Géographie du mouvement, géographie en mouvement. Questions de méthode

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Itinéraire scientifique dans un désert cosmopolite

Un itinéraire scientifique est-il une trajectoire, un parcours ou une errance ? » s’interroge Philippe Gervais-Lambony (Gervais-Lambony, 2003b : 7). Tout dépend des moments serais-je tenté de répondre en regardant rétrospectivement l’itinéraire qui m’a permis d’aboutir à la présente thèse. Force est de reconnaître qu’en me lançant dans la préparation de cette thèse, je n’avais pas pour optique d’inscrire mes travaux dans une vaste dynamique de recherche qui concernerait les phénomènes migratoires au Sahara te au-delà, ni même de travailler spécifiquement sur les migrations. J’ai entrepris de réaliser ces recherches doctorales en croisant deux envies : celle de vivre un temps au Sahara, et celle d’étudier les phénomènes de mobilité, au premier rang desquels le nomadisme. Et ces envies venaient elles-mêmes d’expériences précédentes.
Au cours de l’été 1999, un projet de recueil de contes et de traditions orales dans les monts de l’Atakora, au Nord-Ouest du Bénin, s’est soldé par un rapide aller-retour jusqu’au bout de la route » indiqué sur la carte Michelin « Afrique du Nord et de l’Ouest » : Arlit. Quelques jours passés dans la région d’Agadez, dansles montagnes de l’Aïr et aux abords du Ténéré, ont suffi à me donner l’envie d’y revenir.C’est ce que je faisais un an et demi plus tard dans le cadre de ma maîtrise de géographie (2000-2001). Ayant obtenu une bourse régionale pour un projet de recherche sur les processus de sédentarisation et de retour au nomadisme de pasteurs touaregs, je pus partir six mois au Niger. Je me retrouvai ainsi à Eroug, campement de pasteurs Kel Tédélé dans le Nord du massif de l’Aïr, à près de deux jours de chameau16 de l’oasis d’Iferwan (carte 2). Six familles de pa steurs nomades s’étaient sédentarisées depuis la sécheresse de 1983-1985 aucours de laquelle ils avaient perdu la quasi totalité de leur cheptel, tandis que le reste du groupe continuait de nomadiser alentour. Ce premier terrain était donc un terrain de pastoraliste. Alors que mon maigre bagage bibliographique m’avait tout d’abord permis de fair e entrer le réel dans des schémas connus, de donner des raisons aux choses, aux faits, aux gestes, l’apprentissage progressif des bases de la langue tamasheq, contrairement à ce que j’espérais, vint perturber ce peu de cohésion que j’avais cru trouver. Plus je passais de temps avec les gens, plus nous partagions de moments de vie et plus ils m’expliquaient avec patience ce que je souhaitais connaître, et plus je prenais conscience de mon incapacité à franchir la « distance » qui me séparait de mes hôtes.
Le principal enseignement « scientifique » que je tirai de cette expérience peut se résumer dans un constat simple, qui influença par la suite fortement mes travaux. Ce constat est celui de la relativité de la connaissance empirique, dont l’implication méthodologique est l’ impératif du temps « long ». Cela ne signifie évidemment pas qu’aucune connaissance « juste » n’est possible dans les sciences humaines et sociales, mais que notre aptitude à lisser » le réel et ses contradictions, à trouver un sens, une explication aux faits sociaux pour qu’ils ne soient plus « dérangeants » ou contradictoires, nous pousse parfois inconsciemment à accepter une compréhension des choses qui pourrait être améliorée par une plus grande Il s’agissait de dromadaires, mais en Afrique francophone, le camelus dromedarius est couramment appelé chameau.
proximité avec l’objet étudié. En somme, la duréeesd « terrains » m’est apparue comme étant un facteur décisif de la qualité de la production cientifiques. Je réalisai l’année suivante un mémoire de DEA sur le négoce caravanier des Touaregs Kel Aïr sans remettre un pied au Sahara (et adoptai pour cette raison une perspective historique).
Puis je commençai mes recherches doctorales, avec pour ambition initiale d’étudier toutes les formes contemporaines de mobilité au Sahara : le nomadisme, les migrations, le commerce et le tourisme, l’idée étant que le Saharane pouvait se comprendre qu’à travers l’étude de l’ensemble des circulations qui le structurent.
La première étape importante de ce travail de thèse a consisté en une longue et fastidieuse recherche de financement17. Après quelques mois, j’obtenais une bourse de mobilité internationale de l’Université Paris 1, etme rendais aussitôt au Niger durant 11 mois, de mars 2003 à janvier 2004. Après m’être procuré neu autorisation de recherche du Ministère nigérien de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur, indispensable pour circuler aisément dans le Nord du pays, je sillonnai pendantprès de trois mois la région d’Agadez tel un « empiriste aveugle », sans disposer d’outils ni de théorie me permettant de faire apparaître et d’appréhender les objets sur lesquels je souhaitais alors travailler. Glanant des informations de-ci de-là, testant quelques grilles d’entretien e t les corrigeant au besoin, je n’avais finalement pas d’objectif précis autre que de prendre progressivement le rythme de la vie locale et de repérer les lieux où j’allais par la suite travailler : villes, villages, oasis, campements insérés dans les réseaux de circulationJe. circulais seul avec un petit sac, sans véhicule personnel. Mon quotidien était celui de mes hôtes, ce qui influençait tant ma perception que mes intérêts pour tel ou tel fait. Dans bien des endroits, il m’est alors apparu que les circulations les plus importantes, les plus significatives, les plus dynamiques actuellement, étaient les circulations migratoires .
Par plaisir, je commençais tout de même par travailler un temps dans le massif de l’Aïr, sur les réseaux de commerce « traditionnels » et «modernes » qui liaient les campements de nomades, les oasis et les villes d’Arlit et d’Agade z, sur l’organisation des coopératives agricoles et pastorales, et enfin sur le négoce caravanier, en saisissant l’opportunité de participer à une taghlamt, caravane allant de l’Aïr au Kawar. Expérience magnifique qui allait pourtant sonner le glas de mon approche du Sahara nigérien par les zones pastorales et le nomadisme. Au neuvième jour de cette caravane (sur un total de onze), alors que nous traversions lentement le Ténéré à raison d’une quinzaine d’heures quotidiennes de marche et de monte alternées, nous avons croisé cinq ou six normesé camions, surchargés de bagages et de passagers en provenance de Libye. Les plus jeunes des caravaniers ont alors longé leurs traces, s’éloignant un moment du reste de la caravane, afin de récupérer «ce qui tombe des camions, car quand quelque chose tombe, les chauffeurs ne s’arrêtent pas». Puis ils m’ont expliqué que depuis l’époque de la rébellion, beaucoup de gens passaient par ici pour aller en Libye. « Avant les caravanes elles allaient même à Dirkou, […] mais maintenant à Dirkou tu ne peux pas y aller, y’a un très grand marché, on gorgeé même des chameaux, y’a tout» (Ihalen, Ténéré, 2 octobre 2003). En arrivant au Kawar, après une semaine d’observation des échanges entre les oasiens et les caravaniers, je laissai ces derniers repartir sans moi et séjournai plusieurs semaines à Dirkou. Cela apparaissait évident, il me fallait réorienter mon travail et le recentrer sur les migrations transsahariennes. Je terminai ce premier séjour de terrain en ne travaillant plus que sur les migrations et les échanges commerciaux qui en étaient parfois le support.

Le Niger entre émigration et transit : le tournantdes années 1990

La dernière décennie du XX siècle marque un véritable tournant dans l’histoire des migrations transsahariennes, tant par l’accroissement des flux et leur nouvelle diversification que par le développement d’un véritable système migratoire au Sahara central.

Une intensification des flux sans précédent, révélatrice d’un nouveau contexte

Jusqu’aux années 1990, les mouvements migratoires transsahariens sont restés relativement circonscrits. En revanche, le fait que les migrants reviennent d’Afrique du Nord en possession de gains non négligeables (généralement en nature) a largement contribué à la construction et à la diffusion de l’image d’un eldo rado libyen et algérien à travers le continent, bien au-delà des régions directement concernées par ces circulations. Aussi, lorsqu’au cours des années 1990 succède à la lente évolution du contexte migratoire saharien une période de transformations rapides, notamment de la politique africaine de la Libye, de nombreuses régions d’Afrique de l’Ouest et centrale entrent dans ce qui tend à devenir un système migratoire à l’échelle du continent.
Suite aux attentats perpétrés contre un avion de laPanam au dessus de la petite ville écossaise de Lockerbie en 1988, et contre un avion de la compagnie UTA au dessus du Niger en 1989, affaires pour lesquelles des ressortissants libyens, protégés par leur gouvernement, étaient suspectés, le Conseil de Sécurité de l’ONUdécréta, le 15 avril 1992, un embargo aérien et militaire contre ce pays . Afin de limiter l’isolement de la Libye sur la scène internationale, consécutif à cet embargo onusien et aux embargos états-unien et européen qui pèsent également à cette époque sur le pays, le digeantr libyen Mouammar Kadhafi se lance dans une politique de rapprochement avec différents États africains et se prononce ouvertement en faveur d’une immigration africaine en Libye. Ce changement d’orientation de la politique africaine de la Libye40, déjà amorcé avec la signature dès juillet 1990 d’un accord de libre circulation des personnes avec le Soudan, suscite l’engouement de nombreux jeunes africains aux motivations diverses. On assiste alors à un véritable renouveau des migrations transsahariennes à destination de la Libye, dans un e moindre mesure de l’Algérie, et parfois de l’Europe.
D’autres facteurs peuvent être avancés afin d’expliquer cet essor migratoire, tel le durcissement des politiques migratoires européennesqui s’est traduit par la généralisation des régimes de visas et la complexification des conditions de leur délivrance (dès 1985 de manière bilatérale, puis plus globalement à partir de 1995 avec la mise en application des accords de Schengen sur le contrôle des personnes), ou la dévaluation du franc CFA en janvier 1994, qui entraîne l’appauvrissement de tou te une partie des « classes moyennes » africaines des pays de la zone franc. Ces facteurs économiques et politiques ont participé de l’émergence à petite échelle d’un contexte favorable à l’amplification des migrations entre les deux rives du Sahara et à leur diversification. Cep endant, pris indépendamment les uns des autres, et plus encore abordés à l’échelle des individus, leur portée explicative reste faible. En effet, dès le début des années 1990, l’Algérie« intensifie sa lutte contre l’immigration clandestine engagée en 1986» (Bredeloup, 1995 : 120) en refoulant de nombreux migrants subsahariens hors de ses frontières, malgré un discours d’ouverture le régime libyen continue également d’organiser des expulsions d’étrangers, ces flux migratoires ne sont pas dirigés majoritairement vers l’Europe ni uniquement vers la Libye, et leur intensification précède la dévaluation du franc CFA.
Cet embargo sera suspendu par l’ONU en avril 1999, à la suite d’un accord autorisant les deux ressort issants libyens impliqués dans « l’affaire Lockerbie » à être jugés aux Pays-Bas. Six Libyens impliqués dans ’attentatl du DC-10 d’UTA seront condamnés.
Cette politique panafricaine fait suite à l’échec de la politique de Kadhafi concernant l’unité du monde arabe (qui entendait s’inscrire dans le prolongement de la politique de Nasser).
Plus qu’aux causes du développement de ce champ migratoire41, qui restent difficilement identifiables de manière globale, il est intéressant de porter attention aux processus de son organisation et aux stratégies mises en place par les différents groupes d’acteurs qui l’animent. Pourquoi les voies de pass age nigériennes ont-elles été privilégiées par les migrants et/ou d’autres acteurs du système migratoire, et quelles en ont été les conséquences ?

Des acteurs qui s’organisent : vers une spécialisation des transports

Bien que parcouru par de nombreux véhicules depuis le milieu du XXe siècle, le Sahara demeure jusqu’à la fin des années 1980 un espace où le transport collectif de personnes n’est assuré que par des commerçants, en camion sous forme de transport mixte passagers-marchandises. Les arrivées nombreuses de migrants à Agadez au début des années 1990 créent une importante demande de transport à destination des v illes des Sud libyen et algérien . Dans un premier temps les commerçants continuent d’assur er, seuls, la plupart des convoyages avec leurs camions de marchandises. Puis des propriétaires de pick-up tout-terrain saisissent ces opportunités pour se faire chauffeurs-guides sahariens et s’essayer au convoyage de migrants. On assiste alors simultanément au dévelopement et à une forme de déprofessionnalisation du secteur des transports de passagers dans le Nord du Niger. Cependant, tous les propriétaires de véhicules ne euventp emmener les migrants à bon port, faute de connaissance des itinéraires. Les Touaregs d’Agadez saisissent ces opportunités de travail en mettant à profit leurs connaissances du terrain et des pistes de fraudes (connaissances davantage acquises par la migration, en travaillant dans le tourisme ou pendant la rébellion que par tradition pastorale etnomade). Ils organisent ainsi avec l’accord, Nous reviendrons plus avant sur cet aspect des logiques et des pratiques des acteurs. Le régime algérien, affaiblit au Nord par le terrorisme islamiste du FIS et du GIA, renforce à cette période sa lutte contre l’immigration clandestine par peur que la rébellion touarègue ne s’étende dans les régions méridionales du pays. À l’inverse, le régime libyen soutien le mouvement de rébellion et laisse plusieurs groupes touaregs utiliser le territoire libyen comme base arrière et camp d’entraînement. et parfois la complicité, d’hommes politiques locaux les premières agences officielles de transport transsaharien de passagers. Suite à la si gnature des accords de paix en avril 1995, de nombreux ex-rebelles reviennent s’installer à Ag adez et rejoignent les rangs des individus sans activité fixe disposant de véhicules et s’adonant occasionnellement au transport de migrants. Leur bonne connaissance du terrain, acquise pendant les années de rébellion lorsqu’il leur fallait se déplacer dans ces zones sans être repérés par les patrouilles de l’armée, et leurs relations dans les sphères locales du pouvoir politique leur permettent de développer rapidement de nouvelles agences spécialisées dans le transport de migrants au Sahara.
La présence de populations dont le capital culturel et social facilite la mobilité au Sahara central (populations arabes et touarègues) a favorisé le développement de ces réseaux de transport au long cours en milieu désertique à partir d’Agadez. Les « agences de courtage »49 nouvellement constituées, mieux structurées que les quelques-unes qui avaient vu le jour de manière éphémère peu avant la période derébellion, facilitent les circulations transsahariennes au départ de cette ville.
Du fait de la politique migratoire restrictive de l’Algérie, les villes du Sud algérien sont alors desservies par des petits véhicules, rapides, tandis que la Libye l’est encore fréquemment par des camions de transport marchands, certains transporteurs profitant des périodes de tolérance à la frontière pour poursuivre leur activité lucrative de transport mixte, en lien avec les agences de courtage qui leur fournissent une grande partie de leurs passagers. La manne durable que représente l’activité de convoyage des migrants a donc joué en faveur d’une « reprofessionnalisation » de ce secteur des transports, menant au développement de réseaux spécialisés dans le convoyage des migrantsd’une rive à l’autre du Sahara, conjointement support et reflet de ces circulations humaines.

Pourquoi migrent-ils ? Aux fondements du fait migratoire contemporain au Sahara

Derrière la mobilité il y a forcément un mobile, neu raison, une motivation. Pourquoi ces individus, émigrants que l’on regarde partir, migrants dont on observe le passage, immigrants dont on étudie l’installation, font-ils le choix de migrer, d’aller d’un lieu à l’autre, d’une culture à l’autre ? Qui sont ces res sortissants d’Afrique subsaharienne qui se rendent illégalement au Maghreb et en Europe ? Que représente pour eux cette migration ? Pourquoi prennent-ils le risque de partir ? Inévitables questions lorsque l’on travaille sur les migrations internationales. Dans un premier temps, l’intérêt d’un tel questionnement réside dans la confrontation qui en découle : mettre les approches classiques des migrations internationales à l’épreuve des migrations irrégulières de transit observées dans le Nord du Niger. De quels outils théoriques disposons-nous pour comprendre ces faits migratoires et quelle est leur portée explicative ? Quels sont les liens entre les motivations propres des migrants et les données contextuelles qui leurs sont extérieures, entre les choix et les contraintes, et comment cela se traduit-il dans leurs pratiques migratoires ? Comment tenir compte de la complexité et de la diversité des logiques51 et des pratiques migratoires à l’œuvre sans se perdre dans une myriade d’explicati ons particulières ? Autant de questions méthodologiques et centrées sur les individus qui es doivent de précéder celles d’ordre économique, social ou juridique que soulèvent ces mouvements migratoires dans les pays qu’ils traversent.
De nombreuses analyses critiques des théories des migrations internationales ont été formulées ces dernières années, mettant en évidencelurs intérêts et plus encore leurs limites l’ère de la mondialisation, de la généralisationde la mobilité, de la complexification des mouvements et des appartenances identitaires52. Plutôt que de reprendre chacune de ces théories et d’en proposer une critique dans le cadre des migrations transsahariennes, ce qui apporterait finalement peu à la littérature existante, il s’agira ici d’analyser la portée de celle qui semble encore aujourd’hui la plus présente dans le débat public : la théorie dite dupush and pull. Cette théorie, bien que déjà assez ancienne et remise en cause, continue d’être le modèle sous-jacent de la plupart des discours politiques et médiatiques sur les migrations internationales en générales , et sur les migrations transsahariennes en particulier. Il importe ce titre d’y accorder un intérêt particulier, avant d’évoquer les limites des principales autres théories des migrations internationales dans le cadre de l’étude des migrations transsahariennes contemporaines.

Des déterminants migratoires introuvables ?

Tenter d’expliquer les mouvements migratoires par l’existence de déterminants structurels, communs à tout ou partie des migrants, est une démarche ancienne qui a souvent eu tendance à simplifier les faits pour mieux les c atégoriser, et qui ne permet pas réellement de sortir de la dualité quête/fuite dans laquelle no enferme trop facilement les faits migratoires.
Parallèlement aux facteurs purement économiques, certaines études des migrations africaines mirent un temps l’accent sur l’accroisse ment démographique comme facteur de départ en migration (Husson, 1989; Sala-Diakanda, 1988; Tabutin, 1988). Puis il est apparu que les zones d’émigration n’étaient pas les régions les plus densément peuplées, ni celles dont l’accroissement de la population était le plus important. Certains experts ont également avancé la désertification comme facteur de migration, poussant les Sahéliens sur les routes du Maghreb et de l’Europe : « selon les Nations Unies, ce sont près de 60 millions de personnes qui quitteront les zones arides subsahariennes sujettes aux processus de désertification pour tenter d’accoster en Europe d’ici à 2020 » (Le Monde, 24.01.2006). Si les crises climatiques des années 1970 et 1980 ont bien engendré des mouvements de population, principalement à destination des grandes villes des pays concernés (Bernus, Salifou, 1987; Lassailly-Jacob, Marchal, Quesnel, 1999), ceux-ci n’avaient que peu à voir avec les migrations transsahariennes contemporaines, dont les acteurs ne sont que rarement en lien direct avec des activités agricoles ou pastorales. En outre, face à de tels propos alarmistes, et sachant que la population totale du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Sénégal, et du Tchad réunis est actuellement d’environ 60 millions de personnes, on est en droit de se demander quelles marges arides subsahariennes » pourraient être en mesure de fournir de tels contingents de migrants dans les années à venir.
Ces approches des faits migratoires s’inscrivent à petites voire très petites échelles et ne peuvent en aucun cas aborder toutes les nuances et la complexité des migrations qui se jouent au niveau des individus, des familles ou des groupes sociaux restreints (Boyer, 2005a; Faist, 1997). En changeant d’échelle, la question se pose de nouveau en termes de motivation au départ : lorsque rien ne menace directement les individus, leur famille restreinte, leur parentèle, leurs proches, ni conflit armé ni crisealimentaire, comment en viennent-ils à faire le choix de partir ? Une approche par les déterminants individuels est-elle plus éclairante ? De là l’intérêt de travailler dans le Nord du Niger, zone qui constitue une sorte de « goulet d’étranglement » des itinéraires transsahariens demigration. Elle permet d’être confronté à une plus grande diversité de migrants que dans les espaces de départ et d’arrivée, très diffus. Quelles que soient leurs origines géographiques et leurs destinations, les migrants peuvent passer par ces espaces sahariens de transit, ce qui minimise le risque de focalisation excessive sur des groupes particuliers et permet d’avoir une vision plus complète des phénomènes migratoires étudiés .
Agadez. Je demande à une jeune migrante Camerounais e qui se rend au Maroc puis en Europe les raisons de son départ de Douala, sa ville natale. Après quelques instants de réflexion, elle me répond qu’elle a décidé de quitter le Camerounsans raison particulière. C’est la première réponse qui lui vient à l’esprit face à une telle q uestion. Lui demandant alors ce qu’elle faisait à Douala avant de partir, elle est un petit peu plus bavarde et m’explique que depuis longtemps » elle avait essayé d’obtenir un visa pour l’Angleterre, et qu’une grande partie de l’argent qu’elle avait gagné grâce à divers emplois avait servi à payer plusieurs personnes pour obtenir ce visa, sans succès. Puis elle avait trouvé un emploi dans une entreprise de fabrication de mèches qui appartenait à un Libanais, mais, poursuit-elle, « Ils m’ont renvoyée à un moment donné parce que j’accusais trop de retard». Elle aurait alors pu une nouvelle fois changer de travail ou tenter d’obtenir un visa, mais au lieu de cela, elle dit avoir « embrassé» ce licenciement comme étant le signe du départ. Elle a alors rassemblé ses économies personnelles. « Y’a personne qui m’a aidé, même de 5 francs.[…] Je n’ai pas prévenu toute ma famille parce qu’en prévenant toute la famille ce n’est pas tout le monde qui va te souhaiter bonne chance… et le fait que quelqu’un va te dire : “oh la la tu vas mourir“, toi même ça va te frustrer… autant le dire à la personne qui va t’ encourager, pour que tu t’engages la tête haute, parce que l’aventure c’est parfois sans lendemain. On dit toujours l’aventure sans lendemain, jusqu’à ce que tu reviennes… c’est comme ça que je suis partie. On m’avait dit d’attendre pour aller avec un groupe, mais j’étaistrop pressée, la vie m’énervait déjà… » Une de ses amies de Douala profite de l’occasion pour partir en même temps qu’elle tenter sa chance en Europe. Elles voyageront ensemble jusqu’à Agadez. (Entretien réalisé à Agadez, le 24 novembre 2004).
Au regard des nombreuses discussions que nous avons eues avec des migrants de différentes origines sur cette question, les propos de cette jeune camerounaise semblent particulièrement intéressants. Tout d’abord le faitqu’aucune raison ne soit directement mise en avant pour expliquer son départ laisse supposer que les facteurs qui ont motivé son choix sont multiples et complexes, ou tout au moins pas clairement identifiés/identifiables. Ensuite, le récit de sa vie, avant son départ, fait émergerdes éléments de compréhension (le licenciement) qu’elle érige elle-même comme tels, ommec pour justifier le moment choisi pour quitter le Cameroun. Pourtant son envie de partir est antérieure à son licenciement (plusieurs demandes de visa à l’ambassade du Royaum e-Uni sont déjà effectuées) et il ne s’agit pas alors de sa première période de chômage. L’explication n’est donc pas simple, la relation entre le licenciement et le départ est loin d’être directe et évidente. Dans bien des cas il apparaît que la prise de décision des départs en migration en direction de l’Afrique du Nord ou de l’Europe résulte non pas d’un ou plusieurs facteurs clairement identifiables mais davantage de l’interprétation par les individus d’une multitude de facteurs, concrets, symboliques ou relevant de l’imaginaire individuel, qui ne sont pas toujours formulés consciemment. En somme, plus que des simples faits contextuels objectifs, les éléments qui déclenchent la prise de décisione dquitter son pays d’origine semblent relever tout à la fois de l’intériorisation par les migrants potentiels d’un contexte socio-économique – en somme de « contraintes » externes – favorisant l’émigration, d’une médiatisation » du monde qui décuple les champs esd envies et des vies possibles (Appadurai, 2005)59, et de l’événement biographique, c’est-à-dire de faits ou ensemble de La circulation des images, via les médias et le cinéma, participe de la création lente du désir de ailleursl’ chez certains individus, cet ailleurs étant généralementl’Occident.
Cette diversité des cas met en relief un aspect caractéristique d’une partie des migrations transsahariennes contemporaines : la dimension individuelle des choix, qui s’accompagne d’une volonté d’autonomisation par rapport au groupe social d’origine (la migration s’envisage alors comme stratégie subversive qui permet d’échapper à la « dette communautaire » (Marie, 1997)) et dans le même temps d’une importance accrue du rôle de l’imaginaire migratoire. Prendre la décision de migrer fait appel à l’imaginaire individuel autant qu’à la rationalité économique ou aux contraintes sociales, sans que cet imaginaire ne soit idéalisé. Au-delà, à côté ou à la place des espoirs économiques, des contraintes sociales ou de la volonté de promotion et de prestige social , se retrouve chez les migrants une envie d’émancipation personnelle, suivant l’idée que la découverte du monde, via le voyage, est bénéfique (Bardem, 1993). Nombre d’entre eux sont portés par un immense désir d’être et de vivre autre chose que ce qu’ils sont et vivent, quel qu’en soit le prix à payer, quels que soient les risques à prendre.

Articuler la complexité du fait migratoire : la migration comme projet

Pourquoi la mobilité ? «La réponse est toujours : le projet. Et ce projet structure l’imaginaire, estime Jean-Didier Urbain, comme le rêve a une forme narrative. C’est un scénario, un roman, une image : dans tous les cas, c’est un programme d’action, déterminé par une représentation, qui s’est choisi un lieu deréalisation. Tout part de là » (Urbain, 2001).
Tout le monde se projette dans l’avenir et pense aux possibles de son existence future. Certains ont le projet de l’ailleurs, d’autres le p rojet de l’ici. Et ce sont ceux qui ont le projet de l’ailleurs qui nous intéressent ici. Comment se construit un projet migratoire ? Comment le projet joue-t-il sur les pratiques migratoires et inversement ? Sur quels types d’informations, vraies ou fausses, concernant le voyage et ses risques se base-t-il ? Quelle est la place de l’imaginaire migratoire ? Autant de questions qui permettent d’entrer dans la complexité de chaque pratique migratoire, et de donner sens à des attitudes et comportements qui varient d’un individu à l’autre, d’un groupe à l’autre.
La notion de projet migratoire permet de contourner la question des facteurs décisifs qui déterminent les migrations, pour se mettre à l’échelle des individus et de leur singularité, pour rendre compte des divers facteurs qui, conjugués à un moment donné dans un contexte donné, participent du choix du départ en migration . Le projet migratoire qui porte la migration n’est donc pas fixe mais se recompose en permanence, au fur et à mesure des parcours, selon les informations qui parviennent aux migrants, selon les opportunités qui se présentent à eux. Les migrants ont conscience de cette variabilité de leur projet ; l’important n’est pas de parvenir à réaliser le projet initial, mais de tenter de réaliser le projet du moment, qu’il soit similaire ou différent du projet de départ. Les projets migratoires, constructions mentales qui influent sur les manières dont les migrants préparent et réalisent leur voyage, peuvent être facilement modifiés en cours de route car dans le cadre des migrations transsahariennes observées, le risque migratoire est un risque individuel et non familial : les familles, les groupes sociaux, ne comptent pas sur le retour des migrants, ou plutôt n’attendent pas ce retour à un moment donné. La survie des groupes d’origine ne dépend pas de la réussite des migrants. Seule la « survie » des migrants est en jeu.

Migrer vers le Maghreb et l’Europe : curiosité, fuite ou rêve ?

La migration irrégulière vers le Maghreb et l’Europe est-elle mue par une envie de découvrir le monde, une volonté de fuir une situation, ou un rêve de richesse ou de changement ? Qu’est-ce qui fonde les projets migratoires, de façon plus ou moins consciente ? L’attirance des salaires importants et des produits manufacturés, raisons mises en avant dès les premières migrations de Sahéliens auMaghreb dans les années 1960 (Adamou, 1979) et souvent encore aujourd’hui, ou l’idéalisation d’une vie facile, sont-elles les seules motivations des migrants ? « Quelle souffrance, sans doute aussi forte que la faim, anime donc ces jeunes qui prennent la voie de l’exil au prix parfois de leur vie avec comme credo : réussir ou y rester ? interroge Mahamet Timera, car on est loin souvent des situations de misère extrême» (Timera, 2001 : 37). Fuite et quête ne peuvent-lles pas être liées dans un désir plus général de vivre « une autre vie » « ailleurs », loin des coutumes de chez soi et des regards familiers ?
Les désirs d’émancipation, d’individuation, d’individualisation, d’autonomisation ou de réalisation de soi ont longtemps été négligés dansles recherches sur les migrations internationales (Bardem, 1993; Gourcy, 2005), et ce n’est pas du seul fait des biais idéologiques ou méthodologiques des chercheurs, mais aussi parce que bien souvent les migrants « légitiment » leurs migrations en intégra dans leurs perspectives la solidarité avec le groupe et non pas la rupture (Timera, 2001). Si, au sein des groupes sociaux d’origine de certains migrants, une tradition de la migration transsaharienne existe ou est en construction (cas de quelques groupes sahéliens et sahariens), pour la plupart d’entre eux la démarche de migration, la construction du projet migratoire est individuelle. La migration transsaharienne peut aussi revêtir une dimension initiatique forte (Latour, 2001). Alors que traditionnellement » l’initiation est assumée par la société d’appartenance et vise à « entrer » dans cette société, elle est ici individuelle et vise soit également à entrer dans la société d’appartenance, soit, tout aussi fréquemment, à s’en extraire et à s’affranchir de ses règles.
C’est pourquoi le phénomène observé par Timera chezles Soninkés de la vallée du fleuve Sénégal ne se retrouve que rarement chez les migrants en transit au Niger qui, au contraire, assument voire affirment leur rupture avec leur groupe d’origine.
Il ne s’agit pas de minimiser l’existence de motiv ations d’ordre économique, souvent présentes, mais d’en relativiser l’importance au regard des autres motivations des migrants transsahariens63. En effet, l’accumulation d’un petit capital dans le but d’ouvrir un commerce, de réaliser un projet immobilier ou de se marier une fois de retour peut être un objectif des migrants, mais leur engagement dans un projet de réalisation personnelle, leur volonté d’autonomisation par rapport à leur groupe social d ’origine, peut également être prédominant . « Émigrer est généralement la seule façon d’échapper à un destin prédéterminé, et le seul moyen d’accéder à une autre vie sans devoir accomplir la tâche douloureuse et ardue de démolir ce qui existe. Émigrer permet de renaître en tant qu’autre dans l’altérité lointaine située au-delà de la frontière » (Ainsa, 1997 : 95). Au regard de quelques cas observés, donc sans généraliser ce propos, il est possible de dire que le désir d’émancipation (se dégager d’une autorité quelle qu’elle soit) se retrouve davantage chez les migrants d’origine rurale, et celui de réalisation de soi (s’accomplir, « prendre enfin totalement son destin en main » (Latour, 2001 : 171), s’épanouir) chez ceux d’origine urbaine.
La dimension sociale et culturelle de la migration semble donc précéder sa dimension économique (bien que ce soit souvent cette dernière, socialement plus acceptable, que l’on retrouve mise en avant par les migrants eux-mêmes),les deux étant souvent liées, comme le laissent sous-entendre ces propos d’un ingénieur mécanicien originaire de Benin City au Nigeria : « Dans mon pays il n’y a pas de travail pour moi, il n’y a pas de travail pour les gens qualifiés, c’est pour ça que je veux aller en Libye puis en Europe, pour travailler et gagner de l’argent » (Bilma, le 05 mai 2003).

Les projets migratoires à l’épreuve des parcours

L’aspiration au changement qui porte les mouvements migratoires peut être satisfaite à la fois pendant le parcours migratoire et dans le lieu d’installation, par le changement d’environnement, mais également par la suite dans le lieu d’origine des migrants du fait des apports culturels et matériels de la migration. Motivations économiques et désirs d’émancipation et de réalisation de soi coexistentet interfèrent avec une grande variabilité.
J’ai quitté le Nigeria parce que c’est bon de voird’autres villes, d’autres gens… c’est une découverte… là je veux aller en Libye pour six mois un an, puis revenir au Nigeria. Après, je voudrais aller en Europe… peut-être que je vais yaller depuis la Libye, si j’ai l’occasion » (Dirkou, le 4 décembre 2004). Il n’est pas toujours aisé pour les migrants d’exprimer les facteurs qui ont participé de leur envie de partir,voire déclenché leur départ (sans entrer dans une reconstruction ou une affabulation, ni omettre volontairement ou non certains éléments, ce qui renvoie aux limites des enquêtes biographiques et des récits de vie). Pourtant, rapportés à cette problématique de la réalisation uo de la non réalisation individuelle et sociale, les projets migratoires des jeunes prennent tout leur sens » (Timera, 2001 : 38). L’entrée sur cet aspect de la mobilité ne peut se airef qu’au travers des discussions sur les hésitations des uns et des autres, sur les sens que conservent les entreprises migratoires malgré les incertitudes quant à la suite des voyages.
Les rumeurs qui circulent en Afrique occidentale et centrale et informent des possibilités de se rendre en Afrique du Nord par voie terrestre, propagent des informations plus ou moins véridiques sur les difficultés de cespassages, sur les risques encourus, sur les possibilités d’être longuement bloqué en cours deouter ou d’être refoulé aux frontières de l’Algérie ou de la Libye. En somme, les rumeurs colportent la dimension aléatoire, incertaine des traversées sahariennes jusque dans les espaces de départs. Les informations perçues, interprétées et échangées par les migrants tout aulong de leur migration varient d’un lieu à l’autre et, au sein d’un même lieu, ne sont pas accessibles de la même manière à tous les individus, ce qui participe de la reformulation individuelle ou par petit groupe des projets.
J’ai une connaissance au Maroc, il a déjà fait trois ans au Maroc. C’est un Camerounais. Si je parvenais au Maroc, auprès de lui, de là je deva is essayer d’appeler ma copine qui est en Angleterre, puisqu’elle sait que je vais l’appeler dès que je suis un peu proche. Elle doit m’envoyer de l’argent pour que j’essaie de faire légalement…moi je ne veux pas traverser la mer Méditerranée. Je ne veux pas le faire par bateau parce que là-bas le risque est vraiment trop grand. Je préfère limiter mon risque au désert, entre l’Afrique noire et l’Afrique blanche… mais déjà j’ai peur. […] Si j’arrive en Algérie et que je trouve un frère qui veut bien m’héberger, parce que les Camerounais sont solidaires, je vais m’arrêter en Algérie… l’Algérie est proche de Marseille, ce qui fait que le billet d’avion ne doit pas coûter trop cher » (Migrante camerounaise, Agadez, le 24 novembre 2004).
Les migrants ont tout à la fois conscience de l’im possibilité de prévoir avec précision le déroulement de leur migration dans sa totalité, etdu fait que les personnes qu’ils quittent comme celles qu’éventuellement ils vont rejoindre ne sont pas dans l’attente de leur retour ou de leur arrivée. Ils en sont d’autant plus ouverts à l’imprévu, d’autant plus opportunistes durant leur voyage. Dès la conception de leur projet migratoire, ils savent que celui-ci ne sera valide qu’un temps. L’écart entre leur projet initial et ce qu’ils sont amenés à vivre concrètement est géré par une reconstruction et unereformulation quasi permanente des projets migratoires au gré des voyages . Le projet migratoire n’est donc pas à considérer comme un tout fini, qui aurait un début, un déroulement et une fin, mais davantage à envisager comme un moyen de progresser dans l’aventure migratoire66, une progression qui se réalise fréquemment par étapes successives.

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Table des matières

PREMIÈRE PARTIE DES CIRCULATIONS ANCIENNES AUX NOUVELLES LOGIQUES MIGRATOIRES : SAISIR LA TRAME DE LA MOBILITÉ INTERNATIONALE AU SAHARA CENTRAL
CHAPITRE I. DES MIGRATIONS SAHÉLO-SAHARIENNES DES INDÉPENDANCES AUX MIGRATIONS TRANSSAHARIENNES CONTEMPORAINES : LA STRUCTURATION D’UN ESPACE MIGRATOIRE EN MILIEU DÉSERTIQUE
I. De la naissance à l’élargissement progressif du champ migratoire du Sahara nigérien
II. Le Niger entre émigration et transit : le tournant des années 1990
CHAPITRE II. LES MIGRATIONS TRANSSAHARIENNES : UNE THÉORIE À CONSTRUIRE, UN SENS À (RE)DÉCOUVRIR
I. Pourquoi migrent-ils ? Aux fondements du fait migratoire contemporain au Sahara
II. Articuler la complexité du fait migratoire : la migration comme projet
III. Formes et cadres de réalisation des migrations transsahariennes
CHAPITRE III. PARCOURIR UN ESPACE PARCOURU : À LA RENCONTRE DU « TERRAIN ».
I. Géographie du mouvement, géographie en mouvement. Questions de méthode
II. Le « terrain » comme espace d’application, d’adaptation et de réinvention de la méthode
DEUXIÈME PARTIE AGADEZ VILLE OUVERTE (AUX CIRCULATIONS)
CHAPITRE IV. AGADEZ, VILLE DU TRANSPORT. CROISEMENT DES ITINÉRAIRES ET CONNEXION DES RÉSEAUX
I. Être migrant et le devenir socialement. La portée d’un statut peu enviable
II. Les transports dans la ville : lieux et structures du transport de migrants
III. Escroqueries, conflits et négociations autour des transports de migrants
CHAPITRE V. AGADEZ, PLACE MARCHANDE INTERNATIONALE
I. À la recherche du lien perdu : législation et pratiques dans les transports marchands
II. Le transport mixte ou les échanges marchands comme support des migrations
III. Un commerce à part : le « trafic » de cigarettes
CHAPITRE VI. UN MIGRANT DANS LA VILLE. ÊTRE ÉTRANGER ET VOYAGEUR À AGADEZ
I. Se loger, être logé. Quelle place pour les étrangers de passage ?
II. La difficile invention du quotidien
III. Le départ, moment attendu et redouté
TROISIÈME PARTIE ESPACES, TEMPS ET MODALITÉS DES TRAVERSÉES SAHARIENNES
CHAPITRE VII. DES STRATÉGIES D’ACTEURS QUI SE RÉPONDENT : LA VOIE DE L’ALGÉRIE « SOUS TENSION »
I. Arlit, de la ville évitée à la ville traversée
II. Franchir la frontière. Variations sur le thème de l’irrégularité
III. L’Algérie face aux migrations transsahariennes : entre fermeté et tolérance discrète
CHAPITRE VIII. SUR LA VOIE LIBYENNE. LE KAWAR, UNE ROUTE, UNE ÉTAPE : DIRKOU 
I. Parvenir à Dirkou : l’émergence d’une territorialité saharienne
II. Dirkou, une oasis de transit cosmopolite
III. « Si tu n’as plus d’argent ». Le Kawar, voie de passage, voie de garage
IV. Mobilités sahariennes et construction de limites : Dirkou, une oasis enclavée ?
CHAPITRE IX. LA LIBYE : DIFFICULTÉS D’ACCÈS, DE SÉJOUR ET DE RETOUR DES RESSORTISSANTS D’AFRIQUE SUBSAHARIENNE
I. Se rendre en Libye : une dernière étape onéreuse, difficile et risquée
II. La Libye (nécessairement ?) ambiguë
III. Revenir de Libye, retraverser l’épreuve du Sahara
QUATRIÈME PARTIE DÉTOUR ET RETOUR : RÉFLEXIONS AUTOUR DE L’ÉTAT ET AU COEUR DES ÉTUDES MIGRATOIRES
CHAPITRE X. QUAND L’ÉTAT « PERD LE NORD ». CIRCULER AU SAHARA : DU CONTRÔLE CORROMPU À LA CLANDESTINITÉ
I. Vers une « institutionnalisation » de la corruption dans le Nord du Niger
II. De l’État fraudeur à l’État contourné : évolution lente des pratiques et adaptation récente des acteurs dans le secteur des transports au Niger
III. Migrations et organisation territoriale du Sahara central
CHAPITRE XI. QUANTIFIER, CLASSIFIER, COMPRENDRE LE PHÉNOMÈNE MIGRATOIRE AU SAHARA
I. De l’évaluation quantitative des flux migratoires transsahariens
II. Diversité et labilité des figures de migrants et de leurs pratiques migratoires
III. Passer d’un monde à l’autre. La migration transsaharienne entre mythes et utopie
CONCLUSION GÉNÉRALE
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE

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