Généralités sur l’identifiation humaine

L’odontologie légale est une branche des sciences médico-légales qui fournit des informations d’appui aux décisions de justice, notamment en ce qui concerne l’identification humaine [7, 40]. En effet environ 70% des identifications effectuées dans le monde en cas de catastrophes de masse ont été confirmés par l’odontologie légale [19]. Dès lors l’identification humaine par l’étude des dents a ainsi pris une importance prépondérante au fil des années, au point de constituer à côté des empreintes génétiques et digitales les éléments d’identification primaire. Les dents sont connues pour être les organes les plus durables et résistants du corps humain, capables de supporter des températures très élevées et le processus de décomposition cadavérique. Ainsi l’analyse approfondie de certaines de leurs caractéristiques peuvent aider à la reconstruction du profil biologique médico-légal d’individus inconnus. En effet les éléments dentaires permettent d’estimer l’âge, le groupe ethnique et le sexe [69]. La détermination du sexe est d’une importance primordiale dans les cas où son identification visuelle du est impossible. Bien que certaines des caractéristiques dentaires puissent changer au cours de la vie, les particularités anatomiques, les actes de soins (extraction chirurgicale, soins d’orthodontie, restaurations prothétiques) fournissent des données spécifiques pour des comparaisons ante et post mortem. Des études odontométriques, qui incluent des mensurations des diamètres mésio-distaux et vestibulo-linguaux de certaines dents permanentes ont montré des différences statistiquement significatives entre hommes et femmes. [1, 59].

IDENTIFICATION COMPARATIVE ET ESTIMATIVE 

Définition

Identifier une personne, c’est établir avec certitude son état civil, autrement dit, reconnaitre un ensemble de caractère (essentiellement physique) qui lui est propre. Nous pouvons toutefois emprunter la définition du DR PENNEFORTE, selon qui «identifier une personne, c’est la reconnaitre, c’est-à-dire acquérir par la comparaison d’indices recueillis sur elle, avec des renseignements acquis antérieurement, la certitude de l’identité de cette personne». Pour PIEDELIEVRE «identifier une personne, un cadavre, c’est rechercher les indices médico-légaux suffisamment solides pour être comparés aux caractères physiques connus, d’un individu disparu » [54]. Ainsi l’identification est l’ensemble des moyens qui vont rendre son identité à un individu, qu’il soit vivant ou mort.

Historique

Il faut retourner 49 ans avant J.-C. pour relater la première utilisation des caractéristiques dentaires dans l’identification de personne. À cette époque, il n’était pas rare de voir, pour prouver la mort d’une personne, les soldats couper la tête de leur victime et la rapporter aux dirigeants du pays. L’histoire indique qu’Agrippina, nouvelle femme de l’empereur de Rome Claudius, ordonna à son armée d’aller tuer l’ex-femme de l’empereur et de lui ramener sa tête. Au retour de l’armée, Agrippina eut de la difficulté à établir une bonne identification car le visage de la victime avait subi beaucoup de distorsion. Agrippina se rappela, par la suite, de la dentition très caractéristique de sa victime et en arriva à son identification.

Même si la technique utilisée n’était pas très élaborée et manquait de rigueur scientifique, ce cas est un bon exemple de l’utilisation potentielle de la dentisterie au niveau médico-légal [16,39]. Certains écrits donnent le titre de «pionnier de l’Odontologie Médico-légale» au Dr Paul Revere, dentiste et lieutenant-colonel de l’armée du Massachusetts, étant donné qu’il est probablement le premier dentiste, selon la littérature, à avoir effectué une identification dentaire. C’est grâce à un bridge, fait pour un collègue médecin retrouvé mort lors de la révolution américaine, qu’il a pu établir sa première identification [16, 44]. Par la suite, on attribua le titre de «Père de l’Odontologie Médico-légale» au Dr Louis Oscar Amoëdo Y Valdes. Il est reconnu pour être le «créateur» de l’odontologie légale en France. Il apporta beaucoup au domaine, lors de sa participation à l’identification de corps dans la tragédie du «Bazar de la charité» en 1897, où 126 personnes périrent [5]. L’identification des personnes est une préoccupation remontant à l’Antiquité (1600 av J-C). En effet, à l’époque des Romains, le corps d’un sujet non identifié était exposé publiquement et tout citoyen avait le droit de donner son avis sur son identité et/ou la cause de son décès. Dans nos sociétés actuelles, un individu dépourvu d’identité ne possède aucune existence légale, lui rendre son identité est donc une nécessité :
➤ d’un point de vue moral afin de favoriser un travail de deuil par les proches.
➤ d’un point de vue civil pour permettre toutes les procédures administratives (Succession, assurances, remariage…).
➤ d’un point de vue judiciaire car l’identité, les causes et les circonstances du décès (accident, meurtre, suicide, mort naturelle…) doivent être recherchées.

