Généralités sur les tiques

Généralités sur les tiques

Les tiques sont des ectoparasites hématophages de plusieurs vertébrés. Elles ont ainsi un impact sévère sur la santé et les productions animales du fait de leur action directe sur les animaux parasités : spoliation sanguine, lésions cutanées, action toxique, mais surtout du fait de leur rôle comme vecteurs de nombreux agents pathogènes comme des protozoaires, des rickettsies, des bactéries et des virus, responsables de maladies graves chez les animaux. Elles vivent dans un environnement où leur cycle de développement est influencé par la végétation, les conditions climatiques et les relations qu’elles entretiennent avec les autres êtres vivants, animaux parasites et microorganismes. L’ensemble de ces éléments forme un écosystème particulier. Ainsi toute modification dans le temps et dans l’espace d’un des éléments de l’écosystème influe à des degrés variables sur leur vie, voire leur survie. Les tiques dures passent plus de 90 % de leur vie sans être parasites des animaux. Elles sont le plus souvent exophiles vivant dans les biotopes ouverts tels que les forêts, les pâturages, les savanes, les prairies et les steppes (ParoIa et al., 2001).

Systématique

La classification des tiques a varié au fil du temps en fonction des diverses découvertes. Des modifications ont été périodiquement apportées par différents auteurs. La subdivision au niveau des taxons ne fait pas l’unanimité auprès des acarologues. Ici, nous adhérons à la taxonomie moderne de Barré (1989).

Embranchement: Arthropoda (Siebold et Stannus, 1845)
Classe: Arachnida (Cuvier, 1812)
Sous-classe : Acarina (Nitzch, 1818)
Super-ordre: Anactinotrichida (Van Der Hammen, 1968)
Ordre: Ixodida (Van Der Hammen, 1968)
Sous-ordre: Argasina (Van Der Hammen, 1968)
Super-famille: Argasoïdea (Schulze, 1937)
Famille: Argasidae (Murray, 1977)

Cette famille contient 18 genres dont: Alectorobius (Pocock, 1907), Argas (Latrelle, 1896).
Super-famille: Nuttalielloïdea
Famille: Nuttalielidea (Schulze, 1935)

Cette famille contient un seul genre mono spécifique.
Sous-ordre: Ixodina (Van Der Hammen, 1968)
Super-famille: Ixodoïdea (Schulze, 1937)
Famille: Ixodidea (Schulze, 1937)

La famille des Ixodidea compte environ 26 genres et 415 espèces. Les principaux genres parasites du bétail domestique en Afrique sont Amblyomma (Koch, 1944), Hyalomma (Koch, 1944), Rhipicephalus (Koch, 1944) et Boophilus (Curtice, 1891).

Seules les Amblyommidae parasitent le bétail en Afrique occidentale (Morel, 1969). C’est dans cette famille que l’on trouve le genre Boophilus, un sous-genre du genre Rhipicephalus selon Ivan et al. (2002), l’objet de notre étude.

Morphologie générale des tiques

La sous-classe des Acariens se distingue des autres arachnides par les éléments suivants (Morel, 1981) :

– corps globuleux, sans limite entre les parties antérieure et postérieure, mais différenciation d’un capitulum antérieur et terminal d’avec le reste du corps;
– absence de poumons ;
– six paires d’appendices chez l’adulte et la nymphe: chélicères, palpes et quatre paires d’appendices locomoteurs. Les tiques se distinguent des autres acariens par leur morphologie et leur biologie:
– présence d’un rostre ou hypostome provenant de la réunion de deux pièces systématiques;
– grande taille par rapport aux Acariens en général (adulte àjeun 1,5 à 15 mm) ;
– cuticule souple, surtout chez les femelles, qui peut s’étendre et s’accroître en surface et en épaisseur lors de la réplétion

L’ensemble des tiques peut être réuni en deux familles: les Ixodidés et les Argasidés. À chacune correspond un type morphologique général.

