Gérant de fortune traditionnel et ses relations clients
Les inconvénients du robo-advisor
Malgré que les robo-advisors soient une technologie révolutionnaire, il existe malheureusement des désavantages. Étant donné que les clients effectuent toutes les étapes par internet, l’aspect relationnel est totalement éliminé. En effet, leurs demandes sont moins bien prises en compte et leurs profils risque sont totalement automatisés avec des questions généralisées. Ces questions sont beaucoup moins précises que celles d’un gestionnaire de fortune traditionnel, car ces derniers sont obligés par la SEC ou par la FINRA de procéder à une analyse très approfondie du profil de l’investisseur en tenant compte de l’âge, les antécédents d’investissement ainsi que les placements actuels, la situation financière, le statut fiscal, l’objectif d’investissement, l’horizon temps, les besoins de liquidités et la tolérance au risque. Ensuite, le robo-advisor ne peut pas intégrer le côté bienveillant d’un humain.
Finalement, aujourd’hui, les robo-advisors sont plutôt vus comme des assistants du gestionnaire de fortune qui peut en effet améliorer son efficacité et lui faire gagner du temps afin de le consacrer à ses relations clientèle, car les clients préfèrent encore aujourd’hui traiter avec le gestionnaire de fortune.
Synthèse de l’entretien avec Swissquote
La mise en place du robo-advisor a permis à Swissquote d’atteindre une clientèle beaucoup plus large avec des profils très variés. En effet, cela a permis de démocratiser la finance et donner accès à des clients moins fortunés de se faire conseiller par un gestionnaire de fortune virtuel à moindres coûts. Swissquote est très confiant sur ce service et souhaiterait l’améliorer en développant une vraie intelligence artificielle derrière pour qu’il puisse analyser les tendances du marché plus rapidement, investir dans de nouvelles classes d’actifs (par exemple : ESG) et même se positionner « short » sur le marché. Étant donné que le robo-advisor est en constante évolution et amélioration, Swissquote investit régulièrement dans la recherche et développement de ce produit. Il existe une équipe qui travaille en permanence afin de contrôler l’algorithme pour but d’éviter tout type de dysfonctionnement.
Malgré ses avantages, le robo-advisor a un caractère réactif qui lui apporte des faiblesses. Typiquement, il effectue une analyse sur ce qui s’est passé durant les deuxtrois dernières semaines et va adapter la stratégie selon ses analyses. Swissquote souhaiterait à l’avenir adapter l’algorithme pour qu’il fasse une analyse en aval selon l’horizon temps d’investissement des clients. Ensuite, il ne superforme pas constamment le benchmark. Par exemple, en 2019, il a généré une performance entre 15% et 17% alors que celle du benchmark était d’environ 20%, mais en mars 2020 il a surperformé l’indice de référence lors du krach boursier lié à la pandémie de COVID-19 comme nous démontre l’illustration de la page suivante.
Dans les grandes lignes, nous remarquons que les stratégies les plus conservatrices ont obtenu de meilleures performances par rapport aux autres, comme dans toutes situations de crise. De plus, les portefeuilles sont diversifiés et constitués de plusieurs classes d’actifs permettant ainsi de surperformer l’indice de référence. Dans l’illustration, ci-dessus, le benchmark est le Swiss Market Index (SMI) composé des 20 actions les plus importantes de Suisse.
Un autre point est lors du rebalancement du portefeuille, il ne pourra pas tenir compte des restrictions imposées par l’investisseur. En effet, lorsque Swissquote proposera les investissements dits ESG et que le client veut uniquement investir dans cette classe d’actif, il se peut que le robo-advisor vende toutes les positions en raison d’une forte volatilité. Étant donné que le niveau du risque se dévie du profil risque du client, il aura tendance à se positionner dans un secteur autre que ESG beaucoup plus stable pour répondre au niveau de risque déterminé par le client.
Le robo-advisor, lors de ses débuts, était très prisé par les jeunes, mais Swissquote a connu une certaine évolution sur cette tendance. Aujourd’hui, la classe la plus importante est les clients de plus de 40 ans détenant une plus grande capacité financière, mais la banque possède également des clients institutionnels qui se sont penchés sur cette nouvelle technologie à la recherche de performance. Elle constate également que les clients commencent leurs investissements par palier, c’est-à-dire qu’ils placent le montant minimum de CHF 10’000.- et investissent au fur et à mesure du temps et certainement des rendements. Swissquote est d’avis avec BI Intelligence sur le fait que les robo-advisors géreront 10%9 des investissements globaux d’ici 2021, car la technologie est en plein essor.
La banque en ligne n°1 de Suisse met à disposition sa technologie aux acteurs financiers sous forme de « white label », c’est-à-dire qu’elle vend la technologie et le partenaire l’utilise à son nom.
Swissquote facture des frais de gestion fixe de 0.5% et ajoute également des frais d’administration variant de 0.45% à 0.75% indépendamment des montants investis. Le numéro 1 en Suisse fait face à l’arrivée de certaines Fintechs proposant un service similaire à des frais défiant toute concurrence, mais il met en avant son statut de banque suisse qui est régulée par la FINMA et son contrôle assidu concernant le niveau de risque de chaque client. Ensuite, il investit directement dans la compagnie et non pas à travers des ETF. De plus, il met à disposition une application simple d’utilisation et pratique une protection « currency hedging », c’est-à-dire que le portefeuille du client est constamment protégé contre le risque de change. Finalement, Swissquote est beaucoup plus stable que ses concurrents et a un excellent historique permettant ainsi d’avoir une très bonne réputation.
Comparaison d’une relation client au sein de Swissquote et d’une banque privée
Il est très compliqué de comparer une relation client entre Swissquote, une banque en ligne acceptant tout type de client, et une banque privée qui détient uniquement des clients avec un patrimoine d’au moins CHF 1 million. À travers ce chapitre, je vais comparer une relation en termes de services et frais auprès de Swissquote et d’une banque privée. Il est vrai que c’est un exemple hors du commun entre deux établissements incomparables, mais l’analyse peut être interprétée comme une réelle comparaison lors du choix final du client. Pour Swissquote, il est très facile de visualiser sa grille tarifaire défiant toute concurrence concernant son service de robo-advisor. Voici une illustration des frais pratiqués et calculés par tranches et dégressifs :
Nous pouvons constater que : plus la fortune est élevée, moins la banque en ligne facture de frais. Le principe est le même dans toutes les banques.
Concernant les banques privées, l’histoire est tout autre. Il existe une réelle absence de transparence en matière de frais bancaires de la part des banques privées, c’est pourquoi nous ne trouvons aucune information à ce sujet sur les sites internet des dites banques. Il faut ouvrir un compte auprès de ces dernières pour obtenir les tarifs de l’établissement. Selon Anthony CHATELANAT, fondateur d’une société de conseil à Genève nommée FINETIKA, il estime les frais annuels d’une banque privée aux alentours de 4%10 par année en raison de structures de coûts plus complexes et dépendant également du type de mandat de gestion (active ou passive).
Prenons l’exemple d’un client ayant une fortune de CHF 1 million et qu’il décide de comparer la meilleure solution entre Swissquote et une banque privée de la place financière genevoise.
D’un côté, il peut investir à travers le robo-advisor de chez Swissquote payant des frais totaux de 0.95% incluant les frais de transactions et les frais de dépôts. Ce robo-advisor analysera son profil-risque et proposera un portefeuille personnalisé pour répondre à ses besoins. Son portefeuille sera automatiquement rebalancé en cas de déviation du niveau de risque cible. À la fin de l’année, le client payera uniquement un total de CHF 9’500.- pour la relation auprès de Swissquote.
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Table des matières
Déclaration
Remerciements
Résumé
Table des matières
Liste des tableaux
Liste des figures
1. Introduction
1.1 L’histoire du « private banking » en Suisse
1.2 Gérant de fortune traditionnel et ses relations clients
1.3 Contexte actuel
2. Le robo-advisor
2.1 Swissquote et son robo-advisor
2.2 Les avantages du robo-advisor
2.3 Les inconvénients du robo-advisor
2.4 Synthèse de l’entretien avec Swissquote
2.5 Comparaison d’une relation client au sein de Swissquote et d’une banque privée
3. PESTEL
3.1 Politique
3.1.1 FINMA
3.1.2 Fin du secret bancaire
3.1.3 Cross-Border rules
3.2 Économique
3.2.1 La fin du taux plancher par la BNS
3.2.2 Taux d’intérêt négatif
3.2.3 Marges en baisse
3.2.4 Instabilité économique liée à la pandémie COVID-19
3.3 Sociologique
3.3.1 Réputation impactée des banques
3.3.2 Évolution démographique
3.3.3 Les fortunes dans le monde en hausse
3.3.4 Nouvelles façons de consommer
3.4 Technologique
3.4.1 Blockchain alias chaîne de blocs
3.4.2 Fintechs
3.4.3 L’obsolescence des programmes informatiques au sein des banques
3.5 Environnemental
3.5.1 Les banques et le développement durable
3.5.2 Investissements ESG
3.6 Légal
3.6.1 Accords fiscaux
3.6.2 GAFI
4. SWOT
4.1 Forces
4.2 Faiblesses
4.3 Opportunités
4.4 Menaces
5. Conclusion
Bibliographie
Annexe 1 : Entretien téléphonique avec Swissquote
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