage, le conditionnement, etc., s’étaient développées d’autres activités de commercialisation de produits industriels, de productions artisanales (maçonnerie/construction, charpente, forge, bijouterie, cordonnerie, vannerie) et de prestations de services, qui avaient considérablement contribué à consolider le tissu économique.
A partir des années 80, suite à la crise de l’arachide caractérisée par la baisse des productions et les problèmes de débouché commercial, une reconversion s’est opérée avec le développement des plantations d’anacarde grâce au PASA et la création de l’usine SODENAS qui a fini par fermer suite à sa faillite prématurée. Sokone a ainsi failli ajouter à ses fonctions de ville commerciale et culturelle, celle de ville industrielle. L’anacarde, qui s’est développée dans les villages environnants, a eu un impact limité sur Sokone. Ce produit, qui avait suscité beaucoup d’enthousiasme, n’a malheureusement pas eu les mêmes capacités de retombées économiques et sociales que l’arachide.
Néanmoins, grâce à l’importance de son marché hebdomadaire qui polarise toutes les localités voisines, Sokone est resté un lieu de destination des produits agricoles, offrant une alternative aux difficultés de commercialisation connues ces dernières années, dans un environnement où le tissu économique s’est considérablement fragilisé.
Les infrastructures dont dispose l’agriculture sont seulement constituées d’un vieux secco pour l’arachide et d’un magasin de stockage de céréales peu adapté à sa fonction.
Concernant l’organisation des acteurs, le syndicat des agriculteurs, créé en 2010 en remplacement de l’ancienne UNCAS (Union Nationale des Coopératives Agricoles du Sénégal) est actuellement la structure qui regroupe les agriculteurs. Cette organisation tarde encore à convaincre de son efficacité.
Les stratégies de reconversion, relatives au produit phare, reposeront essentiellement sur la diversification et l’intensification, pour une agriculture adaptée au contexte actuel.
L’agriculture constitue un secteur où pourraient se développer plusieurs projets intercommunaux, compte tenu de la position, du rôle et des relations de Sokone vis-à-vis de son arrière pays.
Le commerce
Sokone a une vocation de commerce qui date de l’époque coloniale. Cette ville de collecte de la production arachidière provenant de l’activité du pays environnant, a été le site d’installation des grandes maisons françaises de commerce, des commerçants traitants et des commerçants libanais. Ces acteurs qui achetaient l’arachide des paysans, leur vendaient en retour des produits alimentaires et industriels. Ce double flux d’échanges commerciaux a créé un ensemble d’activités formant le tissu économique pour donner à Sokone sa fonction de ville commerciale.
Aujourd’hui, malgré la fragilisation de ce tissu économique suite à la crise de la filière arachidière qui a précipité le départ des grands commerçants et des traitants, Sokone a gardé sa vocation historique commerciale. Cette ville tampon, polarisant plusieurs localités, est restée la destination privilégiée des principales productions agricoles, pastorales, halieutiques et forestières de la zone. L’activité commerciale, particulièrement les jours de loumas, entraine d’importants flux financiers qui impactent positivement sur le niveau de vie des populations dont le commerce constitue la première source de revenus. Cette activité est pratiquée par plus de 50% de la population active, surtout celle féminine.
En plus d’abriter l’un des plus importants marchés hebdomadaires de la région, la Commune de Sokone a à son actif d’infrastructures commerciales les unités suivantes :
– 137 boutiques ;
– 119 souks ;
– 1 halle de marché avec plusieurs étals.
L’insuffisance des infrastructures marchandes s’accentue, entrainant l’engagement du Conseil Municipal sur un ambitieux projet de réorganisation du marché par la réhabilitation des premières installations, la construction de nouveaux souks et la révision du plan d’alignement.
En outre, le marché central de Sokone n’étant plus en mesure de satisfaire les populations au plan des infrastructures, de la proximité et de l’innovation, l’ouverture d’un deuxième marché est envisagé pour moderniser la conservation et la distribution des produits animaliers et halieutiques.
L’évaluation du potentiel fiscal du marché doit être opérée en vue de la mobilisation de ressources financières additionnelles et d’exploitation des niches de recettes.
Le transport
Etant un important secteur d’appui à la production, le transport fait partie des activités qui contribuent au développement socio-économique de la ville.
Sokone dispose d’une gare routière construite en 1996 par le Conseil Municipal en vue de mieux organiser le transport interurbain assuré par des taxis brousse de 7 places et des mini cars. Les vélos-taxis permettent les déplacements à l’intérieur de la Commune et vers les proches localités voisines, tandis que les îles sont jointes par des pirogues.
Le regroupement des chauffeurs et transporteurs de Sokone est un GIE créé en 2000 qui compte 70 adhérents.
Grâce à cette structure, la quasi-totalité des recettes fiscales de la Commune est recouvrée à raison de 200F par taxi, 300F par minicar, et 400F par car, à chacun de leurs départs et arrivées. En moyenne, 10 à 15 taxis par jour sont mobilisés au niveau de la gare routière. Les jours de loumas, ils peuvent aller jusqu’à 20. Les mini cars quotidiennement actifs font 2 à 3 et les jours de loumas ils peuvent aller jusqu’à 5 ou 6. Les cars, qui n’opèrent habituellement que les jours de marché hebdomadaire, ne dépassent pas 2.
Les vélos taxis, qui ont justifié leur utilité dans toutes les localités de la région et d’ailleurs, doivent faire l’objet de recensement et d’immatriculation en vue de formaliser leur partenariat avec la municipalité.
Le nouveau quai de débarquement, construit par le Conseil Municipal avec l’appui de l’ADM en cette année 2012, facilitera l’organisation de l’activité de transport fluviomaritime entre Sokone et son arrière pays insulaire.
Les principales difficultés évoquées par les acteurs du secteur portent essentiellement sur :
– Le mauvais état de la route nationale 5, entre la CR de Ndiaffate et la Commune de Sokone ;
– Les problèmes d’approvisionnement en carburant pour les véhicules et les pirogues, Sokone ne disposant pas encore de point de vente dans le quartier maritime;
– L’ensablement du bolong consécutif à la dégradation des écosystèmes et aux érosions hydriques.
– L’insuffisance de routes bitumées dans le territoire communal, rendant difficiles les déplacements en vélos taxis ;
– L’incapacité des transporteurs à renouveler qualitativement et durablement le parc automobile du fait des exigences étatiques sur l’âge des véhicules importés.
La délocalisation de la gare routière à l’entrée Nord de la Commune est envisagée pour sa modernisation et son accessibilité, celle actuelle ne répondant plus aux normes.
La création d’une station d’essence, par tout opérateur privé qui en aurait le profil, sera appuyée par le Conseil Municipal, depuis l’affectation de terrain jusqu’aux formalités administratives.
Le dragage du bolong est indispensable pour la correction des déséquilibres et la valorisation du potentiel maritime. Cette opération de grande envergure se fera nécessairement avec l’Etat et/ou ses partenaires spécialisés en la matière.
La réfection du tronçon dégradé de la route transgambienne est prévue dans le programme national tandis que les projets d’amélioration de la voierie de Sokone réduiront les insuffisances notées dans ce domaine.
Relations culturelles
La dynamique des liens sociaux entre Sokone et son arrière-pays favorise le brassage culturel entre ces deux milieux.
Le potentiel culturel est important et se caractérise par :
Une diversité ethnique : Sérères, Wolofs, Socés, Toucouleurs, Diolas, Peuls, etc. ;
La variété des coutumes et traditions ;
Les rites et les cérémonies traditionnelles, manifestations par excellence de la richesse culturelle de la zone.
Ainsi malgré l’organisation culturelle au niveau des villages, la commune de Sokone exerce une forte influence culturelle, grâce à ses atouts qui font d’elle un foyer culturel de grande envergure. Les grandes fêtes et cérémonies organisées à Sokone, illustrent l’attrait de ville par rapport à son hinterland.
La célébration des 40 ans de la commune de Sokone a toujours été l’occasion de magnifier « l’ensemble des valeurs historiques, culturelles, éducatives, économiques et sociales de la ville de Sokone ». Les doyens de Sokone présents à cette rencontre apportent des témoignages sur les attraits, les richesses naturelles, culturelles et historiques de cette commune.
En effet lors de cette cérémonie, un brillant exposé est présenté par M. Ablaye Mbaye, Enseignant et ancien Maire de Sokone. C’est ainsi que nous avons appris de lui que Mbouloum et Mboul Diamé, localités environnantes, ont existé avant Sokone dont l’emplacement actuel leur servait de terres de chasse. La croissance du petit village est liée au développement de l’économie arachidière. Sokone est devenue un point de collecte et d’acheminement de l’arachide par voie fluviale.
La fête des 40 ans anime la ville de Sokone qui attire les populations des villages environnants. La cérémonie qui se déroule du Vendredi au Lundi est riche d’activités religieuses et culturelles. C’est en fait des moments d’échanges de valeurs culturelles et religieuses entre sokonois et entre la ville et sa campagne.
On assiste à cet événement une cérémonie de prière suivie de causerie pour les musulmans, prière pour les catholiques, retraite aux flambeaux avec le « kumpo » et le « Cakaba », journée médicale (consultations, dont de sang), cérémonie d’ouverture (discours, prestations écoliers et artistes…), conférence sur le thème « Sokone racontée aux jeunes », forum sur le thème « Développement de Sokone, enjeux et perspectives », lutte traditionnelle, nuit de RAP, feu d’artifice à la fin, etc.
Au plan religieux, Sokone a très tôt connu un flux religieux et culturel intense symbolisé par des maisons et foyers islamiques de grand prestige. A Côté des mosquées et des daaras, une grande église dirigée par un Curé de la paroisse fut construite depuis l’arrivée des missionnaires européens (Suisses, Catalans…) sur les côtes du Bas-Saloum. Ainsi tous les vendredis et dimanches, musulmans et chrétiens de certaines localités environnantes effectuent leur prière de vendredi (musulmans) et de messe le dimanche (chrétiens) à Sokone.
L’oeuvre du grand érudit de Sokone, El Hadji Amadou Dème a fait de Sokone une ville de grande influence religieuse. Ainsi la ville de Sokone occupe une place importante dans la religion et connait aujourd’hui un rayonnement fulgurant au niveau local, national, sous-régional et de la diaspora grâce à la cérémonie de commémoration de cette oeuvre organisée chaque année.
En effet, durant près de 20 ans, El Hadji Amadou Dème, associant toute activité à la rédaction de son ouvrage, réussit à produire une oeuvre colossale de 20 tomes soit 14000 pages après impression. Il termina son oeuvre en 1959 et la fêta pour la première fois en 1960 pour rendre grâce à Dieu et à son prophète (psl).
Cette cérémonie, perpétuée chaque année par la famille Dème de Sokone, est actuellement à sa 56ème édition. Elle reste une occasion de retrouvailles et d’imprégnation des écrits de ce grand érudit pour l’ensemble de la communauté musulmane. Aussi, elle est une occasion pour les chefs religieux de débattre sur des sujets dans la société sénégalaise, qui se perd de plus en plus dans ses repères. C’est la raison pour laquelle, à chaque édition, la cérémonie est placée sous présidence d’un grand chef religieux comme se fut le cas avec Serigne Abdou Aziz Sy Junior, porte parole du Khalife Général des Tidianes en 2014. De plus, d’importantes délégations des différents foyers religieux du Sénégal prennent part à ce rendez-vous.
Par conséquent, vu la dimension de l’événement, les préparatifs démarrent quelques mois avant la date retenue et se font à plusieurs niveaux : la famille Dème, les Dahiras et Talibés, l’Etat, les institutions (administratives et locales), les services techniques, les associations…
Ainsi, trois mois avant la date retenue par pour le Ziarra, un CDD (comité départemental de développement) ou un CRD (comité régional de développement) se réunit et des invitations sont faites en destination des autorités administratives, des familles religieuses du Sénégal, de la diaspora et des grands foyers musulmans.
