La gouvernance locale
C’est la manière dont les décisions sont prises et mises en application par ou au nom des personnes dans un espace local donné. Elle comprend l’attribution de l’autorité aux décideurs : l’autorisation d’utiliser les ressources collectives financières et naturelles ; la fourniture des biens et services publics, et le pouvoir de demander des comptes à ceux, à qui l’autorité a été confiée. En plus des services locaux et d’autres institutions de la société civile, y compris les groupes d’utilisateurs de ressources et les organes de contrôle par les citoyens reliés aux unités de prestation de services publics ou aux réseaux de prestation de services locaux.
Qu’est-ce que la lutte contre la pauvreté ?
Comment situer la lutte contre la pauvreté par rapport à ces définitions? La complexité des termes, la multiplicité des approches et la formulation constante de nouveaux concepts rendent malaisée la mise en place d’une stratégie claire. Cela se voit par exemple sur la prise en compte de la croissance et des inégalités dans la lutte contre la pauvreté. Les analyses récentes ont démontrés que la réduction de la pauvreté absolue repose sur deux facteurs : l’augmentation du revenu et sa redistribution aux plus pauvres (ce qu’on nomme depuis peu croissance « pro-pauvres »). Comme l’a souligné la conclusion d’une étude de DIAL de mai 2003, « la croissance ne suffit pas pour la réduction de la pauvreté ; elle en est une condition nécessaire mais doit s’accompagner de la mise en place de politiques de réduction des inégalités présentes et futures ». Ces trois concepts sont intimement liés, de sorte que vouloir réduire la pauvreté ne peut se faire sans porter toute son attention aux questions de croissance et de redistribution. La Banque mondiale, dans son rapport de 2000, a défini la lutte contre la pauvreté8 dans une approche élargie et pluridimensionnelle qui comporte quatre critères :
– l’augmentation des revenus ;
– l’accès aux biens publics (eau, éducation, santé, etc.) ;
– la réduction des risques ;
– l’amélioration des rapports de forces en faveur des « sans pouvoirs » et des « sans voix » (ce qu’on désigne généralement sous le terme d’« empowerment »).
Fort de cette approche, le rapport de la Banque mondiale propose une stratégie visant à combattre la pauvreté sur trois fronts :
– le développement des opportunités, c’est-à-dire des opportunités matérielles et financières (emploi, crédit, routes, électricité, écoles, eau, services de santé, etc.) et des qualifications (éducation et formation professionnelle) ;
– l’insertion : l’insertion des pauvres dans la société est déterminée en grande partie par les institutions publiques et sociales qui doivent être attentives à leurs besoins. Cette démarche est politique : elle implique un ensemble des réformes devant améliorer la responsabilité et l’efficacité de l’administration, des institutions juridiques et des services publics, ainsi que le renforcement de la participation des pauvres aux processus politiques et aux décisions locales ;
– la sécurité matérielle : il est nécessaire, afin d’améliorer le bien-être et d’encourager les investissements dans le capital humain, d’atténuer la vulnérabilité aux chocs économiques, aux catastrophes naturelles, à la mauvaise santé, à la violence, etc. L’Etat doit tout mettre en oeuvre pour diminuer ces risques auxquels sont confrontés les pauvres.
La définition d’une telle stratégie implique deux observations : Il faut tout d’abord souligner que la prise en compte de la lutte contre la pauvreté conduit indéniablement à redéfinir le rôle de l’Etat. Faciliter le développement humain, développer les investissements et mettre en place des « filets de protection » pour les pauvres font maintenant partie des prérogatives naturelles des Etats. Alors que les politiques d’ajustement structurel s’attachaient à réduire au minimum la sphère des interventions étatiques, les nouvelles stratégies rendent à l’Etat sa place de moteur du développement. Une deuxième observation amène à préciser qu’une stratégie de réduction de la pauvreté ne peut être que globale, c’est-à-dire axée sur plusieurs domaines (éducation, santé, pouvoir politique, etc.), opérant à plusieurs échelons (international, régional, local) et avec plusieurs instruments (aide macro-économique, aide programme, aide projet, etc.). Affirmer la nature pluridimensionnelle de la pauvreté implique de formuler une stratégie de développement qui soit elle-même pluridimensionnelle et protéiforme, capable de lutter contre toutes les formes de pauvreté et à tous les niveaux. Une stratégie de lutte contre la pauvreté ne peut être définie comme telle que si elle est globale. C’est donc à travers le prisme de ce constat que seront étudiées les stratégies des différents acteurs du développement : institutions internationales, Etat malagasy, acteurs non-institutionnels.
Microfinance et Objectifs du Millénaire pour le Développement
Adhéré aux Objectifs du Millénaire pour le Développement, et conformément au Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté et au MAP, Madagascar a décidé de faire de la microfinance l’instrument privilégié de réduction de moitié sa population pauvre en 2015. Une revue rapide de la littérature sur les effets attendus de la microfinance en matière de contribution aux OMD met en lumière quatre canaux principaux :
• Eradication de l’extrême pauvreté ;
La microfinance fournit aux pauvres des services leur permettant de protéger, de diversifier et d’accroître leurs sources de revenus. De petits crédits pour tirer parti d’opportunités, pallier un manque de liquidités ou le recours à des comptes d’épargne simples et sécurisés sont autant de moyens de briser le cercle vicieux de la pauvreté. Elle contribue également à traiter la vulnérabilité économique en amortissant les effets d’évènements soudains et contraires tels que les aléas climatiques ou les accidents de la vie sociale.
• Promotion de l’éducation ;
L’investissement dans l’éducation des enfants est probablement la priorité universelle des ménages pauvres dès qu’ils dégagent des marges de manoeuvre financière. La mise au point des produits adaptés au financement des frais de scolarité favorise non seulement la décision de scolarisation mais également sa durée et réduit les taux d’abandon.
• Emancipation économique des femmes ;
Les femmes sont souvent la cible prioritaire des IMF. Cette stratégie repose sur un triple diagnostic ; parmi les pauvres, les femmes sont les plus vulnérables (faible dotation initiale, spécialisation du travail défavorable), elles sont généralement plus responsables dans l’utilisation des fonds (dépenses plus productives, hausse de revenu améliorant le bien-être du ménage et des enfants) et enfin elles respectent mieux les plans de remboursement (plus forte sensibilité à la pression sociale, faible nomadisme financier). Cette émancipation n’est cependant pas toujours un résultat naturel et automatique des programmes de microfinance.
• Amélioration des conditions sanitaires.
La maladie est un important facteur de vulnérabilité des familles pauvres. Elle obère le niveau de vie par l’interruption temporaire ou définitive du travail, par le coût des dépenses de soins et souvent par la réduction d’un patrimoine (vente d’actifs, dette) déjà faible. La microfinance est à même d’améliorer les conditions sanitaires au sens large (nutrition, hygiène, prévention, soins curatifs, infrastructures collectives). Au-delà de services financiers adaptés, les programmes de microfinance sont également l’occasion de faire passer des messages simples à l’occasion des réunions de groupe ou de certaines formations obligatoires (éducation sanitaire, campagne de vaccination, soins prénataux et postnataux,…).
Les faits marquants dans le développement du secteur
L’avènement de l’appellation « IMF mutualistes et non mutualistes » a vu le jour vers 1996. De 1990 jusqu’en 2000, l’appui financier au secteur s’est principalement concentré sur les institutions de microfinance mutualistes avec pour certaines de ces institutions, des crises de croissance et de gouvernance au début des années 2000 La stratégie nationale a été adoptée en 2001 et mise à jour en 2007, suivant les orientations du MAP (Madagascar Action Plan), feuille de route de développement de Madagascar pour la période 2007 à 2012, définie par l’Etat. La Microfinance y est citée comme l’un des leviers du développement, à travers l’Engagement 4, Défi 2 : « Améliorer l’accès au financement rural », et l’Engagement 6, Défi 4 : « Réformer le système bancaire et financier». En 2005, appui à des projets de création d’IMF à potentiel mais qui desservent le milieu rural enclavé, orientation des appuis sur des thèmes plus ciblés comme les systèmes d’informations, le renforcement des capacités, etc. La même année, la nouvelle loi sur la microfinance est apparue. C’est à partir de 2005 également, que le secteur bancaire s’implique véritablement en microfinance, à travers le développement du refinancement bancaire et la descente en gamme de certaines banques. Elles visent principalement la clientèle des IMF en milieu urbain en proposant des produits comme des avances aux salariés ou des crédits d’investissement sur garantie salariale à titre d’exemple. Très récemment (2006-2007), de nouveaux acteurs qualifiés par les praticiens de «banques de microfinance » sont apparus dans le paysage de la microfinance malgache et renforcent la concurrence entre IMF en milieu urbain. Il s’agit de PAMF (Première Agence de Microfinance, programme d’appui à la microfinance, financé par Aga Khan Foundation), Microcred (appuyé par PlaNet Finance) et Accès Banque (appuyé par LFS Financial Systems). Ils affichent des approches et des moyens différents de ce qui existe jusqu’à présent à Madagascar. Vers 2000, le PNUD avait lancé la diffusion du produit « crédit avec éducation » au niveau national, pour les femmes démunies en milieu urbain et périurbain dans les deux provinces plus pauvres de Madagascar (Tuléar et Fianarantsoa). Cette initiative a été généralisée dans tout Madagascar en 2007.
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Table des matières
ACRONYMES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES ET DES GRAPHIQUES
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION GENERALE
Partie I CADRE CONCEPTUEL DE DEVELOPPPEMENT ET ETAT DE LIEUX DE MICROFINANCE A MADAGASCAR
CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL DU DEVELOPPEMENT
Section 1 : Définitions autours du mot développement
1-1-Le Développement
1-2-Le développement durable
1-3-Le développement local
Section 2 : Les éléments d’un cadre conceptuel du développement local
2-1 L’autonomisation
2-2 Opportunité de participer
2-3 La capacités des citoyens à participer effectivement
2-4 La gouvernance locale
Section 3 : La Microfinance un outil important dans le processus de développement local
Section 4 : Les projets de développement local
Section 5 : La microfinance et la lutte contre la pauvreté
5-1 : Définition du mot pauvreté
5-2 : Qu’est-ce que la lutte contre la pauvreté ?
5-3 : La microfinance au coeur des politiques de réduction de la pauvreté
5-3-1 : Microfinance et Objectifs du Millénaire pour le Développement
5-3-2 : La microfinance dans la stratégie des Institutions Financières Internationales (IFI)
CHAPITRE II : HISTORIQUE ET TYPE DE MICROFINANCE
Section 1 : Historique de la Microfinance
1-1 : Historique de la Microfinance à Madagascar
1-2 : Les faits marquants dans le développement du secteur
1-3 : Le niveau de développement de la microfinance aujourd’hui
2-3-1 Les IMF
2-3-2 Les OFP
1-4 : Les principales caractéristiques du secteur
1-4-1 : La mise en place de la Cellule de Coordination Nationale de la Microfinance (CNMF) et l’élaboration du Document de Stratégie Nationale de Microfinance (DSNMF)
1-4-2 : La nouvelle loi relative à l’activité et au contrôle des Institutions de Microfinance
Section 2 : Contexte malgache
2-1 : L’environnement de la Microfinance à Madagascar
2-1-1 : Actions du Gouvernement
2-1-2 : Un cadre de libre marché
2-1-3 : Responsabilités des Acteurs
2-1-4 : Législation et cadre réglementaire
Section 3 : Les acteurs et les intervenants de la microfinance
3-1 : Les acteurs de la Microfinance
3-2 : Les intervenants
Section 4 : Classification et forme des institutions de microfinance
Section 5 : Typologie des produits de la microfinance
Section 6 : Les facteurs d’efficacités de la Microfinance
CHAPITRE III : LE PROJET D’APPUI AUX PETITS METIERS ( PAPM )
Section 1 : Le Conseil de Développement d’Andohatapenaka (CDA)
1-1 : Historique
1-2 : Les activités du CDA
1-2-1. SECTEUR DEVELOPPEMENT
1-2-2 : LE SECTEUR SOCIAL
1-2-3 : LE SECTEUR ECONOMIQUE
1-3 : Les Partenaires du CDA
Section 2 : Le Projet d’Appui aux Petits Métiers (PAPM)
2-1 : Historique
2-2 : Procédure d’octroi de crédit du PAPM
2-3 : Les outils du PAPM
2-4 : Fonctionnement du PAPM (Projet d’Appui aux Petits Métiers)
2-4-1 Structure organisationnelle
2-4-2 Activités et missions
2-5 Analyse SWOT du PAPM
Partie II ANALYSE DE LA PERFORMENCE, DE L’EFFICACITE ET DE L’IMPACT
CHAPITRE IV : ANALYSE DE LA MICROFINANCE
Section 1 : Le nombre de bénéficiaire et type de crédit
Section 2 : Volume de crédit octroyer
Section 3 : L’approche genre dans le PAPM
Section 4 : Analyse du risque
4-1 : Indicateurs de performance social (portée)
4-2 : Indicateur de performance financière des IMF
4-2-1 : Rentabilité de l’institution
4-2-1-1 : Rendement du porte feuille
4-2-1-2 : Indicateur de la qualité de porte feuille
CHAPITRE V : ANALYSE DE L’EFFICACITE
Section 1 : Efficacité et productivité
1-1 : Ratio charges d’exploitation
1-2 : Coût par emprunteur
1-3 : Productivité du personnel
1-4 Productivité des agents de crédit
Section 2 : Taux de remboursement
Section 3 : Volume de crédit
CHAPITRE VI : ANALYSE DE L’IMPACT AUX NIVEAUX DES BENEFICIAIRES
Section 1 : Impact de la microfinance sur la pauvreté (Cas général)
1-1 : La microfinance atteint-elle les plus pauvres ?
1-2 : La microfinance contribue-t-elle à faire sortir durablement les populations de la pauvreté ?
Section 2 : Impact financier et social des prêts du PAPM au niveau des bénéficiaires
2-1 : Impact financier
2-2 : Impact social
Chapitre VII – RECOMMANDATIONS POUR LA VIABILITE DU PAPM
Section 1 : Viabilité socio-économique
Section 2 : Viabilité institutionnel
2-1 Performances sociales
2-2 Gestion des impayés
2-2-1. Causes et Coûts des Impayés
2-2-2. Mesurer les Impayés
2-2-3. Contrôler les impayés
Section 3 : Viabilité financière
Section 4 : Viabilité opérationnelle
CONCLUSION GENERALE
ANNEXES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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