GENERALITES SUR LES CRUCIFERES
Les Crucifères comprennent un nombre important d’espèces, environ 3000, réparties sur toute l’étendue du globe. Elles sont plus importantes dans l’hémisphère nord (Guignard, 1998). Ce sont des plantes herbacées rarement ligneuses (cas des espèces adaptées aux montagnes et aux milieux désertiques). Les feuilles sont simples, alternes, très rarement opposées et stipulées. Les stipules sont réduits à l’extrême et très caduques. Elles sont riches en essences sulfurées provenant de l’hydrolyse d’hétérosides sulfurés sous l’influence d’enzymes: les myrosines. Les fleurs ont des pétales disposées en croix d’où le nom de crucifère qui leur est donné (crucem ferre = porter une croix). Le fruit est une silique et les graines ont des embryons volumineux dont les cotylédons sont repliés de diverses façons.
Les subdivisions de cette famille de plantes sont extrêmement difficiles à établir à cause de la grande homogénéité du groupe: l’accent est mis sur la forme de l’embryon et sa position, sur la forme du fruit et de celle du stigmate; et sur la forme et le nombre de nectaires (Hutchinson et Dalziel, 1954).Toutefois, elle regroupe des espèces cosmopolites qui se retrouvent surtout dans l’hémisphère nord tempéré. En France, on note 48 genres et 200 espèces surtout méditerranéennes. En Afrique occidentale tropicale, elle est faiblement représentée. On y note néanmoins la présence de sept genres: Eremobium, Farsetia, Brassica, Rorripa, Cardamine, Lepidium et Shouvia. Au Sénégal, en 1954, le recensement de la flore indique la présence de trois espèces du genre Brassica (Brassica napus, Brassica integrifolia et Brassica tomefortii) et une espèce du genre Rorripa (Rorripa humifusa). Actuellement de nombreuses espèces sont cultivées dans les zones maraîchères. Il s’agit du chou pommé vert (Brassica oleracea) et des autres variétés de chou, du navet (Brassica napus) et du radis (Raphanus sativus).
Importance des Brassicaceae
Les Brassicaceae sont utilisées aussi bien dans l’alimentation, la médecine et l’industrie que dans l’ornementation. Elles représentent parfois la source alimentaire principale de certaines populations asiatiques. Elles sont à l’origine de quelques unes des plus grandes cultures alimentaires de la planète Selon la FAO, elles sont développées sur une superficie de trente millions d’hectares, avec une production annuelle globale de 105 millions pour les choux, les choux-fleurs et le colza (Guilloux, 2000).
Les espèces médicinales, parfois âcres et rubéfiantes, agissent par leurs propriétés stimulantes et antiscorbutiques. C’est le cas des graines de moutarde utilisées en pharmacopée pour leur propriétés rubéfiantes (Guignard, 1998). D’autres aussi sont utilisées comme condiments. C’est le cas du raifort (Armoracia lapathifolia Gilib), de la moutarde noire (Brassica nigra (L.) Koch) et de la moutarde blanche (Sinapis alba L.). Quant aux crucifères industrielles telles que Isatis tinctoria, elles sont plutôt utilisées pour leurs propriétés tinctoriales. Plusieurs espèces sont considérées comme plantes ornementales (Giroflée, Monnaie du pape, Corbeille d’argent et Arabette des dames). Parmi les espèces importantes de Brassicaceae figurent le chou et ses variétés (chou pommé, chou de Bruxelles, chou- fleur, chou-rave, navet, colza, rave); les radis (roses et noirs), le cresson, les raiforts, la moutarde des champs et la bourse à pasteur.
Selon la classification de Hayek et de Shulz (Chadefaud et Emberger, 1960), les Crucifères sont subdivisées en Brassicacées, Arabidées, Capsellidées, Pringlées, Alyssées, Lepidiées, Thlaspidiées et Chenopodiacées. Actuellement, après révision, elles sont toutes regroupées au sein de la famille des Brassicaceae. Parmi les espèces de cette famille figurent: Barbarea verna, Barbarea vulgaris, Berteroa incana, Brassica juncea, Brassica napus napobrassica, Brassica napus napus, Brassica napus pabularia, Brassica nigra, Brassica oleracea bothrytis, Brassica oleracea capitata, Brassica oleracea gemmifera, Brassica oleracea gongylodes, Brassica oleracea viridis, Brassica rapa chinensis, Brassica rapa pekinensis, Brassica rapa perviridis, Brassica rapa rapa, Camelina microcarpa, camelina sativa, Capsella bursa-pastoris, Cardaria, draba,Cardaria pubescens, Cardaria spp., Coringia orientalis, Crambe abyssinica, Descurainia sophia, Erucastrum gallicum, Erysimum cheiranthoides, Lepidium campestre, Lepidium densiflorum, Lepidium sativum, Lepidium sp., Lepidium virginicum, Neslia paniculata, Raphanus raphanistrum, Raphanus sativus Rapistrum rugosum, Roripa nastutium-aquaticum Roripa spp., Sinapis alba, Sinapis arvensis, Sisymbrium altissimum, Thlapis arvense.
Importance du chou
Selon Mességué (1972), le chou a des vertus antiscorbutiques, antitoxiques et une action cicatrisante. Il peut être utilisé dans le cas de certaines atteintes profondes telles que les varices, les ulcères, les tumeurs, les zonas, les hémorroïdes et les gangrènes. On l’utilise aussi dans le traitement des angines, de l’anémie, des crises de foie de même que dans le soulagement des douleurs.
GENERALITES SUR PLUTELLA XYLOSTELLA
Systématique
Le genre Plutella comprend une trentaine d’espèces dont les chenilles vivent sur les crucifères sauvages ou cultivées. L’espèce Plutella xylostella (Linné, 1758), appelée communément teigne des crucifères ou teigne du chou est l’espèce la plus connue de ce genre à cause de son importance économique. C’est la seule espèce du genre inféodée aux choux cultivés au Sénégal.
Elle a deux synonymes selon Balachowsky (1966) : Plutella maculipennis (Curtis) et Plutella cruciferarum (Zeller). Selon Moriuti (1986) elle a longtemps été appelée Plutella maculipennis (Curtis) avant d’acquérir son nom actuel. Elle appartient à la sous-famille des Plutellinae et à la famille des Hyponomeutidae. Hyponomeutidae et Tinaeidae appartiennent à la super famille des Tineoidea. Selon Delvare et Aberlenc (1986), les Yponomeutidae et les Plutellidae appartiennent à la super famille des Yponomeutoidea. Cette dernière diffère de celle des Tineoidea par la présence d’un scape antennaire formant une œillère large ou alors un palpe maxillaire formé de 5 segments, long et coudé chez les individus de cette dernière super famille. Roth (1980) considère que les familles Yponomeutidae et Plutellidae sont synonymes; elles appartiennent à la super famille des Tineoidea. Les Yponomeutidae seraient caractérisés par des ocelles absents ou réduits, un palpe maxillaire formé d’un ou de deux segments et des chenilles grégaires assemblant feuilles et tiges avec de la soie. Chez les Plutellidae, les ocelles sont absents ou réduits comme chez les Yponomeutidae mais le palpe maxillaire est formé de 3 ou 4 segments et les chenilles sont phyllophages (Delvare et Aberlenc, 1986). La position systématique adoptée actuellement est la suivante :
Embranchement : Arthropodes
Classe : Insectes
Ordre : Lepidoptera
Superfamille : Yponomeutoidea
Famille : Yponomeutidae
Sous-famille : Plutellinae
Genre : Plutella
Espèce : xylostella
Origine et répartition géographique
L’insecte est originaire d’Europe occidentale et est aujourd’hui répandu dans le monde entier (Afrique australe et orientale, Afrique occidentale, Asie du sud-est, Amérique du nord, Amérique du sud et du centre, Océanie) Son extension s’est faite, en partie, avec l’importation de plants de crucifères infestés dans les différentes régions du globe (Balachowsky, 1966). Selon Kfir (1998), Plutella xylostella serait plutôt originaire de l’Afrique australe vu la richesse et la diversité de la faune de ses parasitoïdes ainsi que l’importance des espèces de Brassicacea indigènes dans cette région. En Afrique, selon Risbec (1950), Plutella xylostella a été signalée pour la première fois en Gambie et au Cap par Druce en 1880. En 1902, De Joannis l’a découvert en Érythrée et en 1906, Vosseler l’a rencontré au Tanganyika (Tanzanie). C’est une espèce que l’on retrouve en Rhodésie (actuelle Zambie), au Nyassaland (actuel Malawi), au Soudan français (actuel Mali) et en Égypte. Ghesquière l’a capturé aussi au Congo belge (actuelle République Démocratique du Congo). Selon Balachowsky (1966), l’espèce est répandue dans toute l’Afrique du nord, en Afrique orientale et en Afrique du sud mais elle n’avait pas été observée en Afrique équatoriale et occidentale excepté au Sénégal, au Mali, aux îles de San -Thomé et de SainteHèlène. Des données de la F.A.O indiquent sa présence au Cap-vert, au Mali, au Sénégal, au Burkina Faso et au Tchad. Elle n’a pas été signalée en Guinée et en Guinée-Bissau (FAO, 1996).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : GÉNÉRALITÉS, MATÉRIEL ET TECHNIQUES D’ÉTUDE
CHAPITRE I : GÉNÉRALITÉS SUR LES CRUCIFÈRES ET LA TEIGNE DU CHOU
1-GENERALITES SUR LES CRUCIFERES
1-1 Importance des Brassicaceae
1-2 Importance du chou
2 GENERALITES SUR PLUTELLA XYLOSTELLA
2-1 Systématique
2-2 Origine et répartition géographique
2-3 Description
2-4-1 Nourriture
2-4-2- Développement
2-5 Diapause et hibernation
2-6- Migrations
3- MÉTHODES DE LUTTE CONTRE PLUTELLA XYLOSTELLA
3-1 Utilisation de phéromones sexuelles
3-2 Contrôle cultural
3-3 Contrôle biologique
3-3-1 Utilisation d’hormones de croissance
3-3-2 Utilisation de produits naturels
3-3-3 Utilisation de parasitoïdes
3-3-4 Utilisation de prédateurs
3-4 Contrôle microbiologique
3-4-1 Utilisation de bactéries
3-4-2 Utilisation de virus
3-4-3 Utilisation de champignons
3-4-4 Utilisation de Nématodes
3-4-5 Utilisation de Protozoaires
3-5 Contrôle chimique
3-6 Lutte intégrée
4-ANTAGONISTES NATURELS DE PLUTELLA XYLOSTELLA
4-1 Parasitoïdes
4-2. Prédateurs
4-3 Micro-organismes pathogènes
4-3-1 Virus
4-3-2 Champignons
4-3-3 Bactéries
4-3-4 Nématodes
MATERIEL ET METHODE
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODE
1 CADRE GEOGRAPHIQUE
1-1 Localisation
1-2 Facteurs édaphiques
1-2-1 Le sous-sol
1-2-2 Hydrographie et formations aquifères
1-2-3 Le sol
1-3 Facteurs climatiques
1-4 Végétation
2 METHODOLOGIE
2-1 Enquêtes
2-2 Échantillonnages
2-3 Étude au laboratoire
2-3-1 Elevage
2-3-2 Etude descriptive
2-3-3 Etude dynamique
DEUXIEME PARTIE : RÉSULTATS ET DISCUSSIONS
CHAPITRE I : RÉSULTATS DES ENQUÊTES
1 OBSERVATIONS
1- 1 Caractéristiques démographiques
1-2 Mode d’acquisition des terres
1-3 Superficies cultivées
1-4 Matériel et Techniques culturales
1-5 Insecticides utilisés
1-6 Approvisionnements en intrants et Commercialisation des récoltes
2 DISCUSSION
CHAPITRE II : DESCRIPTION DES PARASITOÏDES DE PLUTELLA XYLOSTELLA
1- APANTELES LITAE ET COTESIA PLUTELLAE
1-1 Description
1-2 Discussion
2- OOMYZUS SOKOLOWSKII, HOCKERIA SP. ET BRACHYMERIA CITREA
2-1 Description
2-1-1 Oomyzus sokolowskii
2-1-2 Hockeria sp
2-1-3 Brachymeria citrea
2-2 Discussion
3 CONCLUSION
CHAPITRE III : PLUTELLA XYLOSTELLA ET SON ÉVOLUTION SPATIO – TEMPORELLE
1 RÉSULTATS GLOBAUX
1-1 Stades préimaginaux récoltés
1-2 Taux moyens d’émergence des imagos de Plutella xylostella
1-3 Mortalité des stades préimaginaux
2 DYNAMIQUE DES POPULATIONS P. XYLOSTELLA
3 DISCUSSION
3-1 Stades préimaginaux récoltés
3-2 Emergences des imagos de Plutella xylostella
3-3 Mortalité des stades préimaginaux
3-4 Dynamique des populations de P. xylostella
CHAPITRE IV : PARASITISME ET DYNAMIQUE DES PARASITOÏDES DE PLUTELLA XYLOSTELLA
1. PARASITISME
1-1 Parasitisme global
1-2 Parasitisme spécifique
1-2-1 Taux de parasitisme dû à Oomyzus (=Tetrastichus) sokolowskii
1-2-2 Taux de parasitisme dû à Apanteles litae
1-2-3 Taux de parasitisme dû à Brachymeria citrea et Hockeria sp
1-2-4 Taux de parasitisme dû à Cotesia plutellae
2. DYNAMIQUE DES PARASITOÏDES
3 DISCUSSION
3 -1 Parasitisme
3-1-1 Parasitisme global
3-1-2 Parasitisme spécifique
3-2 Dynamique des parasitoïdes
CONCLUSION
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES