GENERALITES SUR PLUTELLA XYLOSTELLA
Systématique
Le genre Plutella comprend une trentaine d’espèces dont les chenilles vivent sur les crucifères sauvages ou cultivées. L’espèce Plutella xylostella (Linné, 1758), appelée communément teigne des crucifères ou teigne du chou est l’espèce la plus connue de ce genre à cause de son importance économique. C’est la seule espèce du genre inféodée aux choux cultivés au Sénégal.
Elle a deux synonymes selon Balachowsky (1966) : Plutella maculipennis (Curtis) et Plutella cruciferarum (Zeller). Selon Moriuti (1986) elle a longtemps été appelée Plutella maculipennis (Curtis) avant d’acquérir son nom actuel. Elle appartient à la sous-famille des Plutellinae et à la famille des Hyponomeutidae. Hyponomeutidae et Tinaeidae appartiennent à la super famille des Tineoidea. Selon Delvare et Aberlenc (1986), les Yponomeutidae et les Plutellidae appartiennent à la super famille des Yponomeutoidea. Cette dernière diffère de celle des Tineoidea par la présence d’un scape antennaire formant une œillère large ou alors un palpe maxillaire formé de 5 segments, long et coudé chez les individus de cette dernière super famille. Roth (1980) considère que les familles Yponomeutidae et Plutellidae sont synonymes; elles appartiennent à la super famille des Tineoidea. Les Yponomeutidae seraient caractérisés par des ocelles absents ou réduits, un palpe maxillaire formé d’un ou de deux segments et des chenilles grégaires assemblant feuilles et tiges avec de la soie. Chez les Plutellidae, les ocelles sont absents ou réduits comme chez les Yponomeutidae mais le palpe maxillaire est formé de 3 ou 4 segments et les chenilles sont phyllophages (Delvare et Aberlenc, 1986). La position systématique adoptée actuellement est la suivante :
Embranchement : Arthropodes
Classe : Insectes
Ordre : Lepidoptera
Superfamille : Yponomeutoidea
Famille : Yponomeutidae
Sous-famille : Plutellinae
Genre : Plutella
Espèce : xylostella .
Origine et répartition géographique
L’insecte est originaire d’Europe occidentale et est aujourd’hui répandu dans le monde entier (Afrique australe et orientale, Afrique occidentale, Asie du sud-est, Amérique du nord, Amérique du sud et du centre, Océanie) Son extension s’est faite, en partie, avec l’importation de plants de crucifères infestés dans les différentes régions du globe (Balachowsky, 1966). Selon Kfir (1998), Plutella xylostella serait plutôt originaire de l’Afrique australe vu la richesse et la diversité de la faune de ses parasitoïdes ainsi que l’importance des espèces de Brassicacea indigènes dans cette région.
En Afrique, selon Risbec (1950), Plutella xylostella a été signalée pour la première fois en Gambie et au Cap par Druce en 1880. En 1902, De Joannis l’a découvert en Érythrée et en 1906, Vosseler l’a rencontré au Tanganyika (Tanzanie). C’est une espèce que l’on retrouve en Rhodésie (actuelle Zambie), au Nyassaland (actuel Malawi), au Soudan français (actuel Mali) et en Égypte. Ghesquière l’a capturé aussi au Congo belge (actuelle République Démocratique du Congo). Selon Balachowsky (1966), l’espèce est répandue dans toute l’Afrique du nord, en Afrique orientale et en Afrique du sud mais elle n’avait pas été observée en Afrique équatoriale et occidentale excepté au Sénégal, au Mali, aux îles de San -Thomé et de SainteHèlène. Des données de la F.A.O indiquent sa présence au Cap-vert, au Mali, au Sénégal, au Burkina Faso et au Tchad. Elle n’a pas été signalée en Guinée et en Guinée-Bissau (FAO, 1996). D’autres études ont indiqué sa présence en Ethiopie, au Canada, en Inde, au Bénin, en Australie, au Kenya, au Brésil, en Iran, à Singapour, en Finlande, Afrique du sud, en France, au Vietnam, en Afrique orientale, en Nouvelle Zélande et en Chine (Kirk et Bordat, 2004).
Description
L’adulte est un petit papillon de 11 à 16 mm d’envergure. Ses ailes antérieures sont étroites, allongées, asymétriquement arrondies à l’apex et finement frangées. La coloration de l’aile antérieure est brune – foncée ou brune – claire selon les individus sur les ¾ de sa largeur et blanc ivoire sur le ¼ dorsal (Planche I, Figure 5). Cette bande blanche est trisinuée sur sa longueur. Au repos, les ailes antérieures, étroitement repliées le long du corps, sont brunes latéralement et blanche dans la partie axiale. Dans cette position, les palpes érigés en avant ainsi que les antennes qui prolongent l’axe du corps, donnent au papillon une allure caractéristique. Les ailes postérieures sont raccourcies, étroites, de coloration gris ardoisé, finement frangées sur le bord inférieur et à l’apex. La tête est rougeâtre, les antennes claires, longues et fines et les pattes sombres (Bourdouxhe, 1983).
Les femelles attirent les mâles à l’aide d’une phéromone sexuelle (Chow, 1974; Maa,1986). Ces derniers aussi possèdent une phéromone pour la reconnaissance spécifique à courte distance (Chow et al., 1986). L’accouplement se fait dos à dos. Selon Balachowsky (1966), un même mâle peut s’accoupler trois fois alors que les femelles deviennent sexuellement non réceptives au bout d’un accouplement. La femelle pond en moyenne 160 œufs déposés soit isolément soit en groupe ne dépassant pas une dizaine d’unités sur les limbes foliaires (Betbeder – Matibet,1987). La ponte débute immédiatement après l’accouplement, en général dès le crépuscule mais elle atteint son maximum deux heures après le coucher du soleil. Après minuit, très peu d’œufs sont pondus; de même le nombre de ceux-ci se réduit considérablement durant les nuits qui suivent celles de l’émergence. Les œufs sont déposés le long des nervures principales ou secondaires du limbe (le plus souvent sur des feuilles déjà attaquées par des chenilles et autour des zones de morsures ou de nécrose). Sur le navet (Brassica napus), en pépinière, les œufs sont le plus souvent déposés sur les cotylédons que sur les feuilles. Lorsque la plante est volumineuse (chou pommé), la totalité de la ponte peut y être déposée (Uematsu, 1996). L’œuf est de forme elliptique et mesure 0,5mm x 0,25mm; sa coloration est claire légèrement citrine (Planche I, Figure 1). Le chorion est pourvu de zones à relief ondulé. Sa forme générale est aplatie, et la face inférieure plane, est intimement accolée à la plante hôte (Balachowsky, 1966). Gupta et Thorsteinson (1960) notent que certaines substances telles que le glucosinolate sulfuré ou ses métabolites et les allyles isothocyanates des crucifères agissent comme stimulants de l’oviposition. Ce qui n’est pas le cas chez les plantes présentant une carence en sulfures. Les chenilles se développent en passant par quatre stades larvaires . Leur calotte céphalique porte de nombreuses soies. Les segments thoraciques portent chacun une paire de courtes pattes articulées et terminées par une griffe. Ces segments portent également plusieurs soies dont la distribution varie d’un segment à l’autre et d’un stade à l’autre. Les 11 segments abdominaux dont les deux derniers sont soudés, portent plusieurs soies inégalement réparties : le segment anal porte une paire de fausses pattes terminées par une rangée de crochets dont le nombre varie avec le stade. Les 8 premiers segments abdominaux portent tous une paire de stigmates ovales.
Les chenilles du premier stade ou stade L1 sont très petites (<1mm) et peu mobiles. Elles sont de couleur grisâtre et leur taille maximale est de 1,7 mm. Elles s’enfoncent dans l’épiderme foliaire aussitôt après l’éclosion, traversent le tissu palissadique et atteignent le tissu lacuneux où elles s’alimentent durant le premier stade de leur vie (Planche I,). Les galeries creusées par ces jeunes larves sont allongées et mesurent 3 à 4 mm de long. Elles sont visibles à l’extérieur grâce à la zone de décoloration mais elles passent souvent inaperçues.
Celles du stade L2 mesurent 2 à 2,5mm de long. Selon, Bourdouxhe (1983), elles quittent la galerie pour vivre à l’extérieur, surtout à la face inférieure des feuilles (Planche I,). Elle sont minuscules, grises, à tête jaune et rongent l’épiderme superficiellement. Leur taille maximale est de 3,5mm (Appert et Deuse, 1988). Au stade L3, elles ont souvent une coloration jaune brune et une pilosité plus dense. La taille maximale des chenilles de ce stade est d’environ 7 mm en fin de croissance.
Les quatre stades larvaires de l’insecte sont des stades agressifs pour les plantes et contribuent à leur détérioration. Les dégâts engendrés sont :
• les mines du stade I
• les morsures fenestrées des stades II à IV (Planche I)
• les perforations du limbe au niveau de ces mêmes morsures
• les toiles de jeunes chenilles
• les abris larvaires formés à partir de replis foliaires (Balachowsky, 1966).
La nymphose se réalise à la face dorsale des feuilles parallèlement à la nervure médiane. La chrysalide est entourée par une maille lâche de soie blanche. Parfois le cocon est fixé sur les inflorescences (chou fleur). On le trouve principalement localisé au niveau du tiers inférieur, à proximité du coeur de la plante. Il est fusiforme, étroit allongé et mesure 10 mm. La chenille se transforme d’abord en prénymphe (Planche I, ) puis en nymphe. La chrysalide est du type obtecté. Elle est recouverte d’une cuticule de couleur verte qui brunit rapidement (Planche I, ). Sa taille est d’environ 6 à 8 mm (Balachowsky, 1966). Celle de nos échantillons est de 1 cm. La segmentation est bien visible sur la tête, le thorax et l’abdomen; mais ces trois parties sont entièrement soudées entre elles; seuls les derniers segments abdominaux sont mobiles. Les trois segments thoraciques sont cachés latéralement par les ailes. Comme chez les imagos, le prothorax est réduit tandis que le mésothorax est très développé. Les segments abdominaux sont bien délimités.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : GÉNÉRALITÉS, MATÉRIEL ET TECHNIQUES D’ÉTUDE
CHAPITRE I : GÉNÉRALITÉS SUR LES CRUCIFÈRES ET LA TEIGNE DU CHOU
1-GENERALITES SUR LES CRUCIFERES
1-1 Importance des Brassicaceae
1-2 Importance du chou
2 GENERALITES SUR PLUTELLA XYLOSTELLA
2-1 Systématique
2-2 Origine et répartition géographique
2-3 Description
2-4-1 Nourriture
2-4-2- Développement
2-5 Diapause et hibernation
2-6- Migrations
3- MÉTHODES DE LUTTE CONTRE PLUTELLA XYLOSTELLA
3-1 Utilisation de phéromones sexuelles
3-2 Contrôle cultural
3-3 Contrôle biologique
3-3-1 Utilisation d’hormones de croissance
3-3-2 Utilisation de produits naturels
3-3-3 Utilisation de parasitoïdes
3-3-4 Utilisation de prédateurs
3-4 Contrôle microbiologique
3-4-1 Utilisation de bactéries
3-4-2 Utilisation de virus
3-4-3 Utilisation de champignons
3-4-4 Utilisation de Nématodes
3-4-5 Utilisation de Protozoaires
3-5 Contrôle chimique
3-6 Lutte intégrée
4-ANTAGONISTES NATURELS DE PLUTELLA XYLOSTELLA
4-1 Parasitoïdes
4-2. Prédateurs
4-3 Micro-organismes pathogènes
4-3-1 Virus
4-3-2 Champignons
4-3-3 Bactéries
4-3-4 Nématodes
MATERIEL ET METHODE
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODE
1 CADRE GEOGRAPHIQUE
1-1 Localisation
1-2 Facteurs édaphiques
1-2-1 Le sous-sol
1-2-2 Hydrographie et formations aquifères
1-2-3 Le sol
1-3 Facteurs climatiques
1-4 Végétation
2 METHODOLOGIE
2-1 Enquêtes
2-2 Échantillonnages
2-3 Étude au laboratoire
2-3-1 Elevage
2-3-2 Etude descriptive
2-3-3 Etude dynamique
DEUXIEME PARTIE : RÉSULTATS ET DISCUSSIONS
CHAPITRE I : RÉSULTATS DES ENQUÊTES
1 OBSERVATIONS
1- 1 Caractéristiques démographiques
1-2 Mode d’acquisition des terres
1-3 Superficies cultivées
1-4 Matériel et Techniques culturales
1-5 Insecticides utilisés
1-6 Approvisionnements en intrants et Commercialisation des récoltes
2 DISCUSSION
CHAPITRE II : DESCRIPTION DES PARASITOÏDES DE PLUTELLA XYLOSTELLA
1- APANTELES LITAE ET COTESIA PLUTELLAE
1-1 Description
1-2 Discussion
2- OOMYZUS SOKOLOWSKII, HOCKERIA SP. ET BRACHYMERIA CITREA
2-1 Description
2-1-1 Oomyzus sokolowskii
2-1-2 Hockeria sp.
2-1-3 Brachymeria citrea
2-2 Discussion
3 CONCLUSION
CHAPITRE III : PLUTELLA XYLOSTELLA ET SON ÉVOLUTION SPATIO – TEMPORELLE
1 RÉSULTATS GLOBAUX
1-1 Stades préimaginaux récoltés
1-2 Taux moyens d’émergence des imagos de Plutella xylostella
1-3 Mortalité des stades préimaginaux
2 DYNAMIQUE DES POPULATIONS P. XYLOSTELLA
3 DISCUSSION
3-1 Stades préimaginaux récoltés
3-2 Emergences des imagos de Plutella xylostella
3-3 Mortalité des stades préimaginaux
3-4 Dynamique des populations de P. xylostella
CHAPITRE IV : PARASITISME ET DYNAMIQUE DES PARASITOÏDES DE PLUTELLA XYLOSTELLA
1. PARASITISME
1-1 Parasitisme global
1-2 Parasitisme spécifique
1-2-1 Taux de parasitisme dû à Oomyzus (=Tetrastichus) sokolowskii
1-2-2 Taux de parasitisme dû à Apanteles litae
1-2-3 Taux de parasitisme dû à Brachymeria citrea et Hockeria sp.
1-2-4 Taux de parasitisme dû à Cotesia plutellae
2. DYNAMIQUE DES PARASITOÏDES
3 DISCUSSION
3 -1 Parasitisme
3-1-1 Parasitisme global
3-1-2 Parasitisme spécifique
3-2 Dynamique des parasitoïdes
CONCLUSION