L’armée peut être définie comme étant un ensemble de troupes régulières, une organisation structurée d’hommes et de femmes chargée d’assurer les opérations défensives ou offensives d’un Etat (KEBE, 2015). Dès lors, pour qu’elle puisse bien mener sa mission, une armée doit disposer de tous les moyens nécessaires et surtout de ressources humaines compétentes et en nombre suffisant. Ainsi, au Sénégal, l’armée enrôle chaque année environ trois mille six cents (3600) jeunes âgés de 19 à 22 ans aptes pour servir volontairement dans les différentes unités de réserves générales ou les services. Cependant, deux ans après, elle déverse dans la vie civile plus de 95 % des effectifs incorporés. Radiés des contrôles, ils retournent à leurs foyers respectifs et sont livrés à eux-mêmes dans un environnement socioéconomique difficile où règnent chômage et précarité (SENE, 2015).
Par ailleurs, à ce nombre important de jeunes du contingent libérés, s’ajoute le nombre élevé de jeunes retraités. En effet, chez les militaires du rang et les sous-officiers, l’âge fixé pour le départ à la retraite est précoce. Ainsi, des milliers d’hommes et de femmes, valides et prêts à servir de nouveau leur pays, quittent chaque année l’armée. Partant du principe que « nul ne doit être laissé à la porte de la cité » comme disait l’écrivain humaniste PEGUY (cité par MOREL, 2010), il se pose dès lors le problème de leur accompagnement pour leur réinsertion socioprofessionnelle dans la vie civile.
GENERALITES SUR L’INSERTION ET LA REINSERTION
Définitions de quelques termes
Insertion
BARREYRE et PEINTRE (2004) donnent l’origine étymologique du mot insérer du latin « inserere », qui signifie en français « introduire dans ». LORIOL (1999) pour sa part, cite DURKHEIM pour définir le concept d’insertion : « un groupe ou une société sont intégrés quand leurs membres se sentent liés les uns aux autres par des croyances, des valeurs, des objectifs communs, le sentiment de participer à un même ensemble sans cesse renforcé par des interactions régulières ». Selon NICOL-DREANCOURT (1991), l’insertion couvre l’ensemble des rapports de la personne avec son environnement social. Être inséré signifie avoir une place, être assuré de positions sociales différenciées et reconnues (statut, rôles, etc.). Le concept d’insertion est indissociable du concept de socialisation car pour être inséré, l’être humain doit intérioriser un ensemble de valeurs, de normes, de règles communes. Il existe la socialisation primaire (au sein du cercle familial) et la socialisation secondaire (au sein de l’espace scolaire, professionnel et au fil des divers échanges avec autrui). Ces processus de socialisation permettent à l’individu de trouver sa place dans la société, d’être inséré socialement. D’après l’Index International et Dictionnaire de la Réadaptation et de l’Intégration Sociale (IIDRIS), l’insertion sociale est « l’action visant à faire évoluer un individu isolé ou marginal vers une situation caractérisée par des échanges satisfaisants avec son environnement. C’est aussi le résultat de cette action, qui s’évalue par la nature et la densité des échanges entre un individu et son environnement ».
Réinsertion
La réinsertion est l’action d’insérer à nouveau. La réinsertion sociale est le fait d’insérer quelqu’un à nouveau dans la société, dans la vie professionnelle, dans une communauté, dans un groupe. Il s’agit d’une réadaptation, d’une réhabilitation. C’est un état que connaissent ceux qui ont vécu une certaine forme de désinsertion dans une ou l’autre des sphères de leur vie, soit dans les sphères psycho-relationnelle, socioprofessionnelle et sociocommunautaire, et qui s’engage dans une démarche d’autonomie (BOIVIN et MONTIGNY, 2002).
