Genèse du lien mère-poulain
Anomalie de lien mère-poulain
Agression de la mère face à son poulain
L’instinct maternel guide la jument dans ses comportements envers son poulain : elle le lèche, reste à proximité de lui et se laisse téter. Cependant, chez certaines mères, cet instinct s’exprime peu. Il arrive que la jument ait peur de son propre poulain, voire qu’elle l’agresse. L’intervention de l’éleveur est alors indispensable à la survie du poulain, pour des questions alimentaires et de sécurité.Crowel-Davis S.L. (1985) s’est penché sur le comportement d’agression de ponettes welsh envers leurs poulains. Il ressort de son travail que les mères n’agressent que très peu leurs poulains pendant leurs quatre premières semaines de vie. En revanche, le comportement d’agression se manifeste beaucoup plus autour des semaines 13 à 16. Les attitudes d’agression observables chez la mère sont par exemple le fait : – de coucher les oreilles en arrière – de menacer de morsure (lèvres retroussées, bouche ouverte puis fermée très
rapidement) voire de mordre
– de menacer de coup de pied (postérieur levé puis reposé et/ou arrière-main
dirigée vers la cible potentielle) voire de donner un coup de pied – de vocalisation très stridente – de coup de tête pour écarter le poulain – de battement de queue intempestif : il est difficile de dissocier les buts de cette action, entre chasser les insectes volants et chasser le poulain – du « Smacking » : comportement non décrit jusque-là ; il est observé seulement chez les juments dans le contexte de la tétée. Les oreilles sont en arrière, la tête tournée vers le poulain, la bouche ouverte rapidement mais les lèvres ne sont pas retroussées et un son sourd de baiser est émis. Le son est audible à plus de 20 mètres. Cela serait une sorte de variante de menace à la morsure.
La réponse des poulains face à l’agression de leur mère a aussi été étudiée par ce même auteur. Dans la plupart des cas, ils ne changent pas d’attitude et continuent de téter. La seconde réponse la plus observée est une brève pause dans la tétée. Parfois, le poulain répond à l’agression par une menace de coup de pied voire même un coup de pied. Certains déplacent leur arrière main pour se rapprocher ou s’éloigner de leur mère. Enfin, très occasionnellement, ils arrêtent leur repas. Crowell-Davis a alors émis comme hypothèse que les agressions maternelles étaient des réponses à la douleur ressenties lorsque le poulain stimulait les mamelles turgescentes. Leurs résultats ont confirmé cette hypothèse, car les agressions se produisent plus souvent lorsque le poulain aborde la mamelle et en début de la tétée. Ainsi, un éleveur averti peut faciliter le début de tétée en maintenant la jument pour l’empêcher d’agresser son poulain non confiant ou un peu chétif. Hormis ces agressions maternelles généralement pas graves mais liées à la douleur
ressentie par la jument en début de tétée, le lien mère-poulain peut être malsain.
Différents types de problèmes relationnels
Il existe six catégories distinctes d’anomalie de lien mère-poulain, que nous allons présenter avant de suggérer des solutions pour rectifier le problème.
L’ambivalence de la mère vis-à-vis de son poulain, qui constitue le problème le plus fréquemment rencontré : il se manifeste par un désintérêt et un manque de comportement protecteur. Ce comportement est courant lorsque la mère ou le poulain est faible voire malade mais aussi lorsque la dyade a été séparée précocement ou que des manipulations trop fréquentes ont parasité l’établissement d’un lien sain entre jument et poulain. Si les deux protagonistes sont en bonne santé mais que le lien entre eux est trop faible, le comportement maternel de la jument peut être révélé après une brève séparation avec son poulain. Des hennissements, une activité locomotrice intense ainsi qu’un grattage au sol peut être observée chez la jument mais aussi chez le poulain qui tente d’attirer l’attention de sa mère. Une autre méthode est suggérée mais reste délicate : menacer la jument afin différents types de réaction des poulains face à l’agression de leur mère durant la tétée arrêt pas de changement pause
coup de pied ou menace déplacement de l’arrière main qu’elle protège son petit, mais sans risquer qu’elle le piétine. Par exemple, on peut mettre la dyade en présence d’un chien tenu en laisse, ou alors dans un paddock proche d’autres chevaux. La mère doit alors chercher à isoler son poulain de la menace ou des autres congénères, et doit menacer les intrus par une mimique de morsure ou des coups de pieds voire des cris stridents dissuasifs.
La peur du poulain, qui se manifeste par une mise à l’écart volontaire de la mère par rapport à son poulain et une fuite lorsqu’il s’en approche : il est alors préférable de placer la dyade dans un box assez spacieux pour laisser la possibilité à la mère d’éviter son poulain plutôt que d’avoir un comportement agressif envers lui s’ils sont trop confinés.
Le rôle de l’éleveur est très important : par sa présence et une contention douce de la poulinière, il peut aider le poulain à approcher sa mère, à accéder aux mamelles et à téter correctement. Le but est que la mère s’habitue progressivement à la présence de son poulain et qu’elle associe la tétée à un événement positif, car la mamelle une fois vidée est moins douloureuse. Cette intervention est importante, afin d’écarter la cause médicale du refus de laisser téter, telle que l’existence d’une mammite. Il en plus possible d’administrer à la jument de l’acépromazine (0,05 mg/kg toutes les 8 à 12 heures par voie intramusculaire) car, non seulement cela tranquillise la jument, mais cela stimule aussi la lactation. Cependant, la sédation ne doit pas être trop importante afin qu’elle ne soit pas transmise au poulain par le lait.
