Generalites sur les teignes du cuir chevelu

Les teignes du cuir chevelu (TCC) sont des affections provoquées par des champignons microscopiques du groupe des dermatophytes. Elles sont contagieuses et transmises, soit de l’animal (zoophile), soit d’un malade à une personne saine (anthropophile) soit à partir du sol souillé (géophiles) [20]. Elles représentent les dermatophyties les plus fréquentes dans le monde. Les TCC atteignent presque exclusivement les enfants pré pubères et essentiellement les enfants d’âges scolaires. Au cours de ces atteintes, les dermatophytes envahissent le cheveu et causent soit une cassure de celui-ci (teigne tondante), soit une réaction inflammatoire (teigne suppurée) ou un décollement du cheveu par la base qui peut entraîner une alopécie définitive (teigne favique). Les teignes font l’objet de nombreuses consultations dans les services de dermatologie [41]. Dans les pays en voie de développement, les teignes du cuir chevelu sont endémiques. Elles constituent un véritable problème de santé publique et un défi thérapeutique à cause de la durée et du coût du traitement. La vie en collectivité et la promiscuité sont des facteurs essentiels dans la transmission directe ou indirecte et la propagation de ces affections. Au Sénégal, les écoles coraniques sont généralement implantées dans les cours, des habitations sous forme de baraques, de bâtiments en chantiers dépourvus d’électricité et d’eau, les conditions d’hygiènes y sont défectueuses. Les élèves qu’on appelle en langue locale « talibés » dorment souvent au sol, entassés sur des nattes sans draps ni couvertures. Une grande partie de la journée est consacrée à la mendicité dans les rues le plus souvent sans pieds nus. C’est ce manque d’hygiène et la promiscuité notés dans les écoles coraniques qui constituent des facteurs favorisant le développement et la propagation des TCC. C’est dans ce contexte que nous avons initié ce travail qui a pour but de dépister des teignes du cuir chevelu dans 2 écoles coraniques à Thiès. Cette région a été choisi comme site d’étude parce qu’au cours des recrutements dans le projet ICEMR (International Centers of Excellence for Malaria Research), nous avons noté que presque tous les élèves des écoles coraniques que nous recevons pour le dépistage du paludisme présentaient des lésions sur la tête. Cette étude a été faite en collaboration avec les maîtres coraniques des Daaras sur financement du laboratoire de Parasitologie et Mycologie de l’hôpital Le Dantec.

GENERALITS SUR LES TEIGNES DU CUIR CHEVELU

Définition

Les teignes sont des affections dues à l’envahissement des cheveux par des champignons kératinophiles : les dermatophytes. Trois genres de dermatophytes sont incriminés; Microsporum, Trichophyton et Epidermophyton. Selon le mode de contamination, on distingue les espèces anthropophiles (réservoir humain et transmission humaine), espèces zoophiles (animaux, atteintes humaines sporadiques), et les espèces géophiles (sol, atteintes humaines rares). Ces dermatophytes déterminent trois types de parasitisme et formes cliniques:
– teignes tondantes microsporiques à grandes plaques dues aux espèces du genre Microsporum ; exemple : une espèce anthropophile, Microsporum langeronii détermine de grandes plaques arrondies recouvertes de squames grisâtres,
– teignes tondantes trichophytiques à petites plaques dues aux espèces du genre Trichophyton (T. soudanense, T. violaceum, T. tonsurans). Elles sont responsables de petites plaques squameuses, croûteuses, sèches ou purulentes, au sein desquelles se trouvent les cheveux parsemés, cassés très courts,
– teignes suppurées (kérion, sycosis) qui se manifestent sous forme de placard inflammatoire purulent, de survenue brutale, réalisant une sorte de « macaron » en relief, ponctué d’orifices pilaires dilatés, d’où sort du pus, avec expulsion de cheveux (kérion de Celse). Elles sont dues à des espèces zoophiles des genres Trichophyton, Microsporum.
– teignes faviques ou favus d’Afrique du nord qui entrainent la formation de plaques d’alopécie érythémato-squameuses, avec présence de « godets faviques » qui sont des dépressions cupuliformes recouvertes de croûtes molles et jaunâtres. L’agent causal est Trichophyton schoenleinii .

