Genèse de la notion de patrimoine

La ville est le milieu d’agglomération relativement importante et dont les habitants ont des activités professionnelles diversifiées notamment dans le secteur tertiaire (Larousse, 1980). Actuellement, 80% de la population mondiale réside en milieu urbain (Bekkouch etal., 2010). Pour le cas d’Antananarivo Renivohitra, elle concentre 37,7% de la population de la région Analamanga (CREAM, 2013). Cette pression démographique dans la capitale résulte du phénomène d’urbanisation qui attire la population des autres districts. Pour les géographes contemporains, une ville est un groupement de population agglomérée caractérisé par un effectif de population et par une forme d’organisation économique et sociale (Ngarmari, 2012).

En termes de paysage, les zones urbaines sont fortement constituées un paysage minéral avec les grandes infrastructures comme les bâtiments et les routes. Ce type de composante de paysage va augmenter l’effet des « ilots de chaleur » dans les zones urbaines (Kadri, 2012). Afin de remédier à cette situation, les politiques des villes d’aujourd’hui tendent vers la valorisation des paysages urbains. L’une des solutions est le renforcement du végétal dans les lieux disponibles pour leur plantation. Les parcs ou espaces paysagers contribuent à l’embellissement de tous les quartiers publics et privés (Cité Verte, 2015) et par conséquent, la ville.

De multiples approches sont apportées par les végétaux aussi bien les arbres et les herbacées sur le plan biologique, environnemental, esthétique, économique, technique et social. Ainsi, les espaces végétalisés jouent différentes fonctions (Miller, 1997).

Particulièrement, si on considère l’arbre, certains auteurs ont déjà montré qu’il est un élément biotique indispensable en milieu urbain(Dardour etal., 2012 ; Com. pers. El Hanani, 2016) ; en plus de sa fonction écologique sur la séquestration de carbone, les arbres interviennent dans des rôles économiques pour l’attraction des touristes, ainsi que des rôles sociaux pour une meilleure représentation d’un site ou d’un quartier, des rôles pédagogiques afin de faire une éducation environnementale en milieu urbain (Boulfroy, 2008). Pour Antananarivo, la capitale de Madagascar, la grande phase d’aménagement de la ville a commencé depuis la période d’Andrianampoinimerina et n’a cessé de continuer durant la période coloniale jusqu’à nos jours (Fournet- Guérin, 2007). Durant ces grandes phases d’aménagement, plusieurs innovations renforçant le développement de la ville peuvent être avantageuses pour la modélisation et l’aménagement de tous les quartiers mais peuvent être mauvaises aussi pour certains quartiers, car le développement a besoin d’une vaste étendue de terrain pour la mise en place de projet d’aménagement. L’époque coloniale est un évènement marquant l’aménagement d’Antananarivo, à savoir les constructions des grandes infrastructures (bâtiments et routes) accompagnées par l’introduction d’espèces végétales. Le choix de ces espèces est basé sur leur utilisation comme alimentation, construction et pour la décoration ou l’embellissement de tous les quartiers de la capitale.

ETAT DE L’ART

Genèse de la notion de patrimoine

Apparue au XIIè siècle, la notion de « patrimoine » (du latin patrimonium, héritage du père) se définit étymologiquement par extension comme l’ensemble des biens hérités de la famille (Atlas Les Echos, 1999). L’émergence de l’idée patrimoine a commencé dès le XVIIIè siècle, c’est la révolution française qui lance la protection des biens culturels. Les premiers éléments intégrés dans cette appréciation sont les œuvres d’art (tableaux et sculptures) conservés et parfois exposés dans les musées et les livres.

En Europe, la Convention de Faro sur la valeur du patrimoine culturel pour la société le 25 Octobre 2005 (Conseil de l’Europe) définit le patrimoine culturel comme « un ensemble de ressources héritées du passé que des personnes considèrent, par-delà le régime de propriété des biens, comme un reflet et une expression de leurs valeurs, croyances, savoirs et traditions en continuelle évolution » (http://www.angers.fr) .

Arbre en ville

L’arbre en ville est un sujet d’étude complexe car de multiples approches sont possibles : biologiques, esthétiques, techniques, écologiques et sociales. C’est un parfait exemple de pluridisciplinarité du paysage (Le Gourrierec, 2012). Aucun projet de paysage ne se fait sans prendre en compte l’histoire du site. De la même manière, aucun projet de plantation ne devrait se faire sans prendre en compte son historique.

L’Antiquité et le Moyen-âge sont les périodes de l’évolution de l’arbre symbole à l’arbre utilitaire. Du point de vue symbolique, l’arbre a toujours occupé une place importante dans l’histoire, par exemple le Jardin d’Eden, le jardin de Babylone. Il indique « une liaison terre-ciel », une longévité (Le Gourrierec, 2012). Ainsi, d’après Mollie, (2009), au Moyenâge, c’est près des arbres que se situent les endroits où les festivités avaient lieux . Leur utilité les rapprocha petit à petit des lieux de vie tels que les arbres fruitiers pour la nourriture ou les grands arbres pour le bois de chauffe et la menuiserie.

Historique de l’introduction des arbres dans la capitale de Madagascar

Les introductions des espèces forestières à Madagascar sont relativement récentes, depuis 70- 80ans (Chauvet, 1969). Les premiers européens qui s’installèrent sur les plateaux du centre de Madagascar souffrirent de la nudité du paysage qui les entourait : le vaste étendu que le feu avait fait en désert. Obligés de vivre là, ils voulurent meubler de végétation les abords de la case qui les abritait. En plus, les régions hautes de l’île comme Antananarivo présentait un climat analogue avec celui de leur patrie (climat tempéré). Les espèces considérées supporter ce climat sont ainsi sélectionnées à importer de l’Europe : Casuarina equisetifolia, Aulnus glutinosa, Quercum pedunculata, Grevillea robusta, Melia azedarach, Celtis australis et Jacaranda mimosifolia.

Description de Jacaranda mimosifolia D. Don

Position systématique d’après APG III (Judd et al., 2008)

Jacaranda mimosifolia est classée dans l’ordre des Lamiales parce que les fleurs sont zygomorphes (corolle généralement zygomorphe). Elle appartient à la famille des Bignoniaceae dont le port est un arbre avec une anatomie anormale sur la croissance, les feuilles sont composées bipennées, les fruits sont en capsules déhiscents (Peltier, 1965) avec des graines ailées. La classification complète de cette espèce est :

Règne : VEGETAL
Embranchement : MAGNOLIOPHYTA
Classe : MAGNOLIOPSIDA
Sous-classe : ASTERIDAE
Ordre : LAMIALES
Famille : BIGNONIACEAE
Genre : Jacaranda
Espèce : mimosifolia
Nom scientifique : Jacaranda mimosifolia
Auteur : D. Don
Synonymes : Jacaranda ovalifolia R. Br (Gentry, 1992) ; Jacaranda acutifolia Humb. Et Bonpl. (Gentry, 1992).

Description botanique

Jacaranda mimosifolia est une espèce originaire d’Amérique du Sud (Argentine, Paraguay et Bolivie) (Alves et al.,2010). Un arbre qui atteint jusqu’à 8 à 15m de hauteur avec un port ligneux (Blaser et al.,1993). Une espèce caducifoliée dont les feuilles sont composées, bipennées et plumeuses, de forme elliptique à ovale avec une phyllotaxie opposée sur la tige . Les fleurs sont de couleurs violettes dont les inflorescences apparaissent en position axillaire ou terminale en forme de panicule (Orwa et al., 2009).

Les fruits se développent de 1 à 2 capsules sur une panicule ; les capsules sont biconvexes de couleur bronze à maturité . Les fruits sont des capsules déhiscentes de couleur marron à l’état sec, de plus, leur déhiscence favorise la dispersion des graines ailées .

