Genese du secteur informel

Au lendemain des indépendances des pays sous-développés, les économies de ces pays, axées sur la subsistance et l’autoconsommation, souffraient d’un sous-équipement, d’un sous-emploi de la main d’œuvre et d’une faible productivité. L’économie était incapable d’absorber les emplois rendus nécessaires par la croissance démographique. Le salariat restait minoritaire. Face à cette situation, il s’opérait une activité en dehors de l’Etat et de ses réglementations et qui faisait preuve d’adaptation à la dure réalité du quotidien: le « secteur informel ».

GENESE DU SECTEUR INFORMEL

DEFINITIONS

Une première définition du secteur informel est l’ensemble des activités économiques qui se réalisent en marge de législation pénale, sociale et fiscale ou qui échappent à la Comptabilité Nationale. Une seconde définition est l’ensemble des activités qui échappent à la politique économique et sociale, et donc a toute régulation de l’Etat .

Dans tous les cas, les deux définitions se recoupent puisqu’elles soulignent l’idée de fraude. Paradoxalement, ce secteur censé se soustraire au contrôle de l’Etat fonctionne au vu de tous. Des trois secteurs connus : primaire, secondaire, et tertiaire ; le problème est de savoir dans quelle catégorie classer l’informel dans la mesure où toutes les activités des trois secteurs y sont représentées. En effet, des banques traditionnelles, à l’exemple de tontines, des ateliers de réparation, et la médecine de proximité s’y rencontrent. D’où la gêne d’appliquer la notion de « secteur » a celui de l’informel.

Il est à remarquer qu’il s’oppose à l’économie illégale parce que la nature des activités n’est pas contraire à la loi. Il s’oppose aussi à l’économie souterraine puisque les agents du secteur informel ne cherchent pas à enfreindre la loi de manière systématique.

ORIGINE DU PHENOMENE

Entre les années 1950 et 1980, l’Afrique s’est distinguée par un boom démographique inversement proportionnel à la croissance économique. Avec un revenu par tête inférieur à 1000 dollars, ses pays n’ont pas franchi les 24% de croissance démographique par an. Au cours de la même période, la population urbaine s’élevait au rythme de 6% par an et celle des villes périphériques de 10% alors que l’accroissement des emplois offerts dans le secteur formel ou secteur moderne ne représentait que 2% . Très vite, la demande d’emplois est apparue supérieure à l’offre. D’où l’apparition d’un quatrième secteur, qui est le secteur informel, à côté de la trilogie secteur primaire, secondaire et tertiaire.

Le développement du chômage urbain s’est accompagné de l’émergence et de l’essor du secteur informel. C’est une question de survie de ces populations refusées par le secteur formel. Le secteur informel joue un rôle d’adoption des migrants et un rôle d’accueil des agents économiques exclus du secteur officiel. C’est une zone entre le secteur traditionnel rural caractérisé par le troc et le secteur moderne. La fin du troc a chassé la population rurale vers le secteur informel. La baisse sans cesse du pouvoir des salariés exerçant dans le secteur moderne incite les ménages à rechercher des revenus complémentaires dans le secteur informel. L’adoption et la mise en œuvre des politiques d’ajustement structurel avec ses effets pervers (réduction des salaires, diminution des effectifs de la Fonction publique, privatisation des entreprises d’Etat…) ont contribué a la dévalorisation du secteur public et donc au gonflement du nombre d’agents opérant dans le secteur informel.

Bref, il y a un dédoublement du secteur formel en secteur informel .Chaque activité dite « en règle a une réplique. Tout se passe comme si l’économie de ces pays affiche deux faces. L’informel et le formel sont donc intimement liés, ne serait-ce que par la monnaie dont ils font un usage commun. En définitive, c’est l’incapacité de l’Etat de répondre aux besoins fondamentaux de la population dans les domaines de l’emploi, de la santé, du logement et de l’éducation qui est à l’origine du secteur informel.

APPROCHE DESCRIPTIVE DU SECTEUR INFORMEL

ACTIVITES DANS LE SECTEUR INFORMEL 

Qui dit activité économique sous-entend « main d’œuvre ». C’est pourquoi, dans cette section, nous parlerons de la main d’œuvre dans le secteur informel avant d’entamer les caractéristiques et les diverses catégorisations des activités et entreprises dans le secteur informel.

Main d’œuvre dans le secteur informel

Il s’agit d’aller à l’encontre de la structure de la main d’œuvre, des caractéristiques de la main-d’œuvre et des activités, des catégories d’activités, et de la typologie des entreprises du secteur informel .

Structure de la main d’œuvre dans le secteur informel

La structure de la main d’œuvre varie selon le statut de l’individu, c’est-à-dire selon qu’il soit patron ou ouvrier. D’abord, concernant le patron, il est généralement gérant et technicien en même temps. Ce qui va poser le problème du syndicalisme dans ce secteur. Ensuite, par rapport aux ouvriers, ils sont formés sur le tas dont les apprentis représentent une partie non négligeable de la main d’œuvre. Notons que l’apprentissage présente une forte ressemblance avec l’initiation. La motivation et l’intérêt de l’apprenti le guident dans son parcours. Il observe, pratique et s’approprie le métier, à son rythme. Cet apprentissage, d’un métier et non de simples gestes techniques, est la voie principale pour les meilleurs apprentis qui finiront indépendants et ouvriront leurs propre établissements.

Caractéristiques de la main-d’œuvre dans le secteur informel

– Caractéristiques sociodémographiques :
• Les hommes sont plus nombreux dans le secteur informel que les femmes
• Les femmes sont plus engagées comme aides familiales que comme ouvriers.
• Elles sont plus nombreuses que les hommes dans le maraîchage.
• Les enfants s’y retrouvent dans le commerce à la criée, à l’exemple du petit marché et la distribution.

-Caractéristiques professionnelles et scolaires :
D’une part, les caractéristiques professionnelles concernent le revenu de l’entrepreneur informel. Ce revenu est un sujet tabou du fait de sa taille. D’autre part, les caractéristiques scolaires portent sur le niveau de scolarisation des gestionnaires des activités informelles. Ces gestionnaires sont en grande partie de niveau secondaire dans les PED (Pays en voie de développement) .

Caractéristiques des activités dans le secteur informel

Les caractéristiques des activités dans le secteur informel portent généralement sur la dimension et la gestion des activités :
– d’abord, concernant la première caractéristique, il est à mentionner que celle-ci est marquée par la dimension individuelle des activités. La majorité des entreprises opérant dans ce secteur sont financées par les entrepreneurs eux-mêmes, c’est-à dire, individuellement.
– ensuite, concernant la gestion des activités, on rencontre l’importance de la famille au niveau de celle-ci. Cela se justifie par la confiance et les connaissances des aptitudes des aides familiales. Aussi, cette gestion est souvent de nature artisanale, c’est-a-dire que la caisse de l’entreprise et celle du ménage sont très souvent confondues.

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Table des matières

Introduction
Partie I : Généralités sur le secteur informel
Chapitre I : Genèse du secteur informel
I-1 Définitions du secteur informel
I-2 Origine du secteur informel
Chapitre II : Approche descriptive du secteur informel
II-1 Activités dans le secteur informel
II-2 Environnements dans le secteur informel
II-3 Formation dans le secteur informel
Partie II : Déterminants du secteur informel dans les Pays en Voie de Développement
Chapitre III : Rôles de l’emploi informel dans les P.E.D
III-1 Le secteur informel comme lieu d’insertion et de professionnalisation
III-2 Le secteur informel comme lieu de création d’activités et d’entreprises
III-3 Le secteur informel comme moyen de lutte contre la pauvreté
Chapitre IV : Problèmes posés par le secteur informel et mesures d’encadrement de ce secteur
IV-1 Problèmes posés par le secteur informel
IV-2 Mesures d’encadrement du secteur informel
Partie III : Secteur informel : cas de Madagascar
Chapitre V : Activités du secteur informel à Madagascar : un moyen de lutte contre la pauvreté
V-1 Profil de la pauvreté dans le pays
V-2 Le secteur informel : une pratique liée a la pauvreté
Chapitre VI : Contraintes, perspectives et limites de l’activité informelle a Madagascar
VI-1- Contraintes de l’activité informelle
VI-2 Perspective : fiscalisation de l’informel
VI-3 Limite : incidence distributive de la fiscalisation du secteur informel
VI-4 Débats et recommandations
Conclusion
Annexes
Annexe1 : Quelques estimations de l’économie informelle
Annexe 2: Stratégie d’encadrement du secteur informel (OCDE)
Annexe 3 : La multiplication des dimensions de la pauvreté

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