GERMES PATHOGENES & CAUSAUX DE MAMMITES SUBCLINIQUES
Qu’est-ce qu’une mammite?
La mammite, ou inflammation de la glande mammaire est l’une des maladies les plus courantes chez la vache laitière et l’une de celles qui entraîne le plus de pertes financières. Le pis de la vache se compose de quatre quartiers, chacun produisant du lait qui sort par un trayon. L’infection touche un ou plusieurs de ces quartiers. L’inflammation des tissus peut réduire ou stopper la production du lait, altérer le lait, causer de l’enflure et de la douleur, voire raccourcir la période de lactation de la vache ou la période de sa vie pendant laquelle elle produit du lait, si une infection non maîtrisée endommage gravement les tissus. Les mammites peuvent être provoquées par une blessure physique, mais la cause la plus fréquente est l’invasion de la glande mammaire par des bactéries ou d’autres micro-organismes (des champignons, moisissures, et peut-être des virus).
Environ 97 % de toutes les mammites sont subcliniques (Rodenburg, 1997). Le coût de la mammite n’est pas le même d’un troupeau à l’autre et d’une saison à l’autre à l’intérieur du même troupeau. Selon une revue de littérature récente (Hortet et Seeger, 1998), environ 20% des vaches connaissent au moins un épisode de mammite clinique au cours de leur lactation. Cette fréquence peut parfois être aussi élevée que 100 % des lactations. Les pertes économiques associées au traitement de cette condition sont multiples et comptent entre autres les frais vétérinaires, les médicaments utilisés, la perte de lait à court (résidus) et à long terme (baisse de production, tarissement précoce et réforme). Ces pertes sont estimées entre 150-300 $ par épisode de mammite clinique. Les mammites du début de la lactation coûtent évidemment plus cher que les mammites en fin de lactation. De plus, les mammites aiguës et toxiques à coliforme (E. coli) peuvent coûter plus de 500 $ par cas (Fetrow et al., 2000). Enfin, il est très bien connu que les troupeaux aux prises avec une forte incidence de mammite clinique sont plus à risque de contaminer le réservoir du vrac avec des résidus d’antibiotiques.
L’infection accompagne le phénomène inflammatoire.
Le marqueur cytologique de cette réaction inflammatoire est la mesure de Concentration en Cellules Somatiques (CCS). Le CCS constitue en effet un bon indicateur de l’état général de la santé des pis du troupeau. Mais cette mesure permet un dépistage de l’inflammation et non un diagnostic de l’infection. Les cellules somatiques présentent dans le lait sont principalement constituées de globules blancs, lesquels sont produits par la vache pour détruire les bactéries ayant pénétré dans la mamelle et responsables de la mammite. Ces mêmes globules vont aussi régénérer les tissus endommagés. Les globules blancs sont toujours présents dans le lait, et leur nombre augmente lorsqu’un agent infectieux s’introduit dans le pis ou lorsque celui-ci est abîmé. Djabri et al. (2002) notent qu’un lait de quartier normal contient, en moyenne, 68 000 cellules/ml. En pratique, le Contrôle Laitier en France a fixé des valeurs conventionnelles pour définir le statut infectieux de l’animal, supérieures aux seuils définis dans les études scientifiques : des vaches infectées de façon persistante au cours de la lactation se distinguent par au moins une valeur supérieure à 300 000 cellules/ml et une autre supérieure à 800 000 cellules/ml, pour deux contrôles laitiers dans la même lactation (Seyries, 1985).
BACTERIES DE L’ENVIRONNEMENT
Les bactéries coliformes se trouvent dans le sol et dans l’intestin des animaux. Elles se multiplient dans le fumier et sur les litières contaminées par des matières fécales. Les coliformes provoquent des mammites seulement si une particule contaminée vient en contact avec une mamelle dont le canal est ouvert. Contrairement aux bactéries décrites précédemment, les coliformes ne peuvent pas s’attacher au tissu mammaire, mais se multiplient dans le lait rapidement et y libèrent des toxines qui sont absorbées dans le courant sanguin. Les coliformes peuvent donc provoquer des mammites cliniques aiguës. La température de la vache peut monter au delà de 40°C et le quartier infecté devient gonflé et sensible au toucher. Les mécanismes de défense de la vache peuvent éliminer les bactéries du pis, mais les toxines restent dans le courant sanguin et la vache peut en mourir. Les vaches qui ne sont pas infectées par d’autres microorganismes (Strep. agalactiae et Stap. aureus) semblent plus susceptibles aux coliformes que celles qui le sont. La saison influence l’apparition de nouveaux cas de mammites cliniques à coliformes.
Les périodes chaudes et humides sont propices à la croissance des bactéries dans la litière des vaches confinées à l’intérieur et favorisent une forte pression d’infection pour les vaches à risques. Les plus veilles vaches sont plus susceptibles aux infections mammaires à coliforme que les primipares. Les conclusions d’une étude publiée par l’équipe du Pr. Bradley dans le « Journal of Dairy Science» (v.63, n.9, 2000) montrent que la moitié des mammites cliniques à entérobactéries qui surviennent pendant les cent premiers jours de la lactation sont des infections persistantes de la période sèche. Les dernières études montrent toute l’importance qu’il y a à surveiller durant la période sèche la propreté des animaux. Les vaches taries sont pendant 8 semaines en dehors de la préoccupation des éleveurs. Mal entretenues, souvent logés ou parquées dans les conditions de saleté importantes, leurs mamelles sont particulièrement exposées à une contamination par les colibacilles. Une analyse plus fine montre qu’en réalité, c’est en début et de fin de la période de tarissement que les bovins sont le plus sensibles aux infections mammaires. Inversement, au milieu de la période, la résistance à l’invasion bactérienne est maximale.
PRATIQUE DE LOGEMENT
Des études comparatives montrent une incidence légèrement réduite des mammites chez les vaches dans des logettes non entravées par rapport aux animaux attachés ou en stabulation libre. Quel que soit le système utilisé, la propreté générale de l’environnement constitue un des facteurs majeurs gouvernant le degré d’exposition à la mammite. Les parcs sales, l’eau stagnante, l’accumulation de fumier, le surpeuplement et l’épandage de lisier sur les pâturages augmentent le degré d’exposition et le risque de mammites. Les aires d’exercice devraient être assez vastes et bien drainées pour permettre une pousse normale de l’herbe. Sinon, ces aires doivent être bétonnées et régulièrement grattées nettes. Le bétail ne devrait pas avoir accès à des étangs où les pis peuvent entrer en contact avec l’eau, ni à des pâturages sur lesquels du fumier a été récemment épandu.
Les allées dans les étables à stalles non entravées doivent aussi être nettoyées régulièrement. Il faut enlever tout obstacle qui risque de blesser l’extrémité des trayons. Les trayons gelés ou brûlés par le soleil sont plus vulnérables aux infections; c’est pourquoi le type de logement doit fournir assez d’ombre et protéger contre les vents d’hiver, surtout immédiatement après la traite. Si les vaches doivent passer directement de la salle de traite à l’extérieur, des radiateurs dans la salle et une courte attente avant la relâche des animaux assureront le séchage des trayons et les empêcheront de geler. Il ne faut pas oublier qu’un grand nombre de nouvelles infections se produisent au début de la période de tarissement et peu après la mise bas. Par conséquent, il est aussi important de bien nettoyer le logement des vaches taries que celui des vaches en lactation, et d’y garder une couche de litière suffisante (Rodenburg, 1997).
Lorsque les stalles sont trop petites, les blessures aux trayons sont plus fréquentes. Les planchers de béton ou de bois sont plus durs, moins confortables et risquent de provoquer des blessures aux trayons. Cependant, ce type de plancher nécessite moins d’entretien et de maind’oeuvre que ceux en chaux ou en argile. Si on met suffisamment de litière, ils sont tout à fait satisfaisants. Dans les planchers en argile, les vaches creusent parfois des trous. Par contre, les stalles trop grandes favorisent l’accumulation du fumier et, de ce fait, augmentation l’exposition aux organismes responsables de la mammite.
De hautes températures (supérieures à 25°C), une humidité élevée (au-dessus de 80 %) et les odeurs de fumier sont reconnues comme des facteurs causant du stress pour la vache. L’humidité augmente aussi les risques d’exposition des trayons aux micro-organismes présents dans l’air et dans la litière humide. Il en résulte un accroissement de la population des bactéries dans la litière. Une bonne ventilation constitue un facteur important pour tous les types de stabulation, autant pour assurer le confort de l’animal que pour limiter le contact avec les bactéries responsables de la mammite (Rodenburg, 1997).
Chez les veaux nourris avec du lait contaminé par la mammite, la tétée mutuelle de leurs glandes mammaires en croissance prédispose celles-ci à des infections. Par conséquent, il faut loger ces veaux dans les stalles individuelles. La consommation de lait infecté ne sera pas en elle-même une cause d’infection, mais le lait d’une vache cliniquement atteinte peut créer d’autres problèmes de santé.
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Table des matières
SOMMAIRE
ANATOMIE & PHYSIOLOGIE DE LA MAMELLE
Structure de la mamelle
Sécrétion du lait
Descente du lait
DIAGNOSTIC DE L’ETAT PATHOLOGIQUE DE LA MAMELLE
Quelques définitions
Qu’est-ce qu’une mammite?
Les différentes formes de mammites
Mammite aiguë
Mammite subaiguë ou clinique
Mammites subcliniques
Mammites chroniques
Pathogénie
Invasion de la mamelle
Inflammation de la zone colonisée
Destruction de tissu alvéolaire
GERMES PATHOGENES & CAUSAUX DE MAMMITES SUBCLINIQUES
Bactéries contagieuses
Streptococcus agalactiae (Strep. agalactiae)
Staphylococcus aureus (Stap. aureus)
Streptococcus uberis (Strep. uberis) et Streptococcus dysgalactiae (Strep. dysgalactiae)
Mycoplasma bovis (M. bovis)
Bactéries de l’environnement
PRINCIP AUX FACTEURS DE RISQUE DES MAMMITES SUBCLINIQUES
Facteurs de risque individuels
Hérédité
Morphologie de la mamelle
Stade de lactation
Âge et nombre de lactations
Niveau de production laitière
Blessures du trayon ou de la mamelle
Maladies intercurrentes
Paramètres biochimiques
Pratique de traite
Mesures préventives
Ordre de traite
Lavage du pis
Trempage de trayons
Méthode de traite
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Autres mesures pendant la traite
Tensions parasites sur la machine à traire
Hygiène et sécurité
Alimentation
Pratique de logement
Logement
Stalles et logettes
Ventilation
Logement des veaux
Réforme et remplacement
Remplacement
Réforme
Tarissement des vaches
Autres pratiques de gestion
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