Gestion et impact des amenagements hydroagricoles

Le Sénégal, à l’instar de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, a une économie fragile, reposant sur l’agriculture qui dépend essentiellement de la pluie. L’irrigation, faible, n’est pratiquée que dans la vallée du fleuve Sénégal. Cette caractéristique de l’agriculture sénégalaise illustre bien ses difficultés actuelles. La précarité des facteurs de production n’épargne aucune zone du pays, aussi bien les régions du nord que celles du sud qui reçoivent le plus de précipitations annuelles. Celles-ci connaissent une baisse considérable vers la fin des années 1960.

En effet les précipitations moyennes annuelles reçues dans le bassin de la Casamance, bien qu’elles soient encore parmi les plus élevées au Sénégal, sont en baisse. A Ziguinchor, par exemple, le déficit pluviométrique de ces années, avec une moyenne de 1160 mm sur la période 1968-1988 contre 1540 mm sur la période allant de 1949 à 1967 (Dacosta, H., 1989) est nettement ressenti. Ces conditions climatiques péjoratives sont à la base de la détérioration des conditions pédologiques de la région.

Durant la période à pluviométrie excédentaire l’écoulement sur le bassin de la Casamance reste important. L’intrusion des eaux marines est atténuée, sur de longues saisons pluvieuses de 4 à 5 mois, par les apports en eau douce issus du ruissellement des bassins versants. Cependant à partir des années 1970, du fait de la baisse des précipitations, les écoulements annuels en eau douce s’affaiblissent de plus en plus. Ils deviennent insuffisants pour assurer l’équilibre des mouvements quotidiens des eaux marines dans le réseau hydrographique du fleuve Casamance Dacosta, H., 1989). La remontée du front d’eau salée s’accentue. Il en résulte une extension de surfaces sursalées de tannes au détriment de la vasière à mangrove. Ainsi, la forêt de mangrove s’est considérablement dégradée et les terres rizicoles des bas-fonds ont été progressivement contaminées par les eaux de surface, dont la salinité est, en saison sèche, 3 à 4 fois celle de l’eau de mer (Cormier-Salem, 1994). La dégradation chimique qui s’en suit est caractérisée par la forte salinisation des terres arables accompagnée d’une acidification et, dans une moindre mesure, d’une alcalinisation. Cette hypersalinisation des eaux de surface caractérise la plupart des rivières côtières d’Afrique occidentale (Cormier-Salem, 1994).

La salinisation et l’acidification concernent essentiellement les milieux fluvio-marins tels que la Basse Casamance, le delta du fleuve Sénégal et le Sine Saloum. Ainsi, selon l’ « Annuaire sur l’Environnement et les Ressources Naturelles du Sénégal » du Centre de Suivi Ecologique (CSE) 2009, quatre des six zones agro-écologiques du pays sont sous l’emprise de ce phénomène et selon l’étude de Sadio S. (1991) citée par ce même rapport du CSE, environ 1 088 000 ha de terres arables sont affectées dont 400 000 ha dans le bassin de la Casamance. Ce phénomène de la salinisation des terres prend de plus en plus de l’ampleur au fil des années et compromet les activités agricoles, principalement la riziculture des populations de la Bassa Casamance. Ces dernières, par manque de moyens adéquats de lutte anti sel, finissent toujours par abandonner une partie de ces terres pour en défricher d’autres au niveau des plateaux. Pourtant, ces bas-fonds fluvio-marins de la Basse Casamance, à l’instar de ceux situés dans le domaine soudano-guinéen renferment d’énormes potentialités rizicoles. Les contraintes accrues au cours de la récente période de sécheresse incitent les paysans à chercher de nouvelles stratégies, beaucoup plus efficaces, de lutte contre la dégradation des rizières. D’où la nécessité d’intensifier les actions de restauration des sols, de diversifier les moyens de lutte contre l’avancée du sel, ainsi que de renforcer la gestion et la préservation des ouvrages hydro-agricoles. Au début des années 1980, la dégradation chimique des terres rizicoles ayant pris des proportions catastrophiques et les populations locales sollicitant les pouvoirs publics, une politique de sauvegarde et de réhabilitation des terres affectées est devenue indispensable. Ces sollicitations des populations coïncident avec la volonté manifeste des autorités étatiques de relever le niveau de production agricole du pays afin d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et de répondre à la demande croissante des populations urbaines qui imposent, notamment avec le riz, des habitudes alimentaires nouvelles (Senghor, 1995). Cela devait passer nécessairement par un changement de politique agricole car durant les premières années de son indépendance, le Sénégal a poursuivi la politique agricole coloniale en privilégiant les zones arachidières au détriment des zones rizicoles (Montoroi J.P., 1996).

Pour appuyer les paysans dans cette lutte contre l’avancée du sel et jeter les bases d’une agriculture plus productive, l’Etat du Sénégal a entrepris une politique d’aménagement hydroagricole à travers le pays. Cette politique a été mise en œuvre avec la collaboration de plusieurs partenaires au développement tels que l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID), le Fonds Européen de Développement (FED), la Mission de Coopération Chinoise (MCC) ou encore l’« International Land Development Consultant » (ILACO, Pays-Bas), etc. Un nombre important de projets a vu le jour. Parmi ceux-ci figurent en bonne place le Projet intégré de développement agricole de la Casamance (PIDAC). Beaucoup de sociétés comme la Société nationale de développement (SONED) sont engagées pour la réalisation de ces projets.

LE MILIEU PHYSIQUE 

La présentation de la Commune de Coubalan

Composée de 13 villages la Commune de Coubalan est localisée entre 15°58’00’’ et 16°17’00’’ de longitudes Ouest et 12°34’00’’ et 12°46’30’’ de latitudes Nord. Cette Commune se situe sur la rive droite du fleuve Casamance, à environ 60 km de son embouchure. Ce qui la place dans le milieu fluvio-marin du fleuve Casamance à forte influence marine. Au plan administratif, la localité de Coubalan se trouve dans la région de Ziguinchor, à 15 km au Nord-est de la ville du même, dans le département de Bignona. Elle est l’une des quatre Communes rurales de l’arrondissement de Tenghori et se situe dans la partie sud de celui-ci. Elle est limitée au Nord-est par la Commune d’Ouonck, au Nord-ouest par la Commune de Tenghori, à l’Ouest par celle de Niamone et au Sud et Sud-est par le fleuve Casamance .

La Commune de Coubalan couvre une surface totale de 216,06 km² avec une densité moyenne de 80 habitants au km². Du point de vue de la superficie elle est la plus petite dans l’arrondissement de Tenghori et englobe 19.106 ha de terres cultivables. Un relief plat, constitué de vastes étendues de plaines et de vallées propices à l’agriculture et à l’élevage, constitue un potentiel économique important pour la Commune. Une morphologie dominée par les plateaux, les terrasses et les vallées est caractérisée par des sols très riches. Les sols sablo-argileux [réservés à la culture de l’arachide, du mil, du maïs ; etc.] et les sols argileux [employés pour la riziculture] représentent respectivement 60 et 40 %. Du fait des potentiels économiques énormes qu’elle regorge, à travers l’immensité des ressources naturelles, la Commune de Coubalan suscite aujourd’hui un intérêt particulier. Elle abrite en outre le site de la future Université catholique de l’Afrique de l’Ouest. Toutefois ce potentiel économique est, depuis quelques décennies, menacé de disparition à cause de la dégradation sans précédant des ressources naturelles, notamment les terres, d’où les efforts importants des populations locales pour remédier à ce fléau.

La structure géologique 

L’étude géologique de la Commune de Coubalan est intégrée dans l’histoire géologique du bassin de la Casamance. Ce dernier occupe la partie méridionale du vaste ensemble du bassin atlantique côtier sénégalo-mauritanien, occupé par les formations sédimentaires et qui va du Maroc à la Guinée. Ce bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien également appelé bassin sédimentaire sénégalais occupe plus des 2/3 du Sénégal et s’étend au plus sur 500 km depuis la côte jusqu’au bouclier du Sénégal oriental. Michel, P. (1973) a étudié la géologie du bassin de la Casamance. Ce bassin est entièrement situé sur une seule formation géologique sédimentaire, le Continental Terminal (Vieillefon, J. 1977).

