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L’induction anesthésique
Une fois le patient en place, il est possible d’initier le sommeil anesthésique. Une fois le patient inconscient, si l’intervention est longue et la sédation profonde, il est nécessaire de le mettre sous assistance respiratoire et donc pour cela de l’intuber.
L’intubation est réalisée en apnée. La durée d’apnée tolérable par le patient dépend directement de sa saturation sanguine en oxygène 12. Si une situation d’intubation difficile imprévue se présente, la durée d’apnée peut s’allonger et dépasser les réserves du patient. Ainsi, avant toute induction d’une anesthésie, les réserves du patient sont augmentées lors d’une étape de préoxygénation. Préoxygénation La préoxygénation est réalisée avec de l’oxygène pur, grâce à un masque facial. La préoxygénation est considérée terminée quand la saturation sanguine en oxygène du patient et la concentration en oxygène des gaz sortants sont maximales (> 90%) et après au moins 3 minutes d’inhalation d’oxygène pur. Pendant la préoxygé-nation, les premiers morphiniques sont injectés au patient.
Médication Une fois les réserves du patient optimisées par la préoxygénation, le patient est prêt pour l’endormissement.
Pour induire la perte de conscience, les hypnotiques sont injectés majoritairement via la voie veineuse périphérique, plus rarement par inhalation sous forme gazeuse.
Intubation Le patient est ensuite curarisé, par l’injection d’un curare, afin de relâcher les cordes vocales et ainsi faciliter l’intubation qui permet l’assistance respiratoire.
Contrôle et fin d’induction Une fois le patient endormi et intubé, les différents élé-ments en place sont contrôlés et la bonne intubation est vérifiée grâce à une auscultation pulmonaire.
L’anesthésie et ses grands principes
La concentration en oxygène inspiré est descendue à 30% et l’entretien de l’anesthé-sie est initié par l’injection continue (perfusion) ou répétée (bolus 13) d’hypnotiques, de morphiniques et éventuellement de curares si l’intervention le nécessite.
À la fin de l’induction, le patient est inconscient et dans un état stable qui permet sa «mise à disposition» au chirurgien.
La procédure de l’intervention
Pour des raisons logistiques et organisationnelles, il peut parfois s’écouler un certain temps entre la fin de l’induction et le début de la procédure.
Préparation Un contrôle supplémentaire des éléments en place et une auscultation pulmonaire sont ainsi généralement réalisés avant le début de la procédure chirurgicale ou médicale.
Procédure Une anesthésie bien réalisée maintient un patient stable tout au long de la procédure chirurgicale ou médicale. Pendant cette étape, l’entretien anesthésique anticipe les actes chirurgicaux les plus douloureux, ou les gestes médicaux ayant un fort impact sur le patient, afin de le maintenir le plus stable possible.
La sortie du patient
Une fois la procédure réalisée, la dernière étape d’une intervention consiste à préparer le patient pour la sortie du bloc opératoire.
Décurarisation Il est recommandé que le patient sorte de la salle d’opération totale-ment décurarisé [12]. Un contrôle de la décurarisation est donc réalisé, en comparant les résultats avec le test contrôle réalisé en début d’intervention. Si à la fin de la procédure, le patient n’est pas naturellement décurarisé et que la curarisation est encore profonde, il est nécessaire d’attendre ou d’utiliser un antidote. Une fois la décurarisation réalisée, le patient est transféré en salle de réveil avec un maintien du monitorage.
Les principaux gestes médicaux et médicaments utilisés
Pendant les quatre grandes étapes d’une anesthésie générale, des médicaments et des gestes médicaux spécifiques sont utilisés. Cette partie s’intéresse spécifiquement aux gestes médicaux et aux médicaments anesthésiques, indépendamment de l’intervention nécessi-tant une anesthésie. Mise en place du monitorage Le monitorage du patient se concentre sur deux prin-cipaux aspects : le monitorage hémodynamique et le monitorage des gaz.
Le monitorage de la fréquence cardiaque et de la saturation sanguine en oxygène est réalisé grâce à un capteur spécifique (généralement placé au bout d’un doigt), relié à un moniteur, le scope. Le monitorage de la pression artérielle est réalisé par une mesure par brassard à intervalles réguliers gérés automatiquement par le scope.
Le monitorage des gaz entrants et sortants est réalisé directement par le respirateur, grâce à la présence de différents capteurs dans le circuit de distribution des gaz au patient, à proximité de la sonde d’intubation.
Pour certaines chirurgies ou interventions spécifiques, d’autres paramètres peuvent être monitorés, comme la glycémie.
Indice Bi-spectral Dans certains cas, une sonde spécifique peut être installée afin de mesurer l’indice bi-spectral (ou BIS). Le BIS est un indicateur de la profondeur de la sédation. Il est basé sur une modélisation statistique s’appuyant sur l’électroencéphalo-gramme (EEG) du patient. La sonde et les logiciels liés sont sous licence propriétaire et ne sont donc utilisés que ponctuellement. TOF Le TOF (Train Of Four) est un examen de mesure de la décurarisation qui consiste en la réalisation de 4 stimulations nerveuses répétitives, puis en la mesure de la force de la réponse pour chaque stimulation. En cours d’intervention, l’objectif est de 0 à 2 réponses. La décurarisation est considérée complète quand le rapport des réponses n°4 (Train 4 ou T4) et n°1 (Train 1 ou T1), ou rapport T4/T1 est supérieur ou égal à 90% [13].
Voie veineuse périphérique Il s’agit d’un dispositif médical qui permet l’introduction d’un tube (le cathéter) dans une veine périphérique. Il permet l’injection de produits anesthésiques par voie intraveineuse.
L’anesthésie et ses grands principes
Prophylaxie antibiotique La prophylaxie antibiotique est une mesure de prévention qui permet de prévenir une éventuelle infection liée à l’intervention, notamment pour les interventions à risques importants d’infection post-opératoire (principalement les chi-rurgies). Le type d’antibiotique et la posologie sont spécifiques aux différents types de chirurgies.
Remplissage vasculaire Le remplissage vasculaire est un apport de liquide par voie veineuse. Il permet de corriger ou prévenir une hypotension.
Préoxygénation Une bonne pré-oxygénation dure au moins 3 minutes avec de l’oxy-gène pur et un débit en gaz frais 14 de 5L/min [13]. L’objectif, pour régénérer les réserves du patient, est d’avoir à la fois une saturation sanguine en oxygène de plus de 90% mais aussi une concentration en oxygène dans les gaz expirés de 90%.
Hypnotiques Ils assurent l’endormissement, puis l’entretien de la perte de conscience.
Ils sont généralement introduits par voie intraveineuse, et plus rarement par inhalation.
Le produit le plus souvent utilisé est le propofol pour sa facilité d’élimination, bien que son injection soit douloureuse. Il est généralement utilisé en dose (ou bolus) pour l’induction puis par perfusion continue pour l’entretien anesthésique.
Les produits volatiles, comme le sévoflurane, ou l’halothane, sont vaporisés par l’ap-pareillage respiratoire à l’aide de systèmes dédiés et calibrés.
Les systèmes AIVOC (Anesthésie Intra-veineuse à Objectif de Concentration) sont des systèmes automatisés qui permettent une induction et un entretien par référence à une concentration plasmatique cible représentative du niveau d’anesthésie souhaité.
Morphiniques Les morphiniques sont des antalgiques puissants de la même famille que la morphine tel que le sufentanil, l’alfentanil ou le fentanyl. Ils sont introduits par voie intraveineuse au patient.
La morphine n’est pas utilisée pendant les interventions en raison de son délai d’action trop long avant les premiers effets (10 minutes).
Curares Les curares sont utilisés pour relâcher les cordes vocales et faciliter l’intubation, et ainsi diminuer les complications traumatiques éventuelles. Les curares sont injectés par à un gaz recyclé.
Les curares «dépolarisants» comme la succinylcholine provoquent une dépolarisation de la jonction neuromusculaire pour tous les muscles avant d’entraîner une paralysie. Avec un délai d’action très rapide (inférieur à 1 minute), c’est le seul curare utilisable dans le cas où le patient n’est pas à jeun (et donc en cas d’urgence), malgré un fort risque allergique. L’effet est d’environ 10 minutes. Les curares «non dépolarisants», comme l’atracurium ou le rocuronium ont un délai d’action de 3 minutes. Pendant ce délai, le patient ne peut déjà plus respirer par lui-même ; il a donc besoin d’une assistance respiratoire apportée grâce au masque facial. Ces curares ont une durée d’action variable mais plus longue que celle de la succinylcholine.
Décurarisation La mesure du niveau de curarisation, et donc de décurarisation par référence à un test contrôle, est réalisée grâce à plusieurs moyens incluant notamment le TOF.
Si la curarisation est trop profonde, un antidote comme l’atropine ou la prostigmine peut être utilisé.
Intubation L’intubation permet le maintien de la ventilation 15 du patient. Une sonde est placée dans le larynx, après les cordes vocales, pour faire circuler l’air et l’étanchéité est assurée par un petit ballonnet gonflé.
Une intubation trop profonde peut engendrer une intubation sélective 16. Une autre complication potentielle est une intubation oesophagienne, où l’oesophage est intubé au détriment des poumons.
Quand l’intubation n’est pas possible, en cas d’intubation difficile par exemple, il est possible d’utiliser un masque laryngé. C’est un tube doté d’un petit coussinet qui se place sur les cordes vocales.
État des lieux de la simulation en santé en 2012
En 2010, le Pr Jean-Claude Granry et le Dr Marie-Christine Moll sont missionnés par la Haute Autorité de Santé (HAS) pour réaliser un état des lieux des initiatives et expériences en cours en France et à l’international sur la simulation en santé. Leur travail aboutit à la publication d’un rapport en janvier 2012. [1]
Ce rapport souligne l’utilisation large de la simulation en Amérique du Nord, où elle est un outil pédagogique à part entière, utilisé de manière routinière dans l’enseignement initial des professions médicales et paramédicales.
Les auteurs indiquent de plus, que si la simulation en santé est bien implantée en Europe, avec un développement plus récent qu’en Amérique du Nord, les moyens sont plus faibles et les inégalités vis-à-vis de ces moyens sont importantes.
En 2012, en France, la simulation est encore une activité émergente, avec peu de centres de simulation, mais une répartition assez homogène sur le territoire national. Les centres sont de petite taille avec peu de diversité dans les mannequins haute fidélité utilisés. Les simulateurs chirurgicaux sont rares et la simulation ayant recours à des environnements virtuels est quasiment inexistante. La pratique de la simulation en santé en France manque alors de bonnes pratiques formalisées et souffre d’une grande dispersion méthodologique.
Le rapport indique dans ses conclusions 10 propositions dont notamment :
— l’intégration de la simulation dans «tous les programmes d’enseignement des pro-fessionnels de santé à toutes les étapes de leur cursus (initial et continu)»,
— un objectif éthique prioritaire : «jamais la première fois sur le patient »,
— la mise en place d’une politique nationale de formation par la simulation, et donc de son développement.
La formation par la simulation en santé
Guide de l’HAS et développements récents
En décembre 2012, dans la continuité de l’état des lieux, la Haute Autorité de Santé publie un guide de bonnes pratiques en matière de simulation en santé [30].
Dans ce guide, l’HAS indique ses ambitions de développer la simulation en santé, notamment comme outil de développement professionnel continu (DPC) des soignants, en permettant sa bonne structuration par des bonnes pratiques.
Elle y structure ses recommandations et bonnes pratiques sur 5 aspects :
— les programmes de simulation, leurs conception et leurs mise en place,
— l’organisation des centres de simulation,
— les infrastructures et équipements,
— les axes de recherche et modalités d’organisation de la recherche sur la simulation,
— l’évaluation des programmes, formateurs et apprenants.
La diffusion de ce guide de bonnes pratiques a encouragé le développement des centres de simulation en santé en France et a standardisé les pratiques.
En 2012, l’état des lieux de l’HAS indiquait l’existence de 34 centres de simulation implantés ou en projets. En 2022, la Société Francophone de Simulation en Santé (SoFra-SimS) dénombre 95 centres de simulation en Santé en France [31], soit un développement de 270% en 10 ans.
Dans la continuité des bonnes pratiques publiées en 2012, l’HAS a publié en mai 2015 un « Guide pour l’évaluation des infrastructures de simulation en santé » [32], afin d’en-courager les centres de simulation à s’engager dans une démarche d’amélioration continue de la qualité.
La simulation au SiMU de Nantes
Nantes Université dispose, depuis 2011, d’un centre de simulation en santé : le labo-ratoire expérimental de simulation de médecine intensive de Nantes Université, ou LE SiMU.
LE SiMU intervient dans la formation initiale des étudiants en médecine (1er,2e et 3e cycles), odontologie (2e cycle) et maïeutique 17 (2e cycle), sur des thématiques et scénarios spécifiques à ces formations.
Dans le cadre du développement professionnel continu (DPC), LE SiMU propose des sessions de formation régulières sur différentes thématiques précises (anesthésie-réanimation, médecine d’urgence, etc.)
LE SiMU met principalement en œuvre des sessions de simulation haute fidélité, gé-néralement dans un contexte interprofessionnel.
La simulation haute fidélité interprofessionnelle
Il est difficile de mesurer l’impact sur les apprentissages de la fidélité d’une simulation à la réalité. La littérature consacrée à la pédagogie oppose la fidélité d’ingénierie, ou authenticité, correspondant aux similitudes physiques entre la simulation et la réalité, et la fidélité psychologique qui correspond aux éléments clefs d’une situation réelle. Ces deux notions sont empruntées à la simulation aéronautique [33]. La littérature spécialisée actuelle suggère que la fidélité psychologique serait plus efficace pour l’apprentissage [34].
La littérature suggère qu’une trop grande différence entre l’environnement d’apprentis-sage et l’environnement d’application nuit au transfert des compétences [35, 36] et qu’une forte similarité perçue de ces environnements influence favorablement les potentialités de transfert [37].
Une représentation la plus réaliste possible de l’environnement et des faits pendant une simulation est donc souhaitable, notamment lors de l’apprentissage de tâches complexes [38].
Environnement haute fidélité Les environnements de haute fidélité s’attachent à re-constituer l’ensemble des éléments d’un environnement de travail. Ainsi le SiMU recons-truit les environnements habituels des soignants selon les scénarios et disciplines (bloc opé-ratoire, salle d’accouchement, etc.) et dispose pour cela de 3 salles de simulation (adulte, salle de naissance, pédiatrie).
Mannequin haute fidélité Les mannequins peuvent être classés en plusieurs catégo-ries selon la réponse qu’ils proposent aux actions des apprenants, d’aucune réponse (basse fidélité) aux réponses complexes (haute fidélité). Les mannequins haute fidélité proposent un pilotage informatisé large et une réponse physiologique intégrée aux actions des appre-nants [22]. Les larges potentialités des mannequins haute fidélité en font des outils très polyvalents pour les centres de simulation en santé.
LE SiMU dispose de 7 simulateurs de patients haute fidélité (adultes, parturiente, en-fant, nourrissons et nouveau-né) ainsi qu’un appareillage de simulation de bloc opératoire complet. Contexte interprofessionnel La recommandation «Jamais la première fois sur le pa-tient» s’applique aussi aux compétences relationnelles et à la collaboration interprofes-sionnelle. La simulation haute fidélité dans un contexte interprofessionnel permet une action collective dans la réalisation du soin. La coopération interprofessionnelle permet une meilleure performance face aux soins complexes [39] et ainsi une stabilisation des pratiques collectives.
Utilisation La simulation haute fidélité interprofessionnelle a montré son impact positif dans l’amélioration de l’enseignement [40] et s’intègre dans les pratiques de gestion des risques et des facteurs humains. Ses effets positifs pour entretenir les compétences réac-tionnelles des soignants sont démontrés depuis les années 60, notamment en anesthésie [41].
Le cadre et les pratiques pédagogiques des sessions de si- mulation au SiMU de Nantes
La simulation est un moyen qui sert des objectifs spécifiques selon les publics et contextes dans lesquels elle est utilisée.
En formation initiale, comme une formation continue, les scénarios et le contexte pédagogique sont adaptés aux objectifs de formation.
Contexte pédagogique
Le contexte pédagogique est l’ensemble des traits décrivant et conditionnant la situa-tion d’enseignement. Le contexte pédagogique d’une séance de simulation comprend ainsi les approches, les parti-pris des formateurs ainsi que l’écriture des scénarios et les moyens mis en place pour atteindre les objectifs de la séance.
Si une séance a pour objectif l’acquisition d’une compétence pointue, comme la réa-lisation d’une intubation, alors le contexte pédagogique se composera d’un scénario qui présente une situation qui nécessite une intubation et du matériel de simulation adapté.
En revanche, pour une séance qui cherche à faire travailler les apprenants en collabora-tion avec d’autres soignants, une situation mettant en avant des problématiques médicales nécessitant cette collaboration sera proposée aux apprenants.
Le contexte pédagogique, pour permettre d’atteindre les objectifs de la séance, peut venir altérer le réalisme médical de la simulation, par exemple en limitant les effets sur le patient virtuel d’un geste mal maîtrisé, ou encore en contraignant les choix de l’apprenant pour le pousser à utiliser une technique spécifique.
Posture et éthique Les séances de simulation sont parfois des temps intenses et stressants. 20% des participants à une formation en anesthésie par la simulation ont indiqué avoir déjà été stressés ou intimidés 18 [42].
Sur les aspects éthiques, un sujet largement débattu est le décès du patient virtuel. En dehors de scénarios spécifiques sur la gestion des décès, dans un scénario avec un risque vital, si la performance des apprenants n’est pas à la hauteur des objectifs du scénario, le patient doit-il mourir ou la simulation doit-elle être interrompue par l’intervention d’un autre soignant qui prend le patient en charge ? Plus largement, les questions éthiques en simulation portent sur la charge émotionnelle et le stress que peut provoquer la simulation, ce qui nuirait à la motivation des apprenants [43, 44]. Les recommandations encouragent l’application du principe primum non nocere 19 en l’adaptant en erudere sine nocere 20.
Le cadre pédagogique et les formateurs ont un rôle crucial pour assurer le bon déroulement des séances, la mise en confiance des apprenants et la conformité de la formation aux principes éthiques du centre de simulation. Cet accompagnement pédagogique s’illustre dans l’organisation des sessions de simulation et la place laissée à l’échange en amont et en aval de la pratique simulée.
Le déroulement des sessions de simulation
Une session de simulation est généralement thématique et cherche à faire travailler les apprenants sur un sujet ou une situation précise, par exemple la gestion de situations critiques en anesthésie adulte.
Une session de simulation rassemble un groupe d’une dizaine d’apprenants, générale-ment sur une journée. Une session permet aux apprenants d’enchaîner plusieurs séances de simulation avec des scénarios différents mobilisant quelques apprenants, les autres étant placés dans une situation d’observateurs.
Après l’accueil des participants, la session est introduite par un briefing. Cette étape préparatoire est indispensable pour construire un climat d’apprentissage favorable [42].
Une séance de simulation est une entité pédagogique qui s’articule autour d’un scénario et d’un groupe d’apprenants qui y participent. Généralement, une séance comprend :
— une préparation, un échange court dont l’objectif est de mettre en contexte les participants sur le scénario et les tâches à réaliser. Le patient et l’intervention sont présentés pour contextualiser le scénario.
— une pratique simulée, qui est déroulée selon les paramètres prévus par le scénario en impliquant quelques-uns des apprenants.
— un débriefing, afin de faire un retour collectif sur la simulation.
Les participants qui ne sont pas impliqués dans le scénario observent le déroulement de la simulation dans la salle de briefing grâce à une ou plusieurs caméras.
Le débriefing est un temps qui cherche à faire réfléchir collectivement les participants sur la prestation en simulation et à comparer celle-ci aux standards et recommandations. C’est un temps dédié à l’analyse des éventuels écarts aux bonnes pratiques, et au feedback direct aux apprenants.
D’un point de vue pédagogique, le débriefing permet à la fois la contextualisation des connaissances, par une application à un cas concret présenté dans le scénario, mais aussi une décontextualisation en permettant une généralisation des connaissances lors des échanges pour pouvoir les transférer à d’autres contextes.
La littérature spécialisée a démontré le rôle du débriefing et du feedback dans la construction des apprentissages [45, 46]. C’est la réflexion collective, en lien avec la pra-tique simulée qui rend ce temps d’échange efficace dans son rôle formateur [47, 48].
Les séances de simulations sont de structure fixe ; le scénario est l’élément de variation qui permet une progression des acquis des apprenants par enchaînement des scénarios de complexité croissante.
Les scénarios
Les scénarios sont spécifiques aux apprenants. Selon leur niveau de compétence et leur discipline, les tâches à réaliser et compétences à mobiliser sont différentes. Un scénario de simulation cherche principalement à faire progresser les apprenants sur une ou deux no-tions ou situations spécifiques. Il implique donc rarement la simulation d’une intervention complète.
Il existe plusieurs structures de scénarios [49, 50] mais les éléments suivants sont généralement présents :
— le contexte de prise en charge et l’environnement, ce qui fournit les paramètres de départ du simulateur et détermine éventuellement la thématisation de l’espace.
— la description du patient avec les éléments clef de son dossier médical. La découverte d’un élément clef en cours de simulation (par un examen ou la transmission d’une information) peut être un élément de rebondissement.
— la progression du scénario, qui décrit la prise en charge du patient avec éventuelle-ment plusieurs branches, en fonction des actions des apprenants. Cette progression comprend les éventuels éléments perturbateurs du scénario.
Lors de la simulation, les formateurs pilotent le simulateur haute fidélité, en conformité avec les paramètres décrits dans le scénario, pour faire évoluer les réactions et paramètres physiologiques du patient virtuel. Ce pilotage doit faire preuve d’une certaine souplesse afin de s’adapter aux actions des apprenants qui peuvent être non prévues par le scénario.
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Table des matières
Introduction
Contexte
Objectifs des travaux de thèse
Enjeux
Plan du manuscrit
1 L’anesthésie et la formation par la simulation en santé
1.1 L’anesthésie et ses grands principes
1.1.1 Le contexte d’une anesthésie
1.1.1.1 Préparation d’une anesthésie programmée
1.1.1.2 Facteurs de risques anesthésiques et indicateurs
1.1.2 Principe d’une anesthésie générale
1.1.2.1 Éléments de compréhension sur le système nerveux humain
1.1.2.2 Les anesthésies générales
1.1.3 La structure et le déroulement type d’une anesthésie générale
1.1.3.1 L’entrée du patient
1.1.3.2 L’induction anesthésique
1.1.3.3 La procédure de l’intervention
1.1.3.4 La sortie du patient
1.1.4 Les principaux gestes médicaux et médicaments utilisés
1.2 La formation par la simulation en santé
1.2.1 Le développement de la simulation en santé en France
1.2.1.1 Historique et précurseurs
1.2.1.2 État des lieux de la simulation en santé en 2012
1.2.1.3 Guide de l’HAS et développements récents
1.2.2 La simulation au SiMU de Nantes
1.2.2.1 La simulation haute fidélité interprofessionnelle
1.2.3 Le cadre et les pratiques pédagogiques des sessions de simulation au SiMU de Nantes
1.2.3.1 Contexte pédagogique
1.2.3.2 Le déroulement des sessions de simulation
1.2.3.3 Les scénarios
2 Profils anesthésiques et données de santé
2.1 Les données des profils anesthésiques
2.1.1 Un outil numérique central : Pégase
2.1.2 Les dossiers médicaux des patients
2.1.3 Profils anesthésiques
2.1.3.1 Caractéristiques d’une intervention
2.1.3.2 Événements anesthésiques
2.1.3.3 Séries temporelles
2.2 La transformation et la sélection des données
2.2.1 Les transformations structurelles
2.2.2 Sélection des données anesthésiques
2.2.3 Les extractions de cohortes de patients
2.3 Le cadre légal des données de Santé et leur utilisabilité
2.3.1 Type de données des profils anesthésiques
2.3.2 Contraintes appliquées aux données de santé
3 Générateur de profils anesthésiques réalistes
3.1 Formalisation informatique d’une anesthésie
3.1.1 Formalisation médicale classique
3.1.2 Formalisation informatique par une grammaire formelle
3.2 Création d’une typologie d’événements basée sur l’expertise des soignants
3.2.1 Récolte des éléments d’expertise
