Étudier la globalisation de et par les vaches. Revue de littérature et l’originalité de l’approche
Le phénomène de globalisation occupe nos esprits de manière bien intense depuis quelques décennies. Le nombre de publications sur ce sujet se chiffre en centaines de milliers. Entre 1995 et 2010, le nombre d’ouvrages contenant le mot « globalisation » dans leur titre a doublé tous les 18 mois (Ghemawat 2009). Pour essayer de définir cette notion, ces travaux traitent d’économie, de nouvelles technologies d’information et de communication, de mouvements sociaux, d’enjeux transfrontaliers comme le climat et la pollution et de politiques transnationales qui tentent de les réguler, d’homogénéisation culturelle d’un côté et de désolidarisation de l’autre. Bien que les liens socio-culturels, économiques et politiques entre les acteurs au niveau mondial existent depuis des siècles, le phénomène de globalisation se rattache souvent à une période bien précise. Des problèmes et des enjeux globaux sont apparus dans les discours politiques et la réalité institutionnelle surtout avec la prise de conscience des changements climatiques et de l’érosion accélérée de biodiversité à partir de la fin du siècle précédent. Des organisations internationales ont ainsi commencé à promouvoir des objectifs et des standards globaux pour pallier les problèmes environnementaux, économiques et sociaux. L’intensification des échanges économiques entre les pays qui date d’après la Seconde guerre mondiale s’est encore amplifiée avec la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995. Moore et al. (2011) parlent ainsi de la globalisation néolibérale (‘neoliberal globalization’) pour définir cette période historique (seconde moitié du XXème – début du XXIème siècle) porteuse de deux marqueurs sociétaux importants : (i) la globalisation comme changement accéléré d’échelle et complexification des liens et (ii) le néolibéralisme comme idéologie socio-économique dominante qui promeut le paradigme du ‘marché libre’ régi par ses propres lois. Cette définition avec le rattachement au marché est pertinente pour mon analyse qui va suivre car précisément, comme je le montre tout au long de cette thèse, cette période régie par le paradigme idéologique néolibérale est créatrice de nombreuses tensions entre acteurs de la sélection animale liées particulièrement à des différences de visions de ce que devrait être le marché global des ressources génétiques. La question du rapport du local au global et vice versa est largement débattue dans la littérature. Beaucoup se demandent si la notion du local est complètement dépassée au profit de celle du global. Est-ce que la Terre s’est symboliquement de nouveau ‘aplatie’ par les forces de connectivité presque sans limite de distance ni de temps (Friedman 2010) ou si elle reste bien ronde et le local continue à dominer dans les échanges, qu’ils soient économiques, informationnels ou politiques (Ghemawat 2009). Roland Robertson (1995) propose le concept de ‘glocalisation’ (ou de ‘globalocalisation’ selon différentes adaptations françaises de l’anglais ‘glocalization’) pour désigner « une simultanéité – une co-présence – de deux tendances : d’universalisation et de particularisation. » Depuis cette réconciliation conceptuelle, la glocalisation investit les stratégies marketing des multinationales. L’exemple emblématique est le géant américain Mc Donald qui l’applique pour adapter son modèle de business dans différents pays en proposant des menus adaptés aux traditions de la cuisine locale : des burgers végétariens en Inde, des « pirojki » au cassis en Russie, etc. La ‘glocalisation’ est aussi un processus par lequel « l’information globale, les produits globaux, les mouvements sociaux globaux, etc. prennent des formes différentes et ont des impacts différents en fonction des particularités locales. » (Scholte 2008, 23) Mais cette réconciliation conceptuelle ne résout pas les tensions qui s’observent de plus en plus dans la société. Bruno Latour dans son livre récent « Où atterrir ? » (2017, p. 23) écrit : « Passer d’un point de vue local à un point de vue global ou mondial, cela devrait signifier qu’on multiplie les points de vue, qu’on enregistre un plus grand nombre de variétés, que l’on prend en compte un plus grand nombre d’êtres, de cultures, de phénomènes, d’organismes et de gens. Or, il semble bien que l’on entende aujourd’hui par mondialiser l’exact contraire d’un tel accroissement. On veut dire par là qu’une seule vision, […] proposée par quelques personnes, représentant un tout petit nombre d’intérêts, limitée à quelques instruments de mesure, à quelques standards et formulaires, s’est imposée à tous et répandue partout. Pas étonnant qu’on ne sache pas s’il faut se donner à la mondialisation ou s’il faut au contraire lutter contre elle. » L’analyse de cette tension, amène Latour à considérer un besoin d’ ‘atterrissage’ ou de ‘reterritorialisation’. Ce besoin d’ancrage territorial, bien que ressenti, est difficile à définir dans la société dont l’espace a déjà été reconfiguré par des connexions globales, ce dont témoigne l’expérience que l’auteur a menée avec le public lors de la séance de présentation de son livre.10 Le débat sur le besoin de relocalisation est également à l’ordre du jour dans de nombreux congrès scientifiques et professionnels sur les pratiques de l’élevage et de la sélection animale. La durabilité des filières en dépendrait a priori. Les races locales, le retour vers le terroir sont promus face à la propagation mondiale de certaines races industrialisées dans des élevages ‘hors-sol’. Des contestations actuelles (peu nombreuses pour le moment) portent surtout sur la domination de la race laitière la plus productive, la plus industrialisée et la plus globalisée – la Holstein. Outre le fait qu’elle réduit la diversité des races en s’imposant sur le marché mondial, les études dans le domaine de la génétique montrent que la race ellemême peut se trouver en péril avec un niveau critique de consanguinité (Van Doormaal et al. 2005; S. Mattalia et al. 2006; Van Der Beek et Geertsema 2017). Quelques ‘alertes’ commencent à paraître dans les médias grand public, comme en donne l’article de la revue américaine en ligne Undark (et repris par la revue française Courrier International) sur le taux de consanguinité extrêmement élevé dans la population des Holstein aux États-Unis (O’Hagan 2019a; 2019b) ou encore celui paru dans The Guardian sur « le danger des vaches consanguines » (lire : Holstein) pour les races locales en Afrique (Cox 2018). Pour autant, selon une étude menée en France, les consommateurs privilégiant de plus en plus les produits laitiers et carnés locaux, ne sont pas sensibilisés à la question de l’origine génétique des animaux (Verrier, Markey, et Lauvie 2018). Les généticiens spécialistes des bovins ont appréhendé ces effets de la globalisation sur l’activité de sélection dès les années 1970 lorsque la ‘holsteinisation’ massive (absorption génétique par croisements méthodiques avec les animaux Holstein venus d’Amérique) des populations bovines a débuté en Europe. Ils ont entamé à cette période un travail de régulation des circulations internationales des doses de semence des taureaux reproducteurs par une différenciation de leur valeur génétique en fonction de sa localisation d’usage. Ce travail continue, tout en se transformant dans le temps, avec des nouveaux moyens technologiques, des changements organisationnels et des évolutions politico-économiques du marché mondialisé.
