De nos jours, la demande en produits cosmétiques ne cesse de croître dans nos sociétés où le paraître et le bien-être occupent de plus en plus une place prépondérante. En effet, l’offre en produits cosmétiques s’est développée de façon exponentielle grâce à la recherche et l’innovation scientifique couplées à la demande croissante des consommateurs. Parallèlement à ces avancées techniques, des polémiques se sont développées concernant les substances chimiques présentes dans ces produits cosmétiques. En effet, un produit cosmétique est une substance ou préparation destinée à être mise en contact avec diverses parties du corps humain, notamment l’épiderme, les systèmes pileux et capillaire, les ongles, les lèvres et les organes génitaux externes, ou avec les dents et les muqueuses buccales. Ces produits sont souvent composés de principes actifs et des additifs qui peuvent être des conservateurs… [1]. Ces derniers constituent la famille d’ingrédients qui a fait le plus l’objet de débats et de controverses médiatiques. En fait, on entend par conservateur « toute substance qui prolonge la durée de conservation des produits en les protégeant des altérations dues aux micro organismes » [2]. Parmi les conservateurs, on trouve les parabènes qui sont soupçonnés d’être cancérigènes et perturbateurs endocriniens. Sa première utilisation en tant que conservateur dans les produits cosmétiques remonte à 1920. Leur utilisation avait pour but de remplacer les formaldéhydes, jugés nocifs pour la santé humaine et d’usage désormais restreint aux vernis à ongles. Les parabènes répondent à plusieurs critères d’un conservateur idéal : large spectre d’activité antimicrobienne, relativement non irritant, non sensibilisant et de faible toxicité, stables sur une large gamme de pH, et suffisamment solubles dans l’eau pour donner la concentration efficace souhaitée en phase aqueuse. Leur activité s’exerce d’avantage contre les moisissures ou les champignons que contre les bactéries, ils peuvent avoir de multiples effets biologiques, mais l’action la plus connue est l’effet inhibiteur sur le transport membranaire et sur les processus fonctionnels mitochondriaux.
D’une manière générale, la présence de parabène(s) dans une préparation préserve sa qualité microbiologique, améliore sa stabilité au cours du transport, et lors du stockage. Ils permettent de ce fait à l’utilisateur d’avoir des produits avec une bonne conservation sans risque de prolifération de germes toxiques. De plus l’absence de problèmes liés à leur utilisation depuis 1920 en ont fait des substances considérées comme relativement sûres.
GENERALITES SUR LES PRODUITS COSMETIQUES ET LES PARABÈNES
Produits cosmétiques
Définition
L’article L.5131-1 du Code de la Santé Publique définit le produit cosmétique comme « toute substance ou préparation destinée à être mise en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain, notamment l’épiderme, les systèmes pileux et capillaire, les ongles, les lèvres et les organes génitaux externes, ou avec les dents et les muqueuses buccales, en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles » .
Différentes formes
Les produits cosmétiques sont classés par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) en différentes catégories [4]:
❖ Produits pour la peau :
● Crèmes, émulsions, lotions, gels et huiles pour la peau ;
● Masques de beauté ;
● Fonds de teint (liquides, pâtes, poudres) ;
● Poudres pour maquillage, poudres à appliquer après le bain, poudres pour l’hygiène corporelle ;
● Produits de maquillage et démaquillage;
● Préparations pour bains et douches (sels, mousses, huiles, gels) ;
● Produits solaires, produits de bronzage sans soleil ;
● Produits permettant de blanchir la peau ;
● Produits antirides ;
● Produits pour le rasage (savons, mousses, lotions) ;
● Produits destinés à être appliqués sur les lèvres.
❖ Produits d’hygiène :
● Savons de toilette, savons déodorants ;
● Produits d’hygiène dentaire et buccale ;
● Produits d’hygiène intime externe ;
● Déodorants et antiperspirants.
❖ Produits capillaires :
● Colorants capillaires ;
● Produits pour l’ondulation, le défrisage et la fixation des cheveux ;
● Produits de nettoyage pour cheveux (lotions, poudres, shampooings) ;
● Produits d’entretien pour la chevelure (lotions, crèmes, huiles) ;
● Produits de coiffage (lotions, laques, brillantines).
❖ Autres :
● Parfums, eaux de toilette et eaux de Cologne ;
● Dépilatoires ;
● Produits pour les soins et le maquillage des ongles.
Composition
Actifs
Un actif est un ingrédient qui agit sur la peau pour lui procurer un bienfait réel, il peut être hydratant, apaisant, antioxydant, nourrissant ou autre, il est responsable de l’efficacité du produit cosmétique. Il doit être bien toléré par l’organisme, il doit avoir une bonne pénétration lorsqu’il est administré par voie dermique de même qu’une bonne biodisponibilité. Les origines des principes actifs sont diverses [5]:
➤ Origine phyto-chimique par production dans des usines agréées afin d’assurer la qualité, la sécurité et l’innocuité du produit cosmétique.
➤ Origine chimique par synthèse.
➤ Origine biotechnologique par modification partielle du patrimoine génétique d’organismes vivants (bactéries, champignons) ou virus pour en optimiser une ou plusieurs fonctions.
Excipients
Les excipients sont toutes les substances autres que les principes actifs entrant dans la composition des produits cosmétiques. Ils ont pour rôles [6]:
❖ d’assurer la stabilité physico-chimique du produit ;
❖ de véhiculer le principe actif ;
❖ de faciliter la diffusion du principe actif ;
❖ de modifier la perméabilité de la peau de façon réversible ;
❖ de modifier la texture et/ou la consistance du produit. Différents types d’excipients sont utilisés en cosmétologie.
Excipients hydrophiles
❖ Eau
L’eau peut représenter jusqu’à 95% du produit cosmétique dans lequel elle est contenue. Elle est utilisée sous forme déminéralisée (ou déionisée) et filtrée pour dissoudre les substances hydrosolubles [5].
❖ Solvants
Les solvants sont des substances organiques ajoutées aux produits cosmétiques pour dissoudre et empécher l’agrégation des molécules dissoutes. Les plus utilisés sont les alcools (principalement l’ethanol) et les glycols (l’éthylène glycol et le propylène glycol ). L’inconvénient pour les alcools est qu’ils s’évaporent au contact avec la peau ce qui peut provoquer le desséchement de l’épiderme. Pour éviter une déshydratation trop importante, le degré alcoolique doit être limité [5].
❖ Humectants
Les humectants sont, très souvent, additionnés dans les lotions, les gels et les émulsions. Ce sont des substances hygroscopiques qui ont pour rôle principal de s’opposer à l’évaporation de l’eau à partir de la préparation ou de la peau. Dans ce cas,ils agissent comme des actifs [6].
❖ Gélifiants (ou épaississants)
Ce sont des macromolécules qui possèdent des propriétés épaississantes et/ou gélifiantes capables d’augmenter la viscosité des phases aqueuses dans lesquelles elles sont dispersées. Les gélifiants et les épaississants assurent une certaine stabilité aux formulations en régulant leur consistance, en modifiant l’étalement et en fournissant un caractère filmogène . Ils peuvent être d’origine naturelle, semi-synthétique ou synthétique [5]:
– Origine naturelle
● Végétale: ce sont des polysaccharides extraits d’algues (alginates, carraghénates), de la sève (gomme arabique), de graines ou de pépins (pectine, gomme de guar, amidon).
● Minérale: ce sont la silice colloïdale et les silicates (vegum, montmorillonite, bentonite). Ils peuvent être chimiquement modifiés dans un but d’augmenter leur affinité pour les substances lipophiles et donc épaissir la phase grasse des émulsions ou les produits anhydres.
– Origine semi-synthétique: ce sont des dérivés de la gomme xanthane, présentant des caractéristiques très appréciables en cosmétologie, car ils sont très peu contaminables, stables et améliorent le toucher des émulsions.
– Origine synthétique: les gélifiants d’origine synthétique sont représentés par les polymères carboxyvinyliques (carbomer) bénéficiant d’une bonne stabilité, d’une résistance aux contaminations et ayant un effet rafraîchissant, ils donnent une sensation de toucher doux et agréable sur la peau.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES PRODUITS COSMETIQUES ET LES PARABÈNES
I. Les Produits Cosmétiques
I.1. Définition
I.2. Différentes formes
I.3. Composition
I.3.1. Les actifs
I.3.2. Les excipients
I.3.2.1. Les excipients hydrophiles
I.3.2.2. Les excipients lipophiles
I.3.2.3. Les agents émulsionnants
I.3.2.4. Les additifs
I.4. Réglementation
I.4.1. Réglementation UEMOA
I.4.2. Réglementation européenne
I.4.2.1. Dossier d’information sur le produit
I.4.2.2. Evaluation de la sécurité
I.4.2.3. Autorisation de mise sur le marché (AMM)
I.4.2.4. Etiquetage du produit cosmétique
I.4.2.5. Durée d’utilisation du produit cosmétique
I.4.2.6. Règlementation Annexe
II. Les parabènes
II.1. Structure chimique
II.2. Propriétés physico-chimiques
II.3. Origine
II.3.1. Naturelle
II.3.2. Synthétique
II.4. Utilisation
II.4.1. Spectre d’activité antimicrobien
II.4.2. Mécanisme d’action
II.4.3. Sensibilité
II.4.4. Résistance
II.5. Pharmacocinétique
II.5.1. Absorption
II.5.2. Métabolisme
II.5.3. Excrétion
II.6. Réglementation
II.7. Avantages et inconvénients
II.7.1. Avantages
II.7.2. Incovénients
II.8. Méthodes d’analyse
II.8.1. Identifications
II.8.2. Dosage
DEUXIEME PARTIE : TOXICITE ET ALTERNATIVES DES PARABENES DANS LES PRODUITS COSMETIQUES
I. La toxicité des parabènes
I.1. La toxicité aiguë
I.1.1. Les réactions d’hypersensibilité
I.1.2. Le mécanisme d’hypersensibilité
I.1.3. Les risques de réactions croisées ou associées
I.2. La toxicité sub-chronique et chronique
I.2.1. L’effet perturbateur endocrinien
I.2.1.1. L’effet œstrogénique
I.2.1.2. Les effets sur la reproduction masculine
I.2.2. La génotoxicité
I.2.3. La tératogénicité / Toxicité reproductive
I.2.4. La cytotoxicité
I.2.5. La neurotoxicité
I.2.6. Le vieillissement cellulaire photo-induit
II. Les alternatives des parabènes
II.1. La mention «sans parabène»
II.2. Les alternatives techniques
II.2.1. La stérilisation UHT
II.2.2. L’utilisation de Flacon « airless »
II.2.3. L’utilisation de tube monodose
II.2.4. Le Dispositif Exclusif Formule Intacte : D.E.F.I
II.3. Les alternatives naturelles
II.3.1. Les huiles essentielles
II.3.2. Les alcools
II.3.3. Les extraits naturels
II.4. Les alternatives de synthèse
II.4.1. Les produits de biosynthèse
II.4.2. Produits de synthèse chimique
II.4.2.1. Les humectants
II.4.2.2. Les régulateurs de pH
II.4.2.3. Le phénoxyéthanol
II.4.2.4. La méthylisothiazolinone
CONCLUSION
REFERENCES