Société
Selon MAQUET (1970), une société est un réseau des groupes majeurs en interconnexion et envisagé comme une unité qui protège une culture commune. Quel que soit le domaine où l’on se situe, une société, suppose un groupe des personnes conscientes de leur communauté unies par de multiples relations, exerçant des activités de diverses natures, visant plusieurs objectifs dont la principale est son maintien.
Militaire
Un militaire est un membre des forces armées « régulières », c’est-à-dire d’une institution de défense d’un Etat. On emploie également le terme soldat lorsqu’il s’agit d’un combattant, le terme « mercenaires » étant réservé aux combattants recrutés sans statut particulier le temps d’un conflit ou même d’une opération. Les forces militaires sont constituées :
– de personnels sous contrat, volontaires qui ont choisi de s’enrôler pour une durée déterminée ;
– de personnels enrôlés par l’Etat par devoir civique, dans le cadre de la conscription;
– de personnels de carrière (il s’agit en général des sous-officiers et officiers) ;
– éventuellement, en cas de troubles et de conflit, de personnels enrôlés sous la contrainte de la mobilisation, sélective ou générale.
Diagnostic
Le diagnostic est un terme emprunté du jargon médical et qui désigne l’identification d’une maladie par ses symptômes. Mais le terme a connu un glissement de sens pour indiquer au sens courant, l’évaluation d’une situation donnée. Il existe plusieurs types de diagnostic : diagnostic financier, diagnostic juridique, diagnostic sécuritaire, diagnostic environnemental, diagnostic organisationnel, etc. Mais quel que soit le type de diagnostic, il permet d’expliquer une situation ou une problématique quelconque en repérant et analysant les interrelations et leurs impacts entre les différents éléments constitutifs de la problématique (KA, 2011).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES ASPECTS SOCIAUX, ECONOMIQUES ET POLITIQUES LIES A L’INSERTION ET A LA REINSERTION
CHAPITRE I : GENERALITES SUR L’INSERTION ET LA REINSERTION
1. Définitions de quelques termes
1.1. Insertion
1.2. Réinsertion
1.3. Société
1.4. Militaire
1.5. Diagnostic
2. Historique des termes « insertion » et « réinsertion »
3. Importance
3.1. Importance socio-professionnelle
3.2. Importance économique
CHAPITRE II : ASPECTS SOCIO-ECONOMIQUES ET POLITIQUES LIES A L’INSERTION
1. Différentes approches de l’insertion
1.1. Insertion professionnelle
1.2. Insertion sous sa connotation sociale
1.3. Insertion comme « réinsertion »
1.4. Insertion comme action de dynamisation personnelle et psychologique
1.5. Insertion comme trajectoire
1.6. Insertion comme dimension globale
2. Contexte sociodémographique et macroéconomique mondial
3. Politiques et dispositifs d’insertion professionnelle et de création d’emplois : exemple du Sénégal
3.1. Instruments de financement de l’emploi des jeunes
3.1.1. Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP)
3.1.2. Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques (FONSIS)
3.1.3. Banque Nationale pour le Développement Economique (BNDE)
3.2. Institution de promotion de l’emploi des jeunes
3.3. Projet d’Appui à l’Amélioration de l’Emploi des Jeunes et des Femmes (PAPEJF)
CHAPITRE III : REINSERTION DANS SES ASPECTS SOCIOECONOMIQUES
1. Causes de l’exclusion et parcours d’insertion
2. Stratégies utilisées en réinsertion et champs d’application de politiques de réinsertion
2.1. Stratégies utilisées en réinsertion
2.1.1. Réinsertion par la formation
2.1.1.1. Modèle japonais à « transition directe »
2.1.1.2. Modèle allemand à « transition régulée »
2.1.1.3. Modèle français à « transition décalée »
2.1.1.4. Modèle américain à « transition dérégulée »
2.1.2. Réinsertion par l’activité économique
2.1.3. Réinsertion par l’activité sportive
2.2. Champs d’application de politiques de réinsertion
2.2.1. Réinsertion en milieu carcéral
2.2.2. Réinsertion sociale en toxicomanie
2.2.3. Autres
3. Cas particulier de la réinsertion dans les forces armées
3.1. Généralités sur la réinsertion des militaires
3.2. Exemple des politiques de reconversion et de mobilité dans l’armée française
3.2.1. Politiques de reconversion
3.2.1.1. Dispositifs d’accès à la fonction publique civile
3.2.1.2. Dispositifs d’aide au départ
3.2.2. Politiques de mobilité
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : PRESENTATION DU CADRE D’ETUDE : L’ARSM
1. Contexte de création de l’ARSM
2. Cadre réglementaire de l’ARSM
3. Organigramme de l’ARSM
3.1. Conseil de surveillance
3.2. Direction générale
3.2.1. Directeur général
3.2.2. Cabinet
3.2.3. Directeur général adjoint
3.2.4. Contrôleur interne de gestion
3.3. Agent comptable
3.4. Direction de l’administration générale
3.5. Direction des projets
3.6. Direction de la reconversion
3.7. Autre services
4. Missions de l’agence
4.1. Missions générales
4.2. Missions spécifiques
5. Objectifs de l’agence
6. Cibles prioritaires de l’agence
7. Stratégies mises en œuvre pour l’atteinte des objectifs
7.1. Activités de la direction de la reconversion
7.2. Activités de la direction des projets
7.2.1. Agriculture et Elevage
7.2.2. Accompagnement d’entités économiques
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES
1. Matériel
1.1. Outils de collecte de données
1.1.1. Guides d’entretien
1.1.2. Questionnaire
1.2. Outils de traitement et de présentation des données
2. Méthodes
2.1. Période d’étude
2.2. Identification de la cible
2.3. Echantillonnage
2.4. Différentes enquêtes menées
2.4.1. Enquêtes exploratoires
2.4.2. Enquêtes formelles
2.4.3. Enquêtes « informelles »
2.5. Traitement et présentation des données
2.6. Difficultés rencontrées
CHAPITRE III : RESULTATS, DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
1. Résultats
1.1. Description des politiques de réinsertion de l’ARSM
1.1.1. Politique de reconversion
1.1.1.1. Information et orientation
1.1.1.2. Formations
1.1.1.3. Placements
1.1.2. Politiques de production
1.1.2.1. Fonction de direction
1.1.2.2. Fonction de production
1.1.2.2.1. Production
1.1.2.2.2. Transformation
1.1.2.2.3. Conservation / Distribution
1.1.2.3. Fonction commerciale / de communication
1.1.3. Politiques d’accompagnement des groupements
1.2. Appréciation des résultats obtenus par les groupements accompagnés en 2017 et de la viabilité de leurs activités
1.2.1. Formes juridiques des groupements
1.2.2. Fonctionnement interne des groupements
1.2.3. Nature et qualité de l’accompagnement de l’ARSM
1.2.4. Rentabilité et viabilité des activités des groupements
1.3. Diagnostic stratégique
2. Discussion
2.1. Critique de la méthodologie
2.1.1. Par rapport aux outils de collecte de données
2.1.2. Par rapport à la cible et à l’échantillonnage
2.2. Discussion des résultats
2.2.1. Politiques de réinsertion de l’ARSM
2.2.1.1. Politiques de reconversion
2.2.1.1.1. Information et orientation
2.2.1.1.2. Formation
2.2.1.1.3. Placements
2.2.1.2. Politiques de production
2.2.1.2.1. Production végétale
2.2.1.2.2. Production animale
2.2.1.2.3. Transformation
2.2.1.2.4. Conservation / Distribution
2.2.2. Politiques d’accompagnement des entités économiques
3. Recommandations
3.1. Recommandations générales
3.2. Recommandations spécifiques
3.2.1. Direction de la reconversion
3.2.2. Direction des projets
CONCLUSION