Les différents types de ressources naturelles
Une ressource naturelle peut être définie comme étant une matière première considérée comme de qualité dans son état relativement non modifié, c’est-à-dire naturel. Les activités principales associées à la ressource naturelle sont l’extraction ou la purification. Par exemple, l’eau, l’air, les minerais, le pétrole, le climat, le sol, les pâturages, les forêts, … sont considérés comme des ressources naturelles. Ils existent deux types de ressources naturelles : les ressources naturelles renouvelables et les ressources naturelles non renouvelables.
• Les ressources naturelles renouvelables sont des ressources naturelles pouvant se régénérer au cours de la durée d’une vie humaine10. Elles fournissent une disponibilité de service infinie, convenablement gérées. Elles comprennent les ressources biologiques, végétales et animales, la terre, l’eau, l’air. Il faut que le renouvellement des stocks soit aussi vite que la consommation.
• Les ressources naturelles non renouvelables ou les ressources épuisables : sont des ressources naturelles dont le temps nécessaire à sa création dépasse largement le temps d’une vie humaine. Leurs stocks ne peuvent pas s’accroître mais diminuent. Ainsi, une fois épuisées, elles sont impossibles à remplacer à l’échelle temporelle de l’homme. Elles ne fournissent que des disponibilités de services finies. Elles comprennent l’ensemble des ressources minérales : le pétrole, le gaz naturel, le charbon, les minerais,…
Le développement
L’environnement physique de l’homme, la nature a toujours revêtu une importance fondamentale pour le développement économique des sociétés humaines. Selon François Perroux, « le développement est la combinaison des changements mentaux, sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel global. »12 On peut noter que le développement se définit comme « l’élévation de la production des biens et services, accompagnée par des meilleures satisfactions des besoins fondamentaux, une réduction des inégalités, du chômage et de la pauvreté, il s’agit alors d’un processus de hausse de revenu par habitant sur une longue période accompagnée d’une amélioration de capacités humaines et des changements fondamentaux dans la structure économique. »13 L’environnement ne peut être dissocié du développement car c’est notamment dans le cadre du processus du développement que l’environnement est affecté et ce sont les défaillances et les lacunes dans ces processus qui entraînent la détérioration du milieu naturel dont l’avenir se trouve menacé et avec lui la viabilité du processus du développement lui-même. Le principe 4 de la déclaration de Rio affirme que : « pour parvenir à un développement durable, la protection de l’environnement doit faire partie intégrante du processus de développement et ne peut être considérée isolement »14.Ce sont surtout les pays en développement ou les pays pauvres qui connaissent un grave problème de l’environnement étant donné que dans ces pays on ne se préoccupe pas de la qualité de vie mais uniquement de la possibilité de survivre : la lutte contre la fin, contre les maladies de masse et contre l’ignorance généralisée. En effet, les pays en développement connaissent une dégradation de l’environnement galopante d’origine naturelle, historique et économique. A des conditions climatiques et édaphiques s’ajoute dans certains pays, une croissance démographique rapide. La croissance démographique persistante et la pauvreté accrue obligent la population à accroître la productivité agricole pour satisfaire les besoins en nourriture et accroître les terres cultivables, entraînant ainsi une dégradation de l’environnement16. La pauvreté et l’absence de pouvoir politique constituent au désastre frappant l’environnement et empêche qu’on y remédie. Malthus affirme en disant que : « la croissance démographique entraîne un déclin du capital et de la production engendrant la diminution de la croissance. »17 L’extrême pauvreté, la croissance démographique rapide contribuent à la destruction de l’environnement.
Définition et objectifs de l’économie de l’environnement et des ressources naturelles
Au début des années 70, l’économie de l’environnement et des ressources naturelles est devenue une branche entière de la science économique. C’est une science qui étudie la valorisation monétaire des effets externes (la dégradation des ressources naturelles, la pollution de l’environnement) et leur internalisation dans le marché. L’économie de l’environnement et des ressources naturelles est la recherche d’une efficacité nouvelle qui intègre les interactions entre agents mais aussi entre les agents et l’environnement. Son objectif est de réintégrer l’environnement dans le processus économique par le biais de tarification des ressources c’est-à-dire en donnant des valeurs monétaires aux ressources environnementales. Si dans l’économie néoclassique le bien-être ne prend en compte que la consommation de biens marchands, en économie de l’environnement et des ressources naturelles, on tient compte de la valeur que les individus confèrent à leur environnement et sa valeur symbolique souvent impossible à magnétiser.
Problématique de l’évaluation des modifications de l’environnement
Il est difficile d’attribuer une valeur aux biens environnementaux dans la mesure où ils ne s’échangent généralement pas sur le marché et où ils sont des biens collectifs, sans coût direct de production. Ces biens fournissent des services à caractère indivisible et de qualité imposée. En outre, l’usage des uns influence l’usage des autres24. Comme un agent individuel n’est pas incité à révéler la valeur qu’il attribue à un bien environnement ou à la variation de sa qualité, les méthodes de valorisation ont pour but d’inciter les agents à révéler leurs préférences. L’évaluation porte donc sur les services rendus par l’actif naturel lesquels constituent sa valeur économique. Un bien environnemental peut fournir des services soit marchands soit non marchands. Par exemple pour la forêt, la vente de bois constitue un service marchand et l’usage récréatif ou la valeur biologique constitue à la fois un service non marchand et un service marchand. Les types de valeur diffèrent donc selon les demandes pour chaque type de services. Les services fournis par le bien considéré, soit comme facteur de production ( vente de bois), soit comme élément de la demande finale (santé, loisir), procurent des « valeurs d’usage » tandis que les usages futurs que l’on veut préserver pour soi-même (valeur d’ option ) ou pour les générations futures (valeur de legs ), soit à l’existence même du bien, indépendamment de tout usage présent ou à venir (valeur d’existence) se réfèrent aux « valeurs de non usage. » Les méthodes d’évaluation se fondent ainsi sur l’observation des services rendus par les actifs naturels.
Exemple d’évaluation économique des pertes d’usage
« Dans cet exemple, nous allons voir le cas de la forêt de Fontainebleu, forêt française endommagée par les tempêtes Lothar et Martin de décembre 1999. Le massif forestier de Fontainebleu mesure 25 km de large avec une superficie de 25.000 ha environ. Il possède d’énormes potentialités et est remarquable par ses caractéristiques. A cause de la tempête, plusieurs hectares de forêts ont été dévastés entraînant des pertes directement marchandes et des pertes d’aménités relatives aux loisirs et à la perte de jouissance du patrimoine forestier. Ainsi, une évaluation contingente a été mise en œuvre pour évaluer ces pertes. Des enquêtes ont été réalisées : une enquête téléphonique au près d’environ 2000 personnes habitant dans les communes à proximité de la forêt et une enquête sur place auprès d’environ 400 personnes. En ce qui concerne les habitudes de fréquentation et le jugement sur les dégâts causés par les tempêtes, environ 50% des personnes interrogées se rendent souvent en forêt de Fontainebleau. Les motifs de leur visite sont la nature, le calme, le silence, et la pratique des activités sportives. Après la tempête, 6% des personnes s’y rendent moins. Les pertes d’usages récréatifs regroupent à la fois les éventuelles baisses de fréquentation et les diminutions de bien-être que les visiteurs retirent de ces visites. Maintenant, nous allons évaluer la valeur que les individus accordent à cette perte de bien-être, c’est-à-dire la somme qu’ils seraient prêts à payer pour que la forêt retrouve son aspect initial. Ainsi, trois supports de paiements différents ont été proposés : supplément d’impôts locaux pendant quelques années, don à un fond spécifique, instauration d’un droit d’entrée. Près de la moitié des personnes interrogées ont voté pour le versement volontaire d’un don à fond spécifique. On a pu constater que les gens ne sont pas prêts à payer si le support revêt un caractère obligatoire comme le supplément d’impôts et l’instauration d’un droit d’entrée ». L’économie de l’environnement et des ressources naturelles cherche donc à attribuer une valeur aux biens environnementaux. Ces méthodes varient selon les objectifs visés. Dans le chapitre suivant seront présentées les théories de Platteau et d’Ostrom.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE D’UNE GESTION DURABLE DES RESSOURCES NATURELLES
Chapitre I : Notion de développement durable
Section 1 : Le développement durable
1.1/ Historique du concept de développement durable
1.2/ Les objectifs du développement durable
1.3/ Les conditions de réussite du développement durable
Section 2 : Relation entre environnement et développement
2.1/ L’environnement
2.2/ Le développement
2.3/ Pourquoi la dégradation de l’environnement
Chapitre II : L’économie de l’environnement et des ressources naturelles
Section 1 : Approche théorique
1 .1/ Emergence du concept
1 .2/ Définition et objectifs de l’économie de l’environnement et des ressources naturelles
1 .3/ Optimum de Pareto et externalités
Section 2 : Les méthodes d’évaluation de l’environnement…
2 .1/ Problématique de l’évaluation des modifications de l’environnement
2 .2/ Les méthodes d’évaluation de la modification de l’environnement
2 .3/ Exemple d’évaluation économique des pertes d’usage
Chapitre III : Quelques théories sur l’environnement
Section1 : Théories de Platteau : Droit de propriété et gestion efficace des ressources naturelles
1.1/ Comparaison entre l’efficacité de l’absence de propriété et l’existence de propriété
1.2/ Comparaison entre l’efficacité de la propriété communautaire et de la propriété privée
Section2 : Théories d’Ostrom : façonner les institutions
2 .1/ Institutions et développement
2.2/ Les institutions vues comme « des règles mises en pratique »
2.3/ Façonner les institutions
PARTIE II : LES PRATIQUES DE GESTION DURABLE DES RESSOURCES NATURELLES : CAS DES RESSOURCES FORESTIERES
Chapitre I : Les principes de gestion communautaire des forêts
Section 1 : Qu’est-ce qu’une gestion durable des forêts ?
1.1/ Définition
1.2/ Les différents types de durabilité
1.3/ Les objectifs d’une gestion durable des forêts
Section 2 : Le transfert de gestion
2.1/ Définition de la gestion forestière participative
2.2/Les raisons du transfert de gestion de l’administration vers les institutions locales
Chapitre II : Les pratiques de gestion participative des forêts
Section 1 : Gestion participative des écosystèmes forestiers en Afrique centrale
1.1/Contexte
1.2/ Les domaines d’application
1.3/ Genèse et cadre conceptuel
1.4/ La pratique de la gestion : de la participation au contrat
Section 2 : Gestion participative des forêts de Tapia à Arivonimamo
2.1/Contexte historique et géographique
2.2/ Le Transfert de gestion
2.3/ Les rôles des différents acteurs
2.4/ La capacité des acteurs à remplir leurs rôles
2.5/ Gestion des conflits
Section 3 : Analyse
CONCLUSION
ANNEXE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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