GESTION DES RESSOURCES NATURELLES ET DE L’ENVIRONNEMENT

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Le développement viable et la décroissance

Le concept « développement viable »

Le concept « développement viable » se distingue fondamentalement de celui du développement durable, par un rejet des raisonnements « à l’équilibre » et par un rejet de l’analyse des dynamiques de ressources à base de gestion de stock.

Le développement durable comme raisonnement à l’équilibre

Les principes du développement durable sont caractérisés par les comptabilités entre les dimensions économiques, écologiques et sociales dans le processus de décision. Ainsi, « la finalité du développement durable est de trouver un équilibre cohérent et à long terme entre ces trois enjeux »21. Selon Jacques Weber22, le concept de durabilité trouve son origine dans les modèles biologiques représentant l’évolution d’une ressource à l’équilibre, exploitée par les hommes, l’exploitation considérée comme linéairement croissante. Ce qui veut dire que, « satisfaire les besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs » implique un maintien des ressources naturelles et de la satisfaction des besoins : c’est bien d’équilibre. C’est peut être également que Redclift veut dire : « le mot « durable » se réfère, plutôt à ce qui est maintenu à l’état, ce qui ne change pas »23. En plus, le développement durable conçu comme préservation des milieux (aires protégées par exemple) implique les termes « maintien », ou de « restauration des équilibres».
Enfin, pour Godard, « cette conception du développement durable, basée sur une vision de la nature comme stock à gérer à l’optimum, à l’équilibre, conduit à des distinctions entre durabilité « forte » ou durabilité « faible ». » 24

Le développement viable

L’équilibre est peut-être un concept ancré dans le concept du développement durable. Mais, certains auteurs affirment qu’ « il n’existe guère d’équilibre qu’instantané, dans la nature que dans l’économie »25. Autrement dit, il n’y a pas d’équilibre qu’à un moment donné. Mais, un organisme vivant modifie le milieu dans lequel il vit. Ainsi, « il s’adapte aux modifications exogènes de ce milieu, suivant un « sentier d’équilibre » le long duquel il n’y a ni équilibre, ni optimum autre qu’instantanés »26. Cette modification implique donc de la variabilité, de l’incertitude et de l’irréversibilité dans les systèmes économique, sociale et naturel.
Les variabilités économique et sociale peuvent se référer à ce que dit Veblen que « la société en général et l’économie en particulier sont des ensembles évolutifs d’institutions »27. En parlant de l’évolution institutionnelle, il dit encore que « l’activité économique de l’individu est un processus cumulatif d’adaptation des moyens à des finalités qui changent de façon cumulative, au fur et à mesure que le processus se poursuit tant l’agent que son environnement étant à tout moment le résultat du dernier processus. »28
Par ailleurs, les rythmes de variabilités naturelles sont différents et nombreux entre les organismes vivants, de ceux des bactéries à ceux des arbres. Par exemple, « un arbre vivant plusieurs siècles dépend du cycle des bactéries hôtesses de ses racines »29. En plus, plusieurs organismes vivants (insectes, oiseaux) se posent sur cet arbre ayant chacun un rythme spécifique. Du point de vue économique, le comportement d’un agent économique diffère selon le cycle d’investissement plus court ou plus long que le rythme de l’écosystème qu’il exploite.
Ces différentes variabilités sont très compliquées et nécessitent des mécanismes de régulation pour atteindre la viabilité. Pour que cette complexité soit viable, il faut « une grande inertie d’ensemble et des facteurs de régulation qui échappent au contrôle des hommes »30. Aubin31 propose quatre choses indissociables. Tout d’abord, avant d’élaborer toute stratégie de gestion, il faut définir des objectifs de très long terme, d’ordre éthique et politique, au sens fort du terme. Ensuite, la socio-diversité est au moins aussi importante que la biodiversité, au sein des communautés humaines. De plus, la viabilité de ces communautés et celle des écosystèmes se dépendent mutuellement. Ainsi, le maintien de la viabilité des écosystèmes devrait être une contrainte pour les activités économiques et sociales. Enfin, « il faut élaborer de stratégies adaptives, tant aux variabilités naturelles qu’aux variabilités économiques »32.
En un mot, un développement viable est un développement qui consiste à gérer au mieux des interactions entre les sources différentes de variabilités économique et sociale et variabilités naturelles dans l’espace que dans le temps.
Même s’il s’agit plutôt de préserver que de gérer sous contrainte de maintien de la viabilité, la viabilité ne signifie nullement équilibre. Autrement dit, le concept de développement viable n’a aucune finalité à priori.

La décroissance

Le concept de décroissance trouve son fondement théorique chez différents penseurs du XXème siècle. Parmi les pères de la décroissance, on peut trouver le Club de Rome et Nicholas Georgescu-Roegen. En 1968, le Club de Rome dans son rapport préconise des solutions pratiques aux problèmes planétaires. Publié en 1972, ce rapport intitulé « Limits to Growth ? »33 (Halte à la croissance) ou « Rapport Meadows » souligne les dangers économiques de la croissance, de la consommation des matières premières et de la croissance démographique. Nicholas Georgescu-Roegen, considéré comme l’inventeur du terme décroissance publie en 1971, l’ouvrage « The entropy law and the economic process »34
En général, la décroissance est un ensemble d’idées soutenues par certains mouvements anti-productivistes, anticonsuméristes et écologistes appelés : objecteurs de croissance. D’abord, ils rejettent l’objectif d’une augmentation du taux de croissance économique. Le concept « décroissance » tente de montrer qu’augmenter la production de biens et services augmentent nécessairement la demande des ressources naturelles, et accélèrent leur épuisement. Ainsi, la raréfaction des ressources naturelles, et des ressources énergétiques (pétroles, gaz, …) peuvent imposer l’arrêt de la croissance. Ensuite, les partisans de la décroissance affirment que le PIB ne tient pas compte les aspects qualitatifs comme le bien être de la population, de la santé des écosystèmes et des équilibres climatiques. Enfin, on va insister ici sur le point que les objecteurs de croissance s’opposent en partie au développement durable.

Décroissance et développement durable

La décroissance s’oppose en partie au développement durable lorsqu’il nécessite une croissance durable ou continue des systèmes de production matérielle et marchande et d’échange de biens et valeurs financières. Pour ses partisans, une société qui consomme toujours plus de ressources naturelles ne peut pas arriver à respecter l’environnement. Le manque des ressources vitales est probable. Ils estiment que pour être durable, le développement humain doit inclure les besoins socio-psychiques (la santé, la sécurité affective, individuelle et collective), et une croissance partagée de la qualité et du plaisir de vie, du savoir, et des cultures.
Comme dans les points de vue des sciences sociales cités précédemment, les partisans de la décroissance ont vu aussi que le concept « développement durable » ait une contradiction dans les termes. Ils soutiennent qu’ « avec les déséquilibres que le développement durable entretient (20% de la population planétaire représentent déjà 86% de la consommation privée) le développement ne peut pas être durable »35. En d’autres termes, les inégalités de la population peuvent empêcher la durabilité du développement.
Vis-à-vis des pays peu développés, des communautés et individus les plus pauvres, les partisans de la décroissance envisagent une croissance mais considèrent que le processus n’est pas durable. Un développement durable devrait toujours faire distinguer le développement qualitatif et humain (le développement du bien être, scolaire, culturel, etc.) des aspects matériels limités par leur consommation de ressource. Il faut préserver la biodiversité. Ainsi, il faut un développement plus respectueux de l’environnement et de l’homme. « Ce développement est nécessairement un « écodéveloppement » »36. Ignacy Sachs définit l’écodéveloppement comme « développement endogène et dépendant de ses propres forces, conscient de sa dimension écologique et recherchant une harmonie entre l’homme et la nature »37.

Décroissance soutenable

Le concept de « décroissance soutenable » fait référence au développement durable. Il reprend l’objectif « répondre aux besoins des générations actuelles, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins ». Mais, les partisans de la « décroissance soutenable » ajoutent que « cet objectif doit correspondre à une diminution de l’empreinte écologique collective et individuelle dans les situations où le seuil de durabilité est dépassé »38. Cela implique donc un changement requis dans les politiques engagées qui doivent se soucier de la société. Le terme « soutenable » veut dire que « les politiques engagées ne provoquent pas d’effondrement catastrophique de la société »39. Pour avoir une décroissance équitable, les objecteurs de croissance souhaitent concilier les contraintes environnementales avec le souci de justice sociale par un retour au politique.
La société est un centre d’intérêt pour les tenants de la décroissance. La décroissance ne prône pas une croissance négative. Pour eux, « l’objectif de la décroissance n’est pas de bâtir une « société de décroissance » »40. Le projet des tenants de la décroissance est tout une autre organisation qui met en valeur le loisir à la place du travail, et les relations sociales primant sur la production et la consommation de produits nuisibles. En particulier, pour partisans de la décroissance, la raréfaction des ressources naturelles et l’augmentation de la population mondiale rendent inévitable le processus de réduction de l’exploitation des ressources de la planète et du niveau de vie de la population des pays les plus développés.

GESTION DES RESSOURCES NATURELLES ET DE L’ENVIRONNEMENT

La gestion des ressources naturelles et de l’environnement de façon durable fait l’objet de différentes approches selon les disciplines économique, scientifique et écologique.

Approche économique : approche faible de la durabilité

Les ressources naturelles sont extraites du sous-sol ou offertes par le sol. Elles sont constituées par les matières premières (pétrole, gaz, minerais…) et les denrées alimentaires. Ainsi, « la croissance économique moderne repose sur les ressources naturelles (charbon, pétrole, gaz,.. .) »41 .

Approche néoclassique de la gestion des ressources naturelles

Suivant l’approche néoclassique, les ressources naturelles sont des déterminants de la richesse nationale et de la croissance. « Le capital naturel est le stock qui produit le flux de ressources naturelles : la population de poissons dans l’océan qui génère le flux de pêche allant sur le marché ; la forêt sur pied à l’origine du flux d’arbres coupés ; les réserves de pétrole dans le sol dont l’exploitation fournit le flux de pétrole à la pompe »42. En effet, les ressources naturelles comme matières premières sont objets de marché international et indispensable à la croissance. « Elles peuvent être à l’origine d’un avantage en termes de coûts de production pour une économie nationale de manière implicite chez Smith (avantage absolu) et chez Ricardo (avantage comparatif) »43.

La croissance économique durable

Le point de vue de la théorie économique dominante met en avant l’idée d’une croissance durable comme condition nécessaire et suffisante pour accéder à un développement soutenable. Beckerman pense même que « la croissance et le développement sont confondus et l’on parle de croissance soutenable »44. Pezzey définit le développement durable comme « le maintien d’un potentiel de bien être par tète »45. Donc, l’objectif de la durabilité est de transmettre à travers le temps une capacité à produire du bien- être économique dont celui des générations futures soit, au moins, égal à celui des générations présentes. Ainsi, la durabilité est assurée à condition d’ « un maintien au cours du temps de la capacité (du stock de capital) à délivrer la consommation correspondante des biens et services »46. En d’autres termes, « la soutenabilité est définie ici comme la « non décroissance » dans le temps du bien être individuel »47.

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Table des matières

Introduction
PARTIE I : CADRE DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
CHAPITRE I : LE DEVELOPPEMENT DURABLE
Section I : Concept de développement durable
1- Définition du développement durable
1.1- Répondre aux besoins des générations actuelles et à venir
2- Les deux divisions du développement durable
2.1- La soutenabilité faible du développement durable
2.2- La soutenabilité forte
3- La durabilité : objet de divers points de vue
3.1- Les critiques des sciences sociales
3.2- Les points de vue des sciences naturelles
3.3- Les points de vue des sciences appliquées
Section 2 : Le développement viable et la décroissance
1- Le concept « développement viable »
1.1- Le développement durable comme raisonnement à l’équilibre
1.2- Le développement viable
2- La décroissance
2.1- Décroissance et développement durable
2.2- Décroissance soutenable
CHAPITRE II- GESTION DES RESSOURCES NATURELLES ET DE L’ENVIRONNEMENT
Section I : Approche économique : approche faible de la durabilité
1- Approche néoclassique de la gestion des ressources naturelles
1.1- La croissance économique durable
1.2- Les hypothèses des néoclassiques
2- La croissance économique : condition nécessaire à la protection de l’environnement
Section II- Approche écologique de la gestion des ressources naturelles : approche forte de la durabilité.
I- L’approche conservationniste : approche très forte de la durabilité
1- Les travaux de Nicholas Georgescu-Roegen : fondements théoriques de la décroissance
1.1- Le deuxième principe de la thermodynamique : loi de l’entropie
1.2- L’approche conservationniste : l’état stationnaire et la décroissance
2- L’école de l’écologie industrielle
II- L’école de Londres et l’économie écologique institutionnelle
1- La substitution entre les capitaux : capital humain, capital technique et capital non critique
2- L’irréversibilité, l’incertitude et la multidimensionnalité
3- Le capital naturel critique
Section III – L’AGROECOLOGIE
1- Définition
1.1- L’Agroécologie : une science
1.2- L’Agroécologie : un mouvement social
2- Les différents modèles de production
2.1- L’agriculture industrielle
2.2- L’agriculture biologique
2.3- L’éco agriculture
2.4- L’evergreen agriculture
2.5- L’agriculture de conservation
2.6- L’agriculture écologiquement intensive
3- Les grands principes fondant l’agroécologie
3.1- Une agriculture respectueuse de l’environnement
3.2- Une agriculture plus autonome et plus locale
Partie II L’AGROECOLOGIE : POUR UN DEVELOPPEMENT DURABLE A MADAGASCAR
Chapitre III : LA CRISE DE L’AGRICULTURE MALGACHE
Section I : Une agriculture traditionnelle avec ses effets pervers sur l’environnement
1- Les pratiques agricoles traditionnelles : facteur principaux de la dégradation des sols
1.1- Les cultures sur brulis et les feux de brousse
1.2- Conditions climatiques défavorables
2- Phénomènes de désertification
2.1- La perte en fertilité des sols et diminution de la productivité agricole
2.2- Appauvrissement de la diversité biologique
2.3- Aggravation de la pauvreté des populations rurales
2.4- Insuffisance de la sécurité alimentaire
Section II – Une agriculture de subsistance liée à la pauvreté rurale : cas riziculture
1- Les conditions de production rurale
1.1- Petites exploitations familiales
1.2- La liaison faiblesse des salaires agricoles- faiblesse de productivité -agricole
2- L’insécurité alimentaire
Chapitre IV : L’AGROECOLOGIE : UNE AGRICULTURE PLUS DURABLE VERS LE DEVELOPPEMENT DURABLE A MADAGASCAR
Section I Les défis de l’agroécologie
1- L’agroécologie : ensemble de solutions
1.1- Une solution au problème environnemental
1.2- L’agroécologie : une solution à la pauvreté rurale
1.3- L’Agroécologie : une solution à l’insécurité alimentaire
2- La promotion de l’AE à Madagascar : Le projet IRRAC
2.1- Défi alimentaire
2.2- Défi climatique
Section II : L’Agroécologie dans la pratique à Madagascar : le SCV
1- Le SCV : un moyen de parvenir à une agriculture durable
2- La diffusion du SCV à Madagascar
Conclusion

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