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Structure de la phrase simple
Toute phrase P peut s’anal yser en deux constituants immédiats : les yntagme nominal (SN) et le s yntagme verbal (SV) placés dans cet ordre. Le choix des deux termes nominal et verbal est parfaitement arbitraire. Ces appellations sont toutefois justifiées par le fait que le noyau du premier s yntagme est constitué par un élément conventionnellement classé parmi les noms tandis que le no yau du second s yntagme est un élément conventionnellement classé parmi les verbes . Le nom et le verbe désignent des catégories grammaticales de la langue, comme les sept autres catégories d’éléments que sont le pronom, l’adjectif, l’adverbe, l’article, la préposition, la conjonction, et l’interjection . Nous ne donnons pas plus de détails sur ces éléments qui ne font pas proprement l’objet de notre travail .
La phrase simple a ainsi la structure : SN + S V, dans laquelle le s ymbole + marque l’addition ou concaténation . Cette structure correspond à sujet + prédicat ; les termes s u j e t et p r é d i c a t désignent des catégories fonctionnelles des éléments de la langue emplo yés ansd les énoncés, au même titre que les termes de complément, d’attribut, de déterminant . Ces dénominations, qui comportent un grand nombre des sous – catégorisations, résultent des rôles que les éléments de la langue ssumenta dans les énoncés . Comme ci -dessus et pour le même motif, nous ne donnons pas plus de précisions sur les catégories fonctionnelles .
Prenons l’exemple des phrases suivantes :
7 – La représentation commence.
8 – Caroline prêtera son livre de grammaire à sa voisine.
9 – Dominique travaille la nuit près d’Avignon
La première phrase peut se décomposer ainsi :
La représentation commence.
C’est une structure élémentaire dont le SN peut tou juste se décomposer en Art + N, où A r t se lit article et N nom .
La propre Caroline phrase 8 peut certes se structurer en SN + SV, où SN représente le nom et SV la longue suite prêtera son livre de grammaire à sa voisine ; mais cette phrase est un peu plus compliquée que la précédente.
Autour du verbe prêtera, nous trouvons le sujet Caroline , le complément d’objet direct son livre, et le complément d’objet second à sa voisine , troisième terme désignant la personne à qui est prêté le livre.
Réduite à ses deux termes essentiels, le sujet et le verbe, la phrase 8 a une structure satisfaisante : Dominique travaille . Mais on l’a enrichie de deux éléments complémentaires qui précisent dans quellescirconstances le fait s’est produit . La première circonstance, c’est le moment de l’action, la nuit, qui répond à la question quand ? ; la deuxième circonstance de l’action verbale, c’est le lieu, près d’Avignon, qui répond à la question où ? Au sein de la phrase 8, les suites la nuit et près d’Avignon sont des compléments circonstanciels . Ces compléments circonstanciels de sens très variés s’adjoignent à la phrase pour indiquer les circonst ances de l’action . Ces compléments sont d’ordinaire doués d’une certaine mobilité. Ainsi, l’on peut dire : La nuit , près d’Avignon, Dominique travaille ou Près d’Avignon, Dominique travaille la nuit .
La fonction attribut du sujet peut créer une phrase à trois termes : sujet + verbe + attribut . L’on a :
10 – Elle est maligne.
Parfois, une phrase se compose d’un seul terme, cel a se présente surtout à l’impératif. C’est ce qu’on a avec :
11 – Sortez !
Parfois un sujet est commun à plusieurs proposition s, comme avec :
Parfois, c’est un complément qui est commun à plusieurs propositions .
C’est la situation avec :
13- Il saisit la grappe et grignote au hasard des mains libres.
Dans cette phrase, la suite au hasard des mains libres complète à la fois saisit la grappe et grignote.
Des représentations de la phrase simple
On entend par représentation d’une phrase, une figure de forme géométrique qui visualise la structure de cette phrase. D ans la phrase, les mots se dispos ent en group es co mpo rtant un nomb re variable d’éléments . Les représ entations graphiqu es ont justement pour rôle de montrer la hiérarchisation de ces éléments dan s la formation de la phrase, de dégager niveau par niveau l’organis ation hiérarchis ée de la phras e . Pour co mprend re la formation de la phras e, les structu ralistes américains ont élabo ré sa des crip tion stru ctural e, laquelle consiste à caractériser les catégori es et les fo nctions gramm atical es des mots qui la constituent . Ce mod èle a donn é naissan ce à ce qu’o n app elle l’an al yse en constituant s imm édiats .
Com m e nous l’av o ns su ggéré dans l’introduction à ce trav ail, la phrase s’organise en unités qui s’embo îtent les un es dan s les autres . Il y a ainsi hiérarchie des éléments de la phrase . Chaqu eunité est un co nstituant imm édiat de l’unité qui lui est directement supérieure . C’est l’intuition, ou mieux le sentiment lin guistique ou encore pour parler co m me les gén érativistes c’est la comp étence lin gui stiqu e qui assu re l’éviden ce d e cette hiérarchisation . Mo ntrons cette hiérarchisation à l’aide de l’ex empl e de la phrase 7 donn ée ci – dessus . La phras e entière forme une unité . L’unité Caroline prêtera son livre de grammaire à sa voisine a pour constituants immédiats Caroline et prêtera son livre à sa voisine. L’élémentCaroline n’a pas de constituant immédiat . L’unité prêtera son livre à sa voisine a pour constituants immédiats prêtera son livreet à sa voisine . L’unité prêtera son livre a pour constituants immédiats prêteraet son livre . Si on arrête l’anal yse au niveau des mots, l’unité prêtera n’a pas de constituants immédiats ; mais si on poursuit la hiérarchisation jusqu’au niveau des plus petites unités linguistiques douées de sens ou morphèmes, alorsprêteraa pour constituants immédiats prêter et – ra . L’unité prêter elle -même a pour constituants immédiats prêtet – er . Nous arrêtons provisoirement notre anal yse là, bien que nous puissions la pousser à un niveau plus abstrait , celui des structures dites profondes, comme nous le verrons plus bas . L’unité à sa voisine a pour constituants immédiats à et sa voisine. L’unité sa voisine a pour constituants immédiats sa et voisine . L’unité voisine a pour constituants immédiatsvoisin et – e .
On peut arrêter l’analyse en constituants immédiatsau niveau que l’on veut . D’ordinaire, on cherche à l’arrêter à un nive au aussi abstrait que possible . C’est ce que nous ferons dans bien des ca s dans le présent travail .
La représentation permet justement de mettre en évidence la hiérarchisation de la phrase telle qu’elle est offerte par l’anal yse en
constituants immédiats . Son intérêt c’est d’étalercette hiérarchie de constructions sous les yeux dans l’espace, comme to ute figure géométrique en mathématique. On distingue différents t ypes de représentation . On a :
a – la boîte d e Ho ck ett,
b – la parenthétisatio n de W ells,
c – la p arenthétisatio n étiquetté d e Blo ch et H arris, d – l’arbre d e Cho msk y.
La phrase complexe
La phrase complexe est bâtie exactement comme la ph rase simple, c’est – à- dire qu’elle est constituée des seuls éléments essentiels correspondant à la structure de groupe de nom et de groupe de verbe. La phrase complexe s’obtient par accolement des phr ases simples entre elles . Nous avons vu ci -dessus que la phrase La tempête s’éloigne et les vents sont calmés dérivent de deux phrases : la première est La tempête s’éloigne, la seconde est Les vents sont calmés. Prises séparément, les deux phrases forment des propositions indépendantes . L’accolement de deux phrases se fait à l’aide d’un mot de liaison . Dans notre exemple, le mot qui marque l’accolement est et .
Pour la commodité de la démarche, nous nous en tiendrons au départ à l’accolement de deux phrases simples . Il est tou jours possible d’anal yser la structure d’une phrase comprenant plusieurs prop ositions par accolement des phrases simples deux par deux .
Mais ce mot de liaison peut manquer. La phrase complexe est ainsi une phrase qui comporte plusieurs verbes conjugués au mode personnel .
Dans notre exemple théorique, la phrase complexe comprend seulement deux verbes soumis à une telle contrainte. La plupart d u temps, c’est le mode indicatif et le mode subjonctif qui s’emploient dan s la phrase complexe parce que certaines constructions appellent au choix à l’indicatif ou le subjonctif selon les nuances de sens . Néanmoins, l’emploi d’autres modes personnels est possible.
Nous avons vu ci -dessus que la phrase qui s’organi se autour d’un verbe conjugué au mode personnel prend le nom de proposition . Ainsi, la phrase complexe est une suite de termes qui comporte deux ou plusieurs propositions . Dans notre exemple, la phrase complexe comprend deux propositions . Dans la phrase complexe, les deux propositions entretiennent des rapports déterminés, et c’est la nature de cesrapports qui déterminent le type de phrase complexe auquel on a affaire .
Division des phrases complexes
Seuls deux rapports peuvent régir les deux propositions de nos exemples : le rapport de dépendance mutuelle et le rapport de dépendance unilatérale.