3.2.2 Classification des événements
3.3 Génération de profils anesthésiques réalistes
3.3.1 Approche en deux étapes
3.3.2 Génération d’une séquence d’événements
3.3.3 Génération des séries temporelles
3.3.4 Validation des profils anesthésiques réalistes
3.3.4.1 Analyse de similarité
3.3.4.2 Analyse statistique
4 Similarité entre séries temporelles multivariées
4.1 Motivations pour une analyse comparative
4.2 Repères sur les mesures de dissimilarité entre séries temporelles
4.2.1 Approches Lock-step
4.2.2 Approches élastiques
4.2.3 Approches par transformées
4.2.4 Approches basées sur des features
4.3 Comparaison de neuf mesures de dissimilarité
4.3.1 Protocole expérimental
4.3.2 Résultats et principales conclusions
5 Simulation d’un patient virtuel basée sur des données
5.1 État de l’art
5.1.1 Simulation jointe de série temporelles et de séquences d’événements d’un patient virtuel
5.1.2 Raisonnement à base de cas
5.1.3 Score de similarité multivarié
5.1.4 Prédiction
5.2 Simulation par une approche par raisonnement à base de cas
5.2.1 Approche par raisonnement à base de cas
5.2.2 Définition d’un cas
5.2.3 Algorithmes
5.3 Recherche de patients similaires
5.3.1 Patient virtuel et cohorte de patients réels
5.3.2 Contexte et motif multivarié contextualisé
5.3.3 Pré-sélection des patients réels
5.3.4 Score de similarité multivarié
5.3.4.1 Similarité entre les séquences d’événements
5.3.4.2 Similarité entre les séries temporelles multivariées
5.4 Simulation du patient virtuel
5.4.1 Stratégies de prédiction
5.4.2 Évaluation de la qualité de la simulation
5.4.2.1 Protocole
5.4.2.2 Données expérimentales
5.4.2.3 Implémentation et paramétrage
5.4.2.4 Résultats
6 Représentations synthétiques
6.1 Représentation d’un ensemble de séquences d’événements par un graphe orienté
6.2 Construction de cohortes de profils anesthésiques
6.2.1 Partitionnement d’une cohorte de profils anesthésiques
6.2.1.1 Repères sur le clustering par cartes auto-organisées
6.2.1.2 Partitionnement d’une cohorte de profils anesthésiques par cartes auto-organisées
6.2.2 Critères estimatifs de la complexité d’un graphe
6.2.2.1 Critères sur les séquences
6.2.2.2 Critères sur les graphes
6.2.2.3 Expérimentation
6.2.3 Association de clusters de profils anesthésiques pour la constitution de sous-cohortes idéales
6.2.4 Application aux profils anesthésiques réalistes
6.3 Construction d’une représentation synthétique
6.3.1 Approche
6.3.2 Construction du graphe et association partielle des séquences similaires
6.3.2.1 Grammaire squelette
6.3.2.2 Alignement sur la grammaire
6.3.2.3 Construction du graphe
6.3.3 Traitement des séries temporelles, création de séries consensus et enrichissement des nœuds
6.4 Opportunités pour l’anonymisation de données
6.4.1 Repères sur l’anonymisation de données
6.4.2 Perspective pour des représentations synthétiques anonymisées de profils anesthésiques
7 Génération et simulation de scénarios d’apprentissage contextualisés
7.1 Les scénarios d’apprentissage contextualisés
7.1.1 Conditionnement du contexte médical
7.1.2 Altération du déroulement de la simulation dans un but pédagogique
7.1.2.1 Types d’altérations
7.1.2.2 Contrainte de crédibilité
7.2 Génération et simulation de scénarios à partir d’une représentation synthétique
7.2.1 Limites des modalités de simulation
7.2.2 Simulation d’un patient virtuel à partir d’une représentation synthétique
7.2.2.1 Approche à base de cas appliquée aux représentations synthétiques
7.2.2.2 Qualité de la simulation et performances
7.2.3 Altération d’une représentation synthétique
7.2.3.1 Modification des effets d’un événement
7.2.3.2 Inclusion d’événements et de déclencheurs
7.2.3.3 Modification des probabilités d’instanciation
7.3 Simulateur réactif
7.3.1 Contraintes
7.3.2 Construction du simulateur
7.3.2.1 Aspects fonctionnels
7.3.2.2 Interface
Conclusion
Éléments clefs
Perspectives
Bibliographie
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