Les caractéristiques géomorphologiques

Tout modelé dépend principalement de la structure géologique (c’est-à-dire nature et disposition des roches) et de l’évolution paléogéographique. En Basse Casamance cette évolution a été marquée par d’importantes variations du climat et des oscillations du niveau marin au cours du Quaternaire. La Basse Casamance où se localise la Commune de Coubalan traduit la platitude du relief sénégalais. Les unités morphologiques du Sud-ouest du Sénégal ont fait l’objet d’une intense érosion depuis l’Eocène supérieur au cours d’une ou de plusieurs périodes de rhexistasie. Les matériaux détritiques sablo-argileux se sont sédimentés par épandage successif des parties basses. Les séries marines de l’Eocène ou de l’Oligo-Miocène sont ainsi recouvertes par cet épandage. Le fer se concentre et forme des cuirasses ferrugineuses qui coiffent les grès du Continental Terminal.

La Commune de Coubalan intègre la vaste ria de la Basse Casamance qui est un bas-pays occupé par des vasières régulièrement submergées par les eaux salées de la rivière lors des hautes marées. D’une manière générale, le relief de la Commune de Coubalan, à l’instar de l’ensemble de la région, est modelé en bas-plateaux mollement ondulés. Le modelé de glacis, qui marque nettement le paysage en Haute et Moyenne Casamance, disparait dans la basse vallée pour laisser place à ces plateaux. Le plateau est tranché au-dessous des sédiments récents par un système de failles en évidence plusieurs niveau cuirassés (Boivin, P., 1984) à travers les entailles du réseau hydrographique. Trois unités morphologiques dominent principalement le relief de la Commune de Coubalan : les plateaux, les vallées et les terrasses.
– les plateaux : ce sont des formations de sable rouge et de grès. Ils constituent, malgré une altitude faible, la partie haute du milieu. Cette altitude détermine le caractère faible voire nul des pentes sur le profil. De nombreux accidents mineurs dissèquent ces plateaux. Audessus des sédiments récents, une faille semble trancher brusquement le plateau de Bignona, au Nord tandis qu’à Oussouye, au Sud, les plateaux morcelés sont ceinturés d’alluvions de diverses époques du Quaternaire (Vieillefon, J., 1977).
– les vallées : à l’opposé de la précédente unité morphologique, les vallées constituent les parties basses en contact avec les eaux marines. C’est le domaine de prédilection de la mangrove et demeure en permanence sous l’influence marine. Ces eaux sont à l’origine des problèmes de salinité que connaît la Commune. Ce domaine est constitué de vases noirâtres. Il connait en tête de talweg, un engorgement sous des colluvions sableuses ou argilo-sableuses. Il est d’un intérêt économique énorme car c’est ici que se pratique la quasi totalité de la riziculture ;
– les terrasses : elles représentent la zone intermédiaire, c’est-à-dire la zone de raccordement entre les plateaux, situés au Nord et les vallées ou bas-fonds qui occupent la partie méridionale. Les terrasses sont quelquefois considérées comme des versants.

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Table des matières

INTRODUCTION
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
DISCUSSION CONCEPTUELLE
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE I : LE MILIEU PHYSIQUE
I .1- La présentation de la Commune de Coubalan
I.2- La structure géologique
I.3- Les caractéristiques géomorphologiques
I.4- La couverture pédologique
I.5- Les ressources en eau
I.6- La couverture végétale
I.7- Le climat
CHAPITRE II : LA SOCIETE HUMAINE
II-1. Peuplement humain de Coubalan
II-2. Les données sociodémographiques de la CRC
CHAPITRE III : LE SECTEUR ECONOMIQUE DE COUBALAN
III-1. L’agriculture
III-2. L’élevage
III-3. La pêche
III-4. Le commerce
III-5. Le transport
DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE I : LA GESTION DES AMENAGEMENTS HYDRO-AGRICOLES A COUBALAN
I. La gestion des digues et diguettes dans la Commune de Coubalan
II. La gestion des barrages anti-sel dans la commune de Coubalan
CHAPITRE II : L’IMPACT DES AMENAGEMENTS HYDRO-AGRICOLES SUR LA PRODUCTION DU RIZ A COUBALAN
II.1 L’impact des digues et diguettes anti-sel sur la production du riz
II.2 L’impact des barrages anti-sel sur la production du riz
CHAPITRE III : REMARQUES SUR LA GESTION DES BARRGES ANTI-SEL ET SUR L’IMPACT DES AMENAGEMENTS HYDRO-AGRICOLES DANS LA COMMUNE DE COUBALAN
I. Remarques sur la gestion des barrages anti-sel
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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