Lors de la découverte d’un squelette humain, mais aussi lors d’une catastrophe de masse, il est donc nécessaire, pour ces raisons, de redonner une identité à l’individu. Selon les données initiales et la présomption de l’identité ou pas du cadavre, l’identification sera guidée vers un procédé comparatif ou estimatif .

Identification comparative

C’est le résultat positif d’une comparaison entre des constatations dentaires postmortem fournies par un examen de la bouche et des renseignements dentaires ante-mortem relatifs à une personne disparue. Ces renseignements peuvent être fournis par un dossier dentaire, des photographies de la bouche, des radiographies dentaires et crâniennes, des moulages en plâtre, des empreintes des crêtes palatines, par la traçabilité d’éventuelles prothèses dentaires ou implants et même par les reliefs labiaux. Elle est mise en œuvre chaque fois que l’identité sera présumée ou connue et que l’on disposera d’éléments ante-mortem précis. Ainsi, ces indices (dossier dentaire, photo, empreinte…) pourront être comparés aux éléments post-mortem issus de l’autopsie ou de l’analyse squelettique. Elle permet d’aboutir à une identification certaine et positive ou au contraire à une exclusion d’identité.

Examen dentaire post-mortem

L’examen odontologique en identification humaine s’intègre dans le cadre d’un travail pluridisciplinaire au sein de l’équipe médico-légale. L’examen odontologique intervient après les empreintes digitales et l’examen thanatologique. Le dentiste légiste (odontologiste) participe à la préservation et au recueil des indices dentaires pouvant conduire à une identification absolue.

L’examen dentaire post-mortem consiste à élaborer un odontogramme qui permet de faire une comparaison avec les données anté-mortem existantes.

Dossiers ante mortem (AM)

C’est avant tout aux autorités policières que revient la tâche de rechercher les dossiers AM d’une victime. Elles ont en effet accès à des listes de personnes disparues sur le plan régional, national et international. Il existe souvent des indices qui permettent de présumer une identité et d’effectuer les recherches nécessaires:  un porte-monnaie, un permis de conduire, des vêtements, des affaires personnelles, des informations médicales ou dentaires, etc. En recherchant un dossier bucco dentaire, on peut faire appel aux [16]:
➤ médecins-dentistes (omnipraticiens, orthodontistes, etc.),
➤ hôpitaux et cliniques,
➤ instituts dentaires,
➤ assureurs,
➤ services sociaux,
➤ familles / connaissances / collègues de travail,
➤ dossiers médicaux et
➤ radiologues.

Comparaison des données ante mortem (AM) et post mortem (PM)

L’identification repose sur la comparaison d’éléments AM avec des éléments PM. Le premier principe de base d’un examen odontostomatologique médico-légal est que tout traitement des tissus dentaires laisse des traces indélébiles. Le second principe est que toute perte de tissu ante mortem plus importante qu’une perte de tissu post mortem constatée constitue un facteur d’exclusion.

La comparaison des données s’effectue le plus souvent sur la base des éléments enregistrés sur les odontogrammes [22].

Odontogramme

L’odontogramme ou fiche dentaire est un schéma, qui visualise les arcades dentaires d’un patient, sur lequel le praticien va noter les soins ou les prothèses qu’il effectue. La représentation peut être schématique, graphique et/ou anatomique ou numérique. Elle est associée à une nomenclature. Un odontogramme est exploitable sur le plan médico-légal s’il est rédigé de manière claire (sous forme de dessin ou de code), lisible, actualisable et d’accès facile.

Comparaisons dentaires 

Elle consiste à identifier un individu vivant ou mort grâce aux particularités de son schéma dentaire. Comme l’écrit le DR F. Montagne-Lainé : «L’unicité de la formule dentaire de chaque individu, résultant de particularités anatomiques, de pathologies, de l’existence éventuelle de soins ou de travaux prothétiques implique que la formule dentaire de chaque individu constitue une véritable carte d’identité anatomique de celui-ci». Ainsi chaque être humain est différent et potentiellement identifiable grâce à ses dents. L’odontologiste médico-légal va chercher toutes les anomalies ou variations anatomiques présentes en bouche qui constitueront les indices pour l’identification du cadavre. Ces anomalies sont considérées comme des signes positifs. Elles portent sur le nombre, la forme, le volume, la position, la structure et la couleur des dents. Il doit s’intéresser aussi aux indices thérapeutiques qui caractérisent une personne. Ce sont les soins conservateurs, les soinsendodontiques, les soins prothétiques, la chirurgie et l’implantologie. Il doit discerner les indices pathologiques qui sont des manifestations pathologiques buccodentaires non soignées. Ce sont les lésions carieuses, les parodontopathies et les traumatismes dentaires. La découverte d’un cadavre humain représente un événement judiciaire très important qui déclenche toujours l’action du parquet. Le corps du défunt est alors considéré comme une pièce à conviction dont l’examen minutieux est confié à un médecin et à une équipe d’enquêteurs. C’est l’étape de la levée du corps qui comprend :
➤ l’examen des lieux et des choses qui consiste à fixer l’état des lieux par des photographies et un plan détaillé. Il permet également de chercher et de relever tout indice pouvant éventuellement expliquer la nature du décès.
➤ l’examen des vêtements et de leur contenu qui nous renseigne sur des indices judiciaires (taches, traces, perforations, déchirures) et peut nous donner des indices relatifs à l’identité.
➤ l’examen externe du corps qui peut nous renseigner sur le diagnostic et la forme médico-légale de la mort, mais aussi sur l’identité (empreinte digitale, âge, sexe, corpulence, cicatrice, tatouage).

Une fois la levée du corps effectuée, le cadavre du défunt est transféré à l’institut médico-légal (IML) pour satisfaire à l’autopsie. Celle-ci permet de confirmer les causes de la mort et d’effectuer les prélèvements nécessaires à la suite de l’enquête (sang, urines, bol alimentaire, toxicologie). Des analyses complémentaires comme celles des cheveux ou des ongles peuvent être effectuées. Dans certains cas, le prélèvement des pièces céphaliques peut s’avérer nécessaire, notamment pour l’étude des morsures ou pour l’identification par reconstruction faciale. Des examens complémentaires (radiographies, scanners…) peuvent être demandés, permettant ainsi l’accès à de nouvelles données pouvant favoriser l’identification (lésions ou anomalies osseuses, antécédents de fracture, odontogramme). Une fois tous les éléments réunis, le protocole d’identification peut être mis en œuvre.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GÉNÉRALITÉS SUR L’IDENTIFIATION HUMAINE
I. IDENTIFICATION COMPARATIVE ET ESTIMATIVE
1.1. Définition
1.2. Historique
1.3. Identification comparative
1.3.1. Examen dentaire post-mortem
1.3.1.1. Dossiers ante mortem (AM)
1.3.1.2. Comparaison des données ante mortem (AM) et post mortem (PM)
1.3.1.2.1. Odontogramme
1.3.1.3. Comparaisons dentaires
1.4. Identification estimative
1.4.1. Détermination de l’espèce
1.4.2. Détermination de l’origine ethnique
1.4.4. Détermination du sexe
1.4.4.1. Méthode biologique
1.4.4.2. Méthodes avancées
1.4.4.2.1. ADN Pulpaire
1.4.4.2.2.Structure de l’ADN
1.4.4.2.3. ADN et identification
1.4.4.2.4. ADN mitochondrial
1.4.4.3. Méthodes visuelles ou cliniques
1.4.4.3.1. Méthodes odontométriques
1.4.4.3.2. Etude de Schranz et Bartha
1.4.4.3.3. Méthode de Fronty
1.4.4.3.4. Méthode de Bequain
1.4.4.3.5. Méthode de Dimodent
1.4.4.4. Méthodes mixtes
1.4.4.4.1. Méthode d’Aitchison
1.4.4.4.2. Méthode de Pennaforte
1.4.4.4.3. Méthode de Rao et al
DEUXIEME PARTIE : APPLICABILITÉ DE LA MÉTHODE DE RAO ET AL POUR L’ESTIMATION DU SEXE
I. JUSTIFICATION ET OBJECTIFS
II. MATERIELS ET METHODES
2.1. Cadre et population d’étude
2.2. Type d’étude
2.3. Échantillonnage
2.4. Critères d’inclusion
2.5. Critères non inclusion
2.6. Procédure de collecte
2.6.1. Prise d’empreinte et traitement des modèles
2.6.2. Mensurations
2.7. Analyse statistique
III. RESULTATS
3.1. Données sociodémographiques
3.2. Données odontométriques
3.2.1. Mesure de la distance inter-canine
3.2.2. Mesure du diamètre mésio-distal
3.2.3. Indice canin mandibulaire (MCI)
3.3. Prédiction sexuelle
IV. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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