Depuis la préhistoire, les plantes ont constitué pour l’homme une providence pour sa survie. Il a utilisé les végétaux avant tout comme source de nourriture et pour construire son habitat. Il a utilisé les plantes vénéneuses dans la confection de poisons pour la chasse ou la guerre, les plantes hallucinogènes pour s’évader de la réalité et tenter de communiquer avec les esprits. Mais surtout, il a très vite compris que les plantes permettent de guérir les maladies (1).
L’utilisation de ces plantes, au départ empirique, a fait que l’homme a dû apprendre leur utilisation à ses dépens. Il a dû apprendre à connaitre leurs parties actives, les conditions de récolte et d’utilisation et leur toxicité. Par la suite, les chercheurs et praticiens traditionnels ont approfondi ces connaissances (1).
L’isolement des premières molécules au XIXe siècle, en amélioration les connaissances sur la structure des molécules, a progressivement conduit à la séparation et parfois même à l’opposition entre une phytothérapie traditionnelle souvent empirique et une thérapeutique officielle basée sur les molécules d’origine végétale dont la pharmacologie était mieux connue. Cependant, Cette thérapeutique officielle accepte parfois avec une certaine méfiance l’emploi de végétaux ou d’extraits complexes de végétaux dont l’action est liée par l’usage sans être attribuée de façon certaine à une molécule type (2).
Les travaux d’isolement et d’identification des biomolécules de plantes médicinales constituent actuellement l’un des axes de recherche les plus dynamiques et porteurs de plus-value. A partir de ces travaux, des milliers biomolécules ont été isolées et caractérisées à partir de plantes médicinales. Leurs propriétés thérapeutiques et pharmacologiques ont été déterminées. Confirmant ainsi, la grande richesse du règne végétal en substances bio actives. Ces résultats cachent difficilement le faible volume de travaux sur la recherche de biomolécules des plantes du biotope terrestre. Ainsi, sur les 250000 à 300000 espèces de plantes inventoriées, seulement 5 à 15% ont fait l’objet de recherche de molécules bio actives (3).
GÉNÉRALITES SUR LES CUCURBITACÉES ET LE GENRE MOMORDICA
LES CUCURBITACÉES
Définition et caractères
Les cucurbitacées sont une famille de plantes dicotylédones, présentes aussi bien en région tropicale qu’en région tempérée. Elles comprennent environ 90 à 120 genres et 700 espèces de plantes. Ce sont généralement des plantes annuelles et prostrées, grimpantes ou rampantes à l’exception de quelques lianes ligneuses (Ampelosicyos, Hodgsonia), d’arbustes épineux (Acanthosicyos) et d’un arbuste à tronc épais mais mou (Dendrosicyos) (8). La famille des cucurbitacées ou courges est une des plus connues, puisqu’elle renferme les melons, les concombres, les potirons, qui sont d’un usage journalier; et elle est fort remarquable en ce que ses fruits sont les plus gros du règne végétal. Les caractères communs à tous les individus de cette famille se tirent plutôt de la fleur que du fruit, qui n’offre pas autant d’uniformité dans sa structure. C’est pourquoi, les sections propres à faciliter l’étude des genres de cette famille ont été fondées par M. de Jussieu sur l’examen des fruits. Ils varient en effet par le défaut ou la persistance des cloisons, aussi que par leur tissu élastique, fibreux, charnu, restant entier ou s’ouvrant à la maturité. Ces fruits diffèrent aussi par leurs propriétés; quelques-uns sont amers et purgatifs, comme la coloquinte et l’élatérium. Beaucoup d’autres sont doux et alimentaires, comme les melons et fruits aqueux analogues. On reconnait au premier coup d’œil les cucurbitacées à leurs tiges ordinairement rudes, sarmenteuses, couchées ou grimpantes au moyen de vrilles tortillées en spirales; et lorsque sur de pareilles tiges, on rencontre des fleurs déclinées, dans lesquelles l’ovaire supporte le calice soudé en partie à la corolle, et dont les anthères présentent des loges inégaux ou en sillons flexueux, on a la certitude que la plante pourvue de ces attributs appartient à l’ordre naturel des cucurbitacées (9).
Classification
Les relations entre les cucurbitacées ont été très contestées, et elles ont parfois été classées comme un ordre de famille unique, les cucurbitales. La famille des cucurbitacées a été classée en deux sous-familles (les Zanonioïdeae et les Cucurbitoideae) et neuf tribus, dans de nombreux cas en utilisant des caractères d’ovule et de pollen (10). La sous-famille des Zanonioïdeae, ne comprenant qu’une seule tribu (les Zanonieae), est caractérisée par les styles libres, renfermant des genres montrant de nombreux caractères plésiomorphes et sont probablement paraphylétiques. Les Cucurbitoideae qui sont monophylétiques (confirmé par leurs styles complètement soudés), renferment huit tribus caractérisées par la position et le nombre d’ovules, l’ornementation et l’exine des grains de pollen, la forme de l’hypanthium, la forme du fruit et les caractères de l’androcée .
LE GENRE MOMORDICA L.
Position systématique des Momordica
La systématique du genre Momordica se présente comme suit:
Règne des Plantae
Embranchement des Magnoliophyta
Classe des Dicotylédones
Ordre des Cucurbitales
Famille des Cucurbitaceae
Sous-famille des Cucurbitoideae
Tribu des Joliffieae
Sous-tribu des thladianthinae
Genre Momordica .
Le genre a été décrit depuis 1753 par Linné .
Généralités et répartition géographique
Instauré par Linné, le genre Momordica comprend environ 40 à 60 espèces de plante dont la majorité est africaine. Du latin « mordere » qui signifie mordre, le nom Momrodica fait allusion aux graines irrégulièrement aplaties, comme si on les avait mâchées (13). Dans la famille des Cucurbitaceae, les espèces du genre Momordica sont les plus utilisées en médecine traditionnelle. Il englobe plusieurs espèces présentant à la fois des qualités nutritionnelles et médicinales en Afrique et en Asie.
La diversité spécifique des espèces dans le genre Momordica a été estimée différemment par différents auteurs. Bien que tous conviennent qu’il est un genre originaire d’Afrique et d’Asie, il n’est pas fiable d’estimer le nombre total d’espèces du genre (14), (15), (16). Dans la flore de l’Afrique tropicale, 14 espèces de Momordica ont été identifiées. Il s’agit de: M. Cardiospermoides, M. Cissoides (Syn. M. Guttata, M. Maculata), M. pterocarpa, M. angiosantha, M. trifoliata, M. balsamina, M. charantia, M. welwitschii, M. cucullata, M. mokorra (M. foetida), M. mannii, M. corymbifera, M. multifera et M. cymbalaria (Luffa cymbalaria). Les espèces présentes au Sénégal sont celles qui sont en gras. Enfin de toutes les espèces du genre Momordica, charantia reste la seule espèce présente dans toutes les zones intertropicales du globe .
Description botanique
Les plantes de Momordica sont annuelles et vivaces, à tiges filiformes, généralement herbacées monoïques ou dioïques, rampantes ou grimpantes et rarement des arbrisseaux(18). Leurs feuilles sont cordiliformes, lobées, assez minces et finement ponctueuses lorsqu’elles sont sèches. Les vrilles sont filiformes, non rameuses. Les fleurs anthèrées et les fleurs carpellées sur le même individu, blanches ou jaunâtres, axillaires, accompagnées d’une bractée réniforme; tube très court, campanulé, terminé par 5 lames linéaires, aiguës et appliquées. Les pétales sont obovales, ondulés, unis inférieurement et étalés. Les étamines au nombre de 5 sont unis 2 à 2, la 5e libre. Le filet est dilaté et non prolongé au-dessus des anthères flexueux. Les sépales unis en formant un long tube en fuseau couvert de larges aspérités et étranglé au sommet, sont terminés par 5 lames courtes et linéaires. Les fruits sont ovoïdes ou oblongs, pointus, couverts de gros tubercules très inégaux et se déchirant longitudinalement. Les graines sont ovales, obtuses et entourées d’un arille rouge présentant un rebord très épais et comme coupé. Quelques espèces sont remarquables par leur feuillage élégant et la singularité de leur fruit, qui se déchire et offre alors une belle couleur rouge .
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I: GÉNÉRALITES SUR LES CUCURBITACÉES ET LE GENRE MOMORDICA
I.1. LES CUCURBITACÉES
I.1.1 Définition et caractères
I.1.1 Classification
I.2. LE GENRE MOMORDICA L.
I.2.1 Position systématique des Momordica
I.2.2 Généralités et répartition géographique
I.2.3 Description botanique
I.3. MOMORDICA CHARANTIA L
I.3.1 Généralités
I.3.1.1 Noms vernaculaires au Sénégal
I.3.1.2 Origine et répartition géographique
I.3.1.3 Description
I.3.1.4 Autres données botaniques
I.3.1.5 Usages
I.3.2 Biomolécules extraites de M. charantia L.
I.3.2.1 Composés phénoliques
I.3.2.4 Les alcaloïdes
I.3.2.3 Les Stéroïdes
I.3.2.4 Les triterpènes
I.3.2.5 Les saponines
CHAPITRE II: MATÉRIELS ET MÉTHODES
II.1. CARACTÉRISTIQUES DU MATÉRIEL UTILISÉ
II.1.1 Matériel biologique
II.1.2 Matériel de laboratoire
II.2. MÉTHODES D’ANALYSE ET DE SÉPARATION
II.2.1 Méthodes chromatographiques
II.2.1.1 La chromatographie sur couches minces (CCM)
II.2.1.2La chromatographie sur colonne
II.2.2 Méthodes spectroscopiques d’analyse
II.2.2.1 Spectroscopie de résonance magnétique nucléaire (RMN)
II.2.2.2 Spectroscopie de masse
II.3. MÉTHODES D’EXTRACTION
II.3.1 Extraction liquide-liquide
II.3.2 Extraction solide-liquide
II.3.3 Extraction par un fluide supercritique
II.4. EXTRACTION DES BIOMOLÉCULES
II.5. MÉTHODES D’IDENTIFICATION
II.5.1 Méthode d’identification des tanins
II.5.2 Méthode d’identification des flavonoïdes
II.5.3 Méthode d’identification des alcaloïdes
II.5.4 Méthode d’identification des anthracènes
CHAPITRE III: RÉSULTATS ET DISCUSSION
III.1. RENDEMENT DES EXTRACTIONS
III.2. TEST D’IDENTIFICATION DE QUELQUES CLASSES DE BIOMOLÉCULES PRESENTES DANS M. CHARANTIA
III.2.1 Identification de tanins
III.2.2 Identification des flavonoïdes
III.2.3 Identification des alcaloïdes
III.2.4 Identification de dérivés anthracéniques
III.2.5 Analyse des résultats
III.3. IDENTIFICATION DES COMPOSÉS
III.3.1 Identification du composé de la fraction 2/3
III.3.1.1 Analyse du spectre RMN du proton
III.3.1.2 Analyse du spectre de RMN du carbone 13
III.3.1.3 Analyse du spectre de masse
III.3.2 Tentative d’identification par la RMN du proton de la classe chimique des composés présents dans la fraction 8 /1
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES