GENERALITES SUR LES LYMPHOCYTES T CD4 ET INTERET DANS LE SUIVI DE L’INFECTION A VIH/SIDA
Les lymphocytes T CD4 (L T CD4) ou lymphocytes T auxiliaires sont un sousensemble de lymphocytes T exprimant à leur surface la glycoprotéine CD4. Ils jouent un rôle clé dans le système immunitaire en aidant d’autres globules blancs dans les processus immunologiques, notamment la maturation des lymphocytes B dans les plasmocytes et l’activation des lymphocytes T et des macrophages cytotoxiques (CD8) [6 ; 7]. Les L T CD4 coordonnent ainsi la réponse immunitaire et le mécanisme de défense de l’organisme contre les microorganismes et certaines formes de cancer. Le taux de cellules L T CD4 correspond au nombre de cellules par microlitre de sang. Sa valeur normale peut aller de 450 à 1600 CD4/µl et varie considérablement entre les individus (selon l’âge, le sexe, la race, le rythme circadien, etc.). Il peut également s’exprimer en pourcentage chez les enfants de moins de 5 ans du fait de la grande variabilité de leur nombre. Depuis 2002, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a mis en place des lignes directrices et des recommandations pour l’initiation du traitement antirétroviral (TARV) :
✓ en 2002, l’OMS a recommandé la thérapie antirétrovirale dans les milieux à ressources limitées lorsque le taux de CD4 était inférieur ou égal à 200 CD4/µl [9] ;
✓ en 2006, les lignes directrices étaient le TARV chez les nourrissons et les enfants de moins de 18 ans lorsque le taux de CD4 était inférieur ou égal à 200 CD4/µl [10 ; 11] ;
✓ en 2010, les recommandations étaient de commencer le TARV pour tous les patients séropositifs âgés de plus de 5 ans présentant un taux inférieur ou égal à 350 CD4/µl [12] ;
✓ en 2013, tous les enfants de moins de 5 ans étaient traités, indépendamment de la numération lymphocytaire CD4 ainsi que tous les patients asymptomatiques infectés par le VIH avec un taux de CD4 inférieur ou égal à 500 CD4/µl [13] ;
✓ depuis 2015, l’OMS recommande de traiter tous les patients séropositifs quel que soit leur taux de CD4 [14].
Le VIH infecte les lymphocytes T CD4, ce qui entraîne leur destruction au cours de la progression de l’infection par le VIH. En effet, la molécule CD4 joue un rôle important dans le développement des L T CD4 et agit également comme un corécepteur pour améliorer les réponses induites par les récepteurs de l’antigène des lymphocytes (TCR). Il est maintenant établi que la glycoprotéine CD4 fonctionne à la fois comme molécule d’adhésion favorisant les interactions et molécule de signalisation [8].
NUMERATION DES LYMPHOCYTES T CD4
Intérêt
La numération des lymphocytes T CD4 est le test de laboratoire le plus couramment utilisé pour surveiller les patients infectés par le VIH dans les pays en développement. Le taux absolu des L T CD4 est l’un des meilleurs indicateurs de progression de la maladie du SIDA. Le taux de CD4 est un paramètre essentiel au suivi de l’infection à VIH. De très faibles taux de CD4 indiquent un stade avancé de la maladie et une immunodéficience du mécanisme de défense. Le dénombrement des lymphocytes T CD4 est utilisé pour : – déterminer le stade d’infection par le VIH ;
– instaurer une chimioprophylaxie contre les infections opportunistes ;
– évaluer l’efficacité thérapeutique dans le cadre de la non-accessibilité de la charge virale [15].
Mesure des lymphocytes T CD4
La mesure des L T CD4 se fait par plusieurs méthodes telles que la cytométrie en flux qui constitue la méthode de référence et les méthodes alternatives.
Cytométrie en flux
La cytométrie en flux (CMF) reste la méthode de référence pour compter les cellules T CD4 en raison de sa justesse, de sa précision et de sa reproductibilité. Elle permet d’analyser rapidement un nombre important d’échantillons tout en offrant une grande polyvalence d’utilisation. Elle met en œuvre une étude précise des cellules isolées entrainées dans un flux liquide. Son principe général de fonctionnement consiste à la propulsion des cellules une à une à grande vitesse (plus de 30 km/h) dans un flux hydrostatique et au passage devant une source lumineuse (laser) ; puis à la récupération de la fluorescence issue d’un immunomarquage préalable (technique de type ELISA) [15]. La CMF est particulièrement adaptée aux cellules en suspension et donc à l’analyse des liquides biologiques. Elle permet alors d’obtenir les pourcentages de chaque type cellulaire du système immunitaire grâce aux divers antigènes de surface qu’elle possède. Cependant, la complexité et le coût de la CMF constituent des limites pour les pays en voie de développement. De plus, il est essentiel que les opérateurs de la CMF soient hautement qualifiés dans tous les aspects techniques et biologiques de la numération des L T CD4. Les intrants nécessaires et leur maintenance sont très coûteux. En outre, la CMF nécessite une électricité stable, des laboratoires climatisés et une chaîne de froid pour l’expédition et le stockage des réactifs [16 ; 7].
Méthodes alternatives
Ces méthodes ont été introduites au début des années 1990 pour étendre l’accès aux TARV dans les pays en développement.
Méthodes manuelles
Les méthodes manuelles ont été évaluées et ont donné pour certaines d’entre elles des résultats satisfaisants en termes de faisabilité, de rapidité et de coût et nécessitent un équipement minimal, tel qu’un microscope, pour fournir un comptage absolu des CD4. Toutefois, elles fournissaient des résultats en accord avec les CMF pour dépister les patients avec un faible nombre de CD4 (inférieur à 200 CD4/µl), mais leur précision diminuait significativement avec des taux de CD4 plus élevés. En outre, elles exigent beaucoup de main-d’œuvre et sont limitées par la nécessité de programmes de formation, de mesures de contrôle de la qualité, de maintenance des microscopes et de l’incompatibilité avec des échantillons fixes ou stabilisés utilisés dans des programmes de contrôle de la qualité externe. De plus, la subjectivité est introduite puisque les cellules sont comptées visuellement [7]. Les méthodes manuelles sont de moins en moins utilisées en raison de l’augmentation du seuil d’initiation du traitement antirétroviral et de l’introduction des méthodes plus efficaces et fiables.
Cytomètres dédiés ou spécialisés
Les cytomètres spécialisés tels que le FACSCount®, le CyFlow Counter® sont moins chers et plus faciles à utiliser que les cytomètres classiques. Cependant, ils n’offrent aucune flexibilité dans les analyses ou le choix des réactifs.
Méthodes point of care
Un point of care (POC) est un test diagnostique de laboratoire médical destiné à être effectué directement chez le patient, au cabinet médical, dans des centres médicaux, dans les laboratoires etc., à la condition de pouvoir disposer du résultat dans un bref délai [17]. La technologie CD4 POC est simple et fournit un résultat de taux de CD4 rapide pour le patient. L’utilisation de la technologie POC a permis de réduire la proportion de patients perdus de vue et le temps d’évaluation de l’admissibilité aux TARV. En outre, le POC CD4 facilite l’évaluation du système immunitaire chez les patients séropositifs par les agents de santé, qu’ils soient professionnels ou non [18 ; 7]. Il présente des critères d’utilisation satisfaisants tels que la sensibilité, la robustesse, la rapidité, le prix abordable, etc. Par conséquent, l’OMS suggère le développement et l’utilisation de technologies POC pour assurer des résultats rapides, moins coûteux et fiables dans les régions ayant un accès limité aux services de laboratoire centralisés.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
I. GENERALITES SUR LES LYMPHOCYTES T CD4 ET INTERET DANS LE SUIVI DE L’INFECTION A VIH/SIDA
II. NUMERATION DES LYMPHOCYTES T CD4
1. Intérêt
2. Mesure des lymphocytes T CD4
2.1 Cytométrie en flux
2.2 Méthodes alternatives
2.2.1 Méthodes manuelles
2.2.2 Cytomètres dédiés ou spécialisés
2.2.3 Méthodes point of care
III. CONTROLE DE LA QUALITE
1. Contrôle de la Qualité Interne
2. Contrôle de la Qualité Externe
3. Programme QASI: Quality Assessment and Standardization for Immunological measures relevant to HIV/AIDS
3.1 Echantillonnage
3.2 Réception des échantillons
3.3 Envoi des échantillons aux participants
3.4 Soumissions des données
DEUXIEME PARTIE : CADRE D’ETUDE ET METHODOLOGIE
I. OBJECTIFS
1. Objectif général
2. Objectifs spécifiques
II. CADRE DE L’ETUDE
III. METHODOLOGIE
1. Collecte des informations
1.1 Revue des rapports
1.2 Entretiens
2. Méthodes d’analyses des données
TROISIEME PARTIE RESULTATS ET DISCUSSIONS
I. RESULTATS
1. Laboratoires participants au Sénégal
2. Concordance et similarité inter-laboratoires
2.1 Performance globale des laboratoires
2.2 Performance des laboratoires selon la méthode de numération utilisée
II. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE : Images des appareils de mesure CD4
RESUME