Ancrage théorique et base conceptuelle
L’approche interdisciplinaire renvoie à l’utilisation d’un cadre théorique qui s’y prête. Celui des STS me semble être en adéquation pour des raisons que j’ai déjà partiellement évoquées : d’une part, une prise en compte symétrique des éléments humains et non-humains et d’autre part, une représentation d’objets étudiés comme réseaux/agencements/assemblages de ces éléments qui permettent de les considérer dans leur action et leur dynamique. Par rapport à un objectif d’interdisciplinarité, cette approche permet d’inclure les connaissances produites par des disciplines différentes dans une même étude et tenir compte de leurs évolutions dans le temps et dans l’espace. Ainsi, j’ai choisi deux concepts principaux comme instruments de mon analyse. Le premier est celui l’agencement socio-bio-technique (Selmi et Joly 2014) qui représente une extension du concept plus générique d’agencement sociotechnique développé par le sociologue Michel Callon et ses collègues de l’école française de STS (Callon et Muniesa 2003; Callon 2013) dans la continuité de la théorie acteur réseau (ANT), théorie fondatrice des STS (Akrich, Callon, et Latour 2006). C’est au travers de la notion originelle de réseau sociotechnique que la sociologie des sciences et des techniques a pu changer le regard sur la société en dépassant son anthropocentrisme et en intégrant les éléments non-humains (matériels au début) dans l’analyse des objets technologiques complexes. La notion d’agencement proposée dans cette continuité va encore plus loin dans la démarche intégratrice et tient explicitement compte des éléments dont les formes d’existence ne sont pas forcément matérielles (discours, symboles, normes et règles, connaissances, etc.) De plus, tout en transcrivant explicitement le statut d’agency (actant) dans le mot lui-même, la notion d’agencement suppose une recherche d’une certaine stabilisation entre les éléments, tandis que les réseaux étaient considérés plutôt dans leur dynamique d’extension permanente. Adel Selmi et Pierre-Benoît Joly (2014) soulignent à leur tour l’importance d’intégrer de manière plus explicite les éléments de nature biologique en plus de ceux déjà considérés par la notion d’agencement, surtout lorsqu’il s’agit d’analyser les objets complexes impliquant des organismes vivants, comme notamment des systèmes de productions agricoles. Les auteurs le justifient dans leur analyse des régimes de production de connaissances en fonction des différentes filières animales : bovine, porcine et aviaire. Ces régimes varient en effet en fonction de la nature biologique de telle ou telle espèce prise en compte dans la production des ressources génétiques. Parler des agencements socio-BIO-techniques permet alors de marquer le rôle actif de l’organisme vivant et mieux en tenir compte dans l’analyse des actions et interactions à l’intérieur et entre les agencements soumis au processus de globalisation. Ce concept étant difficile à comprendre et à retenir pour des personnes extérieures aux STS, je dédie la première partie de cette thèse à son explicitation détaillée dans son application à la sélection bovine. En plaçant la vache au centre de mon analyse, je la présente comme un agencement socio-bio-technique qui a été construit au fil des siècles et qui aspire à une durabilité dans le temps. En parlant le langage plus familier aux collègues généticiens, ce mécanisme d’agencement rejoint ce que Bertrand Vissac (1993; 2002), zootechnicien et généticien français, appelle « mémorisation-information » du système de sélection bovine en soulignant la nature cumulative et interactive des techniques et des pratiques de l’amélioration génétique. Aussi, pour une meilleure intelligibilité par des collègues des sciences animales, je vais parler de l’agencement bovin que je présente visuellement sous forme d’un schéma interactionniste entre les différents éléments dont les valeurs que porte en elle la vache moderne (cf. Fig. 1 du chapitre 1). De cette manière, il devient possible de se représenter d’une part une construction de l’agencement et ses mécanismes de stabilisation qui ont été historiquement régis par une régulation étatique de la sélection avec un dispositif de calcul des valeurs génétiques des animaux (‘centres de calcul’ que Bruno Latour (2006) considère comme cœurs du pouvoir fédérateur des réseaux), et d’autre part sa déstabilisation avec le développement des circulations internationales des ressources génétiques bovines. C’est là, dans ce changement d’échelle, que le concept d’agencement montre ses limites pour mon analyse. Étant héritier de la notion de réseau et n’étant pas conçu de ce fait pour avoir des frontières, il ne semble pas être suffisant pour saisir le processus de globalisation non achevé, c’est-à-dire une situation où les agencements bovins continuent à exister au niveau national, mais où les ressources génétiques circulent facilement entre les pays en formant un pool génétique au niveau global. Un second concept d’assemblage global proposé par les anthropologues des sciences américains Aihwa Ong et Stephen J. Collier (2008) apparaît alors comme pertinent pour compléter mon analyse de la globalisation bovine. Bien qu’il soit très proche de la notion d’agencement du point de vue de sa représentation comme une configuration d’éléments hétérogènes, la distinction introduite par les auteurs avec les critères de stabilité et de durabilité m’est utile pour passer dans mon analyse du niveau local au niveau global et pour montrer comment les agencements bovins locaux/nationaux déstabilisés par la mondialisation des échanges s’assemblent et se réassemblent entre eux et avec d’autres éléments sans pour autant atteindre une stabilité. « En tant que concept composite, expliquent Ong et Collier (p. 12), le terme d’ ‘assemblage global’ contient des tensions inhérentes : global signifie largement inclusif, homogène et flexible ; assemblage signifie hétérogène, contingent, instable, partiel et situé. » Pour faire le lien entre ces deux concept, je fais appelle à une notion de génétique quantitative – l’interaction génotype-milieu (voir par exemple Falconer 1952) – pour objectiver le lien intrinsèque et complexe que l’animal entretient avec son environnement et qui prend en compte et mesure les variations d’expression des gènes. Je l’utilise pour montrer le rôle politique de la connaissance scientifique dans la construction des assemblages globaux. C’est sur ce concept que des généticiens ont en effet fondé leur cause dans la lutte pour une certaine forme de globalisation bovine dans laquelle l’animal garde son ancrage local. Et c’est cette notion qui est délibérément ignorée par les acteurs marchands qui la considèrent comme peu pertinente compte tenu des objectifs économiques.
Le milieu comme contrainte pour le marché
Très tôt dans le développement de la sélection bovine industrielle et de son internationalisation, les éleveurs qui font venir le bétail d’autres pays et régions, éprouvent une certaine insatisfaction concernant le résultat, ce dont témoignent les historiens spécialistes du monde agricole. Bertrand Vissac (2002) en s’appuyant sur le travail historique de Nicolas Russel (1986) parle des premières tentatives d’adoption de la race anglaise Durham Shorthorn en France au début du XIX siècle : « Les animaux de race Durham, appréciés en Angleterre pour leur adiposité, sont insuffisamment laitiers, inaptes au travail et requièrent une alimentation soignée. Ils se révéleront vite non conformes ni aux habitudes alimentaires des Français ni aux capacités d’élevage des paysans français. » (pp.110 et 112) La promesse faite par les créateurs de cette race concernant la possibilité de reproduction des animaux à l’identique quel que soit le milieu, ne s’est réalisée que partiellement. Si techniquement c’était possible, en pratique elle a rencontré une contrainte du sens plus large du ‘milieu’ qui inclue non seulement l’environnement physique dans lequel les animaux sont élevés mais aussi les pratiques et les traditions culturelles des éleveurs qui varient d’un endroit à un autre. Aussi pour Barbara Orland (2003), l’historienne de l’élevage dans la région de l’Allemagne du sud et de la Suisse, « […] l’expérience pratique en matière d’importations a été décevante. Plutôt que de profiter d’une augmentation de la production laitière, les agriculteurs […] étaient confus et insatisfaits. L’incertitude quant aux mérites respectifs des races renommées de bovins laitiers a clairement montré que l’élevage était un mystère, même pour les fermiers qui réussissaient. Juger les capacités d’un animal sur la seule base de l’ascendance semblait inadéquat pour créer de nouvelles races et avoir une ferme laitière prospère. » (p. 174) Que ce soit pour des raisons liées à des traditions culturelles dans lesquelles les animaux importés ne s’inscrivaient pas pleinement, ou pour des raisons de productions inférieures par rapport aux attentes de l’acheteur, ces constats révèlent un lien fort et implicite entre l’animal vivant et son milieu qui doit être pris dans le sens large du terme : de l’effet qu’il produit sur la physiologie et donc sur la performance productive de l’animal aux contextes culturel, politique et économique du pays/région qui encadrent les productions agro-alimentaires. A partir du milieu du XXème siècle, une vague de ‘holsteinisation’ a gagné l’Europe. La première vache spécialisée en production laitière et fortement sélectionnée sur le critère de production et de conformation de la mamelle est arrivée des États-Unis là où le besoin en produits animaux dont le lait était très grand dans les années de l’après-guerre. La vache Holstein a donc été accueillie à bras ouverts dans la perspective d’amélioration des troupeaux dans les pays européens. Le témoignage d’un généticien français sur le début de l’expansion de la Holstein révèle le focus sur quelques caractères particuliers qui correspondent aux priorités du moment: « La Holstein, quand elle est arrivée, étonnait beaucoup les gens par sa productivité et par son adaptivité aux systèmes de production de l’époque. En particulier, elle valorisait bien l’ensilage de maïs qui était un fourrage qui se développait énormément dans les années 80. Et puis, elle avait une conformation de mamelle extraordinaire, tandis que toutes les races françaises avaient des conformations vraiment très mauvaises. Du coup, elle était vraiment très facile à traire. Les problèmes sont arrivés beaucoup plus tard : la sensibilité aux mammites, la baisse de fertilité… Au moment de l’importation, on n’a vu que des qualités. » (entretien JCM) Comme suggère ce témoignage, invisibilisés dans l’immédiat, d’autres critères peuvent se manifester plus tard, en prenant de l’importance économique et en révélant ainsi des défauts des animaux importés. Même à l’époque dite ‘moderne’ où l’environnement est maîtrisé par des solutions technologiques ad hoc, où des méthodes scientifiques d’évaluation des animaux basées sur le génome sont développées au service du marché de la sélection, la nature biologique des animaux vivants continue à réserver des ‘surprises’ en contredisant la valeur prédite de l’animal commercialisé. Au Kazakhstan, en Russie, en Afrique du Sud, j’ai eu des témoignages sur des cas de mort du cheptel importé, sur des niveaux de production bien endeçà des promesses faites par les vendeurs, sur une baisse considérable de la fertilité, sur les coûts exorbitants d’entretien des animaux, sur une qualité de lait insatisfaisante, etc. Mais le commerce international ne s’arrête pas pour autant. Bien au contraire, la globalisation de certaines races comme la Holstein suit son cours. Dans le contexte du marché globalisé dominé par l’esprit néolibéral, le milieu et sa prise en compte dans l’estimation de la valeur génétique des animaux commercialisés devient une matière politique, négociable et sujette au compromis entre les acteurs scientifiques et économiques. Subissant des pressions économiques aussi bien internes qu’externes, certains pays développent des politiques d’importation du bétail sur leurs territoires en se basant sur les calculs savants de la valeur génétique hors contexte. C’était le cas des pays européens dans la seconde moitié du siècle précédent. C’est le cas de nombreux pays actuellement. En 2011 au Kazakhstan, – non sans pression des compagnies canadiennes commercialisant la semence des taureaux-reproducteurs – le programme gouvernemental d’amélioration du cheptel établit comme priorité l’importation de bovins du Canada, la justifiant par des critères purement géo-climatiques de similarité entre les zones de steppes présentes dans les deux pays. L’Inde quant à elle, se base sur des standards internationaux des pays occidentaux pour définir en 2013 le seuil réglementaire pour l’importation des reproducteurs bovins laitiers à 10 000 litres de lait en valeur productive estimée, ignorant qu’un tel résultat est inatteignable dans des conditions du pays. En Afrique du Sud, les grandes fermes TMR fonctionnant sur le modèle technologique nord-américain continuent à importer de la génétique Holstein des États-Unis malgré le fait que les habitudes alimentaires de la population ont changé. La population majoritairement noire et peu tolérante au lactose privilégie des produits laitiers riches en matière grasse qui ne constitue pas le point fort des vaches Holstein américaines.
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Table des matières
Introduction
Etudier la globalisation de et par les vaches. Revue de littérature et l’originalité de l’approche
Approche interdisciplinaire de la globalisation animale : connecter les sciences sociales et les sciences biologiques
Ancrage théorique et base conceptuelle
Terrains d’enquête : situer une enquête globale
Acteurs : approcher les visions divergentes de la vache
Méthodes : entre la sociologie, la biologie et la photographie
Déroulement de la thèse : varier la focale entre le global et le local
Partie I Vache moderne
Chapitre 1 Vache durable : l’équilibre socio-bio-technique comme enjeu pour la durabilité de la sélection bovine
1.1. Le milieu. De l’écosystème comme système écologique à l’écosystème comme système économique
1.1.1. L’unité animal-milieu
1.1.2. Vache ‘hors sol’
1.1.3. Le milieu comme contrainte pour le marché
1.2. Le capital. De l’animal comme bien au progrès comme marchandise
1.2.1. Une tautologie (presque) disparue
1.2.2. Lait de vache… vache de ferme… L’’enfermement’ des productions laitières
1.2.3. Vaches et taureaux dans le système industriel. Performances et progrès
1.3. La génétique et son marché
1.3.1. L’insémination artificielle : le début de l’évaluation génétique chez les bovins laitiers
1.3.2. Comment les gènes deviennent-ils produits prêts à circuler ?
1.3.3. Vivent les vaches ! Le bonus technologique de la semence sexée
1.3.4. L’index de la valeur génétique
1.4. La race : un équilibre socio-bio-technique fragile
1.4.1. La race comme un standard industriel : des marques de fabrique vivantes
1.4.2. La race comme bien commun : la gestion de la diversité utile
1.4.3. La Holstein-Frisonne : la naissance d’une race globale
Conclusion
Chapitre 2 Génétique quantitative : calculer la valeur de la vache
2.1. Faut-il de la biologie pour quantifier le vivant ?
2.1.1. La construction interdisciplinaire de la génétique animale
2.1.2. Lait de vache… vache de ferme… ferme ta boîte : mettre la mesure de la vache dans une ‘boîte noire’
2.1.3. Comment mesure-t-on la vache ? L’ouverture de la boîte noire de la métrologie bovine
2.1.4. Calculer la valeur génétique du taureau à partir des mesures effectuées sur les vaches. Un long chemin de confiance
2.1.5. L’index de synthèse – le standard technique, économique et politique de la sélection
2.2. « Une drôle de révolution ! » La promesse technoscientifique de la génomique pour la sélection bovine
2.2.1. ‘Les apprentis sorciers intentionnels’. Les avancées technoscientifiques vers la sélection génomique
2.2.2. La construction de promesses technoscientifiques pour la sélection génomique
2.2.3. Jeux et enjeux des données : de la crédibilité empirique à la crédibilité numérique
2.2.4. Une révolution peu controversée
2.3. To ‘E’ or not to ‘E’ ? Une difficile prise en compte du milieu (E) dans les calculs de la valeur génétique
2.3.1. L’effet additif de l’environnement
2.3.2. L’interaction génotype-milieu (G*E) : considérer l’héritabilité du lien entre l’animal et son environnement
2.3.3. L’interaction génotype-milieu comme concept négociable
Conclusion
Partie II Vache globale
Chapitre 3 « Y a-t-il une communauté épistémique pour sauver la vache? »
3.1. La comparabilité des valeurs génétiques : la construction d’un problème techno-politique international autour de la holsteinisation
3.1.1. La holsteinisation comme problème de standard de race
3.1.2. La holsteinisation comme problème de comparabilité des index génétiques
3.1.3. L’institutionnalisation du problème de comparabilité des index génétiques au niveau international
3.1.4. La construction de l’Europe comme « fenêtre d’opportunité politique » pour promouvoir la diversité des valeurs génétiques
3.2. La commensuration des index génétiques. Préserver la diversité par la standardisation
3.2.1. Les premières solutions : des formules de conversion
3.2.2. Le modèle MACE comme outil de commensuration. Saisir la diversité dans son ensemble
3.2.3. Le MACE à la table des négociations
Conclusion
Chapitre 4 Assembler, désassembler et réassembler la vache globale
4.1. Le ‘Centre de calcul’. Centraliser le pouvoir de la commensuration
4.1.1. L’emplacement du centre de calcul : un choix ‘calculé’
4.1.2. Interbull Centre au carrefour de circulations professionnelles
4.1.3. The (Big) Data hub
4.1.4. Le pouvoir d’inclusion et d’exclusion
4.2. Un ré-assemblage global de la sélection bovine avec l’évaluation génomique
4.2.1. L’avenir d’Interbull en question
4.2.2. Le GMACE comme nouvel outil de commensuration internationale des valeurs génomiques et son ‘échec’
4.2.3. Consortia génomiques : stratégies de ‘coopétition choisie’ vs ‘coopétition d’opportunité’
4.2.4. Eurogenomics et le projet d’évaluation européenne unique. Comment ignorer l’effet d’interaction génotype-milieu ?
Conclusion
Partie III Construire une vache locale à partir du modèle global
Chapitre 5 Les enjeux pour une diplomatie bovine dans les pays en développement
5.1. Les enjeux de la sélection génomique dans les pays en développement
5.1.1. Les enjeux économiques : intérêts multiples des acteurs de la sélection bovine
5.1.2. Les enjeux technologiques : la sélection génomique comme technologie sociale
5.1.3. Les enjeux politiques : le biopouvoir des vaches
4.1.4. Un ‘petit’ enjeu biologique. La poursuite du ‘combat’ des généticiens
5.2. GENOSOUTH. La diplomatie scientifique pour la sélection bovine dans les pays émergents
5.2.1. « Aider les pays en développement à mettre en place leurs propres équations [d’évaluation bovine]» : coopération et/ou diplomatie scientifique ?
5.2.2. Une alliance longue avec un partenaire ad hoc en Inde
5.2.3. Le problème du choix de l’alliance au Brésil
5.2.4. GENOSOUTH dans le transfert du savoir-faire agronomique français au Kazakhstan
5.2.5. Une tentative d’application du principe ‘donner des poissons et apprendre à pêcher’ dans la coopération avec Afrique du Sud
Conclusion
Chapitre 6 Localiser la vache globale : le cas de l’Afrique du Sud
6.1. Le milieu sud-africain
6.1.1. La situation politique : une diversité peu assumée
6.1.2. L’agriculture : les productions sous contraintes
6.1.3. Les systèmes de production bovine : une dualité multiple
6.1.4. La vache-milieu en Afrique du Sud. L’évolution du standard de la vache avec les systèmes de production
6.2. Brève histoire de la sélection en Afrique du Sud racontée à travers la vache Pie-Noir
6.2.1. La colonisation
6.2.2. L’institutionnalisation du standard national SA Friesland
6.2.3. La technologisation de la sélection : « l’ère la plus importante dans l’industrie de l’élevage de race pure »
6.2.4. Le ‘centre de calcul’ comme une pomme de discorde politique
6.3. La diplomatie scientifique sud-africaine pour la mise en place de la sélection génomique
6.3.1. La diplomatie interne : convaincre les éleveurs
6.3.2. Diplomatie internationale : trouver des alliances
6.4. L’évaluation génomique ‘Do It Yourself’ sur le marché de la semence
6.4.1. L’organisation du marché de la semence en Afrique du Sud
6.4.2. La visualisation « physique » : voir pour croire
6.4.3. La pratique de visualisation et la génomique : pratiques combinatoires pour apprendre à voir l’invisible
6.4.4. Localiser la vache globale sans un système national d’évaluation : la sélection génomique DIY
Conclusion
Conclusion générale
L’apport principal de la thèse : relever le défi de réintroduction de la ‘vie’ biologique dans la vie sociale
Implications de la thèse pour les STS : intégration épistémologique du vivant au sein des constructions sociotechniques
Implications de la thèse pour la discipline de la génétique animale : science génétique – science politique
Une socio-histoire de la génétique animale pour mieux construire son avenir
La production des connaissances en génétique comme source de diversité marchande
L’approche holistique de l’évaluation génétique animale – la clé de voute d’une modélisation fiable et d’une sélection durable
L’alliance du gène et du milieu
Le pouvoir politique de la connaissance scientifique
Implications de la thèse pour l’industrie de la sélection bovine : l’industrie du vivant est-elle une industrie comme les autres ?
Deux formes d’ordre global de la sélection
Le marketing génétique
La place hégémonique de race Holstein remise en question
Des défis pour les méthodes d’évaluation
L’évolution de l’organisation de la sélection au niveau mondial
Des controverses possibles
Limites et ouvertures de la thèse
Bibliographie
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