Gestion et nouveaux contextes du document cartographique

Gestion et nouveaux contextes du document cartographique

Des documents polymorphes

Définitions

Définir ce qu’est un document dit « cartographique » est, en effet, primordial, tant cette appellation recouvre de documents de natures et de typologies diverses. Pour Pierre-Yves Duchemin (2003, pp. 386-387, cité par Coste 2007, p. 37), conservateur-analyste à la Bibliothèque nationale de France (BNF) et pionnier de la normalisation en matière de Gérer et valoriser un fonds d’archives cartographiques à l’ère du numérique : nouveaux contextes, pratiques et perspectives Charles-Antoine Chamay 18
catalogage des documents cartographiques (Loiseaux 2007), les documents « cartographiques » rassemblent : « tous les documents représentant, en totalité ou en partie, la Terre ou tout corps céleste, à toute échelle et sur tout support […] compren[ant] notamment les cartes et plans, y compris les plans d’architecture et les plans d’occupation des sols, […] les vues à vol d’oiseau et les panoramas. » Une définition large, qui regroupe ainsi, sous le même vocable, divers types de documents, que de prime abord nous ne serions pas portés à considérer comme relevant des documents cartographiques. Qui penserait d’emblée à percevoir comme tels les plans d’architecture, les panoramas et la « perspective à vol d’oiseau » de l’architecte de la cité-jardins d’Aïre, le fameux Arnold Hoechel, que nous avons placée en illustration ci-dessous (figure 12) ? « Documentation. Catalogage des documents cartographiques – Rédaction de la notice bibliographique », publiée en septembre 1991, qui fait office de norme de référence pour le catalogage des documents cartographiques, se montre plus libérale encore. Y figurent également, en effet, quelques autres types de documents : les blocsdiagramme et les cartes de lieux imaginaires (sic) ! Incongru, nous direz-vous ? Cela révèle à notre sens la richesse de cette typologie, une typologie de documents qui ne saurait être réduite à n’être constituée que de mornes « documents techniques », de brutes représentations de données cartographiques…Ainsi les documents cartographiques : « représent[e]nt, en totalité ou en partie, la Terre ou tout corps céleste, à toute échelle et sur tout support, tels que les cartes et plans en deux et trois dimensions, les cartes aéronautiques, célestes et marines, les globes, les sphères armillaires, les blocsdiagramme, les coupes de terrain, les photographies aériennes et astronomiques, l’imagerie satellitaire et de télédétection, les atlas, les vues à vol d’oiseau, les cartes de lieux imaginaires, etc., appelés ci-après documents cartographiques. » (Norme Z44-067) De même dans les Anglo-American Cataloguing Rules (AACR2), qui se montrent encore plus exhaustives : « 3.0A1. Les règles suivantes s’appliquent aux documents cartographiques de toutes sortes : représentations de l’ensemble de la terre, ou de parties, et représentations de corps célestes. Il s’agit en particulier de : cartes et plans bidimensionnels ou tridimensionnels ; cartes aéronautiques ; cartes nautiques ; cartes du ciel ; atlas géographiques ; globes ; blocs-diagramme ; coupes ; photographies aériennes, images satellites, et photographies spatiales, faites à des fins cartographiques ; cartes à vol d’oiseau ; panoramas » (AACR2, 2002) Au sein de cet inventaire, qui diffère peu des précédents, l’on précise toutefois que seules les « photographies aériennes, images satellites, et photographies spatiales, faites à des fins cartographiques » sont considérées comme documents cartographiques. Mais peu nous importe à ce stade : l’enjeu est ailleurs. Et, il est de taille pour les cartothécaires, bibliothécaires ou archivistes, chargés de collections ou de fonds cartographiques. À leur Gérer et valoriser un fonds d’archives cartographiques à l’ère du numérique : nouveaux contextes, pratiques et perspectives charge en effet d’être capables de traiter, d’évaluer, de manière appropriée et efficiente – et souvent à l’aide des mêmes outils – tous ces types de documents, panoramas, globes ou cartes marines, afin d’en faciliter la recherche, la consultation et la préservation, sans avoir, pour la plupart, reçu de formation pour appréhender ce type de documents. Dans les filières en information documentaire, il est rare de voir effectivement proposé un enseignement spécifique dévolu aux documents cartographiques4, les typologies de documents n’étant généralement pas abordées directement. Un sujet de réflexion qui outrepasse cependant le cadre de ce mémoire, quoique… Mais arrêtons-nous plutôt sur les quelques types particuliers de documents, considérés dorénavant sous l’angle archivistique, documents que nous trouverons, en l’occurrence, au sein du fonds du TeTU.

  Cartes

Dans les Fondements de la discipline archivistique, Carol Couture et ses collaborateurs consacrèrent quelques pages aux documents cartographiques. Avant d’aborder des questions de gestion archivistique, ils prirent soin en effet de définir les différents types de documents cartographiques, auxquels un archiviste peut être confronté lorsqu’il a l’occasion de traiter un fonds. Ils définirent ainsi ce qu’est une carte, ce document emblème de la cartographie : « La carte est une représentation plane d’une partie ou de l’ensemble de la Terre ou d’un corps céleste. Par utilisation d’échelles, de signes, de symboles et de couleurs, les cartes fournissent différentes indications de la surface à représenter. Il existe évidemment plusieurs types de cartes, de la carte topographique, la plus commune, qui livre avec détails une configuration d’un territoire donné aux cartes thématiques (cartes politiques, hydrographiques, démographiques, etc.). » (Couture 1994, p. 218)

 Plans

Ils abordèrent ensuite la question, plus délicate, du plan. En quoi, en effet, diffère-t-il de la carte ? « Bien qu’il n’existe pas d’accord universel pour différencier la carte du plan, le plan diffère de la carte en ce que la surface illustrée est relativement plus restreinte. Aux Archives nationales du Québec, par exemple, l’échelle de la carte a une limite inférieure de 1:10 000 alors qu’aux Archives nationales de France, elle a une limite inférieure 1:20 000. En deçà de ces échelles, on considère qu’il s’agit d’un plan. » (Couture 1994, p. 218) Dans la pratique néanmoins, l’échelle n’est pas un élément discriminant. La différence est ailleurs. La carte est « une représentation partielle ou totale de la surface de la Terre ou d’un corps céleste avec des composants morphologiques d’abord naturels, puis artificiels5 », alors que le plan est « une représentation partielle d’un élément morphologique de la surface de la Terre ou d’un corps céleste, d’abord artificiel, puis naturel ». Il y a ainsi des cartes de la lune, du relief et des plans de villes, des plans de construction…

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Table des matières

Déclaration
Remerciements
i Résumé
Glossaire
Liste des figures
Abréviations
1. Introduction
1.1 Des documents particuliers
1.2 Un nouveau paradigme : la géomatique
1.3 Un cadre de réflexion exemplaire
1.4 Nos axes
2. Méthodologie : agilité, pragmatisme et résilience .
3. Prolégomènes
3.1 Brève histoire de la cartographie en Suisse et à Genève
3.1.1 Jalons historiques
3.1.2 L’émergence de la cartographie numérique
3.1.3 La cartographie en Suisse et à Genève
3.1.4 Genève en représentation(s)
3.2 Des documents polymorphes
3.2.1 Définitions
3.2.2 Cartes
3.2.3 Plans
3.2.4 Cadastres
3.2.5 Plans de construction
4. Gestion et nouveaux contextes du document cartographique
4.1 Cartothéconomie et gestion documentaire
4.1.1 La cartothéconomie
4.1.2 Pratiques de gestion documentaire
4.2 Les nouveaux contextes du document cartographique
4.2.1 Le numérique : nouveau paradigme, nouvelles donnes
4.2.2 Mais a-t-on encore recours au document traditionnel ?
4.3 Les cartothèques face à la transformation numérique
4.3.1 La cartographie dans les bibliothèques et centres d’archives
4.3.2 Des bibliothèques et des données… La fin du papier
4.3.3 Les cartothèques : un panorama
4.3.4 Synthèse
Gérer et valoriser un fonds d’archives cartographiques à l’ère du numérique : nouveaux contextes, pratiques et perspectives
4.3.5 Et notre fonds ?
5. État des lieux et des pratiques
5.1 Historique : du Centre de recherche sur la rénovation urbaine (C.R.R.) au groupe de compétences, Territoires et Tissus urbains (TeTU)
5.2 Méthode
5.3 Projets et travaux
5.4 Le fonds cartographique du TeTU
5.4.1 Genèse et provenance
5.4.2 Objectifs initiaux du fonds
5.4.3 Publics et usages
5.4.4 Les documents
5.4.5 Les lieux de conservation
5.5 Pratiques de gestion
5.5.1 Classement
5.5.2 Inventaire et catalogage
5.5.3 Conservation et préservation
5.6 Mise en valeur
5.7 Présence numérique
5.8 Intérêt et valeur : entre patrimonialisation et latence documentaire
6. Perspectives de valorisation
6.1 Diffuser, valoriser : concepts
6.2 Mise en place d’une stratégie de valorisation
6.2.1 Valeur(s) du fonds
6.2.2 Quels publics ?
6.2.3 Moyens à disposition
6.2.4 Pour quels objectifs ?
6.2.5 Une exigence : la définition d’un corpus resserré et cohérent
6.2.6 Pour la mise en place d’une stratégie pragmatique et graduelle
6.3 Les projets de valorisation numérique
6.3.1 Les catalogues collectifs et les portails
6.3.2 Un logiciel de gestion cartographique à considérer
6.3.3 Les expositions virtuelles
6.3.4 Autres initiatives sur le web
6.3.5 Digital humanities
6.4 Les pistes de valorisation traditionnelle
6.4.1 Les expositions
6.4.2 La participation à des manifestations relatives à l’urbanisme
6.5 La valorisation par les usagers
6.6 Enjeux et perspectives
6.6.1 Les droits d’auteur : les cartes aussi sont protégées
6.6.2 La numérisation en question(s)
6.6.3 S’inscrire au sein d’un réseau de cartothèques
6.6.4 Une antienne : mutualisation, synergie et convergence
7. Conclusion
8. Bibliographie
Recommandations
Guide pratique
« Cartothèques » suisses
Portails de valorisation (fiches techniques)
Questionnaire type

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

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