L’une des caractéristiques des sociétés modernes est une recherche plus poussée d’une apparence esthétique plaisante (34). Au niveau du corps humain, le visage est ce qui possède au plus haut point une unité intrinsèque : grâce à sa mobilité et à son pouvoir d’expression, il est seul à devenir comme le lieu géométrique de la personnalité intime (10). Les résultats des nombreuses études réalisées auprès des populations européennes (1), américaines (2) et africaines (3) sur la beauté et l’harmonie du visage ont montré que :
– la beauté humaine est subjective et relative,
– la perception de la « normalité » du visage varie d’une race à l’autre, d’une ethnie à l’autre dans une même race et aussi d’une époque à autre.
LA BEAUTE
Le mot « beauté » doit être ancien, car son étymologie et ses significations primitives sont perdues. Cependant, « le beau est un plaisir » .
Selon BAUD :
– la beauté est une affaire de goût et d’appréciation personnelle dont la réalisation dépend de l’imagination féconde des femmes ;
– la beauté est ce qui plait, mais cette faculté diffère totalement selon les régions et les peuples ;
– la beauté n’est pas une notion purement subjective. Ce n’est pas une chimère non plus, car elle est mesurable. Ainsi le beau est la justesse des proportions.
La notion de beauté est relative : elle est fonction du goût et des aspirations du moment de chaque peuple. Chaque race a sa propre notion de beauté, et à l’intérieur de chaque race, chaque ethnie a ses propres critères pour définir et évaluer le beau.
En effet, le beau n’est-il pas défini d’une manière générale, comme ce qui fait éprouver un sentiment d’admiration, de grandeur, de plaisir, de perfection et d’intensité ? Ce qui est beau pour l’européen, peut ne pas l’être pour l’africain, l’américain ou l’asiatique: la femme girafe est une beauté pour le MASSAÏ, mais sera une curiosité pour l’européen ou l’asiatique. Au sein même de la population malgache, les canons de beauté peuvent différer entre les BARA, les MERINA, les SAKALAVA et les autres ethnies. Les concours de beauté et les élections de miss, très en vogue actuellement, révèlent qu’une belle femme d’Ambatondrazaka est diversement appréciée à Tuléar ou à Nosy-be. Le sociologue Africain NIANGORAN BOUAH (6) soutient que « la belle femme noire doit avoir un visage ovale mais large comme se plaisent à la reproduire les sculpteurs. Elle doit avoir des sourcils longs, arqués et bien fournis, des dents bien blanches avec un espace entre les incisives centrales supérieures et un autre espace entre celles inférieures. Chez l’homme noir, les traits physiques doivent respecter les mêmes critères que chez la femme, à la différence qu’on tolérera une légère accentuation des caractéristiques négroïdes, notamment la platyrhinie par rapport à la femme. Chez les sujets occidentaux, les critères de beauté sont : une taille fine, une peau claire, des lèvres fines, un nez fin et droit et bien relevé ».
LES CANONS DE BEAUTE
Les canons sont les lois de proportion du corps ou du visage. Ils permettent de déterminer les parties atrophiées et les parties trop développées. La notion de beauté est relative :
– les canons égyptiens sont hiératiques. Les statuts présentent très souvent un front incliné, une ensellure nasale peu marquée, des lèvres bien ourlées, dégageant une impression majestueuse ;
– en Grèce, POLYCLETE (480 avant J.C) a établi un canon à partir de l’expression numérique du théorème d’EUCLIDE et des idées de PYTHAGORE. La tête représente idéalement 1/8 de la taille totale de l’individu et la face 1/10.
Le canon grec au niveau du profil se définit par le front bas, proéminent :
– il y a peu ou il n’y a pas d’ensellure nasale,
– le nez prolonge le front,
– l’étage inférieur est en retrait,
– la bouche est assez petite, les lèvres sont ourlées, charnues, le sillon labio-mentonnier est bien marqué et le menton rond est un peu lourd.
VITRUVE, architecte Romain (50 ans avant J.C) créa des types d’hommes idéalisés ayant des formes proches de la perfection et destinés à être immortalisés dans les statues. A la Renaissance, s’épanouirent des études sur la perfection du visage de l’homme basées sur les notions de mathématique et de géométrie : c’est le « nombre d’or ». Le nombre d’or, de valeur 1,678, se trouve dans une quantité de phénomènes naturels, de proportions géométriques et de constructions architecturales humaines. Si on divise le profil en trois parties avec comme repères le trichion, la glabelle, la pointe du nez et le pogonion cutané, une fois ces points réunis avec les tragus, les profils visiblement beaux suivent, dans leurs proportions, la section d’or.
Le génie universel, LEONARD DE VINCI, curieux de tout, décrit minutieusement toutes les parties du corps humain, dans ses dessins anatomiques. Il définit l’harmonie du visage dans le rapport des étages d’un visage adulte :
– de la racine des cheveux à la base du menton, on a le dixième de la hauteur de l’homme ;
– de la base du menton au sommet du crâne, c’est le huitième de la hauteur de l’homme ;
– les distances du menton au nez, du nez au sourcil, des cheveux au sourcil sont égales à l’oreille et au tiers du visage.
D’après PHILIPPE , il n’y a pas de « canons de beauté », car les vedettes les plus fameuses par leur physique ne se ressemblent pas.
L’ESTHETIQUE
L’esthétique vient du mot grec « aisthesis » ou « relatif à la perception du sens ». Pour le PETIT LAROUSSE, l’esthétique est « la science qui traite du beau en général et du sentiment qu’il fait naître en soi ». Selon le PETIT ROBERT, «l’esthétique est la science du beau dans la nature et dans l’art, une conception particulière du beau ». ARISTOTE (5) énonça les 3 piliers de l’esthétique :
– la précision ;
– la symétrie : une asymétrie du visage peu marquée est acceptée comme normale. Le portrait le plus célèbre de tous les siècles, MONA LISA, nous en convainc avec son asymétrie discrète ;
– la coordination des parties de l’ensemble, de façon à constituer des fractions disciplinées en tout.
Selon BAUD (5), l’esthétique est nécessaire, de même l’attirance immédiate. Le visage harmonieux n’est il pas une force psychologique utile en toutes circonstances ? Pour CAVAILLON (4), « la réception du message esthétique est conditionnée par l’existence d’un début d’informations limite, tant sémantique qu’esthétique, fonction de la culture, passée et mémorisée, de celui qui le reçoit ».
L’HARMONIE
L’harmonie est la notion la plus importante dans l’esthétique du visage. L’harmonie est, selon le philosophe et grand mathématicien grec PYTHAGORE (8), est « l’unité des diversités et l’intégration des différences ». Cette conception est aussi valable pour le visage humain où tant d’éléments sont concentrés en une unité et un ordre parfait. L’harmonie est l’expression de l’émotion humaine. C’est pourquoi la beauté de la reine NEFERTITI d’Egypte a survécu à travers les siècles .
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Table des matières
INTRODUCTION
GENERALITES SUR LES REGLES D’HARMONIE, L’ESTHETIQUE ET LES CANONS DE BEAUTE
La beauté
Les canons de beauté
L’esthétique
L’harmonie
ETUDE DE LA TYPOLOGIE FACIALE DE LA POPULATION ANTANDROY
Objectif de l’étude
MOYENS ET METHODES
Population d’étude
1.1. Description
1.2. Critères de choix
Méthodologie
2.1. Matériel d’examen
2.1.1. Réalisation des photographies du visage
2.1.2. Analyse des photographies
2.1.3. La fiche d’analyse
2.2. Etude du visage vu de face
2.2.1. Dans le sens vertical
2.2.2. Dans le sens transversal
2.2.3. Les indices de proportion de la face
2.3. Etude du visage vu de profil
2.3.1. Dans le sens vertical
2.3.2. Dans le sens antéro-postérieur
2.3.3. Etude des indices de proportion de la face
RESULTAT
INTERPRETATION DES RESULTATS
Analyse du visage vu de face
1.1 Dans le sens vertical
1.1.1. Etude comparative des étages faciaux
1.1.2. Etude comparative des différentes hauteurs des éléments anatomiques du visage
1.2 Dans le sens transversal
1.2.1. Etude de la symétrie faciale
1.2.2. Etude des différentes largeurs des éléments anatomique du visage
1.3 Les indices de proportion de la face
2. Analyse du visage vu de profil
2.1 Dans le sens vertical
2.1.1. Etude des différentes zones du profil cutané
2.1.2. Analyse des angles remarquables
2.2 Dans le sens antéro-postérieur
2.2.1. Etude de la typologie de SIMON-DREYFUS ET IZARD
2.2.2. Position des lèvres par rapport aux lignes esthétiques
2.2.3. Position des lèvres par rapport à l’angle « Z » de MERRIFIELD
2.2.4. Etude de la profondeur nasale
2.2.5. Etude des lèvres
2.2.6. Etude de la convexité du profil
2.3 Les indices de proportion de la face
3. Etude comparative
3.1 Selon les ethnies
3.1.1. Les similitudes
3.1.2. Les différences
3.2 Selon les races
3.2.1. Etude comparative avec la population Europoïde
3.2.2. Etude comparative avec la population Mélanodermique
3.2.3. Interprétation
3.3 Etude comparative avec la population camerounaise ethnie BAMILEKE
3.3.1. Les similitudes
3.3.2. Les différences
SYNTHESE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES