Le concept et principe du Développement durable
Le concept du développement durable apparaît vers la fin des années 1960, avec la dégradation et les problèmes environnementaux qui dépassent les frontières d’un pays ou même d’un continent. Après 20 ans c’est-à-dire dans les années 80, la notion de la participation de la population locale dans la gestion des ressources naturelles devient incontournable. Le changement climatique et la dégradation forestière constituent les problèmes majeurs du 20e siècle. Pour le cas de Madagascar, La forêt de mangrove couvre 320 000 ha, dont 98% se rencontrent sur la côte ouest, elle représente 2% à l’échelle mondiale et 20% au niveau africain (FAO 2003).En effet, la disparition et la dégradation de la végétation entrainent des conséquences imprévisibles sur le plan environnemental, social et économique. Ainsi la recherche d’un équilibre entre ces différents domaines fait l’objet du développement durable. De ce fait, l’étude de la gestion participative entre dans ce cadre de développement durable dont l’évaluation sociale, économique et écologique de l’exploitation des ressources naturelles en particulier la mangrove constitue l’objectif final de la présente étude. Les premiers dispositifs de gestion communautaire et de Transfert de Gestion des ressources Naturelles (TGRN) insaturés dans le pays sont nés de cette initiative. En fait, Les conventions internationales, dont entre autres la convention de Rio de 1992, a défini pour la première fois le concept du développement durable et ils ont ainsi mis l’accent sur la nécessité d’intégrer les divers acteurs locaux dans la gestion de ces ressources naturelles. Les approches dites « participatives » sont de plus en plus ambitionnées dans tous les secteurs de développement pour espérer obtenir plus de résultats. Pour Madagascar, la loi GELOSE est une initiative qui va dans ce sens. Le développement durable exige la considération et la participation de la population locale dans la conception et la réalisation des projets de protection de l’environnement. Ainsi le slogan du développement durable « penser global, agir local » est assez expressif dans ce sens.
Les besoins en bois de construction
En général, les cases à Belalanda sont faites à partir des matières végétales ainsi le mur et la toiture sont confectionnés par des Typha angustifolia ou « Vondro», et l’armature de ces murs est faite en bois (tableau 5 et photo 1). Les principaux types d’utilisation des bois de mangrove sont : construction des cases, des meubles, de pirogue, de charrette, (Tableau 5). Le type de bois utilisé, le volume la redevance et la validité du permis varient en fonction du type d’utilisation. La consommation de gaulette utilise un volume très important de bois (100 pieds par ménage) et la validité du permis d’exploitation varie selon le volume de bois utilisé, 6 jours au maximum pour la construction de gaulette (tableau 5). La redevance prélevée pour la construction de charrette est très élevé car ceux qui les fabriquent sont des étrangers vivant hors de la zone de prélèvement. En général la quantité de bois prélevés dépend de la dimension et types d’utilisation. Alors que le choix des matériaux varie également selon les types d’utilisation mais aussi selon la distance du lieu de prélèvement et de la disponibilité des ressources. Les charpentes de la maison (piliers, traverses, lattis, faitières, pannes sablières, chevrons) sont construites avec des pièces de bois de différentes tailles comme perche, gaulette ou bois rond, planche.
La pêche : une activité délaissée
Malgré cette importance de pêche chez les Vezo en tant que symbole de leur culture, plus particulièrement celle pratiquée dans la mangrove est de plus en plus délaissée. La présence de l’ONG Belge « Honko » et la mise en place du transfert de gestion ont favorisé la formation de l’association communautaire appelée « VOI Memelo honko » qui est chargée de gérer la mangrove, cet événement a complètement bouleversé le mode de vie des vezo qui délaisse leurs principales activités. L’activité de pêche est soumise aux différentes règlementations dont les vezo ne sont plus les principaux acteurs. Ainsi cette population de pêcheur par vocation se tourne d’autres activités génératrices de revenu monétaires comme l’exploitation de vondro, l’écotourisme, l’apiculture. Ces dernières, deviennent actuellement leurs premières activités génératrices de revenu monétaire. Mais cela ne leur empêche pas de pratiquer leurs activités traditionnelles, même si c’est à faible revenu.
Le tourisme, l’apiculture, la pisciculture : des activités secondaires
Les membres du VOI ont bénéficié de formation pour des activités de pratique durable ainsi que des filières procurant des revenus alternatifs. Il s’agit de formation en culture des crabes de boue (engraissage en cage pour 3 mois, utilisation de moustiquaires dans les mangroves, préservation des habitats vaseux dans les mangroves), d’atelier en vannerie utilisant d’autres matières premières que les « vondro », et de formation en apiculture et pisciculture. Parallèlement, des formations pour des éco-guides touristiques ont été réalisées. L’objectif étant de fournir à la population locale des incitations économiques sous différentes modalités de compensation, en contrepartie de la restauration et la préservation des écosystèmes de mangroves. Pour les activités touristiques, deux options sont proposées, l’itinéraire des mangroves et l’itinéraire culturel des villages.
Résultats des inventaires floristiques
Les espèces végétales peuplant la mangrove ont été analysées selon des quadrats 10×10 m repartis au sein de l’ensemble du site d’études (Ambondrolava). Sur les Trente quadrats échantillonnés soit 10 quadrats par type de formation végétale définissent par l’ONG. Les trois types de formations végétales identifiés sont les suivantes : en bonne santé, dégradés, et replantés. Les types de formations végétales dégradés subissent ou ont subi des pressions anthropiques importantes tel que l’utilisation du bois (construction des pirogues, maisons ou chauffage), ou des feuilles (médecine) mais ce sont également des lieux de passage des pécheurs avec leurs pirogues. Les types de formations végétales en bonne santé sont les moins impactés par l’homme ; ils possèdent généralement une densité importante et un bon maintien des fonctions de l’écosystème. Ils correspondent donc à la mangrove à l’état le plus naturel. Les formations végétales replantées correspondent aux endroits ou des palétuviers ont été replantés par l’ONG et le VOI depuis 2008. Au sein de chaque quadrat, la richesse spécifique et l’abondance des espèces ont été relevés. Pour chaque individu mature, la taille, la circonférence à un 1,3m de hauteur et le nombre d’arbres par espèces ont été mesurés. Les individus ont été définis comme étant mature si leurs circonférences à 1,3m de hauteur étaient supérieures à 5cm. Les jeunes pousses (circonférence inferieur à 5cm) ont également été dénombrées par espèces.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET DEMARCHE DE RECHERCHE
CHAPITRE I: CADRE CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE
1.1. Analyse rétrospective sur la gestion participative de la mangrove
1.1.1. Définition de la mangrove
1.1.2. Notion de conservation
1.1.3. Transfert de gestion des ressources naturelles
1.1.4. Développent local
1.1.5. Le concept et principe du développement durable
CHAPITRE II: DEMARCHE DE LA RECHERCHE
2.1. La recherche bibliographique
2.2. Problématique de la recherche
2.3. Hypothèses de la recherche
2.4. Objectifs de la recherche
2.5. Outils de recherche et les travaux de recherche
2.5.1. Outils de recherche
2.5.1.1. Les enquêtes proprement dite
2.5.2. Les travaux de recherche
2.5.2.1. Les inventaires floristiques
2.5.2.2. Analyse et traitement des données
Conclusion de la troisième partie
DEUXIEME PARTIE : LA FORET DE MANGROVE: UN ESPACE RESSOURCE POUR LA POPULATION LOCALE
CHAPITRE III: LA POPULATION DE LA COMMUNE RURALE DE BELALANDA: DEPENDANTE DES RESSOURCES DE LA MANGROVE
3.1. Les principaux besoins en ressources forestières
3.1.1. Les besoins en bois de construction
3.1.2. Les besoins en bois de chauffe et énergétique
3.1.3. La zone de mangrove: un lieu de pêche par excellence
3.2. Les besoins secondaires en ressources forestières de mangrove
3.2.1. Les produits de cueillette
3.2.2. Médecine traditionnelle
3.3. Mutation de la société en matière d’utilisation des ressources naturelles
3.3.1. La pêche: une activité délaissée
3.3.2. Apparition des nouvelles activités génératrices de revenu monétaire
3.3.2.1. L’exploitation du vondro, principale activité rémunératrice
3.3.2.2. Le tourisme, l’apiculture, la pisciculture: des activités secondaire
CHAPITRE IV: LA MANGROVE DE LA COMMUNE RURALE DE BELALANDA: UNE FORMATION FORESTIERE MENACEE
4.1. L’état de la mangrove
4.1.1. Méthode d’inventaire
4.1.2. Résultats des inventaires floristiques
4.1.3. Zonation de la mangrove et conditions écologiques
4.2. Dynamique spatio-temporelle de la formation végétale
4.2.1. Résultats des interprétations
4.3. Les facteurs de la dégradation des mangroves d’Ambondrolava
4.3.1. Facteurs naturels
4.3.2. Facteurs anthropiques
4.3.2.1. La pauvreté de la population
4.3.2.2. La carbonisation à outrance
4.3.2.3. Les prélèvements sauvages et incontrôlés
Conclusion de la deuxième partie
TROISIEME PARTIE : LA GESTION PARTICIPATIVE DE LA MANGROVE D’AMBONDROLAVA: UNE ALTERNATIVE POUR UNE EXPLOITATION RATIONNELLE DE LA RESSOURCE FORESTIERE
CHAPITRE V: LE TRANSFERT DE GESTION: UNE STRATEGIE LOCALE POUR UNE EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES
5.1. La mise en place du transfert de gestion et ses principes
5.1.1. La politique de décentralisation et le transfert de gestion des ressources naturelles
5.1.2. Le transfert de gestion des ressources naturelles dans le cadre de gestion contractuelle des forêts
5.2. Le concept sur la notion de la participation
5.2.1. Approche participative dans le développement rural
5.2.2. Le principe de participation dans la gestion de RN
5.2.2.1. La participation de la population dans la gestion de mangrove d’Ambondrolava
5.3. Typologie des modes de participation
5.3.1. Participation par complaisance et par intérêt
5.3.2. Participation par obligation ou imposée
5.3.3. Participation consciente
CHAPITRE VI: VERS UNE GESTION RATIONNELLE DES RESSOURCES NATURELLES
6.1. Une cogestion favorable à l’amélioration de la situation sociale, économique, et écologique de la commune rurale de Belalanda
6.1.1. Renforcement de la capacité organisationnelle de la population locale
6.1.2. Modification appréciable de la condition de vie de la population
6.2. Les activités du VOI mamelo honko et de l’ONG Honko: une réponse au principe de durabilité
6.2.1. La mise en place d’un contrôle zonal dans la mangrove d’Ambondrolava
6.2.1.1. Protection de la mangrove
6.2.1.2. Reboisement: une activité de conservation et de valorisation
6.3. Limites et contraintes de la gestion participative de la mangrove
6.3.1. Limites et problèmes de la participation dans la gestion de la mangrove
6.3.1.1. Dysfonctionnement du VOI mamelo honko
6.3.1.2. Dysfonctionnement de service technique et avenir incertain de l’association villageoise
6.3.1.3. Une persistance de l’exploitation illicites des palétuviers
Conclusion de la troisième partie
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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