GENERALITES SUR LES SALMONELLES
Historique et classification
L’intérêt porté aux salmonelles n’est pas récent. Dès 1875, KOCH et PASTEUR s’y sont intéressés en mettant en place les bases de la bactériologie (LE MINOR et VERON, 1989). Le bacille d’EBERTH (ou Salmonella Typhi) fut décrit par SC HROETER en 1886 comme agent de la fièvre typhoïde chez l’homme. Puis KLEIN isola en 1889 l’agent de la typhose aviaire (S. Gallinarum). Le bacille de LOEFFLER (S. Typhimurium) a ensuite été isolé à partir de sang de souris atteintes de salmonellose en 1890. Enfin, en 1894, SMITH a décrit Bacillus cholerae, l’agent responsable du cholera du porc et l’a nommé S. Cholerasuis. En 1900, l’agent causal de ces maladies fut nommé Salmonella en l’honneur de Salmon vétérinaire des Etats-Unis. De nos jours, la salmonellose est décrite partout dans le monde et chez toutes les espèces. WHITE en 1925 et KAUFFMANN à partir de 1930 établirent un système de classification basé sur l’identification antigénique des Salmonelles. Dans les années cinquante, une centaine de sérovars était déjà connue. Aujourd’hui, il est démontré que le genre Salmonella comprend 3 e spèces (POPOFF et BOCKEMUHL, 2004).
❖ Salmonella enterica composée de 6 sous-espèces : (LE MINOR, 1992)
I- Salmonella enterica subsp enterica
II- Salmonella enterica subsp salamae
IIIa- Salmonella enterica subsp arizonae
IIIb- Salmonella enterica subsp diarizonae
IV- Salmonella enterica subsp hautenae
VI- Salmonella enterica subsp indica
❖ Salmonella bongori qui correspond à l’ancienne sous-espèce V bongori de S. enterica.
❖ Salmonella subterranea
Salmonella Entericca est la plus fréquemment rencontrée en pathologie humaine et animale. Actuellement plus de 2500 sérotypes de cette espèce ont été identifiées, dont deux sérotypes, Enteritidis et Typhimurium, sont responsables de la majorité des cas de salmonelloses chez l’homme (70 %).
Caractères généraux
Morphologie des salmonelles
Les salmonelles sont des entérobactéries, bacilles à Gram négatif, intracellulaires facultatifs, de dimensions moyennes (0,8 µm de large sur 3,5 µm de long), généralement mobiles grâce à une ciliature péritriche. Quelques sérovars sont cependant immobiles comme S. Gallinarum-Pullorum ainsi que certains mutants.
Structure antigénique des salmonelles
Comme toutes les bactéries à co loration Gram-négative, l’enveloppe des salmonelles est constituée de 3 éléments : la membrane cytoplasmique et la membrane externe étant séparées par un espace périplasmique constitué de peptidoglycane. Cette dernière structure confère à l a bactérie sa forme et sa rigidité et lui permet de résister à une pression osmotique relativement élevée dans l’environnement (RYCROFT, 2000). Le lipopolysaccharide, constituant de la membrane externe est thermostable et correspond à l’AgO. Sa structure est représentée sur la figure 1. C’est sur la base des multiples combinaisons des antigènes somatiques O, de nature polysaccharidique, des antigènes flagellaires H, de nature protéique et, enfin, capsulaires (Vi) que découlent les 2500 sérovares des salmonelles. Ce type de classification porte le nom de schéma de KAUFFMAN et WHITE (LE MINOR et VERON, 1989).
Caractères culturaux
Comme les autres bactéries de la famille des Enterobacteriaceae, les salmonelles sont des aéro-anaérobies facultatives. Après 24 heures d’incubation à 37°C sur un milieu ordinaire, les colonies obtenues ont un diamètre de 3 à 4 µm. Elles sont blanchâtres, circulaires, limitées par un bord régulier, légèrement bombées, translucides. Elles sont généralement lisses (S : smooth). Après plusieurs passages en série sur gé lose, des colonies rugueuses (R : rough) peuvent apparaître. Leur bord est alors irrégulier. Ces salmonelles de type R présentent une mutation portant sur la synthèse du polysaccharide. Il est rare d’en isoler en pathologie. A partir d’un milieu monomicrobien (tel que le sang ou le liquide céphalorachidien), une gélose ordinaire suffira à leur croissance. Par c ontre, dans le cas de prélèvements polymicrobiens (selles), l’utilisation de milieux sélectifs est indispensable.
Particularité écologique des salmonelles
Les salmonelles présentent deux particularités écologiques essentielles qui expliquent leur très large distribution et rendent difficile leur élimination de l’environnement des animaux de rente (BORNERT, 2000).
Réservoir naturel
Le réservoir naturel des salmonelles s’étend à tout le monde animal. Les vertébrés, en particulier les mammifères domestiques et les volailles, peuvent héberger ces bactéries au niveau de leur tube digestif. Certains sérotypes sont adaptés à une espèce hôte en particulier, notamment Gallinarum chez les volailles, mais la plupart n’ont pas d’hôte préférentiel et peuvent infecter aussi bien l’homme que l’animal. C’est dans ce dernier groupe que se trouvent les principaux sérotypes agents de toxi-infections alimentaires.
L’animal, le plus souvent porteur asymptomatique, constitue un réservoir pour les Salmonelles et les productions animales, viandes et œufs en particulier, sont des vecteurs de la contamination. Chez un animal porteur sain, les Salmonelles sont généralement hébergées au niveau du tube digestif et font l’objet d’une excrétion fécale intermittente. Elles peuvent aussi migrer vers certains organes. Chez la poule pondeuse, il a été décrit une colonisation des ovaires, de la rate et du foie par Salmonella sérotype Enteritidis, phénomène à l’origine de la transmission verticale de l’infection salmonellique (BORNERT, 2000).
Survie et diffusion dans l’environnement
Les salmonelles possèdent une grande capacité de survie dans l’environnement, en particulier dans les eaux résiduaires chargées en matière organique, dans les boues issues des stations d’épuration et sur les terres agricoles. Leur diffusion dans l’environnement est très importante : on parle de cycle des Salmonelles pour décrire leur aptitude à se transmettre d’une espèce animale à une autre, à contaminer tous les biotopes, en particulier les élevages d’animaux de rente, et à infecter l’homme par l’intermédiaire de son alimentation (BORNERT, 2000). La salmonelle peut survivre un an ou pl us dans les aliments à faible activité d’eau (ICMSF, 1996).
Propriétés biologiques
Les propriétés biologiques des salmonelles sont liées à leur pouvoir pathogène et antigène.
Pouvoir pathogène
Classiquement, tous les sérovars sont considérés comme pathogènes pour les animaux ou pour l’homme. Cependant, certains d’entre eux paraissent strictement spécifiques de leur hôte, comme par exemple S. Typhi chez l’homme ou S. Abortus ovis chez les ovins. D’autres sérovars, comme S. Dublin chez les bovins, semblent bien adaptés à l’espèce hôte mais se révèlent germes pathogènes opportunistes pour d’autres espèces animales. Enfin, ch ez l es volailles, le sérovar Gallinarum (responsable de la typhose) et le sérovar Pullorum (pullorose) représentaient il y a une quinzaine d’années, un véritable fléau. Des mesures de lutte draconiennes ont permis leur quasi-disparition dans certains pays du m onde. M ais le vide biologique créé aurait favorisé le développement des autres salmonelles. De nombreux sérovars ont ainsi été identifiés chez les volailles : Typhimurium, Enteritidis, Derby, Virchow, Newport, Senftenberg, Agona, Montevideo, Hadar, Thompson, etc. Ces sérovars les plus largement représentés sont qualifiés d’ubiquistes. Le développement dramatique de l’incidence des toxi-infections alimentaires collectives chez l’Homme causées par Typhimurium et surtout Enteritidis, suite en particulier à la consommation des viandes de volailles insuffisamment cuites, d’œufs et ovoproduits, a mis l’accent sur l’importance hygiénique de la contamination de la filière avicole.
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Table des matières
INTRODUCTION
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LES SALMONELLES
1.1. Historique et classification
1.2. Caractères généraux
I.2.1. Morphologie des salmonelles
I.2.2. Structure antigénique des salmonelles
1.3. Caractères culturaux
1.4. Caractères biochimiques
1.5. Particularité écologique des salmonelles
1.6. Propriétés biologiques
1.7. Rôle des viandes de volailles dans la transmission des salmonelles à l’homme
1.8. La prévention des infections de l’homme à partir de l’animal ou des produits alimentaires
CHAPITRE II : UTILISATION DES ANTIBIOTIQUES CHEZ LES VOLAILLES ET CONSEQUENCES
2.1. Utilisation des antibiotiques chez la volaille
2.1.1. Objectifs de l’utilisation des antibiotiques chez la volaille
2.1.1.1. Utilisation thérapeutique
2.1.1.2. Utilisation prophylactique (Chimioprévention)
2.1.1.3. Utilisation comme promoteurs de croissance
2.2. Molécules antibiotiques utilisées en élevage de volailles
2.3. Quantité d’antibiotiques distribuée aux volailles
2.4. Relation entre l’utilisation des antibiotiques et la résistance aux antibiotiques des salmonelles isolés chez la volaille
2.5. Transmission à l’Homme de Salmonella résistantes aux antibiotiques
CHAPITRE III : RESISTANCE BACTERIENNE AUX ANTIBIOTIQUES
3.1. Définition de l’antibiorésistance
3.2. Mécanismes de résistance aux antibiotiques
3.2.1. Résistance bactérienne intrinsèque / acquise
3.2.2. Support génétique de la résistance
3.2.3. Mécanismes biochimiques de résistance
3.2.3.1. Mécanismes de résistance spécifique
3.2.3.1.1. Inactivation enzymatique de l’antibiotique
3.2.3.1.2. Modification de la cible
3.2.3.1.3. Diminution de la concentration cellulaire en antibiotique efflux spécifique
3.2.3.2. Mécanismes de résistance non spécifiques
3.2.3.2.1. Diminution de la pénétration de l’antibiotique dans la bactérie
3.2.3.2.2. Expulsion de l’antibiotique ou Mécanismes d’efflux actif
CONCLUSION