Genèse de textes chez Oskar Pastior

La politique de l’Etat et ses effets sur la civilisation littéraire

La littérature au temps d’une dictature est à double tranchant. D’un coté, elle reste un moyen d’expression d’un traumatisme, d’un autre côté, son développement libre est envahi par le régime. Elle est dégradée comme objet interdit qui pourrait servir comme outil de pouvoir contre les autorités. Il y a une censure très forte concernant surtout l’évolution de la scène littéraire et culturelle allemande. On trouve ainsi une influence de la dictature dans les œuvres de Herta Müller ou de Richard Wagner.
Dans leurs romans, on perçoit des thèmes courants comme le pouvoir et la puissance du despotisme. On y retrouve également la prise en compte et la gestion des effets de la dictature, comme par exemple les stratégies pour survivre à l’intérieur du système et les dangers d’une surveillance perpétuelle, des interrogatoires et de la dénonciation par les amis. L’Etat suit le plan d’une politique alternante entre la libéralisation et des mesures de restrictions très sévères qui concernent également la littérature.
Au début des années cinquante, une phase de libéralisation commence. Cette « période de dégel » permet à court terme un épanouissement de la vie littéraire en Roumanie.
Toutefois, il faut prendre en considération le fait que ces nouvelles possibilités doivent toujours être aussi perçues dans le contexte des limites politico-idéologiques. Les restrictions persistent et la littérature est destinée à la décoration et à la manifestation de la société. On constate quand-même quelques améliorations : désormais les journaux de langue allemande et les revues peuvent être publiés. À la fin des années cinquante, une phase de restriction accrue s’installe aussi pour la littérature et l’art. Pour intimider les auteurs, il y a de nombreuses arrestations d’amis et de connaissances.

Le plurilinguisme en tant que phénomène marginal

Une caractéristique très signifiante de la poésie chez Oskar Pastior est la polysémie qui résulte entre autre du plurilinguisme. Le plurilinguisme est un sujet souvent prédominant dans le cadre de la littérature dans une période dictatoriale. Dans le cas d’Oskar Pastior et dans celui de Herta Müller, l’origine roumano-allemande et la situation linguistique régionale jouent un rôle primordial. Au milieu des années soixante, Pastior découvre dans son deuxième volume que des expressions de langue courante, des expressions de dialectes et de patois peuvent être incorporées sans problème dans la microstructure des poèmes. Ces expressions feront effet en tant que particules anti-idéologiques.
Damals auch die Entdeckung, daß umgangssprachliche und mundartliche Ausdrücke und Wendungen sozusagen als anti-ideologische Partikeln durchaus in die Mikrostruktur von Gedichten eingebaut und mit krausem Reiz wirksam werden können.
Oskar Pastior a beaucoup profité de son entourage multilingue. Dans ses œuvres, la genèse du sens est liée à l’utilisation de différentes langues auxquelles il a fait face. « Des restes de tout ce qui s’est accumulé dans ma mémoire au cours de ma vie. »
L’hermétisme de Pastior résulte d’un propre idiome qu’il nomme lui-même « Krimgotisch » (le crimgotique). Oskar Pastior en éclaircit les éléments dans Jalousien aufgemacht.

L’Ouvroir de Littérature Potentielle

Le Collège de Pataphysique et la naissance de l’Oulipo

L’Oulipo suit le principe de la contrainte, qui fait naître et apparaître le potentiel littéraire. Oulipo et OuXpo (Ouvroir de x potentiel, qui réunit des groupes divers comme Outrapo, Oubapo, Oupeinpo, Ougrapo, etc) émanent du Collège de ‘Pataphysique. La ‘Pataphysique, créée par Alfred Jarry vers 1900, a trouvé un grand succès au début du XXe siècle. Le Collège de ‘Pataphysique donc, a été créé en 1948 en commémoration du 50ième anniversaire de la publication d’Alfred Jarry des Gestes et opinions du docteur Faustroll, patahysicien, qui est aujourd’hui considéré comme les Saintes Écritures de la ‘Pataphysique et où on trouve sa première définition : La Pataphysique est la science des solutions imaginaires.
Alfred Jarry voyait l’imagination comme un univers qui échange l’univers existant en permanence, de manière qu’il n’y ait plus de différences entre le réel présumé et le monde imaginaire. Toute chose et son contraire sont identiques. Chaque création et chaque nouveauté émanent d’une imagination préliminaire. L’imagination est donc la source de tout ce qui existe. Sans elle, il n’y aurait ni idées, ni curiosité, ni illusions, ni recherches, ni invention. La ‘Pataphysique est donc la science de toute les sciences et le monde tel qu’on le connaît est tout un résultat pataphysique. Tout est donc possible et toutes les réalités, toutes les choses sont potentiellement déjà là. En conséquence et à partir de la nécessité évidente d’une telle organisation, le Collège de ‘Pataphysique s’était fondé le 11 mai 1948.
Ce collège devait pratiquer consciemment ce que chacun pratiquait déjà inconsciemment : La ‘Pataphysique.

La contrainte et les principes du travail oulipien

Une contrainte est une version explicite de ce qui existe déjà depuis toujours sous forme poétique et de règles. Une contrainte est une règle auto-imposée. Une contrainte a un inventeur. La particularité d’une contrainte est sa potentialité. La valeur poétique découle de la difficulté de la forme. Une contrainte est autoréférentielle.
« Oulipiens : rats qui ont à construire le labyrinthe dont ils se proposent de sortir. » Voici l’autodéfinition oulipienne qui a été fixée lors de la réunion de l’Ouvroir du lundi 17 avril 1961. Les travaux oulipiens se situent entre le jeu et le sérieux, vu la mention du labyrinthe. Les Oulipiens dénoncent l’idée d’une inspiration seule qui intervient dans la réalisation d’un texte. Les contraintes, plutôt que de les considérer peu dignes d’intérêt, méritent une grande attention honorable. On pourrait ici renvoyer aux déclarations suivantes :
La sentence définitive de Raymond Queneau : ‘Il n’y a de littérature que volontaire’ se verra bientôt renforcée par celle de Claude Berge : ‘l’Oulipo, c’est l’anti-hasard’. La ‘potentialité’ ouvre le chemin à une production infinie de textes grâce à la combinatoire et la contrainte.
C’est la contrainte imposée qui permet une production textuelle fructueuse qui ouvre de nouveaux espaces et qui fait jouer la langue. La mathématique en est ainsi fondamentale. Il y a une base de contraintes réfléchies et clairement explicitées dont la production est observée, les effets jaugés et les limites découvertes, comme l’indique la méthode axiomatique de la mathématique.
La poétique de l’Oulipo n’est donc pas une théorie de texte ‚classique’. Le processus du travail oulipien se bifurque en deux phases. Dans la phase potentielle, on invente une règle d’après laquelle un texte doit être produit. Dans la deuxième phase, la règle inventée est appliquée, soit par l’inventeur, par un tiers ou même par un ordinateur.

Le Château des destins croisés

Parmi les exemples des travaux oulipiens, il vaut la peine de mentionner un autre membre du groupe, Italo Calvino. Certaines de ses œuvres traitent ainsi la question du combinatoire et de sa théorisation.
J’avais en ce temps-là pris connaissance des activités de l’Ou.li.po. […], Je partageais avec l’Ou.li.po plusieurs idées et prédilections : l’importance des contraintes dans l’œuvre littéraire, l’application méticuleuse de règles du jeu très strictes, le recours aux procédés combinatoires, la création d’œuvres nouvelles en utilisant des matériaux préexistants.
Dans Le Château des destins croisés, Calvino combine des cartes de tarots pour en développer des histoires et des schémas du processus.
Dans ce conte, on retrouve le caractère principal qui se promène dans une forêt dense. Pour la nuit, il trouve refuge dans un château où d’autres voyageurs s’y étaient rendus pour dîner ensemble de manière solennelle. Personne ne dit un mot. Le protagoniste échoue en essayant de rompre le silence régnant, qu’il prenait pour un simple symptôme d’épuisement. Il n’arrive plus à parler. Il est muet, comme les autres personnes présentes. Je décidai de rompre ce que je croyais être un engourdissement des langues après les fatigues du voyage, et voulus lancer une bruyante exclamation […] mais de ma bouche ne sortit aucun son.
Dans le besoin de partager son histoire et ses expériences, les voyageurs se contentent d’un langage alternatif. À l’aide de cartes de tarots , chacun va présenter son destin et racontera son histoire sans prononcer aucun mot. nous demeurâmes assis à nous regarder en face, gênés de ne pouvoir échanger les expériences que chacun de nous avait à communiquer. À ce moment-là, celui qui semblait être le châtelain posa sur la table tout juste desservie un jeu de cartes. C’était des tarots […].

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Table des matières

Introduction – Une plaidoirie pour une poétique d’Oskar Pastior
1 Oskar Pastior – Le poète et son œuvre 
2 L’encadrement des questions et des problèmes 
2.1 Le travail en sciences littéraires – une réflexion
2.2 « Textgenese als Vivisektion »
3 Aperçu du sujet traité
I Un auteur roumano-allemand 
1 La Roumanie au XXe siècle
1.1 Aperçu
1.2 La politique de l’Etat et ses effets sur la civilisation littéraire
2 Les commencements d’Oskar Pastior dans la Roumanie communiste « Was ich bin und wie ich rede und schreibe, ist da natürlich angelegt. »
2.1 Le temps dans les camps de travail
2.2 La voix d’Oskar Pastior dans le roman ‚Atemschaukel‘ de Herta Müller
2.3 Littérature et dictature – « ausgewählt, austariert, eingereicht, geprüft und akzeptiert »
2.4 Les débuts d’Oskar Pastior. « Mein Debüt – ja welches ? »
2.5 Le plurilinguisme en tant que phénomène marginal
II Oskar Pastior et l’Oulipo
1 L’Ouvroir de Littérature Potentielle
1.1 Le Collège de ‘Pataphysique et la naissance de l’Oulipo
1.2 La ‚contrainte’ et les principes du travail oulipien
1.3 Le Château des destins croisés
2 Oskar Pastior, Oulipien – « meine Familie der Wörtlichnehmer »
2.1 Sonnets, anagrammes et palindromes
2.2 Sextines
2.3 ‘Villanella und Pantum’
III La poésie d’Oskar Pastior – une réaction sur l’expérience avec le totalitarisme et l’oppression idéologique
1 Poésie réciproque – « Ich danke Ihnen für die Arbeit am Text »
2 De l’hétéronomie vers l’autonomie
3 La liberté dans la contrainte – « nix mit Ismus, einfach oulipotisch »
Conclusion 

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