Distribution, utilisations et spécificités de Jacaranda mimosifolia 

L’aire naturelle de distribution de Jacaranda mimosifolia se trouve dans la latitude de 15°N – 20°S et sur l’altitude de 0 à 1500m. Cependant, elle est très répandue à l’Ouest de l’Amérique du Sud et devient naturalisée au Zimbabwe (Blaser, 1993). Elle est introduite et plantée dans de nombreux pays sous les tropiques (Afrique du Sud, Inde, Australie …) (Agostino et al., 2012) et aussi à Madagascar.

Actuellement, Jacaranda mimosifolia est une plante utilisée comme arbre d’alignement, le long des rues et dans les parcs et jardins publics (Alves, 2010). Les caractéristiques ornementales lui offrent une appellation parmi les « grands bosquets d’arbres » (Plan Vert de la CUA, 2006), c’est-à-dire une gamme végétale utilisée fréquemment en espace vert et contribue à l’embellissement des milieux urbains.

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Table des matières

INTRODUCTION
ETAT DE L’ART ET MILIEU D’ETUDE
I. ETAT DE L’ART
I.1. Genèse de la notion de patrimoine
I.2. Arbre en ville
I.3. Historique de l’introduction des arbres dans la capitale de Madagascar
I.4. Description de Jacaranda mimosifolia D. Don
II. MILIEU D’ETUDE
II.1. Situation géographique
II.2. Milieu abiotique
II.3. Milieu biotique
II.4. Homme et ses activités
METHODES D’ETUDES
I. ETUDES PRELIMINAIRES
I.1. Recherches bibliographiques
I.2. Etudes iconographiques et éléments associés au Jacaranda mimosifolia
II. COLLECTE DE DONNEES SUR Jacaranda mimosifolia
II.1. Choix du site d’étude
II.2. Inventaire de Jacaranda mimosifolia
II.3. Distribution de Jacaranda mimosifolia
II.4. Etudes dendrométriques
II.5. Etat de lieux sur l’entretien des individus de Jacaranda mimosifolia
II.6. Etude des espèces arborées associées à Jacaranda mimosifolia
III. ANALYSES DE DONNEES NUMERIQUES
III.1. Analyse de variance ANOVA
III.2. Test de χ2 (khi deux)
IV. PRATIQUES, USAGES ET PERCEPTION DE L’ARBRE Jacaranda mimosifolia D’ANTANANARIVO
V. ANALYSE DE LA CONTRIBUTION DE Jacaranda mimosifolia EN TANT QUE PATRIMOINE VEGETAL
RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I. DISTRIBUTION DE Jacaranda mimosifolia
I.1. Formes de distribution de Jacaranda mimosifolia
I.2. Distribution suivant les catégories de sites
I.3. Relations des formes de distribution avec les catégories de sites sur la répartition de Jacaranda mimosifolia à Antananarivo
II. CARACTERISTIQUES DENDROMETRIQUES DE Jacaranda mimosifolia
II.1. Répartition par classe de hauteur
II.2. Répartition des individus par classe de diamètre
III. ETAT DE LIEUX SUR L’ENTRETIEN DES INDIVIDUS DE Jacaranda mimosifolia
IV. ESPECES ARBOREES ASSOCIEES A Jacaranda mimosifolia
V. PRATIQUES, USAGES et PERCEPTIONS DE Jacaranda mimosifolia d’ANTANANARIVO
V.1. Perceptions de la population de la capitale sur le végétal en ville
V.2. Perceptions de la population sur la nomenclature, description, histoire locale, pratiques, usages et représentation sur Jacaranda mimosifolia
VI. CONTRIBUTION DE Jacaranda mimosifolia EN TANT QUE PATRIMOINE VEGETAL
DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
I. DISCUSSION
I.1. Distribution de Jacaranda mimosifolia
I.2. Dendrométrie de Jacaranda mimosifolia selon la hauteur
I.3. Perception de la population à l’égard de Jacaranda mimosifolia
II. RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
ABSTRACT
RESUME

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