Le Sénégal, conscient de l’importance de la maîtrise de gestion de sa population, a mis en place une politique nationale de contraception qui permet notamment :
• de protéger la mère et l’enfant par l’espacement des naissances
• de lutter contre les infanticides et abandons d’enfants non désirés par des jeunes filles ou des femmes sans soutien ou mal informées
• de prévenir les MST et surtout la pandémie sidéenne.
C’est pour ces raisons majeures qu’ont été mises en place des structures de planification familiale, avec dispensation de contraceptifs, chargés de jouer un grand rôle dans cette protection maternelle et infantile. Il faut dire que pour constituer un dossier en vue de l’obtention du VISA il est obligatoire de présenter une étude de conservation, qui doit se faire en temps réel. Cependant, dans les pays tropicaux, les contraceptifs oraux, constitués par des principes actifs thermolabiles peuvent, s’ils sont mal conservés, s’exposer à un risque d’altération. En effet, les hormones sexuelles se dégradent facilement à la lumière et lorsque les températures sont supérieures à 35°C. Des études de stabilité effectuées sur ces hormones (33) dans des conditions de vieillissement accéléré (température à 55°C) ont montré qu’ils perdent tous les trois mois 6,59% de leurs principes actifs. Alors que la même évaluation, réalisée à 20°C, permet d’envisager, pendant cinq ans, à l’abri de la lumière, une stabilité satisfaisante.
Bien qu’ayant fait leurs preuves dans leurs pays d’origine, les contraceptifs oraux ont besoin, une fois arrivés au Sénégal, d’être contrôlés en vue de vérifier leur fiabilité par le dosage de leur teneur en principes actifs. En effet on pourrait craindre que les contraceptifs oraux du Programme National de Planification Familiale (P N P F), livrés en blister sans conditionnement spécial tenant compte des conditions de stockage s’altèrent plus rapidement que les spécialités a base de mêmes principes actifs. C’est dans ce contexte nous nous sommes investis, pour apporter une contribution à l’étude de la qualité des contraceptifs oraux dans un souci d’assurer la sécurité des utilisatrices au Sénégal. Il s’agit notamment:
• d’évaluer la teneur en principe actif des contraceptifs oraux
• d’apprécier leur conformité par rapport au dossier d’AMM
• de mesurer le risque encouru par les populations féminines utilisatrices de ces contraceptifs oraux.
Définition
Les contraceptifs oraux sont des préparations hormonales dosées, susceptibles de modifier temporairement la physiologie hypophyso-ovarienne, et capables selon des modes d’action différents, d’empêcher la survenue d’une grossesse ou de la rendre très peu probable, de façon efficace et réversible. Les contraceptifs stéroïdiens utilisés per os comprennent deux types de produits :
– les associations oestroprogestatives
– les progestatifs micro dosés
Historique
L’idée de l’utilisation d’un contraceptif oral, remonte à plus de deux mille ans dans l’histoire écrite. Les premiers remèdes utilisés, tels que le mercure, l’arsenic et la strychnine, étaient cependant dépourvus de toute efficacité. Vers la fin du XVII°siècle, un anatomiste hollandais, nommé REINIER de GRAFF, observe pour la première fois des follicules ovariens. Environ 250 ans plus tard, le docteur EMIL KNARIER, gynécologue viennois, découvre le rôle joué par les hormones ovariennes dans l’apparition des caractères sexuels femelles. A la fin du XIX siècle, des chercheurs allemands observent que les follicules ovariens ne se développent pas pendant la grossesse. En 1921, le physiologiste autrichien LUDWIG HABERLANDT, propose le terme de stérilisation hormonale, et suggère l’utilisation d’extraits ovariens comme contraceptifs oraux. L’idée ne soulève que peu d’intérêt pendant 20 ans. Entre temps, la structure moléculaire des hormones sexuelles fut déterminée et on accumula nombre de connaissances sur le contrôle endocrinien de la reproduction. Les œstrogènes sont identifiés en 1929, et la progestérone en 1934. En 1941, MARKER utilise la diosgénine et l’igname mexicain, comme matière première pour la production de stéroïdes sexuelles, prélude à la synthèse de la nor éthisterone par CARL DJERASSI en 1950. Au même moment, FRANCK B. COLTON met au point le nor éthylnodrel. Ces deux composés ayant une activité semblable à celle de la progestérone, furent reconnus comme progestatifs.
En 1956, les effets de ces progestatifs sur les animaux sont étudiés par FRANCIS J. SAUNDERS, GREGORY PINCUS et leurs collaborateurs. JOHN ROCK, un obstétricien, conduit des essais cliniques avec le nor éthylnodrel à Porto Rico, et en 1956, ROCK, PINCUS et GARCIA démontrèrent qu’ils inhibaient l’ovulation. Des essais cliniques plus vastes furent alors effectués à Porto Rico, avec l’assistance d’EDRIS RICE- WAY. Ces essais portaient sur une combinaison de 10 mg de nor éthynodrel et 0,15mg de mestranol : c’était le premier contraceptif oral combiné. En 1959, cette préparation devint le premier contraceptif oral commercialisé. Depuis 1960, un grand nombre de contraceptifs ont été mis au point, avec une réduction progressive et simultanée des doses d ‘œstrogènes et de progestatifs On estime actuellement à plus de 60 millions, le nombre d’utilisatrices de contraceptifs oraux dans le monde.
JUSTIFICATIONS ET POLITIQUE DE PLANNING FAMILIAL AU SENEGAL
Les justifications
➤ Du point de vue de la santé publique
Notre pays connaît toujours un taux de morbidité et de mortalité élevé chez les groupes les plus vulnérables, c’est à dire la mère et l’enfant, en dépit de la baisse de la mortalité générale, observé entre 1960 et 1986. En effet :
-14 % des enfants meurent avant d’atteindre l’âge de un an, et en milieu rural où le phénomène est plus accentué, les enfants qui survivent à l’âge de 5 ans représentent une proportion inférieure à 2/3.
-La mortalité maternelle représente 20% des décès chez la femme. Elle est estimée à 530 pour 100 000 naissances vivantes, avec des pics dans deux régions: la région de Kolda : 1200 décès pour 100 000 naissances vivantes. la région de Tambacounda: 800 décès pour 100 000 naissances vivantes.
-7 à 10% des couples souffrent d’infécondité temporaire ou définitive, dont les MST sont les causes les plus importantes.
➤ Du point de vue du bien être familial
Le programme national de planification familial ( PNPF ) se justifie par rapport à un objectif global visant à promouvoir le bien être familial des populations rurales et urbaines. Le bien être familial signifie un état et une situation matérielle, résultant de la satisfaction des besoins d’une famille. La planification familiale, en permettant la maîtrise de la fécondation participe à la création des conditions favorables à ce bien être. De même, l’éducation des enfants, leur entretien correct sur le plan sanitaire, psychologique et économique est largement tributaire de l’équilibre familial. En définitive, la mise en œuvre du PNPF s’impose comme une mesure protectrice de l’entité familiale tant sur le plan de la sauvegarde de sa sécurité, de sa santé physique, morale et psychologique, que sur le plan de la promotion de son bien être. En aucune façon elle ne doit favoriser les libertinages sexuels ou la libération des mœurs.
➤ Du point de vue de la politique de population
La prise en compte de l’importance de la maîtrise du taux d’accroissement démographique, l’évaluation que ses effets négatifs exercent sur la croissance économique, la nécessité d’assurer une couverture satisfaisante des besoins fondamentaux de la population, ont conduit le gouvernement du Sénégal à adopter en Avril 1988 une déclaration de politique de population qui met en exergue le contexte culturel, démographique social et économique du Sénégal. Cette déclaration a abouti à la conclusion que l’Etat doit considérer de façon plus systématique toutes les questions des populations en les intégrant dans une stratégie globale de développement. C’est dans ce cadre qu’elle a recommandé la mise en place d’un PNPF dont les effets à long terme permettraient de sauvegarder et de consolider les fruits des efforts de redressement économique et social consentis.
➤ Du point de vue organisationnel
La mise en place du PNPF, répond aussi à des préoccupations d’ordre organisationnel. En effet, il existe aujourd’hui une multitude d’organismes motivés pour financer des projets ou appuyer des programmes de planning familial. Ces actions couvrent aujourd’hui les secteurs public et privé, et il s’avérait impérieux, de rationaliser les différentes actions, d’asseoir un cadre national de référence en matière de planning familial, dans lequel pourraient s’inscrire les interventions des bailleurs de fonds, afin de mieux répondre aux orientations et objectifs du gouvernement.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
GENERALITES SUR LES CONTRACEPTIFS ORAUX
I- DEFINITION
II- HISTORIQUE
III- JUSTIFICATIONS ET POLITIQUE DE PLANIFICATION FAMILIALE AU SENEGAL
A LES JUSTIFICATIONS
B LA POLITIQUE DE PLANIFICATION FAMILIALE
IV – RAPPEL DE LA PHYSIOLOGIE DU CYCLE MENSTRUEL
IV – 1 LE CYCLE UTERIN
IV – 2 LE CYCLE OVARIEN
IV – 3 LE ROLE DU CERVEAU ET LE SYSTEME DE FEEDBACK
V – LES DIFFERENTES METHODES DE CONTRACEPTION
V – 1 LES METHODES MASCULINES
V – 2 LES METHODES FEMININES
A .LES METHODES NATURELLES
B. LES DISPOSITIFS INTRA UTERIN
C. LE DIAPHRAGME
D. LES SPERMICIDES
E. LA CONTRACEPTION POST COITALE
F. LES EPONGES CONTRACEPTIVES
G. LES IMPLANTS SOUS CUTANES
H. LES CONTRACEPTIFS ORAUX
VI – MECANISME D’ACTION DES CONTRACEPTIFS ORAUX
VII- ETUDE CHIMIQUE DES CONTRACEPTIFS ORAUX
VII -1 COMPOSITION
VII -2 STRUCTURE
VIII LES DIFFERENTES FORMES DE CONTRACEPTION ORALE
VIII-1 LA CONTRACEPTION ORALE COMBINEE
VIII-2 LA CONTRACEPTION ORALE SEQUENTIELLE
VIII-3 LA CONTRACEPTION ORALE PROGESTATIVE
IX LES AVANTAGES ET LES INCONVENIENTS DES CONTRACEPTIFS ORAUX
IX.1 LES AVANTAGES
IX.2 LES INCONVENIENTS
X UTILISATION DES CONTRACEPTIFS ORAUX DANS CERTAINS CAS PARTICULIERS
X –1 DANS LE CAS DE L’ADOLESCENTE
X –2 LA CONTRACEPTION APRES 40 ANS
X –3 DANS LE CAS DU POST ABORTUM
X -4 DANS LE CAS DU POST PARTUM
XI CONTRE INDICATIONS
XI – 1 CONTRE INDICATIONS ABSOLUES
XI – 2 CONTRE INDICATIONS RELATIVES
XII PRECAUTIONS D’EMPLOI ET SURVEILLANCE
XIII LES INTERACTIONS MEDICAMENTEUSES
LES METHODES DE CONTROLE DE QUALITE
1 NOTION DE QUALITE
1.1 LA SECURITE
1.2 L’ACTIVITE
1.3 L’ACCEPTABILITE
2 LES ETAPES DU CONTROLE DE QUALITE
2.1 CONTROLE DES MATIERES PREMIERES
2.2 CONTROLE EN COURS DE FABRICATION
2.3 CONTROLE DU MEDICAMENT FINI
2.4 ETUDE DE LA STABILITE
3 LA DEGRADATION ET LA CONSERVATION
3.1 LA DEGRADATION
3.1.1 LES FACTEURS PHYSIQUES
3.1.2 LES FACTEURS CHIMIQUES
3.1.3 LES AGENTS BIOLOGIQUES
3.2 LA CONSERVATION
3.2.1 LES OBJECTIFS RECHERCHES ET LES TECHNIQUES UTILISEES
3.2.2 LE MEDICAMENT ET L’EMBALLAGE
4. LA DATE DE PEREMPTION
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I . LE CADRE DE L’ETUDE
II. LES PRELEVEMENTS
III. LE MATERIEL
-III 1 APPAREILS
-III 2 LA VERRERIE ET LE PETIT MATERIEL DE LABORATOIRE
-III 3 LES SUBSTANCES DE REFERENCE
-III 4 LES REACTIFS
IV LES METHODES DE CONTROLE DE QUALITE
IV 1 ASPECT
IV 2 POIDS MOYEN ET UNIFORMITE DE MASSE
IV 3 DIMENSIONS
IV 4 TEST DE FRIABILITE
IV 5 PERTE A LA DESSICCATION
IV 6 DELITEMENT
IV 7 . IDENTIFICATION ET DOSAGE DES PRINCIPES ACTIFS
1) NORGESTREL
a) IDENTIFICATION
b) DOSAGE
2) LEVONOGESTREL ET ETHINYLOSTRADIOL
a) IDENTIFICATION
b) DOSAGE
V PRESENTATION DES RESULTATS
VI DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE