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La structuration socio-spatiale des retraités des Pays de la Loire
Les catégories populaires surexposées à la dépendance
D’après C. MONTEIL et I. RORBERT-BOBEE (2005), les comportements et les conditions de travail déterminent la longévité. Enaval, cette prégnance se traduit par de forts contrastes entre les catégories socio-professionneles : « en 1999, l’espérance de vie moyenne à 35 ans d’un ouvrier était de 43 ans, celle d’un c adre de 49 ans et celle d’un inactif non retraité de 36 ans»57, écarts qui, selon les auteurs, ont augmenté ces ernièresd années. De plus, selon la même étude on remarque que le sexe onstituec un facteur déterminant de l’espérance de vie à 35 ans selon la catégorie socio-professionnelle d’appartenance. Si les inégalités face à la mort tendent à s’atténuer entr les catégories socio-professionnelles pour les femmes, elles tendent à s’accentuer pour les ho mmes. En 1999, l’écart d’espérance de vie à 35 ans entre une ouvrière et un cadre était de 3 ans (respectivement de 47 et 50 ans), celui entre un ouvrier et un cadre était de 7 ans (respectivement de 39 et 46 ans).
A. MIZRAHI et A. MIZRAHI (2002) soutiennent que ces inégalités basées sur l’appartenance sociale et le sexe s’appliquent également au processus de morbidité, «Au terme de ce travail, un vieillissement plus rapide de toutes les catégories sociales, par rapport aux cadres supérieurs, a été mis en évidence. Ce eillissementvi prématuré et ses effets morbides s’échelonnent, selon les catégories sociales, dans le même ordre que la mortalité et sont plus marqués pour les hommes que pour les femmes »58. A partir de la notion de vieillissement relatif (notion intuitive de la morbidité estimée à partir des répercussions probables des maladies, des analyses biologiques et des épreuves fonctionnelles), les auteurs ci-dessus recensent les mêmes décalages sociaux quepour l’espérance de vie, « Les professions se hiérarchisent dans le même ordre selon la mortalité et le vieillissement relatif, des cadres supérieurs qui ont les indices les plus favorables aux ouvriers qui ont les moins bons ; plus les groupes sont défavorisés, plus ilsvieillissent vite et meurent tôt, l’effet étant plus fort pour les hommes que pour les femmes »59.
En somme, les conditions de travail, de vie et les comportements qui précèdent la vieillesse influent sur le déroulement de cette dernière. Ainsi, les personnes âgées issues de catégories sociales plus modestes, par des conditions d’activités antérieures plus pénibles, des comportements sanitaires moins préventifs et des conditions de vie moins favorables (alimentation, sociabilité, accès…) sont davantage susceptibles d’être touchées par des incapacités lors de la période de vieillesse et plus tôt. Et inversement les populations plus favorisées par des conditions de travail moins pénibles, par des conditions de vie favorables à l’équilibre physique et psychique et par l’accès privilégié à l’information, la prévention et la prise en charge sont moins enclines à subir les inc apacités de la vieillesse et quand elle les subissent, cela arrive en moyenne plus tard.
Origines socio-professionnelles et continuum social et économique
L’origine sociale du retraité conditionne égalementsa faculté sociale de faire face à la première rupture sociale qu’est le passage à la ret raite et influence sa sociabilité et ses conditions économiques d’existence. Ainsi, selon C. DELBES et J. GAYMU (2003), les potentiels économiques des personnes âgées sont fortement tributaires de l’appartenance socio-professionnelle : « Ce qui semble une évidence – les cadres sont dans une meilleure situation financière que les ouvriers – trouve ici sa valeur chiffrée : à 75 ans, les anciens cadres ont un revenu au moins double de celui des ouvriers »60. Solidaires des différences de revenus lors de la période d’activité, ces contrastes débouchent sur des potentiels et des niveaux de vie économique fortement inégaux suivantl’appartenance socioprofessionnelle.
L’enquête 2001 de l’Insee sur les revenus fiscaux confirme ce constat : en 2001, les niveaux économiques de vie moyens par an sont de 10 650 euros pour les anciens agriculteurs, de 15 170 euros pour les anciens employés, de 13 290 euros pour les anciens ouvriers et grimpent à 26 630 euros pour les anciens cadres et professions intellectuelles supérieures. L’enquête logement 2001-2002 de l’Insee va dans lemême sens puisqu’à cette date, la valeur moyenne estimée des logements appartenant aux ménages âgés passe de 91 000 euros pour les anciens agriculteurs et ouvriers à plus de 177 000 euros pour les anciens cadres et professions intellectuelles supérieures. De plus, les inégalités sociales face à la mort amplifient les inégalités économiques suivant l’origine socioprofessionnelle des retraités. En effet, les ménages les plus populaires sont plus souvent constitués d’une seule personne, inégalité qui se rajoute aux inégalités calquées sur la période d’activité. Logiquement, sleinégalités économiques observées lors de la période d’activité se reportent sur la période ed retraite. Se superposent à ces mêmes inégalités, des inégalités économiques et des inégalités face à la mort suivant l’origine sociale qui ont pour conséquence de faire baisser les revenus de la personne âgée veuve. Dans ce sens, il n’est pas étonnant de voir que les travaux de l’Observatoire National de la Pauvreté démontrent que les populations âgées féminines vivant seules issues des milieux populaires alimentent le réservoir des situations de pauvretéet de précarité .
Dans le prolongement des travaux de la sociologue A-M. GUILLEMARD sur la retraite, l’origine sociale conditionne la sociabilité lors de la période de vieillesse. En effet, le capital social accumulé lors de la vie professionnelle et adulte se transpose à la retraite. Le positionnement sur l’échelle des décisions professionnelles et familiales conduisent l’individu à opérer ou non des stratégies, des réactions en vue de maintenir sa sociabilité. A partir du RGP de 1999 (les données ne sont pas consultables pour 2006), il a été possible de dresser des typologies territoriales de retraités à l’échelle de la Région des Pays de la Loire et de l’agglomération de Nantes.
Structuration socio-spatiale des retraités de la Région Pays de la Loire
Selon l’Insee Pays de la Loire, les ménages retraités sont subdivisés en quatre catégories sociales : celle des anciens agriculteurs, celle des anciens cadres-professions intermédiaires – professions intellectuelles supérieures, celle des anciens artisans–commerçants–chefs d’entreprises et celle des anciens employés–ouvriers. A cette même date, les populations retraitées issues des professions ouvriers-employéssont majoritaires (53,6 %), suivies des anciens cadres, professions intermédiaires et intelectuelles supérieures (18,7 %), des anciens agriculteurs (18,1 %) et enfin des anciens artisans, commerçants et chefs d’entreprises (9,6 %). A l’échelle départementale, on constate un lien entre le degré d’urbanisation du département et la composition sociale des retraités.
Le lieu joue tout d’abord sur la proportion démographique des anciens agriculteurs. Celle-ci est plus élevée dans les départements lesmoins urbanisés (la Mayenne et la Vendée, respectivement 33 et 21 %) et qui mesurée dans le département le plus urbanisé, la Loire-Atlantique (un peu plus de 10 %). Plus largement, on observe que cette origine socio-professionnelle est très forte dans les intercommunalités limitrophes de l’Anjou, de la Sarthe et de la Loire-Atlantique. Comme le montre la carte, les proportions de retraités d’origine agricole sont mesurées autour des agglomérations avec un peu moins de 30 % de la population retraitée. Elles sont très faibles en milieu urbain et sur le littoral avec respectivement 4 et 8 % de la population retraitée.
Vivre seul à la retraite : les conséquences économiques et sociales
La situation conjugale et la composition résidentielle qui en résulte sont déterminants dans les processus de perte de capacité des personnes âgées. Est donc posée la question des impacts du veuvage sur l’état de santé. Le veuvage est avant tout féminin. D’après C. DELBES et J. GAYMU (2002), il n’existe pas d’effets directs du v euvage sur la santé . En revanche, pour les hommes le veuvage affecte l’état de santé : d’après X. THIERRY (1999-2000)66 67, à âge égal, l’incapacité des veufs est supérieure à celledes hommes vivant conjugalement. Plus que le veuvage en lui-même, c’est surtout l’absence de conjoint lors de l’apparition des déficiences qui soumet plus grandement l’individu à ses incapacités. Le fait de vivre seul, constitue une variable déterminante de l’appréhension et du vécu des incapacités. La présence permanente d’un conjoint soulage les déficiences de l’individu et en aval se traduit par un meilleur ajustement aux incapacités.
Dans le cas contraire, vivre seul nécessite de faire appel à une tierce personne. De cette règle, nous pouvons valider l’hypothèse selon laquelle vivre seul au grand âge, spécificité avant tout féminine, amplifie les besoins et les recours à l’extérieur. Nous nous référerons dans ce sens au pourcentage de ménages âgés composéd’une seule personne selon l’âge et le sexe pour déterminer les besoins géographiques despersonnes âgées en incapacité.
Selon C. DELBES et J. GAYMU (2002), les personnes â gées qui vivent seules voient plus fréquemment des amis et la famille. Elles usent également davantage des pratiques inopinées de sociabilité, adhérent autant à une association que les personnes âgées vivant en couples. Néanmoins, comparées à ces dernières, les personnesâgées vivant seules pratiquent moins d’activités de loisirs et voyagent moins. Mais surtout ce sont elles qui, en proportion, sont le plus touchées par les cas d’isolement relationnel (taux de non relations amicales, familiales, de non pratiques de loisirs, de non engagement associatif supérieur pour les personnes âgées seules et qui sont particulièrement plus forts pour les femmes). Qu’elles soient désocialisées ou au contraire fortement socialisées, les personne âgées vivant seules ont en commun de développer plus fortement un sentiment de manque relationnel. Ce manque débouche selon les facultés physiologiques et sociales sur des pratiques de repli ou sur la recherche de sociabilité. Les sentiments de solitude ou d’inutilité ne sont donc pas que des sentiments personnels liés à la psychologie intime de la personne. Ce sont également, hors des volontés individuelles, des mécanismes sociaux. Progressant avec l’âge et plus répandus chez les femmes, les sentiments d’inutilité, d’ennui et de solitude affectent les personnes âgées vivant seules et un peu les personnes âgées en couple. En réaction à l’absence de partenaire et aux sentiments de solitude, d’ennui et d’inutilité que procure cette situation, les personnes âgées « cherchent » à l’extérieur des signes et des liens de sociabilité. MAis comme l’indique J-L PAN KE SHON (2002) elles n’arrivent pas à dissiper ces sentiments : « Ces relations plus nombreuses avec l’extérieur ne compensent pas pour autant l’absence de contacts au sein du foyer. Au total, les relations entretenues avec l’entourage témoignent d’un certain degré d’insertion sociale mais sont souvent insuffisantes pour écarter le sentiment de solitude»68. Même si le fait de vivre seul n’est pas automatiquement synonyme d’isolement relationnel et de solitude, d’ennui ou d’inutilité, on constate que l’absence de proche s’ajoute aux décalages sociaux institutionnalisés par le statut de retraité et soumet la personne âgée à une plus grande fragilité relationnelle et sociale. Fragilité, rappelons-le, que subissent plus fortement les femmes et les personnes issues des couches populaires, et qui est fortement solidaire de la diminution des capacités physiologiques qui croit avec l’âge.
Enfin, vivre seul à la retraite (plus particulièrement le veuvage) affecte les conditions de vie économique des personnes âgées. D’après l’enquête sur les revenus fiscaux 2001 des ménages, suivant que l’on soit en couple ou non, on retrouve une différence significative de niveau de revenus entre les ménages retraités (14 705 euros contre 16 310 euros)69. Les situations d’isolement matrimonial sont surélevées au sein des catégories de populations retraités bénéficiant de revenus et de ressourcesconomiquesé moindres(femmes, catégories populaires). On recense un écart net du taux de pauvreté entre ces populations et celles qui demeurent en couple : en 2001, le taux de pauvreté était de 6,5% pour les ménages retraités seuls et il tombait à 1 % pour les ménages retraités vivant en couple. Vivre en couple préserve économiquement les personnes âgées des événementsedfin de vie. De fait selon, C. DELBES et J. GAYMU (2002), lors du veuvage, les femmes des catégories populaires subissent un affaiblissement économique plus fort. Cet affaiblissement mène parfois à la précarité et à la pauvreté. Selon H. NOGUES (2006), la conjugaison deces éléments biologiques, sociaux et économiques «conduit à formuler l’hypothèse de l’existence d’une poche de pauvreté persistante qui serait majoritairement composée de femmes vivant seules »70, postulat validé par M. COHEN-SOLAL et M. LELIEVRE (2003)71.
Des proportions fortes chez les femmes, en Mayenne et en milieu urbain
En 2006, un peu plus de 42 % des ménages âgés de plus de 82 ans de la Région Pays de la Loire vivent seuls contre un peu moins de 28 % chez les 65-82 ans. L’isolement résidentiel, (c’est à dire l’appartenance à un ménage composé d’une seule personne) augmente avec l’âge et est une caractéristique du vieillissement du teritoire. Sur la Région, plus les intercommunalités sont vieillies plus la part des ménages isolés augmente. On relève aussi que l’isolement résidentiel progresse de manière régulière sur le territoire entre les deux âges.
Avec respectivement 43,9 et 44,3 %, les proportions de ménages très âgés isolés sont plus fortes dans les départements de la Loire-Atlantiqueet de la Mayenne. A l’inverse, elles sont moyennes dans les départements du Maine-et-Loire, de la Sarthe et faibles dans le département de la Vendée (39,1 %). Géographiquement, il s’opère un contraste entre milieu rural et espace urbain : 46 % des personnes très âgées vivent seules dans les intercommunalités urbaines contre 40,5 % dans les ntercommunalités communes rurales et un peu moins de 40 % dans les intercommunalités périurbaines. Les fortes proportions de ménages très âgés seuls suivent les densités de population : à mesure que les aires urbaines sont peuplées, les personnes très âgées vivant seules sont surreprésentées (47,9 %). La Vendée mise à part, ces phénomènes s’observent dansles pôles ruraux de la Région (44,4 %) ainsi que dans les intercommunalités du littoral. Al’opposé, les communes rurales ainsi que les intercommunalités péri-urbaines sont celles quiprésentent les proportions de ménages âgés et très âgés composés d’une seule personne lesplus faibles. Les départements de la Mayenne et de la Vendée n’affichent pas la même pondération et détonnent par la radicalité géographique et démographique de leur proportion depersonnes âgées et très âgées isolées . Enfin, quelque soit le type d’espace, les taux de ménages âgés composés d’une seule personne sont plus élevés en Mayenne et plus faibles en Vendée.
Typologie des conditions d’habitation des ménages âgés dans la Région Pays de la Loire
L’étude des conditions d’habitation des personnes âgées est le fruit d’une analyse multivariée de sept variables issues du recensementde la population : le taux de propriétaires des ménages de plus de 65 ans, la répartition des ménages âgés de plus de 65 ans suivant la superficie (moins de 70 m² et plus de 100 m²), l’ancienneté du logement (ménages de plus de 65 ans dont le logement date d’avant 1949 et d’après 1982), l’inconfort du logement (logement sans douche ni baignoire) et la taille du ménage de plus de 65 ans. A partir d’une Classification Hiérarchique Ascendante (CAH), il a été possible de croiser statistiquement et géographiquement ces variables et, ainsi, de dégager une typologie territoriale des conditions d’habitation des personnes âgées. Après évaluations, on recense des corrélations très fortes entre les deux catégories âgées (65-82 ans et plusde 82 ans) pour chacune des variables. La typologie se réfèrera donc aux plus de 65 ans. Surla Région, les plus de 65 ans ont des taux de propriétaires, de ménages isolés, de logements edgrande superficie et de logements sans confort (datant d’avant 1949 et sans douche ni baignoire) plus élevés que l’ensemble de la population. Mais ils investissent en moyenne moins les logements construits après 1982. On constate également, avec des taux de propriétaires,de logements plus grands, confortables et plus récents plus importants, un effet générationnel entre les deux classes d’âge en faveur des 65-82 ans.
Au-delà de ces cadrages générationnels, il ressortde la typologie 6 profils territoriaux des de conditions d’habitations. Ces derniers font ressortir une opposition entre l’ouest et l’est de la Région. Les trois profils prédominants à l’ouest ont en commun un taux de propriété, une superficie supérieure, un confort supérieur à la moyenne régionale. Cependant, il existe une différence de confort entre les intercommunalités rbaniséesu (littoral compris) et les intercommunalités rurales : pour les premières, lesménages âgés sont plus souvent composés d’une seule personne et occupent en proportion plus de logements confortables et récents, tandis que pour les secondes les ménages isolés âgés sont rares et occupent une proportion plus élevée de logements inconfortables et anciens.Les départements de la Mayenne et de la Sarthe, notamment les parties les plus rurales, présentent des conditions d’habitation moins avantageuses. Tout d’abord au niveau de la superficie, où les logements inférieurs à 70 m² et les logements supérieurs à 100 m² sont surreprésentés. Mais aussi au niveau du confort où les logements sans douche ni baignoire et les logements datant d’avant guerre sont surreprésentés (et les logements construits après 1982 et occupés par des ménages âgés sont sous-représentés). Au niveau de la structuration des ménages où l’on recense une surreprésentation des foyers âgés composés d’une seule personne. Enfin, on observe des proportions plus fortes de logements inconfortables occupés par des personnes âgées dans les intercommunalités urbaines et rurales du nord du Maine-et-Loire.
Au final, la typologie régionale des conditions des ménages âgés fait apparaître deux frontières géographiques :
– tout d’abord entre l’est et l’ouest de la région (et à la faveur de l’ouest), au niveau des superficies, du taux d’inconfort et de l’ancienneté des logements, le département de l’Anjou faisant tampon.
– entre les intercommunalités littorales et urbaines, où les logements sont plus confortables, plus récents et où les ménages ocatairesl et isolés sont surreprésentés, et les intercommunalités périurbaines et rurales, où le taux d’inconfort reste plus élevé et la proportion de logements anciens est plus forte.
Les conditions d’habitation des personnes âgées de l’agglomération nantaise
Les conditions d’habitation des personnes âgées de plus de 65 ans de l’agglomération nantaise se caractérisent par des taux de propriétéet de logements grands plus faibles et par une forte proportion des ménages seuls et des logements anciens. Premier enseignement, la typologie montre que les conditions d’habitation des personnes âgées sont en moyenne plus favorables dans les communes de la banlieue. On y retrouve une forte proportion des propriétaires, des logements récents et équipés, sdeménages de plus d’une personne et de logements dont la superficie est supérieure à 100 m². Cette tendance est plus marquée dans les communes du nord de l’agglomération où les personnes âgées d’origine sociale aisée sont plus présentes. La moitié sud de la banlieue nantaise présente des conditions d’habitation proches de la moyenne de l’agglomération. Ce profil moyen est également très présent sur Nantes, des quartiers péricentraux aux quartiers périphériques. A ce profil moyen s’ajoute, un profil « périphérique » où les proportions de ménages isolés et locataires sont plus fortes. On localise de manière hétéroclite ce profil des quartiers péricentraux aux quartiers périphériques de la ville de Nantes.
Enfin on observe une forte proportion des ménages isolés dans le Centre-ville de Nantes. Au-delà de ce trait commun, le Centre-ville est mar quée par deux profils opposés suivant les taux de propriétaires, de petits logements et de logements inconfortables. Cette opposition rejoint les observations sur la répartition en ville des retraités suivant l’origine sociale. Le premier de ces deux profils, le profil « centre-ville » présente un taux de propriétaires élevé et une forte proportion de petits logements. On le localise en Centre-ville, ainsi que dans les anciens quartiers populaires voisins du Centre-ville. Le profil populaire est marqué par une de fortes proportions de locataires et des logements intermédiaires (date et superficie). A l’instar du premier profil, on le localise principalement en Centre-ville et dans les quartiers péri-centraux.
Les inégalités de revenus des personnes âgées
Précarité et pauvreté des personnes âgées : définitions
Communément, la pauvreténous renvoie à une indigence des conditions d’exis tence. Il est aujourd’hui faux de croire que la pauvreté ne se résume qu’à un état économique. Multidimensionnelle, elle dépasse cette vision et ’insère autant dans les champs sociaux, que politiques, juridiques, géographiques et historique. La précaritéconstitue une sorte d’antichambre de la pauvreté : elle renvoie à l’instabilité et à la fragilité des trajectoires socio-économiques de l’individu et est plus difficilement repérable aux vues de son caractère personnel. Pour une majeure partie des populations affectées, les phénomènes de pauvreté et de précarité engendrent des processus sociaux, géographiques, politiques d’ exclusion. Ceux-ci procèdent d’obstacles considérés comme involontaires ou accidentels liés au développement individuel dont sont victimes les populations qui se voient refuser l’accès aux ressources collectives.
En 2003, un peu moins de 10 % des français de plus de soixante ans bénéficient des minimas sociaux78. Caractérisant hier la vieillesse, la pauvreté estun symptôme qui s’accorde moins aux personnes âgées mais davantage aux autres classes sociales et d’âges. Les enjeux gérontologiques actuels se cristallisent autour de la notion de dépendance. Si la légitimité de cette question n’est pas à remettre en cause, il ne faut pas non plus qu’elle occulte d’autres problématiques sociales liées au vieillissement. Notre société, et en particulier le fonctionnement de nos systèmes de protection sociale, sont intimement liés à l’équilibre démographique. Or, l’arrivée massive de populationsà la retraite amène les politiques à réfléchir aux choix de société à réaliser pour faire face à cet important changement. On assiste en parallèle, à une précarisation de la période d’activité (qui détermine le cadre économique et social de la période de retraite). A l’heure actuelle un peu moins de 10 % de la population active arrivant à l’âge de la retraite est touchée par des difficultés d’insertion professionnelle. En 2004, 7 % des actifs de plus de cinquante ans sont au chômage (en grande partie du chômage de longue durée) et un peu plus de 1,5 % travaillent en intérim.
Selon l’Insee, en 2002, on compte un peu plus de 420 000 personnes âgées de plus de soixante ans vivant en dessous du seuil de pauvreté, seuil qui s’élevait à l’époque à 620 euros par mois. Dans son rapport 2005-2006, l’Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale évalue à 10 % la proportion de retraités considérés au seuil de 60 % (seuil Eurostat, le seuil de l’Insee étant à 50 %) du revenu médian (contre un peu plus de 12 % pour l’ensemble de la population). L’observatoire observ e également que l’évolution du taux de pauvreté des retraités tend à rattraper celui de l’ensemble de la population, signe d’une fragilisation économique de cette population. Selon A. DELOFFRE (2004), le taux de pauvreté varie fortement selon le type de ménage ;« Le premier facteur de pauvreté paraît être, chez les retraités comme pour l’ensemble deal population, l’isolement : si les couples composés de deux retraités ou d’un retraité et d’unactif sont peu concernés par le risque de pauvreté, les personnes vivant seules le sont davantage. Au sein des ménages de retraités vivant seuls, le principal facteur de pauvreté réside dans l’origine du revenu, qui résulte de la carrière salariale préalable : les personnes ne percevant qu’une retraite de droit dérivé (personnes n’ayant jamais travaillé ou insuffisamment pour s’ouvrir des droits à retraite propres) connaissent un taux de pauvreté proche du double de celui des retraités de droit direct. Cette situation concerne principalement aujourd’hui des veuves n’ayant jamais travaillé, dont la situation est particulièrement vulnérable » . Si les indicateurs officiels posent un cadre au suivi de la pauvreté, ils demeurent discutables dans la mesure où ils se réfèrent uniquement au revenu médian des actifs etdans la mesure où ils ne tiennent pas compte de la dimension absolue de la pauvreté. D’autres recherches sur les conditions de vieillesse nous ont permis d’avoir un aperçu plus f in des situations de pauvreté et de précarité et de constater leurs liens avec la dépendance et les situations d’isolement au grand âge. Dans ce sens, le niveau économique de vie conditionne le niveau des réponses et de l’accès (y compris géographique) aux services et établissement géographiques mais conditionne aussi les processus de sociabilité au grand âge.
Des revenus médians qui baissent avec l’âge et plus élevés en ville et sur le littoral
Pour des raisons de confidentialité statistique certaines intercommunalités ne sont pas recensées. Les cartes régionales des revenus médians et du 1er quartile aux deux âges (60-75 ans et plus de 75 ans) de 2005 démontrent que les revenus moyens et que le seuil du 1er quartile de revenus baissent avec l’âge. Sur le ter ritoire, les revenus médians et les revenus du premier quartile sont plus élevés en milieu urbainet sur le littoral (au dessus de 22 000 euros pour les 60-75 ans et entre 20 000 et 22 000 euros plus de 75 ans). Les revenus médians des retraités des intercommunalités périurbaines sont oinsm élevés, allant d’un peu moins de 20 000 euros à 22 000 euros pour les ménages de 60 à 75 ans et de 16 000 à 18 000 euros pour les ménages de plus de 75 ans.
