Les centres de santé, qu’ils soient locaux ou de référence doivent se montrer à la hauteur des tâches qu’ils sont partout censés accomplir et qui consistent essentiellement à résoudre 80% ou plus des problèmes de santé qui affectent la population. On se pose souvent des questions sur le travail accompli par les centres de santé, en particulier ceux qui sont les mieux pourvus dans chaque pays.
Les centres de santé, en tant qu’agents de soins de santé primaires, sont censés couvrir toute la population sans considération de position sociale. Ils doivent aussi promouvoir la santé dans la zone environnante en s’efforçant, par une coopération intersectorielle efficace et la participation de la communauté, d’améliorer les diverses composantes à la base d’une communauté saine et d’un environnement salubre : alimentation, éducation, toit, assainissement, loisirs et communication.
GENERALITES SUR L’EVALUATION ET LA MESURE DES ACTIVITES DE SANTE
EVALUATION DE L’ACTION DE SANTE
La médecine moderne et le système de santé construit autour d’elle sont de nos jours observés d’un œil critique de l’extérieur comme de l’intérieur. De l’extérieur, les critiques sont faites par des philosophes comme Foucault, des sociologues comme Illick et surtout par des financiers qu’inquiète la spirale des coûts. De l’intérieur, les critiques sont formulées par les épidémiologistes qui tempèrent le triomphalisme ambiant par des questions ou des observations troublantes sur l’efficacité de la médecine sur la santé de la population. Aussi, est-il devenu important de procéder périodiquement à une évaluation des activités accomplies afin de combler dans la mesure du possible les failles identifiées.
Une activité d’évaluation peut avoir deux aspects temporels : ou bien il s’agit d’une action ponctuelle (assessment) visant à faire une photographie du système étudié ; tel est le cas de la plupart des évaluations de recherche, ou de certaines enquêtes. Ou bien au contraire, l’analyse et l’évaluation sont permanentes (monitoring) : ce contrôle vise grâce à une rétroaction à un pilotage du système.
Les divers types d’évaluation dans le domaine de la santé
On peut distinguer deux grandes catégories d’évaluation : l’évaluation des programmes et l’évaluation des institutions.
Evaluation des programmes de santé
• Un programme de santé est selon l’OMS « un ensemble organisé d’activités mettant en œuvre des moyens identifiés et mesurables en vue d’arriver à un ou des résultats définis et mesurables pour une population déterminée ».
• Tout programme de santé a une composante volontariste, avec une définition d’objectifs, un calendrier, une mise en œuvre des moyens appropriés.
Evaluation institutionnelle
• Une institution de santé est une structure fonctionnelle plus ou moins clairement définie, censée rendre à la population qu’elle dessert spécifiquement des services, eux aussi plus ou moins bien définis. Un hôpital, une clinique, un centre de santé sont dans ce sens des institutions de santé.
• L’évaluation du système institutionnel de santé peut se faire à divers niveaux d’agrégation :
i) Au niveau le plus élevé
les statistiques sanitaires globales peuvent donner une idée de la santé de la population et mettre en évidence les points où le système de santé est défaillant, dans ses dimensions curatives ou préventives.
ii) Au niveau inférieur
on peut s’interroger sur la place respective des grands secteurs de soins : le secteur de première ligne, le secteur hospitalier etc.
iii) A un niveau encore plus bas
On peut essayer d’apprécier le fonctionnement d’un établissement, un hôpital par exemple. Satisfait-il aux normes requises ou souhaitables quant à son équipement? Répond-il aux besoins de la population qu’il est censé desservir ?
iv) A l’intérieur de l’hôpital
Ce peut être le service ou l’unité fonctionnelle qui est l’objet de l’investigation. Quels malades le fréquentent, comment sont-ils soignés, pour quels résultats, à quel prix ?
v) Au niveau inférieur
Ce peut être une procédure diagnostique, une procédure thérapeutique, ou encore la compétence collective ou individuelle de médecins ou d’infirmières ou de techniciens.
Parallèlement à cette hiérarchie dans le système de soins, on peut placer une hiérarchie des « bénéficiaires » du système de soins :
• Individu donné
• Un groupe d’individus, ayant en commun un contexte pathologique donné.
• La population utilisant effectivement une institution.
• La population desservie théoriquement par cette institution.
Procédures d’évaluation
La mesure des résultats des activités suppose une méthodologie précise. Celle-ci est incomplètement comme et de nombreuses recherches se font en ce moment.
Utilité, efficacité
Une première distinction s’impose : l’efficacité en terme de santé d’un processus de soins ou d’une procédure médicale peut s’apprécier à deux niveaux : celui des individus malades auxquels ils sont appliqués ; celui de la population à laquelle ils appartiennent. Un comité d’experts de l’OMS a proposé d’utiliser le vocabulaire suivant :
i) L’utilité d’une procédure (efficacy)
Elle réside dans les avantages qu’elle présente, pour les individus qui ont subi la procédure (diagnostique, thérapeutique, préventive) considérée.
ii) L’efficacité (effectivences) d’une procédure
Elle réside dans les avantages qu’en retire la population, soit celle qui fréquente effectivement l’institution, soit celle qui est desservie par l’institution. L’importance de distinguer ces deux concepts tient au fait qu’une procédure très utile peut n’être que médiocrement efficace dans la mesure où :
– l’accessibilité à cette procédure est faible (peu de gens l’utilisent, quelle qu’en soit la raison),
– une augmentation de l’incidence de la maladie camoufle les progrès de la thérapeutique,
– aucun des obstacles précédents n’existe, mais les patients ne suivent pas convenablement leur traitement.
C’est ainsi que l’on connaît des traitements « utiles » de l’hypertension dont on a tout lieu de penser, à la suite d’essais cliniques contrôlés, qu’en faisant baisser la pression artérielle, ils allongent la survie et diminuent l’incidence des complications. Toutefois, le traitement est beaucoup moins « efficace » dans la mesure où de nombreux malades renoncent à poursuivre indéfiniment leur traitement.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR L’EVALUATION ET LA MESURE DES ACTIVITES DE SANTE
1. EVALUATION DE L’ACTION DE SANTE
1.1. Les divers types d’évaluation dans le domaine de la santé
1.1.1. Evaluation des programmes de santé
1.1.2. Evaluation institutionnelle
1.2. Procédures d’évaluation
1.2.1. Utilité, efficacité
1.2.2. Mesure de la santé
2. MESURE DES ACTIVITES DE SANTE
2.1. Comment mesurer le travail accompli
2.1.1. L’audit médical
2.1.2. La méthode d’observation
2.1.3. Utilisation de normes
2.1.4. Algorithmes
2.1.5. Mesure du travail accompli d’après les résultats
2.2. Organisation de la surveillance et de l’évaluation du travail accompli dans le domaine
2.2.1. Indicateurs pour la surveillance et l’évaluation
2.2.2. Evaluation et assurance de la qualité
DEUXIEME PARTIE : ETUDE DES ACTIVITES DE SOINS AU CSB2 D’ISOTRY CENTRAL
1. CADRE D’ETUDE
1.1. Le CSB2 d’Isotry Central
1.1.1. Le personnel
1.1.2. Organisation du CSB2
1.2. Le secteur sanitaire
1.2.1. Carte sanitaire
1.2.2. Démographie
1.2.3. Autres formations sanitaires
2. METHODOLOGIE
2.1. Méthode d’étude
2.2. Les paramètres d’étude
3. RESULTATS
3.1. Situation du personnel
3.2. Calendrier de consultations
3.3. Consultations et ordonnances
3.4. Ordonnances prescrites et ordonnances servies
3.5. Types de médicaments
3.6. Résultats d’audit pour les consultations externes
3.7. Résultats d’audit pour les médicaments
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES, DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
1. COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS
1.1. Méthodologie
1.2. Les consultations externes
1.3. Les médicaments
2. SUGGESTIONS
2.1. Une meilleure organisation des activités de consultations
2.2. Renforcement du système de gestion des médicaments
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE