Les infections associées aux soins constituent un problème majeur de santé publique car elles sont toujours associées à une morbidité et un coût additionnels importants. Selon l’OMS, la proportion des patients hospitalisés touchés par les infections acquises au cours des soins est très considérable et est parfois supérieure à 25% dans les pays en développement [1]. Ainsi chaque jour, 1,4 million de patients contractent une infection dans les hôpitaux à travers le monde. Certaines études font état d’une proportion de 11 à 35% d’infections nosocomiales par transmission croisée voire un rapport de plus de 50% attribués aux infections manu-portées [1]. En effet la transmission croisée des agents pathogènes par les mains du personnel soignant au cours des soins est la cause principale des infections nosocomiales. L’hygiène des mains est la mesure de base pour réduire l’incidence des infections. Bien que ce soit un geste simple, son manque d’observance est un problème universel. Une alternative à l’utilisation d’eau et de savon et une friction des mains avec un produit hydroalcoolique (PHA) adéquate. Depuis le début des années 2000, les PHA ont prouvé leur efficacité dans l’hygiène hospitalière et la lutte contre les infections nosocomiales [2]. En octobre 2005 l’Alliance Mondiale pour la Sécurité des Patients de l’OMS a lancé le Défi baptisé «Clean Care is Safer Care» – « Un soin propre est un soin plus sûr ». Ce défi sous forme de programme est un appel adressé à tous les pays, à tous les professionnels soignants pour promouvoir la sécurité des patients par la prévention des infections associées aux soins. Entre octobre 2005 et mai 2009, 120 pays, représentant plus de 85% de la population mondiale, y ont adhéré, faisant de la prévention des infections une priorité de leur politique de santé. La pratique adéquate de l’hygiène des mains au moment opportun constitue l’objectif du Défi «Clean Care is Safer Care» .
GENERALITES SUR LES INFECTIONSASSOCIEES AUX SOINS
Histoire de l’hygiène des mains dans la prévention des infections associées aux soins
Les infections associées aux soins (IAS) appelées infections nosocomiales constituent un problème majeur de santé publique car elles sont toujours grevées d’une morbidité et d’un coût additionnels importants. Elles représentent un défi universel [6]. La pratique adéquate de l’hygiène des mains, demeure la première mesure essentielle de prévention de ces infections [7]. En effet, c’est le médecin obstétricien hongrois Ignaz Philippe Semmelweis qui, en 1847, a apporté la première preuve épidémiologique de l’intérêt de l’hygiène des mains dans la prévention de la transmission des infections [8]. Lorsqu’il exigea des médecins accoucheurs, qui réalisaient aussi les autopsies, de pratiquer l’hygiène des mains avec une solution à 4 % de chlorure de chaux avant d’examiner les futures mères, le taux de mortalité des suites des fièvres puerpérales chuta de façon significative. Ainsi, dès 1962, Mortimer avait mis en évidence le rôle des mains des soignants dans la transmission de germes pathogènes, en l’occurrence des staphylocoques chez les nouveaux-nés [9]. Ce travail a démontré que le taux d’acquisition d’infections était quatre fois plus élevé et plus rapide en l’absence de lavage des mains. Cette étude a porté sur la fréquence de l’acquisition de Staphylococcus aureus chez des nouveau-nés, selon que l’infirmière se lavait ou non les mains après les soins d’un enfant porteur du germe. Elle est considérée comme l’une des études, depuis les travaux de Semmelweis, qui a réellement démontré de façon comparative l’importance du lavage des mains pour prévenir la transmission de germes pathogènes [10]. De nombreux autres travaux plus récents ont montré que la réduction des infections nosocomiales était directement liée à l’amélioration de l’observance de la pratique d’hygiène des mains [11] ; [12]. Parmi ces publications, la plus couramment citée est celle de Pittet D. et son équipe dans laquelle, il a été démontré que l’augmentation de 30 % de l’observance à l’hygiène des mains était associée à une diminution de la prévalence des infections (de 16,9% à 9,9%) et du taux d’attaque des Staphylococcus aureus résistants à la méthicilline –SARM (de 2,16 à 0,93 épisodes pour 10 000 journéepatients) [12]. L’hygiène des mains est le fondement du programme du premier Défi «Clean Care is Safer Care» lancé en octobre 2005 par l’Alliance Mondiale pour la Sécurité des Patients de l’OMS [13] pour promouvoir la sécurité des patients par la prévention des infections associées aux soins [14]. Dans le prolongement de ce Premier Défi, le Programme de l’OMS pour la Sécurité des Patients a lancé une initiative intitulée «SAVE LIVES: Clean Your Hands», dont l’objectif est de pérenniser le programme du Défi à la fois au niveau régional, national et mondial. La campagne «SAVE LIVES: Clean Your Hands» réaffirme l’importance de l’approche de l’hygiène des mains comme axe central de la protection des patients, des professionnels de santé et de l’environnement de soins contre la dissémination des agents microbiens et, par conséquent, de la prévention des IAS [15]. Ce Programme de l’OMS pour la Sécurité des Patients a l’ambition d’améliorer significativement l’observance dans tous les pays du monde, par rapport à la situation actuelle. Il se fixe l’objectif d’instaurer d’ici 2020 une véritable «culture de l’excellence» en matière d’hygiène des mains dans tous les établissements de soins avec une progression constante de l’observance à l’hygiène des mains au fil du temps.
Les infections associées aux soins
Une infection associée aux soins (IAS), également connue sous le terme d’infection nosocomiale, est définie comme une «infection acquise par un patient au cours des soins délivrés à l’hôpital ou dans tout autre établissement de soins, alors que cette infection n’était ni présente, ni en incubation au moment de l’admission du patient. Cela inclut également les infections contractées au cours des soins qui ne se déclarent qu’après la sortie de l’hôpital ainsi que les infections contractées par les professionnels soignants dans le cadre de leurs activités » [14]. Les infections associées aux soins (IAS) posent un problème de santé publique important car elles se produisent fréquemment, sont une cause de morbidité et de mortalité, et représentent une lourde charge pour les patients, le personnel soignant et les systèmes de santé. Ces infections surviennent partout dans le monde et touchent tous les pays, quel que soit leur niveau de développement [16]. Les infections associées aux soins touchent aussi bien les pays développés que les pays pauvres en développement. Une enquête de prévalence réalisée en 1987 pour l’OMS dans 55 hôpitaux de 14 pays en Europe, en Méditerranée orientale, en Asie du Sud- Est et en Pacifique occidental a montré qu’en moyenne, 8,7 % des patients hospitalisés étaient touchés par une infection nosocomiale [17] et qu’à tout moment, plus d’un million de personnes dans le monde souffraient de complications infectieuses acquises à l’hôpital. Des études plus récentes conduites en Europe ont rapporté des taux de prévalence de 4,6% à 9,3% d’infections associées aux soins avec des taux pouvant atteindre 37% dans des unités de soins intensifs [18]. Dans les pays en développement, peu de données sont publiées sur les infections associées aux soins. Cependant, quelques études menées dans certains de ces pays ont montré des taux de prévalence de 14,8% à 19,1% d’infections contractées au cours des soins [19]. Les infections nosocomiales les plus fréquentes sont les infections du site opératoire, les infections des voies urinaires et les infections des voies respiratoires basses [20]. Plusieurs études ont également montré que les prévalences les plus élevées des infections nosocomiales s’observaient dans les unités de soins intensifs et dans les services de chirurgie, d’urgence et d’orthopédie. Ces études ont aussi montré que ces infections étaient associées à des facteurs environnementaux tels que l’hospitalisation prolongée, la présence de dispositifs médicaux invasifs, les thérapies antimicrobiennes. Les taux d’infection sont aussi plus élevés parmi les patients rendus plus vulnérables par l’âge, une maladie sous-jacente ou la malnutrition. Les facteurs propres au germe (virulence, capacité à survivre dans l’environnement, résistance antimicrobienne) contribuent au développement d’une infection associée aux soins .
Prévention des infections associées aux soins
Les Techniques de l’hygiène des mains
L’hygiène des mains est la mesure primordiale à appliquer pour prévenir la transmission des germes et le développement des infections associées aux soins. En pratique, une procédure d’hygiène des mains doit réduire l’inoculum bactérien de 2 à 3 logarithmes au moins. L’hygiène des mains est réalisée principalement par le lavage des mains ou par la désinfection hygiénique des mains par friction. Les mains restent contaminées en l’absence d’hygiène des mains, mais les produits utilisés, les techniques d’hygiène des mains et la dose influencent le résultat obtenu. Les études comparant l’efficacité du lavage des mains et du traitement hygiénique par friction en situation de soins ont montré que les mains restaient contaminées par une flore transitoire après lavage des mains au savon doux, mais pas si les mains avaient été traitées par une solution hydro-alcoolique (SHA) [22]. Un autre travail a confirmé ces résultats, en montrant que le traitement hygiénique par friction avait une efficacité supérieure à celle d’un lavage hygiénique des mains de 30 secondes [23]. D’autres travaux sont en faveur de l’utilisation des SHA par rapport aux savons doux, y compris en présence de bijoux ou de faux ongles [24]. La durée de lavage des mains aussi est importante, 30 secondes permettant l’élimination de la flore transitoire, mais pas cinq secondes [25]. Pour le volume de solution hydro- alcoolique utilisé pour la friction, il été a démontré que 2,4 ml étaient suffisants pour couvrir les mains dans la quasi-totalité des tests, mais qu’un volume de 3,6 ml était plus efficace pour la réduction du dénombrement bactérien [26]. En termes de durée, l’efficacité microbiologique d’une friction de 15 secondes était inférieure à celle de 30 secondes [27]. Il est donc fortement recommandé d’effectuer une friction hydro alcoolique en remplacement du lavage des mains (au savon doux ou au savon antiseptique) et cela en l’absence de souillure visible des mains et si la solution hydro- alcoolique est disponible. Le lavage au savon et à l’eau est préconisé pour l’hygiène des mains lorsque les mains sont visiblement souillées ou si le produit pour la friction hydroalcoolique n’est pas disponible. La Société Française d’Hygiène Hospitalière (SFHH) recommande de ne plus utiliser les savons antiseptiques en établissement de soins, sauf pour les soins aux patients. Du savon doux et des PHA permettent de répondre à toutes les situations de désinfection des mains.
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Table des matières
1 .Introduction
2.Généralités
2.1. Histoire de l’hygiène des mains dans la prévention des IAS
2.2. Les infections associées aux soins
2. 3. La prévention des IAS
2.3.1. Les techniques de l’hygiène des mains
2.3.1.1. La friction hydro alcoolique
2.3.1.2. Le lavage des mains
2.3.2. Les cinq indications de l’hygiène des mains
2.3.3. Evaluation de la pratique d’hygiène des mains
2.4. Les solutions hydroalcooliques
2.4.1. Rappel sur la flore cutanée
2.4.2. Définition
2.4.3. Constituants des SHA
2.4.3.1. L’alcool
2.4.3.2. Antiseptique associés
2.4.3.3. L émollient
2.4.4. Formulations des SHA proposées par l’OMS
2.4.4.1. Formulation N°1
2.4.4.2. Formulation N°2
2.4.4.3.Contrôle de qualité
2.5. La stratégie multimodale de l’OMS pour la promotion de l’hygiène des mains
3. Méthodologie
3.1. Cadre d’étude
3.2. Période d’étude
3.3. Type, lieu d’étude
3.4. Déroulement de l’activité d’enquête
4. Résultats
4.1. Résultats des enquêtes sur les infrastructures
4.2. Résultats des enquêtes sur l’observance de l’hygiène des mains
5. Commentaires et discussion
6. Conclusion et Recommandations
7. Références bibliographiques
8. Annexes
8.1. Fiche Signalétique
8.2. Fiche d’enquête
8.3. Tableau d’auto-evaluation
8.4. Serment de Galien
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