C’est surtout en milieu rural que les niveaux de revenus médians et du 1 quartile sont les plus faibles et les plus inégaux entre les deux âges. De 16 000 à 18 000 euros pour les 60-75 ans et de 12 000 à 14 000 euros pour les plus de 75 ans. Le bocage vendéen, l’ouest de l’Anjou, le nord de la Loire-Atlantique et le nord- ouest de la Mayenne présentent ces caractéristiques socio-économiques et sont par ricochet, plus exposées aux situations de pauvreté au grand âge. Les intercommunalités rurales qui assurent le continuum géographique entre la périphérie rurale et le cœur urbanisé de al Région affichent des revenus médians et des revenus du 1er quartile plus proche de ceux de la Région.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I – QUEL VIEILLISSEMENT POUR QUELS BESOINS GERONTOLOGIQUES DU TERRITOIRE ?
INTRODUCTION
METHODOLOGIE
CHAPITRE I – ETAT DES LIEUX, EVOLUTIONS PASSEES ET A VENIR DU VIEILLISSEMENT DU TERRITOIRE REGIONAL
1- Un vieillissement plus prononcé dans en milieu rural et sur le littoral
2- Pour quelles évolutions passées et à venir ?
CHAPITRE II – GEOGRAPHIE REGIONALE DES VARIABLES SOCIALES DETERMINANTES DANS LES RUPTURES DE LA VIEILLESSE
1- Des femmes qui vieillissent plus longtemps
2- La structuration socio-spatiale des retraités des Pays de la Loire
3- Une propension à vivre seul qui croît avec l’âge et plus forte en ville
4- Les conditions d’habitation des personnes âgées
5- Les inégalités de revenus des personnes âgées
CHAPITRE III – TYPOLOGIES REGIONALES DES SITUATIONS DE DEPENDANCE ET D’ISOLEMENT AU GRAND AGE
1- Typologie régionale des situations de dépendance
2- Typologie régionale des situations d’isolement au grand âge
CONCLUSION
PARTIE II : L’ACTION GERONTOLOGIQUE ENTRE POLARISATION BIOMEDICALE ET CONTROLE DES DEPENSES
CHAPITRE IV – DES POLITIQUES DE LA VIEILLESSE POLARISEES SECTORIELLEMENT
1- Des processus sectoriels d’appartenance-reconnaissance inégaux
2- Des processus de décision et d’évaluation gérontologique bio-médicaux
CHAPITRE V – COMPROMIS ET CONSEQUENCES DES POLITIQUES GESTIONNAIRES
1- Entre les financeurs : les conséquences du désengagement de l’Etat
2- La tutelle budgétaire comme vecteur de régulation locale de l’offre
3- Les rapports entre les financés : entre partenariat, pseudo-concurrence et concurrence
CONCLUSION
PARTIE III – POUR QUELS EQUILIBRES ET DESEQUILIBRES GEOGRAPHIQUES ?
CHAPITRE VI – LES ENJEUX TERRITORIAUX DE L’ACTION GERONTOLOGIQUE
1- Le territoire : un révélateur des inaboutissements politiques
2- Pour quelle territorialisation des institutions et des instances gérontologiques ?
3- Les politiques institutionnelles à l’épreuve de l’action gérontologique locale
CHAPITRE VII – POUR QUELLE REPARTITION ET STRUCTURATION GEOGRAPHIQUE DE L’OFFRE GERONTOLOGIQUE ?
1- Répartition et structuration géographique de l’offre gérontologique dans la Région Pays de la Loire
2- Au final, une offre gérontologique inégale et déstructurée sur le territoire
CONCLUSION
PARTIE IV – LES REGULATIONS LOCALES ENTRE L’OFFRE ET LES PERSONNES AGEES
CHAPITRE VIII – LES INTERACTIONS GEOGRAPHIQUES ENTRE L’OFFRE GERONTOLOGIQUE ET LES PERSONNES AGEES
1- Sur le champ sanitaire : des demandes qui s’adaptent à l’offre
2- Des activités à destination des personnes âgées dépendantes hétérogènes sur le territoire
3- Les régulations géographiques de la dépendance
4- Une offre de proximité et sociale inégalement développée pour des demandes inégales
CHAPITRE IX – POUR QUELLES REGULATIONS SPATIALES EN SITUATION DE BESOIN ?
1- Objectifs et méthodologie de l’enquête
2- Des modalités de recours dépendantes des conditions de vieillesse et du niveau local de l’offre
3- Des solidarités informelles inégales localement
4- Pour quelles régulations locales ?
CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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