Soutenance mémoire
A Madagascar, les secteurs de production agriculture-élevage sont actuellement considérés comme un point clé de développement au niveau de l’économie rurale. Les éleveurs ont du mal à étudier une bonne alimentation variée de la vache du fait de la faible diversité des matières premières. L’insuffisance des matières premières est due à l’appauvrissement du sol en matières organiques, à l’autoconsommation de la production et à la commercialisation. La technique d’élevage reste encore traditionnelle et les éleveurs ne considèrent pas la production animale comme principale activité. Cependant, face à ces contraintes, tant pour l’homme que pour les animaux, il est judicieux de minimiser les pertes car l’heure n’est plus au gaspillage. Ainsi, des dispositifs d’étude et des ressources d’alimentation animale doivent être entrepris de façon durable et efficace.
Il est important de souligner la difficulté de convaincre un éleveur traditionnel de cultiver de l’herbe pour nourrir ses bœufs. Toutefois, à partir du moment où le pâturage est présenté comme un moyen pour régénérer le sol et pour augmenter les rendements améliorant ainsi la production des vaches laitières, les vulgarisateurs ont de fortes chances d’être suivis.
Depuis quelques années, l’Etat malgache a lancé un programme de sensibilisation sur la culture d’espèces amélioratrices de l’agriculture (GRANIER et al, 1972), dont Stylosanthes guianensis CIAT 184, notamment dans la région du Moyen-Ouest. En effet, cette espèce a la faculté :
● De maintenir et d’améliorer la fertilité du sol,
● De permettre de trouver des solutions aux problèmes de la jachère et de l’engrais,
● D’améliorer la production agricole,
● De lutter contre l’érosion intensive du sol.
Actuellement, les champs de Stylosanthes connaissent une évolution exponentielle dans cette région, plus particulièrement dans la Station de « Kianjasoa » retenu comme site de notre étude relative à l’effet de cette légumineuse dans la nutrition des vaches laitières, afin d’intégrer l’agriculture à l’élevage. Ce dispositif va engendrer l’augmentation de l’autosuffisance alimentaire et des revenus familiaux, avec une réduction de la dépendance vis-à-vis des intrants extérieurs.
Depuis plusieurs années, une partie des thèmes de recherche du LABASAN est focalisée sur la valorisation des ressources comestibles et disponibles à Madagascar aussi bien dans l’alimentation humaine que dans l’alimentation animale. C’est dans cette optique que s’insère notre étude intitulée : « Effets de Stylosanthes CIAT 184 sur l’entretien des vaches laitières et la croissance des veaux » réalisée dans le cadre du projet de l’Intégration Agriculture-Elevage (IEA) menée par l’unité de recherche du FOFIFA/DRZV, en partenariat avec les systèmes de culture et rizicultures durables (URP/SCRID) et le CIRAD, financée par le GSDM.
GENERALITES SUR LES MATERIELS VEGETAUX
Les matériels végétaux utilisés dans cette étude ont servi de:
▶ Aliment de base
▶ Aliment de complémentation .
Présentation des aliments de bases
Deux types d’aliments de base ont été adoptés : Stylosanthes et Brachiaria .
Stylosanthes guianensis CIAT 184
Stylosanthes guianensis est une légumineuse pérenne, méllifère ayant une durée de vie assez courte (3 ans environ).
Classification botanique du Stylosanthes
Règne : VEGETAL
Division : MAGNOLIOPHYTA
Classe : DICOTYLEDONES
Ordre : FABALES
Famille : FABACEAE
Ss/Famille : PAPILIONOIDEAE
Genre : Stylosanthes
Espèce : guianensis
Variété : CIAT 184
Noms vernaculaires : Stylo, Luzerne tropicale ou Luzerne du Brésil .
C’est une plante usuellement cultivée en association avec du riz pour améliorer son rendement dans la pratique du « vary antanety ».
Description
Stylosanthes est une légumineuse herbacée, érigée à semi-érigée, non volubile et originaire d’Amérique du Sud. Il prend la forme de petits buissons (1 m à plus de 1,8 m), aux feuilles trifoliolées de 0,5 à 5 cm de long, lancéolées, de couleur vert tendre à vert foncé. Les tiges sont velues et se lignifient par la base. Ses fleurs caractéristiques sont d’un jaune intense à orangé et peuvent être striées de rouge. Ses graines sont très petites (1,5 à 2 mm, 1 000 grains pèsent environ 3 à 4 g.), de couleur brune claire mais pouvant varier de jaune à noire, sont protégées dans des têtes (capitules). Environ, 70 % des graines sont dormantes et peuvent se conserver jusqu’à trois ans dans le sol. Son système racinaire est composé de nombreuses racines constituées d’un pivot principal et des racines secondaires rondes concentrées à 80 % dans les 20 premiers centimètres du sol (COOK, 2005). Sur ces racines secondaires se développent des nodosités en abondance.
