GENERALITES SUR LES RELATIONS EN MATIERE COMMERCIALE ET DE CHANGE
Jusqu’à une certaine période, on a toujours raisonné comme si l’économie considérée était une économie fermée, c’est‐à‐dire sans aucune relation avec le reste du monde. Cette situation, au moins les grandes découvertes géographiques, n’est pas conforme à la réalité. Même les pays situés au‐delà du rideau de fer, réalisent des échanges notables avec les pays occidentaux. Il est donc important d’expliquer ces échanges extérieurs. Une fois les échanges expliqués, il convient naturellement de rechercher de quelle façon se font les règlements des dettes et des créances contractées dans le cadre des relations internationales. Ce problème de règlement met en cause le mécanisme monétaire complexe du change. En dépit des entraves de toute sorte qui ont souvent caractérisé les échanges internationaux, dans l’entre‐deux‐guerres, les échanges entre nation ont cru singulièrement, en valeur et en volume, depuis les débuts de la révolution industrielle et de la marche vers la mondialisation des échanges. Chaque nation entretient des relations avec l’ensemble des autres nations parce qu’elle ne trouve jamais entièrement réunis sur son territoire les produits, les idées et les hommes dont elle a besoin pour assurer son activité économique. L’acquisition des ressources qui lui font défaut donne lieu à des déplacements matériels et à des opérations de paiement, d’où l’existence des entrées et des sorties qui feront l’objet des enregistrements sur un document appelé balance des paiements.
Les échanges extérieurs
Une première question qui est à la fois la plus banale et la plus difficile est de savoir pourquoi des échanges internationaux se nouent. En d’autres termes, il faut expliquer quels sont les biens qui font l’objet d’échanges internationaux, afin de se rendre compte des fondements du commerce international. Cependant, cette étude ne fait qu’expliquer l’origine des courants commerciaux et non leur quantum, ce qui relève d’une analyse des conditions du commerce international.
Le fondement des relations internationales
Trois raisons expliquent le développement des échanges extérieurs d’un pays : l’inégalité dans la répartition des ressources naturelles mondiales ; l’inégalité de développement économique réalisé par les différentes nations ; l’avantage pour chaque nation de se spécialiser dans certaines productions.
Le rôle de la répartition inégale des ressources naturelles
Les climats qui déterminent les aptitudes agricoles, les gisements miniers qui déterminent les possibilités d’extraction ne sont pas identiques pour l’ensemble des pays. Par exemple, le Midi de la France est propre à produire du vin ; les plaines centrales des Etats‐Unis sont propres à produire du maïs ou du blé ; la France est riche en fer mais pauvre en pétrole jusqu’à un moment donné et doit importer tout le pétrole dont elle a besoin. Ce sont des données géographiques qui imposent aux différents pays de participer aux échanges mondiaux sauf les pays de très grandes dimensions comme les Etats‐Unis et l’Union Soviétique ; chaque nation doit importer du reste du monde l’essentiel de ses matières premières.
Le rôle des inégalités de développement
Pour comprendre exactement la situation actuelle des échanges internationaux, il est essentiel de tenir compte du fait que les différentes nations ne sont pas parvenues à un développement économique identique. Certains pays ont déjà mis en valeur leurs ressources naturelles, et ils ont même commencé à épuiser certains de leurs gisements. D’autres pays, au contraire, ont à peine entrepris leur mise en valeur, leur outillage est inexistant, l’extraction des ressources minières commence, la prospection même n’est pas achevée. Or, s’il existe un commerce très actif entre les pays également évolués, il existe également un commerce très important entre les nations évoluées et les nations sous‐développées, les nations évoluées s’efforcent de plus en plus d’écouler leurs productions d’articles manufacturés et d’outillages auprès des pays sous‐développés qui commencent à se mettre en valeur. D’autre part, ces mêmes pays évolués s’efforcent de plus en plus de trouver dans les pays sous‐développés qui commencent à s’équiper les matières premières dont ils ont besoin.
Les avantages de la spécialisation entre les nations
Même si les différentes nations bénéficient à peu près également des ressources naturelles, même si leur développement était parvenu à des stades comparables, il resterait encore avantageux pour elles de se spécialiser dans la production d’un nombre limité de biens, de façon à produire ces biens en plus grandes quantités, et à réaliser ainsi un abaissement des coûts. La division du travail , dont les effets sont bénéfiques à l’intérieur de chaque nation, est en effet avantageuse également sur le plan international.
Or, il est toujours possible pour un pays de trouver un secteur où il est relativement plus doué que les autres pays. Pour illustrer l’idée de la spécialisation internationale des nations, on peut prendre d’abord l’exemple des rapports qui s’établissent entre l’Europe et l’Asie. En Europe, la main‐d’œuvre est rare et coûteuse, tandis que l’outillage est relativement abondant. En Asie, au contraire, la main‐d’œuvre est surabondante et très bon marché, tandis que l’outillage est, au contraire, à peu près inexistant. Pour l’Europe, tous les produits obtenus grâce aux outillages perfectionnés sont relativement bon marché. C’est l’inverse en Asie, où les produits absorbant beaucoup de main‐d’œuvre (produits artisanaux, objets d’art, etc.) sont bon marché. Cette situation s’explique évidemment en partie par l’inégalité du développement, mais elle explique aussi l’avantage de chacune des deux régions à se spécialiser.
La division internationale du travail ne joue pas seulement entre pays inégalement évolués, elle joue également entre les nations très industrialisées. En effet, les échanges entre pays industriels sont extrêmement importants, de sorte que les meilleurs clients industriels sont les autres pays industriels. Les différences de qualité entre les produits sont responsables de l’intensité des échanges. Les voitures italiennes ou allemandes ne sont pas strictement comparables aux voitures françaises ou anglaises. C’est une idée fausse que les échanges internationaux se fondent essentiellement sur les différences de prix entre deux denrées identiques de pays à pays. En fait, le commerce entre les nations consiste surtout à introduire dans un pays des denrées, des produits ou des qualités de produits autres que celles fabriquées dans le pays. Il étend la liste des objets mis à la disposition des producteurs et des consommateurs.
Les conditions du commerce international
Les conditions du commerce international dépendent des types d’organisation des économies et diffèrent suivant qu’il s’agit d’une économie de marché ou d’une économie planifiée.
Les conditions des échanges dans les économies de marché
Dans une économie de marché, le niveau auquel s’établit les échanges entre les rapports des coûts intérieurs dépend d’abord de l’intensité de l’offre et de la demande portant sur chacun des biens. Toutefois, les conditions du marché peuvent s’avérer néfastes à l’intérêt national et la politique commerciale de l’Etat intervient pour modifier le jeu du marché, voire même pour s’y substituer.
Le taux d’échange
Le rapport d’échange dépend d’abord de la demande réciproque des pays. Autrement dit, les demandes rendent effectives les offres potentielles déterminées par les conditions de coûts. De même que le taux d’échange qui s’instaure est celui qui permet d’égaliser l’offre et la demande respectives des deux marchandises dans une économie de troc, le prix d’équilibre, dans une économie monétaire, est fonction des élasticités des demandes réciproques des partenaires (appelées « élasticités externes »). Or, les élasticités externes dépendent des élasticités internes et subissent, de plus l’influence du facteur « dimension ». En effet, l’élasticité de la demande nationale d’importation a pour premier déterminant l’élasticité de la demande intérieure de consommation. Elle sera d’autant plus faible que la demande intérieure et l’offre intérieure seront elles‐ mêmes plus rigides. Tout dépend en effet de l’aptitude de la production nationale à remplacer celle de l’étranger quand les prix des importations montent. Cette aptitude se mesure à l’aide de « l’élasticité de substitution » qui exprime la variation du rapport : produit étranger / produit national en réponse à un changement de rapport : prix d’importation / prix intérieur. Cette élasticité de substitution est normalement plus élevée que l’élasticité d’importation et elle est d’autant plus forte que l’importance relative du secteur intérieur concurrent est plus grande. Ce phénomène de substitution se présente différemment pour la demande étrangère d’exportation. Cette dernière constitue une portion de la demande sur le plan mondial de sorte que la demande de l’étranger à l’égard d’une nation est fonction de substitution entre pays fournisseurs. La demande d’exportation est élastique si le pays offreur a une production d’exportation petite par rapport à celle de ses concurrents. Plus ceux‐ci sont importants, plus un pays « petit offreur » peut bénéficier, en abaissant ses prix, d’un déplacement substantiel de la demande mondiale qui entraîne un fort accroissement relatif de ses exportations. En revanche, plus un pays est grand, plus la demande étrangère d’exportation est inélastique. Cependant la demande est gouvernée non seulement par les prix, mais encore par les revenus. Contrairement aux élasticités par rapport aux prix, on ne peut plus parler ici d’élasticité par rapport au revenu pour les exportations. Ce concept n’a de sens que pour les importations dont le taux relatif de variation peut être rapporté à la variation relative du revenu national. L’expérience prouve que ces élasticités sont en général plus fortes que les élasticités par rapport aux prix. Elles sont aussi particulièrement élevées dans les pays primaires qui importent principalement des produits industriels dont la demande est plus sensible à la conjoncture. Enfin, le facteur « dimension » achève d’expliquer le comportement des demandes réciproques. Pour une variation donnée du prix ou du revenu, la demande ou l’offre d’un pays de grande dimension pour des élasticités égales, répond par des quantités plus fortes que celles d’un petit pays. La notion de « sensibilité » différente de celle d’élasticité, exprime les réponses absolues de la demande ou de l’offre à un changement de prix ou de revenu. La sensibilité, prise dans ce sens, croît avec la dimension.
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Table des matières
INTRODUCTION
Partie 1 : GENERALITES SUR LES RELATIONS EN MATIERE COMMERCIALE ET DE CHANGE
1. Les échanges extérieurs
1.1. Le fondement des relations internationales
1.2. Les conditions du commerce international
2. Le règlement des échanges internationaux
2.1. Le régime des changes librement flexibles
2.2. Le cas des changes rigides
2.3. L’équilibre de la balance des paiements avec un régime des changes stables
3. La balance des paiements
3.1. Elaboration
3.2. Signification
3.3. Type de la balance des paiements
Partie 2 : L’APPROCHE ANALYTIQUE DES RELATIONS COMMERCIALES DE MADAGASCAR AVEC L’EXTERIEUR
4. La nécessité pour Madagascar de se mettre en relation avec le reste du monde
4.1. Le commerce extérieur est‐il utile à Madagascar ?
4.2. Les accords et conventions commerciaux de Madagascar
5. Impact des échanges sur le plan économique à travers la balance commerciale
5.1. Evolution des échanges commerciaux au travers des structures et des partenaires
5.2. Pourquoi le commerce extérieur de Madagascar est‐il déséquilibré ?
6. Comment améliorer le commerce extérieur malgache ?
6.1. Limitation des importations des biens de consommation
6.2. Politique et stratégie pour relancer les exportations de Madagascar
CONCLUSION