Généralités sur les espèces négligées et sous utilisées (NUS)

Généralités sur les espèces négligées et sous utilisées (NUS) 

Définition du terme « espèces négligées et sous-utilisées » 

Les définitions reliées aux NUS sont multiples et ont évolué avec le temps. Selon Okigbo (1977), il existe quatre catégories de plantes utilisées par l’homme :
❖ les plantes sauvages qui poussent spontanément et sans aucune influence humaine ;
❖ les plantes protégées, qui poussent à l’état sauvage mais qui sont entretenues ;
❖ les plantes semi-sauvages qui peuvent pousser spontanément mais qui peuvent être également semées ;
❖ les plantes cultivées qui sont semées, plantées et améliorées génétiquement.

Le terme « espèce négligée et sous utilisée » est défini par plusieurs auteurs, comme désignant une espèce appartenant à l’une des trois premières catégories. Selon Zeven (1998), il fait référence à des cultures autochtones ayant une grande capacité à tolérer les stress biotiques et abiotiques, et ayant donc un rendement moyen mais stable en conditions de faibles apports en intrants agricoles. Thrupp (2000) le définit comme étant des populations issues d’une sélection locale, distinctes géographiquement et écologiquement, étayant des compositions génétiques très diverses. Les espèces « négligées » se réfèrent, selon l’IPGRI (2002), aux variétés d’abord cultivées dans leur centre d’origine par des agriculteurs traditionnels pour leur subsistance. Pour Villa et al., (2005), elles sont généralement riches génétiquement, adaptées localement et associées à des systèmes agricoles traditionnels. Ces variétés occupent leurs propres niches écologiques et autres niches de production à l’échelle locale et sont maintenues du fait des préférences et des utilisations socioculturelles. Ce sont des espèces qui ont longtemps été négligées par la recherche scientifique justifiant une faible documention sur elles.

Quant au terme « sous-utilisée », les auteurs ne s’entendent pas encore sur la définition. Cependant, selon Gruère et al., (2006), certains critères généraux ont été établis pour les désigner :
● une preuve scientifique ou ethnobotanique doit exister sur la valeur nutritive de ces espèces ;
● elles doivent être cultivées dans une zone géographique spécifique et être associées à un usage autochtone ;
● elles doivent être actuellement moins cultivées que les cultures conventionnelles, leur système d’approvisionnement en semences doit être mineur ou inexistant ;
● elles doivent avoir fait l’objet de peu de recherches scientifiques et d’améliorations technologiques.

Dans le cadre de notre étude, le terme «sous-utilisés» fait référence aux espèces adaptées localement, pouvant contribuer à améliorer le niveau de vie, la sécurité et la souveraineté alimentaire, mais dont le potentiel n’a pas été totalement atteint à cause de leur faible compétitivité par rapport aux cultures commerciales actuelles (IPGRI, 2002 ; Padulosi et al., 2011). Ce terme peut également se référer à certaines cultures principales et à certains produits en déclin ou actuellement abandonnés par les paysans, mais pouvant être relancés grâce à des interventions spécifiques telles que la valeur ajoutée ou la commercialisation (Padulosi et al., 2011).

Potentiel de resilience des NUS

La communauté scientifique est en accord sur l’importance des NUS. En effet la « Convention sur la Diversité Biologique (CBD) », le « Plan d’action mondial pour la conservation et l’utilisation durables des ressources génétiques végétales pour l’alimentation et l’agriculture » et le « Plan d’action du Sommet alimentaire mondial » reconnaissent à l’unanimité l’importance des NUS. Ainsi, la production et l’utilisation des aliments traditionnels sont de plus en plus encouragées. Selon les auteurs Séguin, (2010) et Yadav et al. (2011). l’agriculture doit répondre à une demande croissante de nourriture d’une population mondiale en expansion. Or, dans un contexte de changements climatiques, les disparités économiques et d’accessibilité aux ressources accentuent les problématiques environnementales et socioéconomiques (Thakur, 2014). Il apparaît donc crucial de mieux comprendre et mieux caractériser toutes les ressources phytogénétiques existantes sur Terre et qui peuvent également fournir des caractéristiques utiles pour relever les défis futurs, comme adapter nos cultures aux évolutions climatiques. C’est ainsi que des actions ont été entreprises par des recherches agricoles et des programmes de vulgarisations pour favoriser le respect des cultures traditionnelles qui peuvent jouer un rôle important dans les stratégies et actions pour la sécurité alimentaire :

➤ Diversification génétique
L’intérêt des NUS peut se manifester, selon Padulosi et al., (2009), par une amélioration génétique des cultures dites majeures, pour une meilleure adaptation aux nouvelles conditions climatiques. Ce qui veut dire que les espèces sauvages apparentées aux cultures locales alimentaires, retrouvées souvent en périphérie des zones cultivées, peuvent contenir des gènes assurant leur survie lorsqu’elles sont confrontées à des conditions climatiques difficiles.

➤ Alternative de culture
Dans ce rôle les NUS, pourraient permettre la diversification des cultures et favoriser l’agro diversité. Selon Mayes et al., (2011) et Thakur (2014), de nombreux bénéfices peuvent en découler tels que :
– le potentiel d’adaptation des cultures aux changements climatiques et à la dégradation environnementale;
– le potentiel de maintien du rendement agricole;
– le potentiel à développer une agriculture plus durable en diminuant l’utilisation d’intrants;
– la valeur nutritive et la diversité diététique supérieures;
– la contribution à la subsistance et aux revenus des communautés les plus démunies;
– et la contribution à la préservation de patrimoines culturels.

Adaptation et résistance aux stress abiotiques 

Les changements climatiques touchent le monde entier. La baisse de la pluviométrie, à travers le phénomène de sécheresse, constitue un véritable fléau, risquant d’augmenter l’intensité et la durée des épisodes de stress hydrique dans plusieurs régions (Lauer et al., 2012). Cela a des conséquences négatives sur les populations pauvres de l’Afrique occidentale, en général et du Sénégal en particulier, principalement dépendante de la production agricole pluviale et qui n’ont pas suffisamment de moyens alternatifs au déficit de pluies pour remédier au stress hydrique. Le Sénégal reste donc un pays vulnérable compte tenu de l’importance de sa population rurale, qui vit essentiellement de l’agriculture pluviale (Sagna et al., 2015). Les NUS, constituent des alternatives peu exploitées dans certaines zones et pourtant dans plusieurs territoires, l’adoption des NUS pourrait constituer une stratégie de réponse d’appui aux défis d’amélioration de la vie socio-économique, malgré les conditions climatiques. Plusieurs études démontrent déjà l’importance des NUS. Schippers et Budd (1997) ont montré, par exemple, que dans le sud-ouest du Cameroun, les herbes potagères autochtones représentent jusqu’à 50% de la ration de légumes des ménages. Il apparaît que la contribution des espèces négligées dans les moyens d’existences des pauvres, surtout dans les régions difficiles, est plus importante qu’on ne le croyait jusqu’ici. Plusieurs agriculteurs, surtout dans les zones qui ne se prêtent pas aux conditions requises de cultures des variétés à haut rendement, font recours à ces espèces négligées et sous-utilisées (NUS) pour améliorer leurs moyens de subsistance. Nous pouvons donner l’exemple du chou africain (Cleome gynandra L.) parmi tant d’autres ; c’est une plante annuelle dressée indigène de l’Afrique, considérée souvent comme une mauvaise herbe ou une « culture spontanée » dans de nombreuses régions des tropiques (Fifer, 2018). Dans plusieurs pays, notamment la Tanzanie, le chou africain est cultivé dans des jardins potagers en tant que fourrage animal. Les feuilles, les jeunes tiges et les fleurs de cette plante sont comestibles et sont riches en vitamines A et C, ainsi qu’en fer et calcium (Fifer, 2018). Un autre exemple est le haricot riz (Vigna umbellata (Thunb.) Ohwi & H. Ohashi,) qui est originaire de l’Asie du Sud-est où il est souvent cultivé en relais avec des céréales comme le maïs ou le riz (Fifer, 2018). Les paysans de l’est de l’Inde mangent généralement les gousses vertes crues et cuites de cette plante, en tant que légume. Les graines immatures de la plante sont bouillies et vendus comme collations dans les marchés villageois. Les graines sechées sont cuites et mangées avec le riz. Après la récolte, les plantes et les gousses sont données au bétail (Fifer, 2018).

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Table des matières

Introduction
Chapitre I : Synthèse Bibliographique
1.1. Généralités sur les espèces négligées et sous utilisées (NUS)
1.1.1. Définition du terme « espèces négligées et sous-utilisées »
1.1.2. Potentiel de résilience des NUS
1.1.3. Adaptation et résistance aux stress abiotiques
1.1.4. Adaptation à un faible apport en intrants
1.1.5. Adaptation aux sols acides et salins
1.1.6. Adaptation et résistance aux stress biotiques
1.1.7. Implication socio-économiques des NUS
1.1.8. Valeur nutritionnelle
1.1.9. Autonomisation des femmes
1.1.10. Implication culturelle
1.2. Cas des Nénuphars : Caractéristiques et utilisations
1.2.1. Origine et répartitions de Nénuphars
1. 2.2. Description botanique du Nénuphar
1.2.2.1. Appareil Végétatif
1.2.2.2. Appareil reproducteur
1.2.3. Ecologie des Nénuphars
1.2.4. Importance des Nénuphars
Chapitre 2 : Présentation de la zone d’étude
2.1. Situation géographique de la zone d’étude
2.2. Climat
2.2.1 Température
2.2.2. Humidité relative
2.2.3 Pluviométrie
2.3. Pédologie
2.4. Hydrogéologie
2.5. Hydrographie et hydrologie
Chapitre 3: Diversité et caractérisation morphologique des espèces du genre Nymphaea dans le delta et la basse vallée du fleuve Sénégal
Introduction
3.1. Méthodologie
3.1.1 Echantillonnage
3.1.2. Inventaire
3.1.3. Variables étudiées et méthodes de mesure
3.1.4. Elaboration de la clé de determination
3.1.5. Traitement des données
3.2. Résultats
3.2.1. Les espèces du genre Nymphaea inventoriées dans le delta et la basse vallée du Sénégal
3.2.2 Etudes des caractères macromorphologiques des espèces N. lotus et N. micrantha retrouvées dans le delta et la basse vallée du fleuve Sénégal
3.2.2.1. La feuille
3.2.2.2. La fleur
3.2.2.3. Le fruit
3.2.2.4 La graine
3.2.3 : Clés de déterminations
3.3. Discussion
Conclusion partielle
Conclusion

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