GENERALITES SUR LES MENINGITES BACTERIENNES AIGUES
La méningite est une inflammation des membranes (méninges) cérébrales et médullaires dans lesquelles circule le liquide céphalorachidien. Cette infection est généralement causée par des bactéries, parfois des virus, des parasites ou des champignons mIcroscopIques. Les méningites purulentes sont les plus fréquentes. Elles sont causées par les bactéries et leur transmission se fait d’homme à homme par les sécrétions respiratoires. Elles sont également la cause majeure d’importantes morbidités et de mortalité dans le monde. L’OMS estime à plus d’un million de cas de méningites épidémiques qui sont survenus dans la « ceinture de la méningite» de LAPEYSONNIE au cours des 20 dernières années (1986-2006) et ont provoqué près de 90000 décès (1). Dans le monde, plusieurs types de bactéries sont responsables des méningites dont les principales sont Neisseria meningitidis (Nm) ou méningocoque, Streptococcus pneumoniae (.)p) ou pneumocoque et Haemopilus influenzae type b (Hi b). N. meningitidis est le germe susceptible de provoquer des épidémies importantes. S. pneumoniae est la principale cause des méningites endémiques (2, 3). En Afrique subsaharienne, les épidémies de méningites bactériennes aiguës récurrentes demeurent un problème majeur de santé publique. Ces épidémies saisonnières dont la létalité atteint 10 à 15% sont favorisées par l’effet de l’harmattan (4). Elles touchent tous les âges, du nourrisson à la personne âgée, en passant par les enfants et les adultes jeunes au cours des epidémies. Les taux d’attaque sont fonction de l’agent étiologique isolé et de l’âge (3, 5, 6, 7). Le diagnostic des méningites bactériennes est une urgence médicale. Il importe donc de connaître l’étiologie des méningites afin de mettre en œuvre rapidement l’antibiothérapie la mieux adaptée. C’est pourquoi les approches de diagnostic direct par la recherche de bactéries et/ou de leurs constituants ont connu des développements. Nonobstant leur importance, les techniques bactériologiques classiques ont des limites en matière de diagnostic dans les pays de la ceinture africaine de la méningite. L’émergence récente au Burkina Faso et au Niger du NmW135 (8, 9, 10, Il, 12), et le nombre de cas important dus à Sp ont rendu nécessaire le renforcement de la surveillance microbiologique depuis 2002 (13, 14).
ENONCE DU PROBLEME
Les épidémies de méningites bactériennes sévissent de manière cyclique à intervalle plus ou moins régulier en Afrique Subsaharienne dans la région définie par la ceinture de la méningite de Lapeyssonie (15). Dans la ceinture de la méningite en Afrique, l’importance des méningites bactériennes aiguës endémiques n’est pas aussi bien établie que ceBe des épidémies sporadiques de méningite à méningocoque (2). Dans cette région, Nm, Sp et Hi b sont les principales espèces responsables des méningites bactériennes aiguës.
Les méningites à méningocoques restent l’une des premières causes d’épidémies en Afrique Subsaharienne (2, 4, 15, 16). Toutefois, il ya des variations de sérogroupes prédominants comme l’émergence du WI35 en 2001-2002 au Burkina Faso et au Niger (11, 16), l’émergence du Nm X en 2006 au Niger (données CERMES/MS 2006). Les méningites à pneumocoque et à Hi b ont manifestement un impact majeur sur la santé publique. Des études réalisées au Burkina Faso et au Niger de 1980 à 1990, et des études récentes ont permis de mettre en évidence l’importance de Sp et Hi b dans les épidémies (2, 17). Les récentes études conduites dans la région de Bobo-Dioulasso en 2002-2003 et 2004- 2005 (années non épidémiques) ont confirmé l’importance de Sp (14, 18). La souche de Sp représente 44% des méningites bactériennes (35% chez les enfants de moins de 5 ans et 51 % chez les plus de 5 ans). Ces études ont permis aussi de mettre en évidence la saisonnalité de Sp avec 76% des cas confimlés en période sèche (décembre-avril). Le taux global de létalité associé à Sp est de 46%. Ce taux varie peu avec les classes d’âge des. Hi b, endémique est la principale cause des méningites bactériennes chez les enfants de moins d’un an (2, 19). Il représente plus d’un tiers des cas de méningites bactériennes aiguës chez les moins de cinq ans. L’étude de 2002-2005 a montré que Hi b, l’une des principales étiologies des méningites bactériennes, est associé à une létalité de l’ordre de 25% (17). La surveillance microbiologique des méningites bactériennes, nécessaire à l’orientation des stratégies de vaccination et au développement de nouveaux vaccins exige des techniques rigoureuses de diagnostic, sensibles et spécifiques. Les techniques d’analyse du LCR pour la confirmation étiologique des cas suspects de méningites bactériennes font appel à des méthodes bactériologiques conventionnelles. D’abord les prélèvements sont testés par agglutination de particules au latex pour la recherche d’antigènes solubles, ensuite ils sont mis en culture pour isolement du germe (20). La première technique permet l’identification précise du germe et du sérogroupe de méningocoque en cause. Mais son prix constitue un réel problème à son utilisation systématique dans les pays de la ceinture méningitique. Aussi la fragilité des germes (N.m, Sp et Hi b) et l’accessibilité limitée des laboratoires de bactériologie en Afrique ne permettent pas, en dehors des villes, la mise en culture systématique des LCR. Pour pallier ces difficultés de diagnostic et dans un souci d’analyser le maximum de LCR. un transfert de technologie PCR, technique de biologie moléculaire basée sur l’identification de L’ADN bactérien des germes (21), a été réalisé au Centre Muraz à Bobo-Dioulasso. Ce laboratoire qui est opérationnel depuis Juillet 2002 a fait ses preuves dans la surveillance étiologique longitudinale des germes responsables de méningites bactériennes (9, 14,23). Afin de connaître la fréquence, la distribution et la sensibilité aux antibiotiques des agents étiologiques isolés des LCR au cours des méningites, cette étude fait un récapitulatif de deux années d’analyses bactériologiques et moléculaires des LCR au laboratoire de bactériologie du Centre Muraz et au laboraratoire mixte AMP/Centre MURAZ de Bobo, au Burkina Faso.
ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE
DEFINITION
La méningite est une inflammation des méninges, le plus souvent d’origine infectieuse. Elle se caractérise par l’inflammation de fines membranes de la cavité cérébrale et du canal médullaire dans lesquelles circule le liquide céphalorachidien.
La méningite est une urgence médicale qui nécessite un diagnostic bactériologique et un traitement précoce. Selon les germes en cause, elle n’a pas le même caractère de gravité. Dans 80% des cas les méningites sont d’origine virale. Ces méningites sont bénignes et se rétablissent le plus souvent de manière spontanée. Dans 20 à 25% des cas, les méningites sont d’origine bactérienne. Ces infections sont particulièrement graves et peuvent être fatales. Elles le sont surtout en l’absence des traitements antibiotiques précoces et adaptés. Dans moins de 5% des cas, les méningites sont causées par des bactéries non pyogènes, des parasites et par des processus néoplasiques.
➤ Les méningites bactériennes aiguës demeurent des affections fréquentes et graves. Elles surviennent à tout âge avec une prédominance chez les adultes jeunes. Elles sont préoccupantes du fait de leur gravité spontanée, des décès et des séquelles qu’elles engendrent quand le diagnostic est fait tardivement et le traitement mal conduit. Selon le contexte de survenue, les méningites sont reparties en trois catégories:
➤ Les méningites primitives surviennent chez les sujets qui ont plus de 2 mois. Elles sont très souvent causées par Nm, Sp et Hi b. Les méningites néonatales surviennent chez les sujets de moins d’un mois. Elles sont surtout causées par les entérobactéries (Escherichia. coli, klebsiella. salmonella, serratia, etc.), Listeria monocylogenes, slreptocoque B et staphylococcus al/l’eus.
➤ Les méningites suppurées (purulentes) secondaires qui résultent d’une otite, d’une sinusite, d’une infection orbitaire, d’un foyer infectieux à distance, d’un traumatisme crânien et lou d’une intervention neurochirurgicale.
Les méningites bactériennes sévissent essentiellement sous deux fonnes :
• La fonne endémo-sporadique qui survient partout dans le monde avec une étiologie variable. Elle est plus fréquentt> dans les zones tropicales.
• La fonne épidémique dont l’étiologie principale est le méningocoque, sévit dans «la ceinture africaine de la méningite» de LAPEYSONNIE.
CARACTERES BACTERIOLOGIQUES DE Nm, Sp et Hi b.
Neisseria meningitidis
Nm est de la famille des Neisseriaceae et du genre Neisseria. Il a été découvert en 1887 par Weichselbaum qui le nomma d’abord Dip/okokkus intrace//ularis. Son nom actuel Neisseria meningitidis a été proposé par Albrecht et Ghon puis Murray en 1929 (52) Il est la cause de méningite purulente aiguë, de la méningite cérébrospinale (MCS) qui est habituellement épidémique dans la ceinture africaine de la méningite. Il est aussi responsable de bactériémie gravissime. Il se distingue en 13 sérogroupes dont le plus fréquent en Afrique et au Burkina Faso est le sérogroupe A.
Caractères morphologiques
Les Neisseria se présentent sous l’aspect de coques à Gram négatif «réniformes» ou en «grains de café» avec une face plane groupés deux à deux en diplocoques. Ils sont très souvent encapsulés. Les Neisseria observés à partir d’un frottis de LCR sont généralement intracellulaires (2 à 4, voire 8 diplocoques par leucocyte). Leur aspect morphologique est variable dans les cultures (24).
Caractères culturaux
Conditions et exigences de culture
Les méningocoques sont des bactéries aérobies strictes. Ces bactéries très exigeantes ne cultivent que sur des milieux enrichis en produits biologiques, plus rapidement (18 à 24 heures), entre 30°C et 38,5°C, avec une atmosphère humidifiée et enrichie à 10% de CO2, et même sans supplément. Il se cultive aussi sur gélose Muller Hinton en subculture .
Ces bactéries sont très sensibles aux variations de températures et de pH. Les milieux contenant les méningocoques doivent être constamment conservés à l’étuve bactériologique (20, 24).
Milieux et aspects des cultures
Les observations sont faites après 24 à 48 heures de culture:
➤ Sur gélose chocolat (GC) ou gélose au sang cuit (GSC): on observe de petites colonies (1 à 2mm de diamètre) lisses, bombées, luisantes, non pigmentées et transparentes. Elles sont parfois muqueuses.
➤ Sur gélose au sang frais de mouton (GSF): on observe une culture sans halo d’hémolyse.
➤ Sur gélose à l’ascite (GA): on observe des colonies très petites, transparentes, bleutées à bord régulier.
➤ Sur gélose Muller Hinton (MH) en subculture: on observe de petites colonies arrondies, transparentes du type S, présentant un léger reflet gris bleuté.
➤ En bouillon ascite: on observe un trouble avec un dépôt floconneux dans le fond du tube et un voile très fin à la surface.
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Table des matières
RESUME
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: GENERALITES
1. INTRODUCTION
1.1. GENERALITES SUR LES MENINGITES BACTERIENNES AIGUES
1.2. ENONCE DU PROBLEME
2. ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE
2.1. DEFINITION
2.2. CARACTERES BACTERIOLOGIQUES DE Nm, Sp et Hi b
2.2.1 . Neisseria meningitidis
2.2.1.1. Caractères morphologiques
2.2.1.2. Caractères culturaux
2.2.1.2.1. Conditions et exigences de culture
2.2.1.2.2. Milieux et aspects des cultures
2.2.1.3. Caractères biochimiques
2.2.1.4. Caractères antigéniques
2.2.1.5. Vitalité et conservation
2.2.2. Streptococcus pneumoniae
2.2.2.1. Caractères morphologiques
2.2.2.2. Caractères culturaux
2.2.2.2.1. Conditions et exigences de cultures
2.2.2.2.2. Milieux et aspects des cultures
2.2.2.3. Caractères biochimiques
2.2.2.4. Caractères antigéniques
2.2.2.5. Vitalité et conservation
2.2.3. Haemophilus influenzae
2.2.3.1. Caractères morphologiques
2.2.3.2. Caractères culturaux
2.2.3.3. Caractères biochimiques
2.2.3.4. Caractères antigéniques
2.2.3.5. Vitalité et conservation
2.3. EPIDEMIOLOGIE DES MENINGITES BACTERIENNES AIGUËS
2.4. PHYSIOPATHOLOGIE DES MENINGITES BACTERIENNES
2.5. DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
2.5.1. Le prélèvement
2.5.2.. Les examens directs
2.5.2.1. Aspect macroscopique
2.5.2.2. Analyses cytologiques quantitatives et qualitatives
2.5.3. Recherche d’antigènes bactériens solubles
2.5.4. Examen chimique du LCR
2.5.5. Mise en culture-identification et antibiogramme
2.5.5.1. Isolement-identification de l’espèce
2.5.5.2. Antibiogramme
2.5.6. La réaction en chaine par la polymérase
2.6. PREVENTION ET TRAITEMENT
2.6.1. La prévention
2.6.1.1. La vaccination
2.6.1.2. La chimioprophylaxie
2.6.1.3. Règles d’hygiène
2.6.2. Traitenlent
2.6.3. La surveillance microbiologique
DEUXIEME PARTIE: NOTRE ETUDE
3. OBJECTIFS DE L’ETUDE
3.1. OBJECTIF GENERAL
3.2. OBJECTIFS SPECiFIQUES
4. MATERIEL ET rvIETHODES
4.1. MATERIEL
4.1.1. Site de l’étude
4.1.2. Type et période d’étude
4.1.3. Type d’échantillonnage
4.1.4. Critères de définition des cas
4.1.4.1. Critères d’inclusion de cas suspects de méningites bactériennes
4.1.4.2. Critère de laboratoire pour le diagnostic biologique
4.1.5. Collecte des données
4.1.6. Variables de l’étude
4.2. METHODES
4.2.1. Traitement des spécimens de LCR aux laboratoires
4.2.2. Analyses bactériologiques
4.2.2.1. Examen macroscopique
4.2.2.2. Examen cytologique
4.2.2.3. Recherche d’antigènes solubles bactériens
4.2.2.4. Mise en culture et identification
4.2.2.5. Antibiogramme
4.2.2.6. Conservation des souches
4.2.3. Analyses par PCR
4.2.4. Méthodes d’analyse des données
5. RESULTATS DE L’ETUDE
5.1. REPARTITION DES CAS CONFIRMES DE MENINGITES BACTERIENNES.
5.1.1. Répartition des cas de méningites bactériennes selon la classe d’âge et le sexe
5.1.2. Répartition des cas de méningites bactériennes par districts
5.1.3. Description de l’aspect macroscopique des LCR.
5.2. DISTRIBUTION DES ESPECES BACTERIENNES DE L’ETUDE
5.2.1. Répartition des espèces bactériennes identifiées au Gram
5.2.2. Répartition des espèces bactériennes détectées au Latex
5.2.3. Répartition des espèces bactériennes isolées à la culture
5.2.4. Répartition des espèces bactériennes identifiées à la PCR
5.3. RESULTATS DES DIFFERENTES METHODES D’ANALYSES VIS-A-VIS DE LA CULTURE
5.3.1. Résultats de la culture et de l’examen direct (Gram)
5.3.2. Résultats de la culture et du latex
5.3.3. Résultats de la culture et de la PCR
5.4. SENSIBILITE DES GERMES ISOLES AUX ANTIBIOTIQUES TESTES
6. DISCUSSION
6.1. LIMITES DE NOTRE ETUDE
6.2. COMMENTAIRES
7. PERSPECTIVES
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE 1: COLORATION DE MAY-GRUNWALD-GIEMSA (MGG)
ANNEXE Il : COLORATION DE GRAM
ANNEXE III : RECHERCHE DES ANTIGENES SOLUBLES
ANNEXE IV : TEST DE L’OXYDASE DE KOVACS
ANNEXE V: GALERIE Api Neisseria Haemophilus (NH)
ANNEXE VI : PROCEDURE TECHNIQUE DU LABORATOIRE DE PCR
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