L’ulcère est un problème de santé multifactoriel qui touche une grande partie de la population mondiale. Chaque année, il affecte plus de 4 millions de personnes dans le monde dont 10 à 20% rencontrent des complications allant jusqu’à la perforation gastrique (2 à 14% des cas d’ulcère) et sa mortalité peut varier de 10% à 40% des cas [1]. Ses principaux facteurs étiologiques incluent l’utilisation anarchique d’antiinflammatoires non stéroïdiens (AINS), le tabagisme, Helicobacter pylori (H. pylori) et un régime fortement élevé en sel [2]. Tous ces facteurs ont en commun qu’ils affectent la sécrétion acide de la muqueuse gastrique.
Les symptômes cliniques ne sont pourtant pas suffisants pour diagnostiquer l’ulcère et des examens endoscopiques sont nécessaires pour le confirmer [3]. Ces examens étant invasifs et très coûteux, le traitement médicamenteux est plus fréquemment prescrit. Le choix de la thérapie médicamenteuse est basé sur de multiples facteurs, notamment l’efficacité et la sécurité du produit, mais surtout la sévérité des symptômes du patient et les risques de complications. Dans cet arsenal thérapeutique, deux grandes classes se démarquent : les antagonistes des récepteurs H2 de l’histamine (anti-H2) dont la cimétidine et les inhibiteurs de pompe à protons (IPPs) dont l’oméprazole [4].
De nos jours, les services d’accès aux soins sont devenus plus coûteux et les aides dans le domaine de la santé ne sont pas très disponibles, surtout dans les pays en voie de développement. L’automédication devient un choix évident de service de santé pour la majorité de la population. Les consommateurs veulent jouer un rôle important dans le maintien de leur propre bonne santé et se sentent compétents pour gérer les affections chroniques non compliquées et les maladies récurrentes après un ancien diagnostic médical et quelques conseils de professionnels de santé, c’est souvent le cas dans les symptômes d’ulcère et l’utilisation des anti-H2 [5]. Leur fourchette de prix étant bien moins coûteuse que celle des IPPs, leur utilisation en automédication pour tous les types de douleurs gastriques est bien souvent justifiée. Afin d’éviter les potentiels risques associés à l’automédication, la qualité des produits dispensés doit être assurée. La qualité des médicaments est définie comme « la somme de tous les facteurs qui contribuent directement ou indirectement à la sécurité, à l’activité et à l’acceptabilité du produit » [6]. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 1% des médicaments qui circulent dans les pays développés sont des contrefaçons mais ce ratio peut atteindre 10 à 15% dans les pays émergents et 30% dans les pays en développement ; ce qui peut engendrer des conséquences sanitaires graves comme l’accroissement de la morbidité et de la mortalité, ainsi que la perte de confiance de la population dans les médicaments et les soins médicaux [7]. Cette contrefaçon peut concerner les médicaments de marque déposée comme les produits génériques. Presque 10% des produits contrefaits traitent les problèmes gastro-intestinaux selon les données de l’OMS [8]. A Madagascar, une étude a démontré un taux de non-conformité de 20% sur un échantillon de 107 produits médicamenteux, dont plus de 60% de sous-dosage [9]. La circulation de médicaments de mauvaise qualité, mal fabriqués ou contrefaits représente une menace permanente pour la santé publique. De ce fait, les médicaments et les produits pharmaceutiques circulant sur le marché doivent répondre à des critères de qualité, d’efficacité et de sécurité très stricts.
L’ulcère gastroduodénal
Définition et anatomopathologie
L’ulcère gastroduodénal (UGD) se définit comme une perte de substance de la paroi gastrique ou duodénale atteignant en profondeur la musculeuse, sans tendance à se cicatriser [11]. Elle se différencie des érosions qui sont des lésions limitées à la muqueuse et des ulcérations qui atteignent la sous-muqueuse sans la dépasser.
Physiopathologie
L’ulcère duodénal ou gastrique résulte d’un déséquilibre entre les facteurs d’agression (sécrétions acide et peptique) et les facteurs de défense (mucus, épithélium de surface, vascularisation muqueuse) en un point précis de la muqueuse. La barrière muqueuse a une composante pré-épithéliale constituée par le mucus et la sécrétion de bicarbonate et de phospholipides, épithéliale formée par les cellules de surface et sous-épithéliale assurant le flux sanguin muqueux. Les prostaglandines, synthétisées en permanence dans la muqueuse, stimulent ces mécanismes de protection.
Il est généralement admis que dans l’ulcère duodénal, le facteur dominant est l’agression chlorhydro-peptique alors que dans l’ulcère gastrique, c’est l’altération de la muqueuse gastrique [11]. Les facteurs d’agression sont principalement la production d’acide chlorhydrique, la pepsine, la présence d’H. pylori et les AINS, tandis que les facteurs de défense sont la sécrétion de mucus, de bicarbonates, les prostaglandines et le renouvellement épithélial.