Souvent organisé le premier week-end (Vendredi, Samedi, Dimanche) du mois de février, Sokone devient durant trois jours le pôle de convergence de plusieurs milliers de musulmans du Sénégal, de la sous région (notamment de la Gambie) et de la diaspora.
Ainsi le programme s’établit comme suit:
-le vendredi : une prière est prévue à la grande mosquée suivie du Hadratoul Diouma;
-Samedi : Forum sur l’oeuvre d’El hadji Amadou Dème, vernissage d’une exposition sur l’oeuvre et Gamou dans la nuit;
-Dimanche : Cérémonie proprement dite à la place d’El Hadji Amadou Dème en présence de la délégation officielle désignée par l’Etat, du président de cérémonie, des représentants des grands foyers religieux. C’est également le jour des diverses allocutions.
Vu l’ampleur de cette cérémonie, la Commune de Sokone a bénéficié à nouveau d’une nouvelle urbanisation et une amélioration des réseaux d’eau et d’électricité. Aussi, le « Téré » fait de Sokone un marché international durant ces trois jours de cérémonie à travers le commerce d’articles sous régionaux, le transport, …
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Table des matières
REMERCIEMENTS
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION GENERALE
I- PROBLEMATIQUE
1. Contexte et justification
1.1. Contexte
1.2. Justification
2. Objectifs de la recherche
2.1. Objectif général de la recherche
2.2. Objectifs spécifiques
2.3. Hypothèses
II- ANALYSE CONCEPTUELLE
1. Définitions
2. La notion de centralité urbaine
3. La ville : un pôle d’attraction économique
4. La notion d’espace en géographie urbaine
III- METHODOLOGIE
1. Revue documentaire
2. Le travail de terrain
2.1. Les enquêtes qualitatives
3. Les difficultés rencontrées
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA VILLE DE SOKONE
CHAPITRE I : LES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES
1- Localisation et milieu physique
1.1- Localisation (figure 1)
1.2- Le milieu physique
1.2.1- Relief et types de sols
1.2.2- Le climat
1.2.3- L’hydrographie
CHAPITRE II : CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES
1- Historique du peuplement
2- Evolution de la population
3- Composition de la population
CHAPITRE III : ACTIVITES ECONOMIQUES DE LA COMMUNE
1- L’agriculture
2- L’élevage
3- L’artisanat
4- Le commerce
5- Le transport
6- La pêche
7- Le tourisme
DEUXIEME PARTIE : SOKONE ET SA VIE DE RELATION
CHAPITRE I : LES RELATIONS SOCIALES ET CULTURELLES
1- Les relations sociales
2- Les relations culturelles
CHAPITRE II : RELATIONS COMMERCIALES ET AGRICOLES
1- Relations commerciales
1.1- Polarisation des équipements marchands
1.2- Flux du louma
2- Relations agricoles
2.1- Impact de l’extension de la ville sur l’agriculture.
CHAPITRE III : DYNAMIQUE SANTE & EDUCATION
1- La santé
1.1- Polarisation du district sanitaire de Sokone
1.2- Flux du centre de santé de Sokone
2- Education
2.1- Polarisation du lycée et des CEM
TROISIEME PARTIE : GOUVERNANCE ET PERSPECTIVES DE LA VILLE
CHAPITRE I : ACTEURS DU DEVELOPPEMENT LOCAL
1- Les autorités locales
2- Société civile et dynamiques locales
2.1- Organisations de femmes
2.2- Associations de jeunes
2.3- Le cadre de concertation
2.4- Les comités de gestion
2.5- Le partenariat et la coopération décentralisée
2.6- La coopération intercommunale
CHAPITRE II : PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DE LA COMMUNE
1- Options de développement : vision de la commune
2- Objectifs et stratégies de développement
2.1- Axes stratégiques de développement
2.2- Objectifs de développement
2.2.1- Amélioration de l’accès et de la qualité des services sociaux de base
2.2.2- Aménagement urbain et amélioration du cadre de vie
2.2.3- Promotion de la stratégie de développement économique
2.2.4- Renforcement des capacités institutionnelles et organisationnelles
2.2.5- Programme d’action et d’investissement
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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