Généralités sur les parasitoses intestinales et le paludisme

GÉNÉRALITÉS SUR LES PARASITOSES INTESTINALES ET LE PALUDISME 

LA GIARDIASE

Définition
La giardiase résulte de la présence dans le duodenum, d’un flagellé appelé Giardia intestinalis (Giardia lamblia).

Agent pathogène
Giardia intestinalis existe sous deux formes :
– la forme végétative ou trophozoïte qui se multiplie par scissiparité, mais sa fragilité ne lui permet pas d’assurer la transmission de la parasitose d’un sujet à un autre ;
– la forme kystique qui peut demeurer vivante dans le milieu extérieur pendant un temps plus ou moins long. C’est cette forme qui assure la contamination interhumaine. Les conditions déterminant la transformation d’une forme végétative en forme kystique sont mal connues.

Forme végétative ou Trophozoïte 

Elle a une morphologie particulière : de face, ressemble à un cerf-volant ou un masque et de profil a plutôt l’aspect d’un croissant. Elle mesure 15 µm de longueur sur 10 µm de large. La partie antérieure comporte une dépression, à concavité postérieure et un noyau bilobé. Les flagelles locomoteurs tous dirigés vers l’arrière sont au nombre de 8 : 1 paire antérieure, 2 paires situées à la partie moyenne de la cellule et enfin une paire postérieure. Tous ces flagelles partent de deux blépharoblastes situés entre deux noyaux, ils assurent au parasite une grande mobilité qui cesse rapidement dès que le milieu où il évolue se refroidit. Un organite immobile, l’axostyle, est également bien visible, il est situé dans le plan sagittal entre la dépression réniforme et l’extrémité postérieure.

Forme kystique 

Ovalaire, mesure de 9 à 13 µm de long sur 6 µm de large. La coque qui comporte une double paroi est lisse et peu épaisse. Les noyaux sont au nombre de 4 mais leur disposition dans le kyste est variable ; ils sont généralement groupés à l’une des extrémités du kyste. En plus des noyaux, il est parfois possible d’observer dans l’axe du kyste des restes flagellaires en forme de S très allongé.

Cycle évolutif

Giardia intestinalis sous forme, trophozoïte vit à la surface de la muqueuse duodénojéjunale, par conséquent en milieu acide. Il peut même s’enfoncer dans les cryptes de la muqueuse intestinale et dans la sous-muqueuse, ce qui explique certaines récidives après traitement par des médicaments non diffusibles. Les formes végétatives ont deux possibilités d’évolution :
– la division aboutissant à la naissance de deux individus ;
– la transformation en kystes. Ces derniers, dépourvus d’organes locomoteurs parcourent passivement tout l’intestin et on les retrouve dans les selles. Avalés par un nouvel hôte, ils se transformeront en forme végétative dans le duodénum (Lewis et Freedman, 1992).

Répartition géographique 

La giardiase est une parasitose intestinale cosmopolite extrêmement répandue avec une incidence plus élevée dans les zones tropicales chaudes et humides où la prévalence varie de 20 à 30% ; elle est spécialement prévalente chez les enfants dans les pays en développement (Bryan et al. , 1994). Elle est aussi fréquente dans les pays tempérés, dans les pays développés où la prévalence varie de 2 à 5% dans la population générale. Dans une étude récente portant sur les parasitoses aux Etats-Unis, G. intestinalis était le parasite le plus fréquemment identifié (Kappus et al., 1994) .

Clinique

Le plus souvent asymptomatique, la giardiase se manifeste différemment chez l’enfant et chez l’adulte : chez l’enfant, on observe de l’anorexie, un état de nervosité et dans des cas graves un syndrome de malabsorption ; chez l’adulte, ce sont des douleurs post-prandiales, sans horaires fixes et une duodénite dont le retentissement sur les fonctions hépatovasculaires se manifeste par un état nauséeux.

Diagnostic biologique 

L’examen coprologique permet la découverte et l’identification des kystes de Giardia (les formes végétatives n’étant qu’exceptionnellement émises dans les selles). Il existe des périodes sans émission de kystes et qui durent parfois une semaine, ceci impose la répétition de cet examen à 3 reprises avec un espacement de 3 à 4 jours. Exceptionnellement, les formes végétatives peuvent être recherchées dans le liquide de tubage duodénal.

Traitement

Quinacrine, métronidazole, tinidazole, furazolidone et le paromomycine sont tous utilisés pour le traitement des giardiases (Adam, 1991) .

Prophylaxie

– Stérilisation du réservoir de parasite par le dépistage et le traitement des porteurs de kystes, surtout chez les personnes qui manipulent les denrées alimentaires (personnel domestique, restaurateur…) ;
– l’aménagement de toilettes ou de latrines afin d’éviter la pollution des sols ;
– la lutte contre les mouches ;
– l’approvisionnement suffisant en eau saine par la création de réseaux d’adduction d’eau ;
– l’interdiction de l’utilisation d’engrais humain ;
– la construction d’égouts ;
– éducation des populations pour modifier leurs comportements en matière d’hygiène individuelle et collective ;
– bien laver les aliments consommés crus ;
– bien se laver les mains après les selles et avant les repas ;
– filtrer l’eau de boisson ou la faire bouillir.

AMIBIASES

Définition

Elle se définit comme étant l’ensemble des troubles causés par Entamoeba histolytica, seule espèce parasite de l’homme à être réellement pathogène.

Agent pathogène 

Entamoeba histolytica se présente sous trois formes différentes :

Forme histolytica
C’est la forme virulente pathogène (forme végétative hématophage) ; elle mesure de 20 à 40 µm et est très mobile à l’état frais grâce à ses pseudopodes. Cette forme vit chez l’homme dans les tissus (épaisseur de la paroi colique, tissu hépatique) où elle pénètre grâce à ses enzymes protéolytiques provoquant des microabcès pouvant confluer entre eux. On la retrouve également dans les selles dysentériques.

Forme minuta
C’est la forme végétative non pathogène, se nourrissant de débris alimentaires ou de bactéries ; elle est plus petite que la forme précédente (10 à 12 µm), vit en saprophyte dans la lumière colique et peut être présente dans les selles de sujets apparemment sains.

Forme kystique
Constitue la forme de résistance et de dissémination du parasite, elle mesure 10 à 13 µm et est entourée d’une coque épaisse et résistante. Les kystes s’éliminent avec selles. Les stades végétatifs ne résistent ni à la dessiccation, ni à la chaleur alors que les kystes y résistent et peuvent rester vivants pendant plusieurs jours dans l’eau. Sans action sur les kystes, l’acide chlorhydrique gastrique détruit rapidement les formes végétatives qui ne peuvent pas être infestantes per os. L’homme constitue le réservoir de parasites ; en dehors des malades, les porteurs sains qui hébergent les amibes sans présenter de symptômes évocateurs, jouent un rôle capital dans la propagation de l’affection. En permettant la survie des kystes, le milieu extérieur constitue également un réservoir de parasites.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. GÉNÉRALITÉS SUR LES PARASITOSES INTESTINALES ET LE PALUDISME
I.1. LA GIARDIASE
I.1.1 DEFINITION
I.1.2 AGENT PATHOGENE
I.1.2.1 FORME VEGETATIVE OU TROPHOZOÏTE
I.1.2.2 FORME KYSTIQUE
I.1.3 CYCLE EVOLUTIF
I.1.4 REPARTITION GEOGRAPHIQUE
I.1.5 CLINIQUE
I.1.6 DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
I.1.7 TRAITEMENT
I.1.8 PROPHYLAXIE
I.2 AMIBIASES
I.2.1 DEFINITION
I.2.2 AGENT PATHOGENE
I.2.2.1 FORME HISTOLYTICA
I.2.2.2 FORME MINUTA
I.2.2.3 FORME KYSTIQUE
I.2.3 CYCLES EVOLUTIFS
I.2.4 REPARTITION GEOGRAPHIQUE
I.2.5 CLINIQUE
I.2.6 DIAGNOSTICS
I.2.7 TRAITEMENT
I.2.8 PROPHYLAXIE
I.3 LES HELMINTHES TRANSMIS PAR LE SOL
I.3.1 CAUSES ET CARACTERISTIQUES
I.3.1.1 ETIOLOGIE
I.3.1.2 CHARGE MORBIDE
I.3.1.3 ASPECTS SPECIFIQUES A CHAQUE ESPECE
I.3.2 LES FACTEURS DE RISQUE
I.3.2.1 FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX
I.3.2.2 FACTEURS GENETIQUES
I.3.3 IMPACT SUR LA PAUVRETE
I.3.4 DIAGNOSTIC
I.3.5 TRAITEMENT
I.3.6 PROPHYLAXIE
I.4 TENIASIS
1.4.1 DEFINITION
1.4.2 AGENTS PATHOGENES
1.4.2.1 TAENIA SAGINATA
I.4.2.2 TAENIA SOLIUM
I.4.2.3 HYMENOLEPIS NANA
I.4.3 REPARTITION GEOGRAPHIQUE
I.4.4 CLINIQUES DU TENIASIS
I.4.5 DIAGNOSTIC
I.4.5.1 EXAMEN MICROSCOPIQUE DES SELLES
1.4.5.2 HEMOGRAMME
1.4.6 TRAITEMENT
1.4.7 PROPHYLAXIE
I.5 IMMUNITE LIEE AUX HELMINTHES
I.6 PALUDISME
I.6.1 INTRODUCTION
I.6.2 EPIDEMIOLOGIE
1.6.2.1 LES AGENTS PATHOGENES
1.6.2.2 CYCLE EVOLUTIF DE PLASMODIUM
CHEZ L’HOMME
CHEZ L’ANOPHELE FEMELLE
I.6.2.3 DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE DU PALUDISME
I.6.3 CLINIQUE
I.6.3.1 PALUDISME A PLASMODIUM FALCIPARUM
I.6.3.2 PALUDISME DU AUX AUTRES PLASMODIUMS
I.6.4 PHYSIOPATHOLOGIE DU PALUDISME
I.6.5 IMMUNITE NATURELLE ET IMMUNITE ACQUISE
I.6.5.1 LA PREMUNITION
I.6.5.2 LES FACTEURS INNES DE LA SUSCEPTIBILITE ET DE LA RESISTANCE AUX FORMES GRAVES DU PALUDISME
I.6.5.3 LES FACTEURS INFLUENÇANT LA REPONSE IMMUNE
I.6.5.4 REPONSE IMMUNITAIRE AU COURS DU PALUDISME (FIGURE 3)
I.6.5.5.1 L’IMMUNITE NON SPECIFIQUE
I.6.5.4.2 L’IMMUNITE ADAPTATIVE
II ÉTUDE DE L’ACCÈS ET DE LA GESTION DE L’EAU Á DIELMO ET NDIOP (SENEGAL)
II.1 INTRODUCTION
II.2 MATERIEL ET METHODES
II.2.1 ZONE DE L’ETUDE
II.2.2 SELECTION DES SUJETS
II.2.3 PRELEVEMENT DE L’EAU
II.2.4 ANALYSE BACTERIOLOGIQUE DE L’EAU
II.2.5 ANALYSE PARASITOLOGIQUE DE L’EAU
II.2.6 COLLECTE DES DONNEES ANTHROPOMETRIQUES
II.2.7 ANALYSES STATISTIQUES
II.3 RESULTATS
II.3.1 CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES
II.3.2 MODE DE GESTION DE L’EAU
II.3.2.1 MODALITE DE PUISAGE DE L’EAU
II.3.2.2 MODALITE DE TRANSPORT DE L’EAU
II.3.2.3 MODALITE DE STOCKAGE DE L’EAU
II.3.2.4 MODALITE DE RANGEMENT DE LA VAISSELLE
II.3.2.5 UTILISATION DE MEDICAMENTS
II.3.3 CONTAMINATION BACTERIENNE DE L’EAU DE BOISSON
II.3.4 CONTAMINATION PARASITAIRE DE L’EAU DE BOISSON
II.3.5 CARACTERISTIQUES NUTRITIONNELLES DES ENFANTS
II.4 DISCUSSION
II.5 CONCLUSION
III ÉTUDE DU PORTAGE PARASITAIRE EN MILIEU RURAL : CAS DE DIELMO ET NDIOP (SÉNÉGAL)
III.1 INTRODUCTION
III.2 METHODOLOGIE
III.2.1 POPULATION D’ETUDE
III.2.2 PRELEVEMENT DES SELLES
III.2.3 EXAMEN DES SELLES
III.2.3.1 EXAMEN DIRECT
III.2.3.2 EXAMEN APRES CONCENTRATION
III.2.4 TRAITEMENT
III.2.5 RECUEIL DES DONNEES ANTHROPOMETRIQUES
III.2.6 ANALYSES STATISTIQUES
III.3 RESULTATS
III.3.1 CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION
III.3.2 PORTAGE PARASITAIRE
III.3.2.1 VARIATION DE LA PREVALENCE DU PORTAGE PARASITAIRE SELON LES VILLAGES
III.3.2.2 VARIATION DE LA PREVALENCE DU PORTAGE PARASITAIRE SELON LE SEXE
III.3.2.3 VARIATION DU PORTAGE PARASITAIRE SELON L’AGE
III.3.2.4 VARIATION DE L’INTENSITE DE L’INFECTION SELON LE VILLAGE
III.3.2.5 VARIATION L’INTENSITE DE L’INFECTION SELON LE SEXE
III.3.2.6 VITESSE DE RECONTAMINATION PAR LES HELMINTHES
III.3.3 COMPARAISON DU STATUT NUTRITIONNEL DES SUJETS TRAITES ET NON TRAITES
III.4 DISCUSSION
III.5 CONCLUSION
IV ÉTUDES DES INTERACTIONS ENTRE LES HELMINTHIASES INTESTINALES ET LES ACCÈS PALUSTRES
IV.1 INTRODUCTION
IV.2 MATERIEL ET METHODES
IV.2.1 ANALYSES STATISTIQUES
IV.3 RESULTATS
IV.3.1 PREVALENCE DES ACCES PALUSTRES
IV.3.2 COMPARAISON DE LA MOYENNE DES ACCES PALUSTRES EN FONCTION DES SAISONS ET SELON LE VILLAGE
IV.3.3 COMPARAISON DES DENSITES PARASITAIRES EN FONCTION DES SAISONS ET SELON LES VILLAGES
IV.3.4 COMPARAISON DES MOYENNES DES ACCES PALUSTRES ET DES DENSITES PARASITAIRES CHEZ LES SUJETS PORTEURS D’HELMINTHES ET LES SUJETS NON PORTEURS
IV.4 DISCUSSION
IV.5 CONCLUSION
V DISCUSSION GÉNÉRALE ET RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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