L’évitement du poulain lors de la tétée : dans ce cas de figure, le lien entre la mère et le poulain est nettement établi, la jument se montre protective envers son petit mais le fuit lorsqu’il tente de téter. La plupart du temps, ce comportement est dû à un inconfort de la mère : par exemple lors de rétention placentaire, d’engorgement des mamelles, de tétée violente de la part du poulain, d’œdème mammaire ou de mammite. Le maintien de la jument en licol le temps de la tétée est parfois suffisant pour que la mère se laisse téter. Un renforcement positif peut aussi être envisagé : lorsque le poulain tête, la mère est pansée ou bien une récompense alimentaire lui est proposée. Enfin, l’éleveur peut éventuellement traire la jument et proposer le biberon au poulain au niveau de la mamelle de sa mère. La sédation est envisageable mais à utiliser avec parcimonie. L’habituation à la tétée peut prendre de quelques jours à une semaine
La protection extrême, qui est facilement confondue avec une agression contre son propre poulain tant ses agissements sont violents, alors qu’ils sont dirigés contre les intrus (Homme, autres animaux) : comme la jument cherche à s’interposer entre son petit et l’individu menaçant, elle risque de le bousculer ou de le piétiner. Pourtant, elle ne cherche pas à blesser son poulain mais le risque est grand dans un espace confiné. C’est pourquoi, il est préférable de parquer ce type de jument dans un box spacieux ou un paddock, le temps que son agressivité envers les étrangers se calme, c’est-à-dire généralement au bout d’une semaine.
Le véritable rejet avec attaque du poulain, qui est plus grave que les agressions ponctuelles en début de tétée : ce rejet peut avoir lieu dès la naissance, mais aussi au bout de quelques semaines. Une prévalence plus forte de rejet du poulain est observée chez les primipares, chez les multipares ayant rejeté au moins deux de leurs poulains précédents, et chez n’importe quelle jument qui a été séparée de son poulain durant les premières heures de vie de celui-ci. Enfin, d’après une étude menée par Juarbe-Diaz et coll. (1998) sur les propriétaires de poulinières de race Arabe, elles ont une nette tendance à rejeter leurs poulains : 5,9% contre 1% toutes races confondues. Cette tendance est exacerbée notamment si la grand-mère maternelle avait déjà présenté ce comportement. Le rejet se manifeste par un évitement, de la menace avec les oreilles couchées en arrière et les dents en évidence, des cris persans, course, morsure et coup de pied. A
contrario, une mère attentionnée le lèche et le défend. Quelques chiffres témoignent de ces tendances (Juarbe-Diaz et coll, 1998): – 82% des bonnes mères lèchent leurs poulains contre 38% chez les mauvaises, – Seules les mauvaises mères évitent leurs poulains,
– Peu de bonnes mères tapent leurs poulains alors que 88% des mauvaises mères le font.
Etonnamment, un tiers des mères qui rejettent leur poulains le défendent tout de même contre les chiens et autres menaces. Ni le nombre de personnes présentes ni la présence d’autres chevaux lors du poulinage n’est un facteur favorisant le rejet du poulain, d’après Houpt (2009).
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Table des matières
1. Introduction
2. Naissance
2.1. Genèse du lien mère-poulain
2.1.1. Conséquences de la séparation mère-poulain en période néonatale
2.1.2. Tétée
2.2. Anomalie de lien mère-poulain
2.2.1. Agression de la mère face à son poulain
2.2.2. Différents types de problèmes relationnels
2.3. Notion d’imprégnation
2.4. Manipulations précoces par l’Homme
2.4.1. Premières études
2.4.2. Méthode Miller
2.4.3. Améliorations proposées de la méthode Miller
2.5. Influence de la mère
3. Croissance
3.1. Période critique et homéostasie sensorielle
3.2. Dyade mère-poulain
3.3. Relation poulain-congénères
3.4. Interactions avec l’Homme
3.4.1. Abord d’un poulain
3.4.2. Contention du poulain
3.4.3. Contraintes stressantes liées à l’entretien
3.4.4. Cas particulier du poulain orphelin
3.5. Capacités d’apprentissage
3.5.1. Conditionnement classique dit « Pavlovien »
3.5.2. Conditionnement opérant
3.5.3. Sensibilisation/désensibilisation
4. Sevrage
4.1. Modalités
4.2. Différents types
4.2.1. Méthode traditionnelle : le sevrage brutal
4.2.2. Méthode des gros élevages : le sevrage collectif
4.2.3. Méthode éthologique : le sevrage progressif
4.2.4. Méthode ancestrale : le sevrage naturel
4.2.5. Le sevrage précoce
4.2.6. Comparaison de méthodes de sevrage sur le comportement des poulains
4.3. Troubles du comportement
4.3.1. Mauvaise éducation
4.4. Interactions avec l’Homme
4.4.1. Perception du contact humain
4.4.2. Impact de différentes manipulations au sevrage sur la maniabilité des poulains
4.4.3. Comparaison de deux périodes de manipulations sur la docilité des poulains sevrés
4.4.4. Capacités d’apprentissage
4.5. Influence de la mère
4.6. Notion de tempérament
5. Discussion
5.1. Thème de l’étude
5.2. Matériel et méthodes
5.3. Propositions
5.3.1. Standardisation des méthodes
5.3.2. Suivi longitudinal
5.3.3. Recommandations en pratique
6. Conclusion
7. Bibliographie
8. Définitions
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