Stylosanthes ne présente ni rhizomes ni stolons et peut s’enraciner à partir des tiges couchées sur le sol qui émettent des racines. Stylosanthes fleurit en mai – juin à Madagascar et les feuilles restent vertes durant la saison sèche (RAZAFINARIVO, 2012). S’il n’est pas coupé, il s’affaisse et de nouvelles pousses démarrent des tiges couchées au sol.
Zones de culture (AFD, 2006)
Stylosanthes est une plante adaptée à toutes les zones climatiques de Madagascar, de 0 à 1 600 m d’altitude, sous toutes les latitudes (20 °N à 32 °S), de 600 mm à plus de 3 000 mm de pluies (HUSSON, 2008). Il se comporte particulièrement bien en climat tropical humide et en climat de moyenne altitude et même avec une saison sèche marquée. Il supporte les climats tempérés d’altitude non gélifs. Sa production de biomasse est cependant limitée, car elle est réduite durant la saison froide. Il supporte également les climats semi-arides à condition de pouvoir développer rapidement ses racines en profondeur, sur des sols avec une réserve en eau suffisante. Il est une des rares légumineuses qui se développe bien sur les sols très peu fertiles (en partie grâce à une association avec des mycorhizes) et très acides (grâce à sa capacité à extraire le phosphore). Il présente aussi une très bonne tolérance à l’aluminium et au manganèse.
Intérêts agronomiques
Stylosanthes est capable de produire une forte biomasse même sur des sols dégradés et sans engrais (5 à 10 t/ha de matière sèche), et jusqu’à 20 t/ha sur sol riche (COOK, 2005). Ce qui permet de préparer la biomasse nécessaire au semis direct pour les années suivantes. Il est capable de dominer les adventices. Ce qui réduit très fortement les besoins de désherbage dans la culture suivante. Stylosanthes est une légumineuse qui fixe de fortes quantités d’azote (70 à plus de 200 kg/ha/an d’azote), de calcium et des oligo-éléments (Cu, Zn et surtout Mn qui est souvent déficient en semis direct sous forte pluviométrie). Il permet donc d’enrichir rapidement les sols (STACE, 1984). Son démarrage relativement lent fait qu’il peut être facilement associé à de nombreuses cultures sans risque de leur faire concurrence. Sa capacité à se développer durant une partie de la saison sèche et à utiliser toutes les pluies permet de décaler son implantation par rapport à la culture principale. Il peut ainsi être associé à des cultures comme le riz ou le maïs sur des sols riches ou fertilisés. Il en de même avec le manioc mais sur des sols pauvres. Il peut aussi être associé à des graminées dans un pâturage pérenne. Stylosanthes est utilisé en semis direct pour créer une couverture morte (la plante est tuée pour constituer une couverture végétale). Il n’est donc pas nécessaire de le replanter chaque année. Par sa capacité à enrichir, à restructurer les sols et à contrôler les adventices, Stylosanthes est un excellent précédent pour toutes les cultures. Le riz et le maïs, en particulier, bénéficient largement de ses effets, quant à un apport d’azote.
|
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : GENERALITES
I GENERALITES SUR LES MATERIELS VEGETAUX
I.1 Présentation des aliments de bases
I.1.1 Stylosanthes guianensis CIAT 184
I.1.1.1 Classification botanique du Stylosanthes
I.1.1.2 Description
I.1.1.3 Zones de culture
I.1.1.4 Intérêts agronomiques
I.1.2 Brachiaria brizantha
I.1.2.1 Classification botanique de Brachiaria
I.1.2.2 Description
I.1.2.3 Zone de culture
I.2 Présentation des aliments de complémentation
I.2.1 Son fin de riz
I.2.2 Farine de manioc
I.2.3 Mucuna pruriens IRZ
I.2.3.1 Classification botanique de Mucuna pruriens IRZ
I.2.3.2 Zone de culture
I.2.3.3 Intérêt agronomique
II GENERALITES SUR LES RUMINANTS
II.1 Herbivores polygastriques (Bovins laitiers)
II.1.1Climat
II.1.2 Génétique
II.1.3 Alimentation
II.1.4 Stress
II.2 Particularité du tube digestif des ruminants
II.2.1 Organisation des compartiments digestifs des ruminants
II.2.1.1 Parties spécifiques du tube digestif des ruminants
II.2.1.2 Intestins des ruminants
II.2.2 Micro-organismes du tube digestif des ruminants
II.2.2.1 Bactéries du rumen des ruminants
II.2.2.2 Protozoaires du rumen des ruminants
II.2.3 Physiologie de la digestion des ruminants
II.2.3.1 Phase de la mastication
II.2.3.2 Phase de la rumination
II.2.3.3 Digestion après la rumination
II.3 Maîtrise de l’alimentation des ruminants
II.3.1 Alimentation des veaux en croissance
II.3.2 Alimentation de sevrage des veaux
II.3.3 Alimentation des bovins laitiers
II.3.3.1 Besoins nutritionnels des bovins laitiers
II.4 Production laitière des ruminants
II.4.1 Mécanisme de la production laitière des ruminants
II.4.2 Influence de l’alimentation sur la production laitière
DEUXIEME PARTIE : MATERIELS ET METHODES
I PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
I.1 Site d’étude
I.2 Climat
I.3 Sols et végétation
I.4 Animaux
II MATERIELS VEGETAUX
II.1 Préparation des matériels végétaux
II.1.1 Préparation de Mucuna pruriens IRZ
II.1.1.1 Récolte de Mucuna pruriens IRZ
II.1.1.2 Traitement thermique de la graine de Mucuna
II.1.2 Préparation du Stylosanthes CIAT 184 et du Brachiaria brizantha
II.1.2.1 Récolte des Stylosanthes guianensis et Brachiaria
II.1.2.2 Transport des Stylosanthes et Brachiaria
II.2 Préparation de la complémentation
III DOSAGES BROMATOLOGIQUES DES MATERIELS VEGETAUX
III.1 Détermination de l’humidité totale et de la matière sèche
III.1.1 Humidité totale
III.1.2 Matière sèche
III.1.3 Humidité résiduelle
III.2 Indice de correction
III.3 Détermination des matières minérales
III.4 Détermination des cendres insolubles
III.5 Dosage du calcium
III.6 Dosage du phosphore
III.7 Dosage de la matière azotée ou protéine brute
III.8 Détermination de la teneur en lipides
III.9 Détermination des constituants membranaires
III.9.1 Méthode de Weende
III.9.2 Méthode de Van Soest (1979)
IV MATERIELS ANIMAUX
IV.1 Répartition d’animaux
IV.2 Détermination de la ration de la vache laitière pour chaque lot
IV.2.1 Besoins d’entretien
IV.2.2 Evaluation de la capacité d’ingestion
IV.2.3 Ration alimentaire de la vache laitière pour chaque lot
IV.3 Conduite d’élevage
IV.3.1Conduite de la distribution des aliments
IV.3.2 Etable des vaches laitières
IV.3.3 Conduite de la traite
V MATERIELS POUR LES ANALYSES STATISTIQUES
TROISIEME PARTIE : RESULTATS
I COMPOSITION CHIMIQUE DE LA COMPLEMENTATION
I.1 Composition chimique des graines crues et des graines cuites
I.1.1 Teneur en matière sèche
I.1.2 Teneur en protéine brute
I.1.3 Teneur en matière grasse
I.2 Composition chimique de la farine de manioc et de son fin de riz
I.2.1 Teneur en Ca, P et CI de la farine de manioc et de son fin du riz
II COMPOSITION CHIMIQUE DES FOURRAGES
II.1 Composition chimique de Stylosanthes CIAT 184 et de Brachiaria
II.1.1 Teneur en protéine brute et en fibre de Stylosanthes et Brachiaria
III COMPOSITION CHIMIQUE DES ALIMENTS COMPOSES
IV EVOLUTION DU POIDS DES ANIMAUX
IV.1 Moyenne du poids des vaches et de la moyenne de quantité d’aliment refus
IV.1.1 Moyenne de gain de poids de chaque lot après 21 jours
IV.2 Evolution du poids des veaux pendant l’expérience
IV.2.1 Moyenne de gain de poids de chaque lot durant notre étude
V EVOLUTION DE LA PRODUCTION LAITIERE
V.1 Evolution de la moyenne de production laitière par jour
QUATRIEME PARTIE : DISCUSSION ET CONCLUSION
I ANALYSE BROMATOLOGIQUE
II EFFETS DE STYLOSANTHES CIAT 184 SUR LES VACHES LAITIERES
III INFLUENCE DE STYLOSANTHES SUR LA COMPOSITION ET LA PRODUCTION LAITIERE
IV EFFET DE STYLOSANTHES SUR LA CROISSANCE DES VEAUX
CONCLUSION GENERALE