Epidémiologie

Agents pathogènes

Classification
Les champignons d’intérêt médical sont actuellement ordonnés selon la classification de Hawksworth, Sutton et Ainsworth (1970) avec quelques modifications. Celle-ci différencie 5 divisions. Une division qui regroupe les espèces dont les formes sexuées ne sont pas connues, et quatre autres qui englobent les espèces aux formes sexuées connues :
– Deuteromycotina ou Fungi imperfecti (formes sexuées inconnues)
– Mastigomycotina: peu d’espèces pathogènes pour l’homme
– Zygomycotina: agents des mucormycoses et des entomophtoromycoses
– Ascomycotina: la plupart des espèces pathogènes chez l’homme
– Basidiomycotina: rares pathogènes et principalement l’agent de la cryptococcose.

Les Deuteromycotina ou champignons imparfaits (Deutéromycètes) comprennent trois classes :
– Blastomycètes (levures) ;
– Hyphomycètes (champignons filamenteux cloisonnés) ;
– Coelomycètes (champignons filamenteux formant des pycnides ou des acervules).

Les dermatophytes appartiennent à la division des Deuteromycotina, à la classe des Hyphomycètes, à l’ordre des Moniliales et à la famille des Moniliaceae. La classification actuelle des dermatophytes comprend deux modalités basées l’une, sur la reproduction sexuée, et l’autre, sur la reproduction asexuée. Le dermatophyte porte habituellement le nom donné à la forme asexuée observée en culture. Lorsque la forme sexuée est connue, le dermatophyte porte le nom de cette forme sexuée qui prime sur celui de la forme asexuée.

– Classification des dermatophytes selon la reproduction sexuée
Les dermatophytes sont des espèces hétérothalliques. Ceux dont la forme sexuée est connue sont des ascomycètes de l’ordre des Onygénales et de la famille des Arthrodermataceae. On distingue deux genres selon la morphologie des filaments du péridium : le genre Arthroderma qui correspond aux Trichophyton spp dont les filaments du péridium ont une constriction centrale marquée ; le genre Nannizzia qui correspond aux Microsporum spp dont les filaments du péridium présentent un ou deux rétrécissements par article, mais très marqués [16].
– Classification des dermatophytes selon la reproduction asexuée
Selon la reproduction asexuée du dermatophyte en culture, on distingue trois genres: Microsporum, Trichophyton et Epidermophyton. Le genre Microsporum présente des macroconidies à paroi épaisse et rugueuse, de grande taille (40 à 160 μ sur 8 à 20 μ) pouvant être associées à des microconidies piriformes. Certaines espèces de ce genre attaquent le cheveu selon un parasitisme endo-ectothrix de type microsporique. Le genre Trichophyton regroupe des espèces très différentes. Certaines donnent rarement des spores, ce sont les faviformes : Trichophyton verrucosum, Trichophyton schoenleinii, Trichophyton violaceum. D’autres donnent des macroconidies à paroi et à cloisons minces et lisses, de petite taille (10 à 50 μ sur 3à 6 μ) souvent associées à de petites spores unicellulaires rondes ou piriformes. L’attaque du cheveu in vivo se fait selon différents types: endo-ectothrix à petites spores (type microïde) ou à grosses spores (type mégaspore), trichophytique et favique. Le genre Epidermophyton présente uniquement des macroconidies (25-35 μ sur 6-8 μ) en forme de raquettes, disposées en bouquet à paroi et cloisons minces, la paroi peut être légèrement rugueuse. Epidermophyton floccosum n’attaque pas le cheveu in vivo [16].

Morphologie

Les champignons sont constitués d’une structure pariétale rigide appelée thalle ou mycélium. La plupart des champignons possèdent un thalle filamenteux, les filaments étant qualifiés d’hyphes [17, 44,64]. Certains filaments mycéliens sont cloisonnés par des septa, on parle alors de septomycètes [46, 54]. C’est le cas des dermatophytes notamment. Les articles sont de taille régulière (5 à 8 mm) et les filaments se ramifient en angles aigus. Le mycélium peut être décomposé en deux parties : un mycélium végétatif et un mycélium reproducteur. Ce dernier est constitué de filaments aériens, dressés perpendiculairement au mycélium végétatif. L’extrémité distale du mycélium reproducteur porte l’organe dans lequel seront formées les spores ou conidies .

Chez les dermatophytes, la sporulation peut être sexuée ou asexuée. Selon le mode de sporulation, on peut observer différents éléments morphologiques intervenant dans l’identification des champignons. Les dermatophytes parasites ont perdu leurs organes reproducteurs, ainsi leur aspect microscopique est relativement simple (filaments mycéliens et conidies). Toutefois leur morphologie en culture est plus variée et permet un diagnostic d’espèce .

Habitat

Selon l’habitat 3 types de dermatophytes peuvent être distingués :
➤ Les espèces anthropophiles
Ce sont des parasites obligatoires de l’homme. Ils sont strictement humains. Les principaux dermatophytes anthropophiles sont : Microsporum. audouinii var. langeronii, M. ferrugineum, Trichophyton. tonsurans, T. violaceum, T.soudanense, T. rubrum, T. mentagrophytes var. interdigitale, T. schoenleinii, T. concentricum
➤ Les espèces telluriques ou géophiles
Elles vivent en saprophytes dans le sol. Les principales espèces telluriques sont : M. gypseum, M. fulvum, M. mentagrophytes (également zoophile), T. terrestre, T. ajello
➤ Les espèces zoophiles
Elles sont retrouvées chez les animaux qui constituent leurs réservoirs .

Modes de contamination

L’origine de la contamination peut être humaine, animale, ou tellurique.

Les espèces anthropophiles
La contamination peut être directe par contact humain (lutteurs, judokas, etc.) ou indirecte qui se fait habituellement par l’intermédiaire de sols souillés par des squames issues du sujet parasité (salle de bains, salles de sport, ou douches collectives, piscines…), mais aussi par des objets divers (peignes, brosses, tondeuses, vêtements…) pouvant véhiculer les squames contenant les spores virulentes .

Les espèces zoophiles
La contamination se fait par le contact direct ou indirect (poils virulents laissés sur un fauteuil) avec un animal de compagnie (chien, chat…), d’élevages (chevaux…) ou de rentes (bovins…). Ces animaux peuvent être porteurs de lésions (dartres chez les veaux) ou porteurs sains sans lésions apparentes, comme c’est souvent le cas chez les chiens ou les chats dont les poils sont fluorescents à la lampe de WOOD. Les petits rongeurs sauvages peuvent aussi véhiculer des spores jusqu’à l’environnement humain, par l’intermédiaire des animaux domestiques .

Les espèces telluriques ou géophiles
La contamination peut se produire aussi à la suite d’un traumatisme d’origine tellurique, plaies souillées de terre car enrichis en kératine animale (plumes, poils, sabots, carapaces d’insectes, etc.) contenant le champignon en cause .

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES TEIGNES DU CUIR CHEVELU
I. Définition
II. Epidémiologie
II.1. Agents pathogènes
II.1.1. Classification
II.1.2. Morphologie
II.1.3. Habitat
II.2. Modes de contamination
II.3. Facteurs favorisants
II.4. Répartition géographique
III. Physiopathologie
IV. Clinique
IV.1. Teignes tondantes sèches
IV.1.1. Teignes microsporiques
IV.1.2. Teignes trichophytiques
IV.2. Teignes faviques
IV.3. Teignes suppurées
V. Diagnostic biologique
V.1. Prélèvement
V.2. Examen direct
V.3. Culture
V.4. Identification
VI. Traitement
VII. Prophylaxie
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL EXPERIMENTAL
I. Méthodologie
I.1. Sites d’étude
I.1.1. Présentation de la région de Thiès
I.1.1.1. Situation géographique
I.1.1.2. Démographie générale et urbanisation
I.1.1.3. Situation sanitaire
I.1.2. Choix des Daaras et échantillonnage
I.1.3 Description des écoles coraniques (Daaras)
I.2. Patients
I.3. Matériels
I.4. Prélèvement
I.5. Transport
I.6. Examen direct
I.7. Culture
I.8. Identification
I .9. Analyse des données
II. Résultats
II.1. Données démographiques
II.2. Répartition des données en fonction du genre
II.3 Répartition des données en fonction de l’âge
II.4. Aspect clinique des teignes
II.5. Résultats mycologiques
II.5.1. Résultats des cultures
II.5.2. Indice d’infection (IF)
III. Discussion
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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