La sécrétion d’acide chlorhydrique
La gastrine, l’acétylcholine et l’histamine sont les médiateurs de la sécrétion d’acide gastrique [12]. La régulation périphérique de la sécrétion d’acide gastrique est initiée par la libération de la gastrine par les cellules G. La gastrine stimule ensuite le récepteur cholécystokinine de type 2 ou CCK2 qui est un récepteur couplé à la sous unité Gq à l’origine d’un influx calcique. L’augmentation de la concentration intracellulaire en Ca2+ entraîne la libération d’histamine au niveau des cellules enterochromaffineslike (ECL) et l’activation de la pompe à protons et l’activation concomitante des ions Cldisponibles au niveau de la cellule pariétale. L’histamine séquence de signalisation aboutissant à l’activation de la pompe à proton H+ /K+ ATPase par phosphorylation, à l’origine de la sécrétion d’acide gastrique. L’acétylcholine, en activant le récepteur muscarinique M1 couplé avec Gq également, provoque les mêmes mécanismes. Par contre, la prostaglandine E2 en se fixant sur son récepteur EP3 qui est couplé avec la sous unité Gi, inhibe la libération d’histamine par les cellules ECL et la production d’AMPc nécessaire à la phosphorylation de la pompe.
Les médicaments utilisés contre l’ulcère gastroduodénal
Le traitement médical dans la thérapie contre l’ulcère gastroduodénal a principalement pour but de soulager les symptômes, de guérir l’ulcère et d’éviter les récidives [13]. On trouve différentes catégories des médicaments qui sont :
– Les anti-sécrétoires comme les inhibiteurs de pompe à protons, les antihistaminiques anti-H2, les anti-M1 et les anti-gastrinergiques
– Les antibiotiques visant à éradiquer H. pylori comme l’amoxicilline, la ciprofloxacine et la clarithromycine
– Les antiacides
– Les protecteurs de la muqueuse comme les analogues de prostaglandines et le sucralfate .
Le médicament : définitions
Le médicament
On entend par médicament toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que tout produit pouvant être administré à l’homme ou à l’animal en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques [14].
Le médicament générique
On entend par médicament générique, tout médicament préparé à l’avance, commercialisé sous une dénomination commune internationale (DCI), dont le ou les principes actifs ne sont plus ou ne sont pas protégés par un brevet. Sa composition et sa forme galénique, sa sécurité d’utilisation, sa voie d’administration et sa qualité sont identiques à celle de la spécialité innovante. Sa concentration en principes actifs est identique, sa marge thérapeutique aussi large et sa bioéquivalence avec un produit de référence ont été démontrées [15]. A l’expiration du brevet protégeant le médicament princeps, ce dernier tombe dans le domaine public et des « copies » de ce médicament peuvent être développées par les entreprises pharmaceutiques. Ces copies doivent avoir la même composition qualitative et quantitative en principes actifs que la spécialité de référence et la même forme pharmaceutique. Leur bioéquivalence doit être prouvée et leur autorisation de mise sur le marché repose sur la même méthode d’évaluation que celle appliquée à l’ensemble des médicaments par l’entité responsable selon les pays (Exemple : Agence du Médicament de Madagascar). Toutes les données permettant d’évaluer et de garantir leur qualité, leur efficacité et leur sécurité d’emploi doivent être fournies par l’entreprise pharmaceutique en vue de l’obtention de l’AMM.
Le prix du médicament générique est habituellement moins élevé que celui du princeps, le laboratoire pharmaceutique responsable de la commercialisation du médicament original ayant préalablement couvert l’ensemble des frais nécessaires à la recherche et au développement. Leur contrôle de qualité répond aux exigences des référentiels validés ou des techniques proposées par le laboratoire fabricant.
Les médicaments de qualité inférieure
On entend par médicaments de qualité inférieure des produits dont la composition et les principes de fabrication ne répondent pas aux normes scientifiques et qui sont par conséquent inefficaces et souvent dangereux pour le patient. La qualité inférieure peut être le résultat d’une négligence, d’une erreur humaine, de ressources humaines et financières insuffisantes ou de contrefaçon [16].
Les médicaments falsifiés et contrefaits
On entend par médicament falsifié tout médicament comportant une fausse présentation de :
– Son identité (emballage, étiquetage, nom, composition, dosage)
– Sa source (fabricant, pays de fabrication, pays d’origine ou titulaire de son autorisation de mise sur le marché)
– Son historique (dossiers d’autorisation, d’enregistrement, documents relatifs aux circuits de distribution) .
Les médicaments falsifiés peuvent présenter un sous dosage en principe actif ou un surdosage, voire une absence de principe actif [17]. On entend par médicament contrefait un médicament délibérément et frauduleusement étiqueté pour tromper sur son identité et/ou son origine. La contrefaçon peut concerner aussi bien les spécialités que les génériques. Parmi les produits contrefaits, il y a ceux qui contiennent les principes actifs corrects, erronés, sans principes actifs, à des doses trop faibles ou trop fortes ou sous des conditionnements falsifiés. Les médicaments contrefaits sont illégaux et peuvent être à l’origine d’échecs thérapeutiques, pouvant entraîner jusqu’à la mort des utilisateurs [17].
|
Table des matières
I)INTRODUCTION
II) GENERALITES
III) METHODOLOGIE
IV) RESULTATS
V) COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VI) CONCLUSION
VII) REFERENCES
ANNEXES
RESUME
Télécharger le rapport complet