Le Sénégal a connu ces dernières années un véritable accroissement démographique qui a entraîné une augmentation de la consommation en protéine animale. Le secteur de la pêche qui fournissait une bonne part de cette demande connaît actuellement une crise et n’assure plus une production suffisante à la population. Ainsi beaucoup de consommateurs plus aisés surtout dans la capitale se tournent vers la viande. La région de Dakar à elle seule consomme les deux tiers de la production de viande du pays et concentre l’essentiel du bétail destiné à l’abattage en provenance de toutes les régions. Dans le souci d’un meilleur approvisionnement en viande il est urgent d’accorder une priorité à la santé animale. Les trématodoses du bétail, la fasciolose, la dicrocoeliose, la paramphistomose et la schistosomose touchent essentiellement le bétail (bovins et petits ruminants) dans certaines régions.
GENERALITES SUR LES TREMATODOSES ANIMALES ET LES MOLLUSQUES HOTES INTERMEDIAIRES
Les trématodoses sont des helminthoses dues au développement dans différentes parties de l’organisme des vertébrés de vers de la Classe des Trématodes. Ce sont des maladies à intérêt médical et vétérinaire qui font intervenir généralement deux hôtes dont l’un est un mollusque le plus souvent d’eau douce. Au Sénégal les principales trématodoses du bétail sont la distomatose ou fasciolose, la bilharziose ou schistosomose la dicrocoeliose et la paramphistomose. Ces helminthoses ont une incidence économique considérable mais constituent également une menace sérieuse pour la santé animale. L’hôte définitif est généralement un herbivore. Les œufs sont émis dans l’eau douce le plus souvent, ils donnent des miracidiums qui infestent des mollusques lesquels libèrent des cercaires. Pour la plupart des digéniens trématodes parasites, ce sont des métacercaires, formes enkystées des cercaires, qui sont les formes infestantes pour les hôtes définitifs. Les schistosomes constituent une exception chez qui le stade de cercaire est la forme infestante. C’est lors du contact de l’hôte définitif avec l’eau contaminée que se fait la transmission. Au plan systématique les trématodes appartiennent à l’Embranchement des Plathelminthes. Ces derniers sont des métazoaires triblastiques acœlomates aplatis dorso-ventralement; ils présentent une symétrie bilatérale. L’Embranchement comprend la Classe des Turbellariés, des Monogènes, des Trématodes et celle des Cestodes. Les plathelminthes sont dépourvus d’appendices, leur tube digestif est incomplet ou absent. Ils n’ont pas de cavité générale ni d’appareil circulatoire ou respiratoire. Leur appareil excréteur est de type protonéphridien. Le système nerveux comprend deux ganglions cérébroïdes suivi d’une à trois paires de cordons nerveux longitudinaux réunis entre eux par des commissures transversales. Tous les Trématodes sont parasites. Ceux trouvés chez le bétail appartiennent à la Sous classe des Digènes. Ils sont caractérisés par la présence de ventouses musculeuses généralement hémisphériques et dépourvues de crochets. Ce sont des formes hermaphrodites (à l’exception des schistosomes), mais elles se reproduisent de manière non sexuée chez l’hôte intermédiaire qui est le plus souvent un gastéropode aquatique ou amphibie chez qui elles bouclent leur cycle évolutif.
QUELQUES TREMATODOSES DES RUMINANTS
LA FASCIOLOSE
La fasciolose est une maladie parasitaire due à un Trématode du genre Fasciola qui migre puis s’installe dans les canaux biliaires. C’est une enzootie qui de nos jours a une incidence économique énorme. Elle est caractérisée par une évolution subaiguë ou chronique entraînant des altérations hépatiques, une diminution de la croissance, de la production de lait et une perte de poids. La fasciolose a été identifiée chez le bétail au Sénégal depuis très longtemps et dans presque toutes les régions. Selon DIAW & al. (1987) au Sénégal, après la mise en service du barrage de Diama et de Manantali dans la région de St Louis, le Bassin du fleuve du Sénégal a connu de nouveaux foyers de fasciolose à Fasciola gigantica (COBBOLD ,1885), l’espèce connue au Sénégal. Les prévalences obtenues avant et après les barrages prouvent l’ampleur de la fasciolose ; cela est dû à des conditions écologiques plus favorables des mollusques hôtes intermédiaires du parasite. La fasciolose a toujours était la trématodose la plus pathogène pour le bétail surtout à Kolda avec des taux d’infestation très élevés selon plusieurs auteurs. VASSILIADES estime qu’ en 1971 aux abattoirs de Kolda, 60% des foies des bovins abattus étaient parasités par Fasciola gigantica. Le taux d’infestation y était de 57% en 1977 ; il passa à 28 % en 1985 d’après DIAW et al, (1987). Selon SECK (2005) même si la prévalence a fortement baissé dans la région de Kolda et variant selon les mois, elle peut atteindre 24 % suivant le diagnostic coprologique chez les bovins.
LE PARASITE
La fasciolose est une helminthose due à des vers hermaphrodites d’assez grande taille à corps foliacé et à cuticule épaisse. Deux espèces sont les agents de la fasciolose :
• Fasciola gigantica, l’espèce trouvée au Sénégal mesurant 25 à 75 mm sur 3 à 12 mm
• Fasciola hepatica que l’on trouve dans les zones tempérées mesure 20 à 30 mm sur 10 mm environ.
Leurs œufs des deux espèces comparables, sont elliptiques, volumineux operculés à l’un des pôles et de coloration jaunâtre. Ceux de F.gigantica sont plus grands mesurant 175 à 190 µm sur 90 à 100 µm pour 130 à 150 µm sur 80 µm chez F. hepatica. Fasciola gigantica est une espèce cosmopolite mais on la rencontre surtout en Afrique, dans le sous-continent indien l’Asie centrale et du Sud-est et dans les autres régions subtropicales et tropicales du monde. Fasciola hepatica se rencontre plus dans les régions à altitudes élevées.
Cycle de développement
Les cycles évolutifs des deux espèces du genre Fasciola sont parfaitement comparables. Le parasite hermaphrodite produit des œufs qui seront expulsés avec la bile dans l’intestin puis éliminés avec les fèces. Les œufs ne sont pas embryonnés à la ponte et doivent séjourner dans l’eau peu profonde et suffisamment oxygénée pendant un certain temps. L’œuf éclot et donne naissance à un miracidium capable de nager pour chercher activement un hôte intermédiaire dans l’eau. Cet hôte intermédiaire est un mollusque basommatophore pulmoné d’eau douce, une lymnée, Lymnaea natalensis pour F. gigantica et L. truncatula pour F. hepatica. Le miracidium dans le corps de la lymnée subit une multiplication par polyembryonie dans l’hépatopancréas, donne des sporocystes puis des rédies lesquelles donneront chacune de nombreuses cercaires. Les cercaires par le pneumostome quittent le mollusque et s’enkystent en métacercaires sur des végétaux semi-immergés. Les métacercaires peuvent subsister trois à six mois dans une ambiance ombragée et humide, mais sont rapidement tuées dans une ambiance chaude, ensoleillée et sèche. (TRONCY et al, 1981) L’hôte définitif s’infeste en ingérant des herbages contaminés par des méracercaires. Les métacercaires libèrent les jeunes douves dans l’intestin grêle. Les parasites traversent alors la paroi intestinale et par la voie sanguine gagnent le foie puis les voies biliaires où ils deviennent adultes et commencent à pondre des œufs.
Mode de contamination
Pour ce qui est de l’infestation de l’hôte définitif, elle s’accomplit aux points d’abreuvement, mais il faut dire que cette infestation est tributaire de plusieurs facteurs tenant à la fois à la biologie des hôtes intermédiaires, à la biologie du parasite, à la manière dont sont conduits les troupeaux, aux réalités climatiques et topographiques du milieu. L’humidité et la température jouent également un rôle essentiel car elles influent sur la présence, l’importance et la survie des gastéropodes qui servent d’hôtes intermédiaires. L’infestation des animaux présente des spécificités selon qu’on soit en zone sahélienne où en zone guinéenne compte tenu des longueurs des saisons (TRONCY & al. 1981). Ainsi les périodes et lieux d’infestation sont toujours déterminants pour appréhender l’épidémiologie de la fasciolose.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I. GENERALITES SUR LES TREMATODOSES ANIMALES ET LES MOLLUSQUES HOTES INTERMEDIAIRES
I. QUELQUES TREMATODOSES DES RUMINANTS
I. 1. LA FASCIOLOSE
I. 1. 1. LE PARASITE
I. 1. 1. 1. Cycle de développement
I. 1. 1. 2. Mode de contamination
I. 1. 1. 3. Répartition géographique et espèces réceptives
I. 1 .1. 4. Causes favorisantes
I. 1. 2. ETUDE CLINIQUE
I. 1. 2. 1. Symptômes
I. 1. 2. 2. Lésions
I. 1. 3. DIAGNOSTIC
I. 1. 4. TRAITEMENT
I. 1. 5. PROPHYLAXIE
I. 2. LA DICROCOELIOSE
I. 2. 1. LE PARASITE
I. 2. 1. 1. Cycle de développement
I. 2. 1. 2. Mode de contamination
I. 2. 1. 3. Répartition géographique et espèces réceptives
I. 2 .1. 4. Causes favorisantes
I. 2. 2. ETUDE CLINIQUE
I. 2. 2. 1. Symptômes
I. 2. 2. 2. Lésions
I. 2. 3. DIAGNOSTIC
I. 2. 4. TRAITEMENT
I. 2. 5. PROPHYLAXIE
I. 3. LA PARAMPHISTOMOSE
I. 3. 1. LES PARASITES
I. 3. 1. 1 Cycle de développement
I. 3. 1. 2. Mode de contamination
I. 3. 1. 3. Répartition géographique et espèces réceptives
I. 3 .1. 4. Causes favorisantes
I. 3. 2. ETUDE CLINIQUE
I. 3. 2. 1. Symptômes
I. 3. 2. 2. Lésions
I. 3. 3. DIAGNOSTIC
I. 3. 4. TRAITEMENT
I. 3. 5. PROPHYLAXIE
I. 4. LA SCHISTOSOMOSE
I. 4. 1. LE PARASITE
I. 4. 1. 1. Cycle de développement
I. 4. 1. 2. Mode de contamination
I. 4. 1. 3. Répartition géographique et espèces réceptives
I. 4 .1. 4. Causes favorisantes
I. 4. 2. ETUDE CLINIQUE
I. 4. 2. 1. Symptômes
I. 4. 2. 2. Lésions
I. 4. 3. DIAGNOSTIC
I. 4. 4. TRAITEMENT
I. 4. 5. PROPHYLAXIE
II. LES MOLLUSQUES
II. 1. Quelques éléments de systématique
II. 2. Biologie des mollusques
II. 3. Rôle épidémiologique dans la transmission des Trématodoses du bétail au Sénégal
CHAPITRE II : PREVALENCES DES TREMATODOSES ANIMALES AUX ABATTOIRS DE DAKAR
Introduction
II.1. MATERIELS ET METHODES
II.1. 1. Matériels
II.1. 1. 1. La zone d’étude
II.1. 1. 2. Les animaux parasités
II.1. 2. Méthodes
II. 2. RESULTATS
II. 3. DISCUSSION
Conclusion
CHAPITRE III. : ESSAI DE REALISATION DE CYCLE EXPERIMENTAL de Fasciola gigantica et de Paramphistomum sp
Introduction
III. 1. MATERIELS ET METHODES
III. 2. RESULTATS
III. 3. DISCUSSION
Conclusion
CHAPITRE IV. : ETUDE MALACOLOGIQUE
Introduction
IV. 1. Prospections malacologiques à Fatick
IV. 1. 1. Matériels et méthodes
IV. 1. 2. Résultats
IV. 1. 3. Discussion
Conclusion
IV. 2. ETUDE BIOLOGIQUE DE DEUX POPULATIONS DE Biomphalaria pfeifferi
Introduction
IV. 2. 1. MATERIELS ET METHODES
IV. 2. 2. RESULTATS
IV. 4. DISCUSSION
Conclusion
CONCLUSION GENERALE