GENÈSE ET ÉVOLUTIONS DU SYSTÈME DE SANTÉ ANIMALE AU SÉNÉGAL

GENÈSE ET ÉVOLUTIONS DU SYSTÈME DE SANTÉ ANIMALE AU SÉNÉGAL

Des acteurs aux stratégies parfois divergentes

Les relations entre les différents acteurs se font dans un univers, celui de la médecine vétérinaire qui, tout comme la médecine humaine est un « champ social comme un autre, avec ses rapports de force, ses luttes et ses monopoles, ses intérêts et ses profits » (Gobatt, 2001). Placés au coeur de « l’arène sociale », et confrontés à la nouvelle donne induite par le processus de privatisation, les protagonistes du système de santé se comportent en acteurs, au sens où l’entend Livian (2000) : est acteur « celui ou ceux qui, ensemble, ont des positions communes face au problème et des intérêts à défendre ». Dans le contexte nouveau d’un marché de santé animale privatisé, les opérateurs se positionnent face à des enjeux et des objectifs variés, et développent des « stratégies ». Livian (2000) définit ces dernières comme « un ensemble de comportements stables que les acteurs adoptent en vue de préserver leurs intérêts ». Les éleveurs, les prestataires de services − privés ou publics −, tous réagissent différemment face au changement. Leurs stratégies sont orientées en fonction des enjeux concrets de la situation ; il ne faut pas comprendre celles-ci comme un calcul systématique, fait « à froid ». Il est important de souligner que la stratégie est forcément « rationnelle », au sens où elle tend à obtenir des résultats. Mais cette rationalité est relative puisqu’elle dépend du point de vue duquel on se place ; d’autre part, il s’agit souvent d’une « rationalité limitée ».
La décision n’est pas toujours la réponse à un problème donné, le problème lui-même se construit au fur et à mesure. De plus, l’homme ne peut appréhender tous les choix possibles ; cependant il ne va pas chercher la « meilleure » solution, il s’arrêtera à la première solution assez bonne pour correspondre aux critères de choix qu’il avait.
Les éleveurs sont souvent mal informés à propos de la privatisation. Pour certains, elle se résume au passage d’un service gratuit à un service payant. Ils ont le sentiment qu’elle s’est faite sans eux, « sans nous demander notre avis ». Le processus semble s’être opéré au Sénégal comme dans d’autres pays d’Afrique (Thomé et al., 1996), de manière verticale. Les éleveurs ont « subi » la privatisation. Le concept leur a été expliqué au fur et à mesure que les vétérinaires privés s’installaient, mais il n’a visiblement pas fait l’objet de « campagne de sensibilisation » de masse.
Les éleveurs les plus proches des centres urbains ont appris à « faire avec » le réseau de vétérinaires privés et à en tirer parti. Ceux que nous avons rencontré se disent favorables à la privatisation, parce qu’elle a amélioré la diffusion des médicaments et qu’elle permet d’avoir à sa disposition un vétérinaire compétent et toujours prêt à se déplacer. « Avant, les vétérinaires de l’Etat ne pouvaient pas tout couvrir, faute de moyens ». « Pendant la période creuse, l’Etat ne donnait plus rien. Les gens ont été enchantés que les médicaments arrivent.
Même s’il faut payer, on s’adapte ». Pour les éleveurs intensifs (aviculteurs par exemple) la multiplicité des opérateurs consécutive à la privatisation permet d’avoir un service disponible à proximité, et de faire jouer la concurrence pour bénéficier des meilleurs prix. Pour les éleveurs plus éloignés, « la privatisation n’a rien changé » ; leur « vétérinaire » est toujours le même, c’est-à-dire l’agent de poste. Le vétérinaire privé est souvent perçu comme un « marchand de médicaments », qui ne s’intéresse à eux que pour le profit. Les éleveurs plus éloignés demandent à ce que l’on implante une pharmacie plus proche d’eux, que l’on développe un réseau d’auxiliaires qui puissent être auprès de leurs troupeaux. Parce que « le cabinet des vétérinaires est toujours en ville. Quel que soit le cas, grave ou pas, il faut se déplacer pour aller le chercher et payer pour le faire venir. C’est cher ».
Les groupements d’éleveurs (CNCR37 ou DIRFEL par exemple) se disent favorables à la privatisation : elle aurait permis d’augmenter la disponibilité des services vétérinaires. Mais ils soulèvent un des points critiques : le manque d’information des éleveurs. Par ailleurs, selon Thomé et al. (1996), si ces groupements se positionnent favorablement face à la privatisation, c’est en partie « car ils y voient la possibilité de se l’approprier pour profiter au mieux des différents dispositifs existants et s’autonomiser ainsi par rapport aux services et aux agents de l’Etat ». Ainsi, tout en affichant une opinion globalement positive à l’égard de la privatisation (« c’est une très bonne chose »), les organisations d’éleveurs ne manquent pas de faire émerger leurs revendications et de réclamer plus de responsabilités : « les vétérinaires pensent que nous sommes l’entrave à leur épanouissement ; ils ne veulent pas que l’on connaisse ce qu’ils connaissent. Ils essayent toujours de nous limiter. Les vétérinaires posent une situation de conflit entre nous ». Mais Olivier de Sardan (1995) souligne le manque de représentativité des organisations professionnelles, « écran de protection face à l’administration, moyen d’ascension d’une nouvelle élite ou au contraire mode de préservation du pouvoir des « notables » anciens, enjeu politique et économique local, trompe-l’oeil ou coquille vide, la coopérative villageoise ou le groupement paysan sont rarement l’expression d’un consensus égalitaire, et en général fort peu de temps ». Un représentant d’une fédération nationale des éleveurs nous donnait ainsi une opinion ambiguë sur la privatisation : « la privatisation était indispensable, c’est une très bonne chose. On est satisfait du travail des vétérinaires privés. Ils sont plus disponibles que les agents publics qui ont moins de moyens. Mais on ne peut pas tourner le dos à l’Etat qui a éradiqué la Peste bovine, on ne peut pas l’ignorer. La contrainte, c’est l’Etat qu’on ne peut pas contredire, les Inspecteurs régionaux, départementaux, les agents de poste ».
Les auxiliaires, une fois formés et équipés, ont pour objectif de réaliser leurs activités de santé animale de façon à rentabiliser cette activité annexe de leur activité principale et prêter un service qui leur assure une certaine reconnaissance sociale (Thomé et al., 1996).
Leur stratégie est fonction de la rentabilité de cette activité de santé animale. Soit ils peuvent assurer leurs services, même si le cadre dans lequel ils ont été mis en place disparaît, et étendre leur domaine de compétences de manière à pouvoir assurer l’ensemble des prestations de service qui sont recherchées. Ils pratiquent, le cas échéant, des actes pour lesquels ils n’ont pas été formés. Soit ils doivent abandonner tout simplement leur activité si elle est peu rentable ou mettent en péril leur activité principale. Ils ne disposent souvent d’aucune information sur la privatisation, alors qu’ils sont des acteurs importants de celle-ci (Thomé et al., 1996). Une fois que la structure non pérenne qui les a mis en place disparaît, les auxiliaires qui continuent leurs activités agissent de manière autonome et s’approvisionnent sur le marché privé.

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Table des matières

I. GENÈSE ET ÉVOLUTIONS DU SYSTÈME DE SANTÉ ANIMALE AU SÉNÉGAL : DE L’ÈRE COLONIALE À L’AVÈNEMENT DE LA PRIVATISATION 
A. La santé animale sous l’ère coloniale 
B. Les Indépendances : le « Tout Etat » 
1. L’accession du Sénégal à l’indépendance 
2. Les services vétérinaires post-coloniaux : le « Tout-Etat » ?
C. La « crise » et les politiques d’ajustement structurel 
1. Le contexte économique et politique : crise et ajustement 
2. L’élevage et les services de santé animale dans les nouvelles politiques agricoles 
3. L’intervention des institutions internationales sur les systèmes de santé animale
en Afrique
a) Le bilan
b) L’émergence de nouveaux modèles d’organisation des systèmes de santé animale
D. Privatisation et transition vers un nouveau système de santé animale au Sénégal 
1. Les réformes du cadre organique
2. La mise en oeuvre de la privatisation
a) La dynamique d’installation des privés
b) Le « système rénové »
E. Les enjeux pour le nouveau système 
1. Les Services de santé animale face au credo de lutte contre la pauvreté 
a) La lutte contre la pauvreté : un concept omniprésent dans le nouveau discours des institutions internationales .
b) Les services de santé animale dans le processus de lutte contre la pauvreté
2. Les Services vétérinaires face aux règles internationales du commerce des productions animales 
a) L’OMC et les Accords SPS
b) Les services de santé animale face à la nouvelle donne internationale : le rôle de l’OIE
c) Législation et assurance qualité : pour une harmonisation régionale de la réglementation en Afrique ?
II. L’ÉLEVAGE AU SÉNÉGAL : ÉTAT DES LIEUX
A. L’espace sénégalais 
1. Principales caractéristiques
2. Les contraintes climatiques
3. Les découpages administratifs 
4. Peuplement du Sénégal 
5. L’agriculture 
B. L’élevage au Sénégal 
1. Importance économique 
2. Le cheptel sénégalais 
a) Les effectifs
b) Les races locales
3. Principaux modes d’élevage 
a) L’élevage de ruminants
b) Les volailles
c) L’élevage porcin
d) Chevaux et ânes
C. La situation zoosanitaire 
1. Une pression sanitaire variable 
2. Les principales maladies affectant le cheptel sénégalais
a) Les maladies virales
b) Les maladies bactériennes
c) Les maladies parasitaires
III. SYSTÈME DE SANTÉ ANIMALE : PRATIQUES D’ACTEURS ET RÉALITÉS DE TERRAIN
A. Des acteurs multiples 
1. Les éleveurs 
a) Les groupements d’éleveurs
b) Les auxiliaires d’élevage
2. Les prestataires de services privés
a) Les docteurs vétérinaires
b) Les paraprofessionnels vétérinaires
c) Les acteurs extra-légaux
d) Les praticiens traditionnels
3. Les acteurs du service public : la Direction nationale de l’Elevage (DIREL)
4. Les organisations professionnelles du secteur vétérinaire 
a) Les organisations de professionnels et para-professionnels vétérinaires
b) L’Ordre des Docteurs Vétérinaires du Sénégal (ODVS)
5. Les organismes d’appui 
a) Les projets
b) Les ONG
B. Le fonctionnement du système de santé animale : du cadre théorique aux pratiques de terrain
1. La distribution du médicament vétérinaire
a) Le marché du médicament vétérinaire
b) Le circuit de distribution du médicament au Sénégal
2. Les vaccinations obligatoires 
3. La surveillance épidémiologique
C. Les interrelations au sein du système et les « stratégies d’acteurs »
1. Les relations entre acteurs 
2. Des acteurs aux stratégies parfois divergentes
IV. BILAN ET LIMITES D’UN SYSTÈME « RÉNOVÉ »
A. Privatisation et services aux éleveurs : Appréciation des performances du «nouveau» système
1. Évolution du personnel du secteur de l’élevage 
2. La disponibilité en intrants et services
3. La couverture vaccinale 
4. Les risques inhérents au système actuel 
a) Une dégradation du service de l’Etat et un transfert de fonctions sans garantie de compétences ?
b) Une approche marchande et médicamenteuse de la santé animale ?
B. La couverture des besoins des éleveurs par le système actuel
1. Des besoins diversifiés 
a) Définitions : « Stratégies » et « pratiques » en santé animale
b) Quels facteurs décisionnels pour les pratiques de santé animale ?
c) Une demande variable et des besoins diversifiés
2. La réponse potentielle aux besoins des éleveurs : une offre hétérogène 
a) Vétérinaires privés : des praticiens urbains ?
b) Le réseau public, fruit de l’histoire
c) La répartition des autres privés
3. Une adéquation imparfaite entre offre et besoins en services de santé animale
C. Les solutions alternatives 
1. Une nécessaire évolution vers un système mieux ciblé et plus flexible 
2. L’approche « santé animale de base » 
a) Principes
b) La méthode d’intervention : formation d’auxiliaire ou formation de masse des
éleveurs ?
c) Efficacité et pérennité des systèmes alternatifs
d) Limites
3. Un autre visage du système de santé animale : l’ethnomédecine vétérinaire 
a) La connaissance et la description des maladies animales
b) La prophylaxie et les traitements « traditionnels »
c) Qui sont les guérisseurs du bétail ?
d) Forces et faiblesses de la médecine traditionnelle
4. Un challenge pour le système de santé animale : l’intégration de l’approche alternative dans un cadre légal
a) Auxiliaires et législation
b) Intégration de la « médecine traditionnelle » dans le système de santé

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