A Madagascar, la majorité de la population ne mange pas à sa faim (http 8) ; 30-50% des Malgaches sont sous alimentés (http 2). Comme les productions agricoles n’arrivent pas à subvenir aux besoins totaux de la population (Domas et al., 2008), la sécurité alimentaire nécessite un réel défi à relever au niveau national, puisque la nourriture constitue la base fondamentale des besoins humains selon l’échelle de la pyramide de Maslow. Cependant cette sécurité alimentaire, dans les pays en voie de développement comme Madagascar dépend largement de l’utilisation durable des ressources naturelles (http 3). Cette sécurité se fait menacer à Madagascar surtout dans les régions où l’apparition de la sècheresse est répétitive depuis les années 90, comme le Grand Sud et le Grand Sud-Est de la Grande Île (http 2 ; http 5) mais cela affecte également les autres régions dans lesquelles la pluviométrie s’avère instable.
Améliorer la gestion des cultures par la combinaison de l’agriculture à la conservation des écosystèmes, permettrait de mieux gérer durablement les ressources naturelles qui sont généralement le patrimoine sol et son écosystème. En améliorant les potentialités du sol, les services des écosystèmes contribuent fortement à la réduction de l’insécurité alimentaire. Malheureusement, les sols sont fortement menacés par différentes pressions humaines : la déforestation, la conversion des zones humides en terrain de culture (http 3). Ceux-ci se rajoutent aux multiples facteurs de causes de l’insuffisance de la production alimentaire dans les zones d’exploitations agricoles, tels que les catastrophes naturelles (sécheresse, inondations, cyclones, invasions de sauterelles), la pauvreté, la croissance démographique élevée, la faible productivité, les politiques économiques inadéquates (Sourisseau, 2016). Pour Madagascar, l’économie repose principalement sur l’agriculture, la pêche, l’élevage et les activités forestières avec la participation de 70 % de la population active. Malgré cela, l’insécurité alimentaire et la pauvreté continuent de sévir dans l’île. Le pays est encore contraint d’importer 150 000 à 300 000 tonnes de riz par an pour assurer les besoins alimentaires et le cours du riz ne cesse d’augmenter sur le marché mondial (http 12).
Zone d’étude : le Moyen Ouest du Vakinankaratra et ses contraintes
Milieu naturel ou physique
Localisation géographique
Le Moyen Ouest du Vakinankaratra est localisé au centre de Madagascar. Il est situé entre 19°25’ et 20°00’de latitude Sud et 45°50 et 46°40’de longitude Est .
Localisation administrative
Sur le plan administratif, la zone du Moyen Ouest du Vakinankaratra se trouve dans le district de Mandoto. Elle est limitée par les districts de Miandrivazo à l’Ouest (Région Menabe), d’Ambatofinandrahana au Sud (Région Amoron’i Mania), de Betafo à l’Est (Région Vakinankaratra), de Tsiroanomandidy (Région du Bongolava) et de Soavinandriana (Région Itasy) au Nord. Une grande partie des surfaces non cultivées du Vakinankaratra se trouve dans le district de Mandoto (79 593 ha). L’étude a été réalisée dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra sur un site expérimental d’Ivory, le fokontany de la commune rurale de Vinany, du district de Mandoto de la région du Vakinankaratra. Ivory se trouve à 87 km au Nord-Ouest de la ville d’Antsirabe (Raunet, 2008, Région Vakinankaratra 2011).
Géomorphologie
Le relief du Moyen Ouest est constitué essentiellement des grandes surfaces d’aplanissement appelées pénéplaines généralement herbeuses. Ces dernières sont marquées par la présence des collines (pente de 2 à 5%), souvent découpées par des bas-fonds en forme de lobe et généralement traversées par des réseaux hydriques très denses, sur une altitude comprise entre 800 et 1 300 mètres (Raunet, 2008). Les sols sont rouges à rouges sombres, profonds, de type ferrallitique de 2 à 3 m d’épaisseur ; ils sont relativement pauvres en silice, mais riches en hydroxydes de fer et d’aluminium (Queinnec, 2013). Ces sols sont caractérisés par une teneur élevée en argile peu gonflante du type kaolinite, un complexe argilo-humique moyennement à faiblement désaturé (V=30 % à 60 %), avec un pH autour de 5 à 5,5 en surface. L’activité biologique est dominée par les fourmis et termites. Le taux de matières organiques varie entre 2 à 3 % et ce potentiel de fertilité reste encore intact sur les vastes surfaces non encore exploitées de cette région (Raunet, 2008). Néanmoins, ces sols sont fragiles et sensibles à l’érosion dès lors qu’ils sont mis en culture, notamment quand les pentes s’accentuent et sont pauvres en phosphore assimilable. Ainsi, ils nécessitent une bonne conservation physique à travers l’agroécologie. Cette conservation se fait par l’utilisation de l’association des plantes de couverture aux cultures principales et un redressement de la fertilité, soit par un apport progressif, soit par un apport massif à la première année.
Climat et végétation
Le Moyen Ouest du Vakinankaratra est marqué par un climat de transition entre le climat des Hautes Terres et celui de l’Ouest Malgache (Région du Vakinankaratra, 2011). Il est marqué par une saison sèche et froide de mai à septembre d’une part, et d’une saison humide et chaude d’octobre à avril, durant laquelle les pluies sont intenses. L’été est plus chaud (en moyenne 25ºC, avec un maximum de 31°C et un minimum de 18°C) et l’hiver moins rigoureux (en moyenne 21ºC, avec un maximum de 29°C et un minimum de 13°C). La moyenne des précipitations annuelles est de l’ordre de 1 200 mm.
La végétation est une prairie graminéenne avec quelques lambeaux de forêts ripicoles dans les vallons et les « lavaka ». Elle est caractérisée par une formation pseudo-steppique due à la fréquence des feux de brousse. Cette savane herbeuse est dominée par Aristida sp, indicateur d’une dégradation avancée du milieu. Celle-ci aboutit à l’apparition des « bad lands » dans certaines localités (Région du Vakinankaratra, 2011). Le paysage agricole est marqué surtout par une vue panoramique de rizières en forme d’amphithéâtre dans les vallons .
Milieu socio-économique
Population
Le territoire comprend environ 239 023 habitants en 2006 sur une surface de 79593 ha soit 3 habitants par hectare (Région Vakinankaratra, 2011). Avec une densité correspondant à 300 habitants.km-², la croissance démographique annuelle moyenne est de 2,63 % et le taux de natalité est de 3,21 % en 2011. Le Moyen Ouest est une zone de migration, la population est composée d’un assemblage social différencié : Merina, Vakinankaratra, Betsileo, Bara et Antandroy. Chacun d’entre eux a ses propres pratiques socioculturelles et économiques. Les trois premières sont agro-éleveurs, tandis que les deux dernières sont éleveurs uniquement. Les éleveurs occupent généralement les vastes pâturages des communes rurales de Vasiana et d’Anjoma Ramartina, qui ont par conséquent une très faible densité démographique.
Activités agricoles : Système de production et système de culture
« L’agriculture constitue la principale activité à laquelle s’associent le plus souvent de petites exploitations principalement orientées vers l’autosubsistance. Elle fournit la principale source de revenu de la population rurale qui consacre 70% pour les dépenses alimentaires » (http 10).
Systèmes de production
Un système de production agricole est la représentation qui s’approche de la réalité dont on dispose sur la manière de penser et de décider des agriculteurs. Il doit faire face à un enjeu majeur : la notion de durabilité des systèmes d’exploitation. Pour le cas de cette zone d’étude, leurs pratiques s’avèrent inappropriées vu l’abandon de la culture du riz pluvial, dans certains cas, à cause de la pression de S. asiatica (Sorèze, 2010). Pour une exploitation, il se définit par la combinaison (la nature et les proportions) de ses activités productives et de ses moyens de production (Mazoyer, 1997). Au Moyen Ouest, comme pour la plupart de la population malgache, la majorité de sa population se trouve dans le secteur primaire (80%) et l’agriculture vivrière y prédomine. Les principales cultures vivrières existantes dans cette zone sont le riz (irrigué et pluvial), le maïs, le haricot, le soja, le pois de terre et l’arachide. Les cultures fruitières sont l’ananas, le manguier, la canne à sucre, l’oranger, le bananier, le caféier, et l’avocatier. Les cultures maraîchères sont la tomate, la pomme de terre, l’oignon et les légumes à feuille (Région du Vakinankaratra, 2011). La répartition des exploitations est en fonction de la topographie du milieu. Il existe selon Sorèze (2010) quatre types de milieu de culture : les sommets de tanety, les pentes des tanety, les bas des tanety et enfin les bas-fonds ou rizières. Chaque milieu représente une caractéristique de culture. Les bas-fonds sont spécifiques aux rizicultures inondées ; les bas des collines ou kidona appelés aussi baiboho sont dédiés aux cultures de légumineuses (arachides, haricots et pois de terre) et aussi du manioc ; les pentes des collines sont généralement moins exploitées, elles sont uniquement utilisées pour la culture du manioc et du pois de terre ; quant aux sommitaux des collines, toutes cultures pluviales peuvent y être pratiquées. En ce qui concerne l’élevage dans les exploitations, les bovins y sont toujours présents pour la traction animale, la capitalisation, la production de fumier… même si le déficit fourrager reste une contrainte généralisée en saison sèche.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE 1 : CONTEXTE DE L’ETUDE ET SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I-1. Zone d’étude : le Moyen Ouest du Vakinankaratra et ses contraintes
I-1.1. Milieu naturel ou physique
I-1.1.1 Localisation géographique
I-1.1.2. Localisation administrative
I-1.1.3. Géomorphologie
I-1.1.4. Climat et végétation
I-1.2. Milieu socio-économique
I-1.2.1. Population
I-1.2.2. Activités agricoles : Système de production et système de culture
I-2. Etat de l’art
I-2.1. Striga asiatica
I-2.1.1. Biologie et écologie
I-2.1.2. Impacts sur les plantes hôtes
I-2.1.3. Méthodes de lutte
I-2.2. Agroécologie
II-2.2.1. Définition et Principes
I-2.2.2. Historique de la pratique
I-2.3. Agriculture de conservation
I-2.3.1. Avantages
I-2.3.2. Limites
I-2.4. Striga asiatica et agroécologie
I-2.4.1. Différents modes de gestion de Striga asiatica
I.2.4.3. Utilisation de l’agriculture de conservation pour lutter contre Striga asiatica
CHAPITRE 2 : EFFETS DES SYSTEMES DE CULTURE ET DE VARIETES DE RIZ SUR L’INFESTATION DE STRIGA ASIATICA (L.) KUNTZE DANS DES ROTATIONS CULTURALES RIZ-MAÏS
II.1. Introduction
II.2. Matériels et méthodes
II.2.1. Site d’étude
II.2.2. Traitements expérimentaux et matériel végétal
II.2.3. Dispositif expérimental
II.2.4. Préparations sur le terrain et gestion des cultures
II.2.5. Mesures et observations
II.2.6. Analyses statistiques des données
II.3. Résultats
II.3.1. Variation de l’azote et du phosphore dans le sol
II.3.2. Dates d’émergence de Striga asiatica dans le riz et le maïs
II.3.3. Densités de pieds de Striga asiatica dans le riz
II.3.4. Densités de pieds de Striga asiatica chez le maïs
II.3.5. Variation de la banque de semences de Striga asiatica du sol
II.3.6. Effets des pratiques culturales et de la variété de riz sur la biomasse de mauvaises herbes ordinaires
II.4. Discussion
II.4.1. Agriculture de conservation et lutte contre les mauvaises herbes
II.4.2. Agriculture de conservation – variétés résistantes et effets
II.4.3. Implications des petits producteurs de céréales dans les zones exposées à l’infestation de Striga asiatica
II.5. Conclusion partielle
CHAPITRE 3 : EFFETS DES SYSTEMES DE CULTURE ET DES VARIETES DE RIZ SUR LES PERFORMANCES DES CULTURES EN ROTATION
III-1. Introduction
III-2. Matériels et méthodes
III- 2.1. Traitements expérimentaux
III-2.2. Mesures et observations
III-2.3. Analyses des données
III-3. Résultats
III-3.1. Rendement des grains de riz et de biomasse
III.3.2. Rendements du maïs et des légumineuses et biomasse
III-3.3. Variation de la fertilité et de l’érosion du sol selon les pratiques culturales
III-4. Discussion
III-4.1. Avantages de la gestion des systèmes de cultures et des variétés sur la production des graines
III.4.2. Bénéfices apportés par la biomasse, les couvertures sur la fertilité du sol
III-5. Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE