Gestion du troupeau
La région ou wilaya du Trarza
Le Trarza se situe dans le sud-ouest de la Mauritanie en bordure du fleuve Sénégal. Cette région fait partie de la vaste zone du nord-sahélien qui s’étend des dunes rouges du Trarza jusqu’à l’extrême est mauritanien en passant par les vastes regs limoneux du Brakna et du Gorgol (Figure 2). Les caractéristiques physiques de la région sont celles que l’on retrouve dans l’ensemble du bassin du fleuve Sénégal. Trois saisons se succèdent : la saison des pluies (ou l’hivernage) de juillet à octobre, la saison sèche froide de novembre à mars et la saison sèche chaude d’avril à juillet. (Corniaux, 1999). Les pluies sont faibles et irrégulières (variations inter-annuelles et intra-annuelles). La région reçoit entre 150 et 350 mm de pluies par an à l’heure actuelle (Buovolo, 2002). Les températures vont de 12° à 16 °C en saison sèche froide, les maximas sont observés durant la saison sèche chaude avec 35° à 40°C en moyenne (Corniaux, 1999). Le sud de la région est bordée par le fleuve Sénégal.
Long de 1641 km, il draine un bassin hydrographique d’environ 450 000 km2. Des aménagements hydro-agricoles (barrages de Manantali et de Diama) et des endiguements du fleuve ont été réalisés dans les années 80 dans le cadre de l’OMVS afin de réguler le régime du fleuve et développer l’agriculture dans le bassin. Pour plus d’informations sur le rôle et les impacts de ces aménagements , le lecteur peut se référer à la synthèse bibliographique « Invasion de Typha australis dans le bassin du fleuve Sénégal » (Calestrémé, 2002). Deux grands ensembles morpho-pédologiques sont caractéristiques de la région, de la vallée et du delta du fleuve Sénégal : le Waalo et le Dieri. Les cuvettes de décantation, près du fleuve, sont de vastes zones dépressionnaires plates et argileuses. Elles forment le Waalo.
Le Dieri correspond à des zones dunaires non inondables. (Corniaux, 1999). Ces milieux présentent des intérêts pastoraux divers (cf I.1.2.2. Milieux et potentialités pastorales). La projection en 1996 du recensement de 1988 effectué par l’Office Nationale des Statistiques (ONS) estime à 206 801 habitants la population dans la région du Trarza. Ils se répartissent en plusieurs ethnies : les Maures (Beydanes et Haratines) les Halpulaars (Peuls et Toucouleurs) pour ne citer que les principales (Corniaux, 1999). Le cheptel bovin, petits ruminants et camelins confondus, est estimé par la FAO en 1993 (in Corniaux, 1999) a 1 013 960 têtes ce qui représente environ 25 % du cheptel national. 80 % de ce cheptel du Trarza sont des petits ruminants. Cependant ces chiffres sont à considérer avec précaution car il n’existe pas de recensement rigoureux dans le pays. Les productions animales sont le lait, la viande, les cuirs et la peau (petits ruminants), (Corniaux, 1999). La seule filière de production bien organisée dans la région est celle du lait avec la présence des grandes laiteries mauritaniennes et notamment Tiviski-SARL. Le dynamisme de la région est du à la présence du fleuve Sénégal dans le sud qui permet une activité agricole ainsi qu’ une concentration des élevages assurant une production laitière importante et alimentant les grandes usines de lait du pays.
Pâturage Le terme » pâturage » décrit l’ensemble des espaces libres utilisés pour l’alimentation des animaux ou susceptibles de l’être (Détoubab, 1995 ; in Corniaux, 1999). Il faut distinguer les pâturages naturels, les jachères ou espaces cultivables laissés au repos ou non exploités, les pâturages agricoles post-culturaux (pailles, fanes, adventices et autres herbacés) et les prairies artificielles (cultures fourragères). Dans le Trarza, en hivernage, les animaux exploitent le dieri, zone dunaire qui à cette époque est recouverte d’une strate herbacée abondante. Dans le dieri, les forages et les puits sont insuffisants (Corniaux, 1999), ce qui impose parfois de grands déplacements, tout comme la recherche de nourriture. En milieu et fin de saison sèche, les troupeaux utilisent les zones de décrue, les périmètres rizicoles fraîchement récoltés ou laissés en jachère. Les cultures fourragères sont quasiment inexistantes dans cette région, il n’y a donc pas de prairies artificielles. Dans le waalo, les ressources en eau ne font pas défaut, c’est plutôt leur accès qui pose un problème : les aménagements hydro-agricoles n’ont pas tenu compte des parcours du bétail ; la présence des bêtes sur les périmètres irrigués est interdite en période de culture, et les berges sont souvent trop abruptes (Détoubab, 1995 ; in Corniaux, 1999). L’éleveur préférera abreuver son troupeau dans les mares temporaires ou marigots. C’est pourquoi, l’éleveur a établi une stratégie de conduite de son troupeau afin de réduire le déplacement (limiter les dépenses d’énergie), et offrir eau et nourriture. Ainsi, sur une année, l’occupation de l’espace se fera plutôt sur le Waalo en saison sèche et sur le Dieri en saison des pluies (Corniaux, 1999). Les éleveurs débutent la complémentation alimentaire de leur troupeau entre le mois de janvier et le mois d’avril pour la stopper dès les premières herbes du mois de juillet (Buovolo, 2002).
Complémentation
Le développement de la filière lait dans la région a incité les éleveurs à » intensifier » leurs élevages : ils pratiquent désormais la complémentation alimentaire et se sédentarisent. La distribution d’un complément s’effectue au retour des bêtes du pâturage en milieu d’après-midi, ou le matin avant le départ au pâturage. La complémentation est encore bien trop souvent insuffisante. Les rations sont très irrégulières et peu adaptées individuellement. Les connaissances en alimentation des éleveurs sont empiriques et les conduisent à distribuer des rations déséquilibrés. Souvent le choix du concentré se fait selon la pratique la plus courante et le prix le plus avantageux. Dans le Trarza, en saison sèche, la tendance est à l’utilisation d’une complémentation à base d’aliments simples qui sont des produits et des sous-produits de l’agriculture ou de l’industrie (SPAI): le tourteau d’arachide artisanal ( » savia « ) et le son de riz ( » ripass « ). Ce mélange est » mouillé » et distribué à raison 4 kg par jour et par vache, environ. Il est fabriqué dans les coopératives féminines du Sénégal, par pression discontinue à froid des arachides décortiquées (Buovolo, 2002). Le » savia » est vendu en bloc ou en disque circulaire d’environ 6 kg la pièce, au prix de 30 à 45 ouguya (um) le kilo. C’est l’aliment le plus concentré que l’on peut trouver sur le marché en Mauritanie. Pour l’utiliser, il faut le concasser et le tremper dans une grande quantité d’eau.
Les morceaux grossiers d’arachides et la forte odeur d’huile sont des critères de » bonne qualité » pour les éleveurs ou les bergers. En réalité, la qualité de ce tourteau d’arachide est très variable du fait de sa fabrication artisanale et de la présence potentielle d’aflatoxines. Ces aflatoxines » B » sont des mycotoxines sécrétées par des souches d’Aspergillus flavus dans des conditions de mauvaises récoltes ou de mauvais stockage, en milieu trop humide et chaud. Les aflatoxines » B » ingérées se retrouvent dans le lait sous forme » M » et sont des substances à pouvoir cancérigène, tératogène et mutagène, et qui présente donc un véritable danger pour la santé des consommateurs de lait. (Jouzier et Cohen-Maurel, 1995, in Buovolo, 2002). Dans ces conditions , il est préférable d’utiliser du tourteau d’arachide industriel » gouessy » qui est un tourteau » maigre » et détoxiqué fabriqué par l’usine SONACOS au Sénégal. Son prix en saison sèche est cependant relativement élevé : 90 um/kg soit 0,34 euros/kg.
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Table des matières
Résumé et mots-clés
Abréviations
Remerciements
Sommaire
Introduction
CONTEXTE DE L’ETUDE
1.Présentation du milieu
1.1. La Mauritanie
1.1.1. Situation et climat
1.1.2. Population
1.1.3. Principales activités économiques
1.1.3.1. Secteur rural
1.1.3.2. Secteur de la pêche
1.1.3.3. Autres secteurs
1.2. La région ou wilaya du Trarza
1.2.1. Présentation
1.2.2. Milieux et potentialités pastorales
1.2.3. Elevage bovin extensif dans le département ou moughataa de Rosso
1.2.3.1. Zébus maures
Production laitière et reproduction
Capacité d’ingestion
1.2.3.2. Gestion du troupeau
1.2.3.3. Alimentation du troupeau
Pâturage
Complémentation
? Tourteau d’arachide artisanal » savia
? Son de riz » ripass »
1.2.4. Invasion d’une plante aquatique : Typha australis
1.2.4.1. Description de Typha australis
1.2.4.2. Causes de l’invasion
1.2.4.3. Problématique
2.Présentation de la structure d’accueil
2.1. La laiterie Tiviski-SARL
2.2. L’Association des Producteurs Laitiers de Tiviski (APLT)
2.2.1. Création et objectifs
2.2.2. Activités et acteurs
2.2.3. Financement
3.Présentation de l’étude
3.1. Problématiques
3.2. Objectifs
3.3. Principes
MATERIEL ET METHODE
1.Matériel
1.1. Elevages
1.2. Obtention du matériel végétal
1.3. Alimentation
2.Méthode
2.1. Phase I : Observation et préparation
2.1.1. Travail d’enquête
2.1.2. Préparation de l’essai et pré-requis
2.2. Phase II : Réalisation de l’essai
2.2.1. Matériel végétal
2.2.2. Alimentation
2.2.2.1. Réajustement des rations
2.2.2.2. Préparation des aliments
2.2.2.3. Distribution des aliments
Organisation de la distribution
Distribution
2.2.3. Mesures
2.2.3.1. Ingestion des aliments
2.2.3.2. Production laitière
2.2.3.3. Autres mesures
RESULTATS ET DISCUSSION
1.Conduites d’élevage
1.1. Cheptels et production laitière
1.2. Pâturage
1.3. Alimentation
Ingestion
Production laitière
3.1.Evolution de la production laitière quotidienne par lot : « données brutes
3.2. Tendances d’évolution de la production laitière quotidienne par lot et comparaisons
3.2.1. Analyse descriptive
3.2.2. Analyse statistique
4.Bilan
5.Discussio
5.1. Limites de l’étude et biais induits
5.1.1. Contretemps
5.1.2. Contraintes matérielles
5.1.3. Limites de la méthode
5.2. Conseils et recommandations
Conclusion
Bibliographie
Annexes
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