Morphologie externe

Le cycle de développement des tiques comprend en général une larve, une nymphe, les adultes mâle et femelle qui s’accouplent, et la femelle donne des œufs après fécondation.

Œuf
Chez les Amblyommidae, la ponte de l’œuf se fait chez toutes les espèces au sol après l’accouplement qui a lieu sur l’hôte. Habituellement, la femelle pond en des endroits abrités (sous une pierre, dans la litière végétale, dans les crevasses du sol). Le nombre d’œufs varie avec l’espèce, sa taille et l’importance du repas. Ce nombre se situe entre 1000 et 12000 œufs (Keïta, 2007). Le temps d’incubation varie aussi avec l’espèce et la température ambiante. Un défaut d’humidité ou une variation brusque de température peut nuire aux œufs. Lorsque la température est basse, les œufs sont au repos. En général, ce temps dure de 20 à SO jours (Olivier, 1989) et l’œuf éclot puis donne la larve.

Larve
La larve ressemble à la nymphe, mais de taille encore plus petite (O,S à 1 mm à jeûn). Sa particularité est qu’elle ne possède que trois paires de pattes (Ouédraogo, 1999). À l’éclosion, elle est gonflée et molle, elle durcit en quelques jours et se met activement à la recherche d’un hôte, pratiquant soit l’affût sur une herbe ou soit la recherche active par déplacement. Une fois que l’hôte est trouvé, son repas dure 3 à 12 jours suivant l’espèce et les conditions climatiques. Elle augmente considérablement de volume. Le repas terminé, elle tombe au sol, cherche un abri et y effectue sa pupaison (métamorphose complète), qui durera 2 à 8 semaines suivant les conditions atmosphériques. Il en sort une nymphe (Keïta, 2007).

Nymphe
Elle ressemble à la femelle, sauf qu’elle est de petite taille (l à 2,S mm). Elle est dépourvue de pore génital et d’aires poreuses. À l’instar de la larve, la nymphe met quelques jours à durcir; dès lors ses activités sont semblables au stade précédent pour ce qui est des déplacements, de l’hôte et de la durée du repas. Par la suite, elle subit une deuxième métamorphose au sol pour donner la tique adulte (Keïta, 2007).

Femelle à jeûn
Elle possède un capitulum antérieur et terminal. Ce dernier présente une base cylindrique ou polyédrique très sclérifiée. Dorsalement, il a une forme variable (triangulaire, rectangulaire, trapézoïdale, pentagonale ou hexagonale) ; sur celui-ci sont fixées les pièces suivantes: un hypostome central qui est l’organe piqueur. Cet organe est muni de rangées longitudinales de denticules rétrogrades dont le nombre a une importance dans la systématique des Boophilus ; des chélicères au nombre de deux avec une pièce interne fixe et un doigt externe mobile servant à inciser le tégument et à permettre la pénétration de l’hypostome ; une paire de palpes latéraux (les pédipalpes) à quatre éléments séparés mais non articulés, mobile à leur base à tenninaison sensorielle tactile.

En vue dorsale, la tique présente un scutum, partie dure fortement sclérifiée de fonne variable; le reste du tégument dorsal comporte des sillons longitudinaux et des rides transversales facilitant l’extension. Postérieurement, les plis dessinent des festons. Les ocelles lorsqu’elles sont présentes, se trouvent sur le bord du scutum. La femelle est porteuse d’aires poreuses, sécrétrices d’un liquide humidificateur des œufs pour éviter la dessiccation.

Sur la face ventrale, se trouvent: quatre paires de hanches (coxae) où s’insèrent les pattes tenninées par une ventouse et deux griffes ; deux plaques stigmatiques, disposées latéralement dans l’alignement des hanches ; un pore génital ou gonophore entre les hanches ;un anus ou uropore situé postérieurement et limité par un sillon anal; des sillons longitudinaux sur l’ensemble du tégument qui est souple (Ouédraogo, 1999).

Mâle
Le mâle se distingue de la femelle sur plusieurs aspects:
– par sa structure: toute la face dorsale est recouverte d’un scutum épais et rigide qui peut être porteur de ponctuations. Cela peut expliquer pourquoi le mâle change peu de volume au cours de son repas de sang. Le tégument ventral présente parfois des épaississements en plaques paires;
– par sa proportion, surtout au niveau du scutum: il ne possède pas d’aires poreuses. Le dimorphisme sexuel est poussé et est en faveur de la femelle (Ouédraogo, 1999).

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Table des matières

Introduction
Chapitre 1 : Synthèse bibliographique
1. Généralités sur les tiques
1.1. Systématique
1.2. Morphologie générale des tiques
1.2.1. Morphologie externe
1.2.1.1. Œuf
1.2.1.2. Larve
1.2.1.3. Nymphe
1.2.1.4. Femelle àjeûn
1.2.1.5. Mâle
1.2.2. Morphologie interne
1.3. Types évolutifs des tiques
1.3.1. Nature des hôtes
1.3.2. Localisation des tiques sur les hôtes
1.4. Pertes économiques de l’infestation par les tiques
1.5. Diagnose des différentes tiques rencontrées en Afrique de l’Ouest
1.6. Aperçu sur Rhipicephalus (Boophilus) microplus
1.6.1. Importance
1.6.2. Spécificité de 1’hôte
1.6.3. Répartition géographique
1.6.4. Cycle de vie
1.6.5. Diagnostic différentiel
1.7. Méthodes de lutte contre les tiques
1.7.1. Méthode écologique
1.7.2. Méthode biologique
1.7.3. Méthode traditionnelle
1.7.4. Méthode chimique
1.7.5. Lutte par piège et sélection de races animales résistantes aux tiques
II. Généralités sur la résistance des tiques aux acaricides
ILL Historique des classes de composés acaricides
11.1.1. Arsenicaux
11.1.2. Organochlorés
II.1.3. Organophosphorés et carbamates
11.1.4. Amidines
11.1.5. Pyréthrénoïdes de synthèse
11.1.6. Lactones macrocycliques
II.1.7. Phénylpyrazoles
11.1.8. Régulateurs de croissance
11.1.9. Spinosynes
II.2. Concept de la résistance des tiques aux acaricides
II.3. Tests biologiques
11.3.1. Larval Packet Test (LPT)
II.3.2. Adult Immersion Test (AIT)
II.3.3. Larval Immersion Test (LIT)
11.3.4. Larval Tarsal Test (LTT)
II.4. Notion de dose discriminante
Chapitre II : Matériel et méthodes
1. Matériel
1.1. Site de l’étude
1.2. Matériel biologique
1.3. Matériel de laboratoire
II. Méthodes
II.1. Récolte des tiques femelles gorgées
II.2. Infestation des animaux par les larves de tiques
lU. Préparation des tiques à la ponte et élevage
II.4. Diagnostic de la résistance des tiques aux acaricides
lIA. 1. Méthode du Larval Packet Test (LPT)
II.4.1.1. Dilution
II.4.1.2. Paquetage et contrôle de la mortalité
lIA.2. Méthode de la Dose discriminante (DD)
11.5. Analyse des données
Chapitre III : Résultats et discussion
1. Résultats
1.1. Méthode du Larval Packet Test (LPT)
1.1.1. Deltaméthrine
1.1.2. Alphacyperméthrine
1.1.3. Cyperméthrine
1.1.4. Amitraz
1.1.5. Chlorpyriphos
1.1.6. Mortalité des tiques R. microplus aux différentes doses discriminantes
1.2. Méthode de la Dose Discriminante (DD)
II. Discussion
11.1. Méthode du Larval Packet Test (LPT)
11.2. Méthode de la Dose Discriminante (DD)
Conclusion et perspectives
Références bibliographiques
Annexes

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