D’après le premier rapport, les deux propositions de la phrase complexe sont sur le même plan . Mais il y a lieu denoter qu’il existe des phénomènes qui tendent à masquer ce rapport de dépendance mutuelle . On dit que les deux propositions sont coordonnées . D’après le second rapport, les deux propositions ne sont pas sur le même plan: l’une domine l’autre. Selon la terminologie de la grammaire traditionnelle, la proposition qui domine est dite principale et la proposition qui est dominée est dite subordonnée. En linguistique traditionnelle, le procédé qui consiste à construire une phrase complexe à propositions coord onnées s’appelle coordination, tandis qu’elle s’appelle attachement dans la linguistique générativiste et transformationnelle ; le procédé uiq consiste à construire une phrase complexe à proposition principale et pro position subordonnée s’appelle subordination dans la linguistique tradit ionnelle tandis quelle s’appelle enchâssement en linguistique générative et transformationnelle.
Des phrases complexes à propositions coordonnées
Les phrases complexes à propositions coordonnées sont construites par accolement ou coordination de propositions au mo yen d’un certain nombre de termes appelés conjonctions de coordination . La classe des conjonctions de coordination est une classe fermée. Il existe des éléments qui sont véritablement considérés comme des conjonctions de coordination ; il existe d’autres éléments qui ne sont pas rangésparmi les conjonctions de coordination mais qui fonctionnent comme telles .
Les termes qui, à l’unanimité des auteurs, ont étéclassés parmi les conjonctions de coordination sont les suivants : e t , o r , m a i s , o u , d o n c , n i , c a r . Il importe d’examiner le fonctionnement de ces éléments et de préciser qu’ils ont les uns par rapport aux autres .
Le terme de c o n j o n c t i o n est certainement malheureux, puisque substantif affecté du suffixe -t i o n marque plutôt une action . Il signifierait « action de conjoindre, de joindre ensemble ». Cependant, les éléments que le terme désigne sont des éléments de la langue qui assurent cette action . On devrait le nom de conjoncteur ou de j o n c t e u r ou, puisqu’ils assurent ici la coordination, celui de c o o r d o n n a t e u r ou de c o o r d o n n a n t .
Les coordonnants sont des mots invariables qui relient entre eux des mots, des groupes de mots, phrases, propositions de même nature et de même fonction . Dans l’exemple 15, le coordonnant e t relie deux propositions indépendantes . Mais e t peut relier des constituants de phrase . L’on a ainsi :
Marc et Luc sont des cousins de Sophie
Dans cet exemple, le coordonnant e t relie les constituants nominaux de la phrase : M a r c , L u c . Les deux éléments sont sur le même plan : ils ontla même fonction, et la phrase se présente comme l’adition de deux phrases suivantes :
Marc est un cousin de Sophie.
Luc est un cousin de Sophie.
Comme l’emploi du terme de conjonction est bien anc ré dans l’usage, nous l’emploierons tout au long de notre travail .
Les conjonctions de coordination sont des élémentsde liaison qui expriment certaines valeurs entre les phrases ou entre les constituants . On peut donner la liste des coordonnants avec leurs valeurs : et (addition) ; ou , ni (disjonction); mais , or (opposition), car (cause) ; donc (conséquence).
Syntaxe des conjonctions de coordination
Les conjonctions montrent des comportements divergents au sein des énoncés . Les conjonctionset , ou , ni , mais peuvent relier des phrases entières ou des constituants des phrases . Dans ce dernier cas, les éléments reliés assument des fonctions différentes, notamment celle de sujet et de complément . Pour chacun de ces éléments, nous allons donner le cas où ils relient des phrases et le cas où elles relient des constituants de phrase. Dans ces exemples, nous prenons soin de mettre en italique les éléments reliés pour ressortir les conjonctions que nous présenterons droites .
15 -. Marc et Luc sont des cousins de Sophie.
16 – La tempête s’éloignet les vents sont calmés
17 – La linguistique est historique ou elle n’est pas.
18 -Notre ami est malade ou fatigué.
19 -Ni l’homme ne chante ni la femme ne danse.
20 – Le personnage n’est pas heureux ni malheureux.
21 – Le temps est maussade mais les paysans partent aux champs.
22 – Cet élève estturbulent mais intelligent.
Les conjonctions car , or et don c relient uniquement des phrases non des constituants de phrase. L’emploi de or suppose par ailleurs une phrase antérieure à celle qui le contient, celle -ci étant sentie comme reliée à la phrase suivante qui, elle, est introduite par donc . L’ensemble des trois phrases forme un exemple parfait de s yllogisme.
23 – Il est sorti précipitammentcar il a été hué par l’assistance.
24-Tous les gens sont partis ; or il est resté; donc il doit être malade.
Les suites comme Il est sorti précipitamment car hué par la foule, Tous les gens sont partis , or resté, Il est resté, donc malade , ne sont pas licites . La première pourrait toutefois être énoncée dans un style relâché .
Mais si la phrase qui contient or est toujours précédée d’une autre phrase, celle qui contient donc n’est pas toujours précédée d’une phrase qui contient or , même si cette dernière phrase est supposée. L’ona l’exemple de :
25 -Jean et sont frère seraient bien restés,mais la nuit tombe, donc ils devaient partir.
Il existe des éléments qui assument les mêmes fonctions que les conjonctions de coordination mais qui ne sont pas classés comme tels ; ils sont classés parmi les adverbes ; ceux qui comprennent deux ou plus de deux constituants sont appelés locutions adverbiales . On peut citer parmi les plus emplo yés p u i s , e n s u i t e , qui marquent l’addition, c e p e n d a n t , t o u t e f o i s , p o u r t a n t , n é a n m o i n s, par contre , en revanche , qui marquent l’opposition, quand , quand même, quand bien même, qui marquent une condition h ypothétique, en effet , qui marque la cause, par conséquent, qui marque la conséquence. Contrairement à la plupart des conjonctions de coordination, ces éléments opposent des phrases entières, non desconstituants de phrase. Emplo yons certains de ces éléments :
26 – Il n’a pas très bien joué ; pourtant il s’était sérieusement entraîné.
27 – Ce garçon s’est très bien conduit ; en revanche, le comportement de son compagnon était exécrable.
Les nuances des valeurs que marquent ces éléments peuvent être très subtiles ; parfois ils sont interchangeables, parfois ils ne le sont pas . Parmi les oppositifs, cependant et pourtant paraissent commutables, ce qu’on peut tester avec la phrase ci – dessus qui contient pourtant . Toutefois et néanmoins paraissent commutables : ils référeraient à des événements contemporains ou postérieurs à ceux qui sont indiqués dans la phrase qui précède celle qui les contient, alors que les deux conjonctions précédentes réfèrent à des événements qui peuvent être postérieurs à ceux quisont relatés dans les phrases qui les contiennent . On peut montrer les valeurs de toutefois et de néanmoins à l’aide des exemples suivants :
28 – Il ne se sent pas bien, toutefois il est parti.
28’ – Il ne se sent pas bien, néanmoinsil est parti.
On voit bien par cet exemple que l’événement de « départ » marqué dans les phrases qui contiennent toutefois et néanmoins sont contemporains de l’événement « mauvais état de santé » marqué dans les phrases précédentes .
Les adverbes de condition q u a n d , quand même, quand bien même ont le même sens. Ils marquent la condition h ypothétique ; ils indiquent l’opposition, puisque l’irréel qu’ils indiquent est en contradiction avec l e réel . Ils signifient exactement même si, au cas où . Leur emploi exige le conditionnel dans la phrase qui les contient :
29 – Quand (quand bien ) son père s’y opposerait, j’amène cet enfant avec moi .
Représentation des phrases complexes par coordination
Pour montrer la hiérarchisation des éléments dans esl phrases coordonnées, nous donnons quelques représentationsde quelques phrases de ce t ype . Le premier cas représente l’exemple une phrase qui est faite la concaténation de deux phrases complètes ou phrases indépendantes . Ce cas est illustré par la phrase :
La tempête s’éloigne et les vents sont calmés..
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Table des matières
Remerciements
Introduction
Première partie Identification de la phrase complexe
I.0 De la phrase simple à la phrase complexe
I.1 Les diverses formes de la phrase simple
I.2 La phrase complexe
I.3 Structure de la phrase simple
1.4 Des représentations de la phrase simple
I.5 Commentaire de l’arbre de Chomsky
1.6 La phrase complexe
I.6 Division des phrases complexes
I.6.1 Des phrases complexes à propositions coordonnées
I.6.2 Syntaxe des conjonctions de coordination
I.6.3 Représentation des phrases complexes par coordination
1.7 Les phrases juxtaposées
I.8 Syntaxe des conjonctions de subordination
I.9 Classification des phrases complexes à proposition subordonnées
I.10 Différenciation sur le sens
Conclusion
Deuxième partie Les modes de génération des phrases complexes
II.0 Généralités
Quelques remarques sur la syntaxe transformationnelle
II.2 Les procédures transformationnelles
II.3 Des phrases complexes par coordination
II.3.1 Cas de coordination sans modification de phrases- noyaux
II.3.2 Cas de coordination avec modification de phrase- noyau
II.4 Généralités sur les modes génération des phrases à subordonnées
II.4.1 Des enchâssements qui ne modifient pas les phrasesnoyaux
II.4.1 Des enchâssements qui génèrent des modifications dans les phrasesnoyaux
II.4.1.1 Des transformations qui causent la troncation de la subordonnée
II.4.1.2 Cas de troncation dans les comparatives
II.4.1.3 La troncation dans les complétives
II.4.2 De la troncation de la phrase matrice
II.4.3 De l’insertion de la phrase constituante dans la phrase matrice
Conclusion
Bibliographie
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