Généralités sur les conduites dopantes

L’usage détourné de médicaments, parfois appelé usage « non médical », est un phénomène en pleine croissance, touchant particulièrement les adolescents et les jeunes adultes. En 2007, l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) nous alertait déjà dans son rapport que l’abus de médicaments délivrés sur ordonnance serait supérieur à la consommation de drogues illicites traditionnelles au sein des usagers de drogues, accompagné d’une hausse de l’abus de médicaments psychotropes.

Définition des conduites dopantes

Le concept de conduites dopantes est apparu en France pour la première fois en 1997. C’est le chercheur Patrick Laure qui en a proposé la définition, aujourd’hui adoptée au niveau national, notamment par la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT). Il définit les conduites dopantes comme « la consommation d’un produit pour affronter ou pour surmonter un obstacle réel ou ressenti par l’usager ou par son entourage dans un but de performance » (Laure, 2000). La nature des produits consommés et leur voie d’administration ne sont pas spécifiées car ce n’est pas la substance qui est mise en avant mais le comportement du consommateur. Toutefois, les produits utilisés lors de conduites dopantes sont principalement des médicaments, des stupéfiants ou des compléments alimentaires.

Leur consommation peut être réalisée de trois façons différentes :
– On parle d’usage simple lorsqu’elle est ponctuelle. Elle n’entraîne ni complications pour la santé, ni conséquences néfastes pour l’individu.
– Lorsque la consommation de substances devient inadéquate et préjudiciable pour la santé, elle correspond à l’abus ou à l’usage nocif. Elle est susceptible de provoquer des dommages physiques et psychologiques à l’individu, ainsi que des répercussions sociales ou judiciaires.
– La dépendance s’installe lorsque le besoin de consommer un produit devient irrésistible, malgré les problèmes provoqués par cette substance. Elle peut être physique et/ou psychologique. L’utilisation est répétée et peut conduire à la tolérance, c’est-àdire au besoin d’augmenter les quantités pour obtenir l’effet souhaité, ainsi qu’à un syndrome de sevrage.

Les obstacles à surmonter sont variés. Cela peut être une compétition sportive, un examen scolaire pour un étudiant, une situation professionnelle difficile… Ils correspondent à des difficultés réelles à un moment de la vie d’un individu. Cependant, pour certaines personnes, des situations sont ressenties comme de véritables problèmes, alors que pour d’autres elles paraitront banales. C’est le cas de la prise de parole en public par exemple. De plus, l’entourage de l’individu (parents, amis, entraîneurs…) peut le motiver à recourir à l’utilisation d’un produit car il ressent lui-même l’événement comme un obstacle à affronter. La recherche de la performance est l’objectif de la conduite dopante. Elle se définit comme « le résultat obtenu dans l’exécution d’une tâche » (Larousse, 2018). Elle ne se limite donc pas à un domaine précis comme le sport. Il existe en effet une multitude de conduites dopantes.

Les différentes formes de conduites dopantes

La définition des conduites dopantes porte son attention sur la population générale et non sur une catégorie de personnes en particulier. Cependant, il est possible d’identifier différentes conduites dopantes, en fonction du type de consommateur, des substances utilisées, de l’obstacle à surmonter ou selon la performance recherchée (physique, intellectuelle…).

Ainsi, nous pouvons citer :
– Le dopage sportif, ou simplement « dopage », qui s’applique aux sportifs voulant améliorer leurs performances physiques.
– Le dopage intellectuel, notamment pratiqué par les étudiants qui désirent augmenter leurs performances en vue d’examens.
– Le dopage en entreprise, qui correspond à la consommation de produits par certaines personnes, pour faire face à ce qui leur est demandé au quotidien dans leur profession.

Le dopage

L’histoire du dopage

C’est pendant l’Antiquité, au VIe siècle avant J.-C., lors des premiers Jeux olympiques, que les Hommes ont ingéré des substances pour améliorer leurs performances physiques. Celles-ci provenaient de viandes animales sélectionnées en fonction de leur besoin et censées aider l’athlète. La viande de chèvre était consommée pour leur permettre de sauter plus haut et la viande de taureau pour augmenter leur force (de Mondenard, 2000).

Au XIXe siècle, les progrès de la science permettent d’extraire les principes actifs des plantes et de fabriquer des substances artificielles comme les amphétamines. L’industrialisation, l’apparition du sport moderne, le développement des compétitions et de leur médiatisation accentuent ce phénomène. Les cocktails stimulants à base de caféine, de strychnine et de cocaïne sont les plus prisés par les sportifs à cette époque (de Mondenard, 2000).

A partir des années 1960, les institutions prennent conscience qu’il est nécessaire d’agir contre le dopage pour préserver l’éthique sportive et la santé des sportifs. C’est à cette époque que les premiers contrôles antidopage sont instaurés par les fédérations internationales d’athlétisme (IAAF) et de football (FIFA), suivies quelques années plus tard par le Comité international olympique (CIO) qui planifie ses premiers contrôles lors des Jeux olympiques d’hiver à Grenoble et d’été à Mexico de 1968 (Laure, 2004).

En 1998, le scandale de l’affaire Festina éclate pendant le Tour de France. Huit des neuf coureurs de l’équipe sont contrôlés positifs à la prise d’érythropoïétine (EPO) et quatre d’entre eux à des amphétamines (Di Meo, 2000). Cet événement, ainsi que les difficultés à harmoniser les mesures antidopage dans le monde ont motivé le CIO à organiser une conférence mondiale sur le dopage dans le sport en 1999. A la suite de celle-ci, il est décidé de fonder une agence internationale et indépendante, chargée de promouvoir, coordonner et superviser la lutte contre le dopage. L’Agence mondiale antidopage (AMA) naît le 10 novembre 1999 à Lausanne.

Le Code mondial antidopage voit le jour le 1er janvier 2004. Il est le document de base de la lutte contre le dopage dans le sport. Son but est de promouvoir cette lutte par l’harmonisation de la politique antidopage. Il définit également les règles et règlements antidopage des organisations sportives et des autorités publiques à travers le monde. Depuis les premiers contrôles, la lutte contre le dopage n’a cessé d’évoluer, devant s’adapter à des molécules et des méthodes de plus en plus élaborées. Ils ont permis de mettre en évidence de nombreuses affaires. Entre autres, celle du cycliste Lance Armstrong, qui a avoué en 2013 avoir eu recours à des pratiques dopantes lors de ses victoires sur le Tour de France de 1999 à 2005 (BBC, 2013), ou le système de dopage d’État mis en place en Russie entre 2011 et 2015 dans de nombreuses compétitions internationales (AMA, 2016).

Évolution des définitions et des législations

La première définition du dopage a été proposée lors du premier colloque européen à Uriage-les-Bains le 26 et 27 janvier 1963. Elle indique : « Est considéré comme doping, l’utilisation de substances ou de tous moyens destinés à augmenter artificiellement le rendement, en vue ou à l’occasion de la compétition, et qui peut porter préjudice à l’éthique sportive et à l’intégrité physique et psychique de l’athlète. Cependant, aucune liste restrictive de produits n’est publiée à la suite de ce colloque » (Noury, 1964).

En France, la première définition légale du dopage apparaît le 1er juin 1965 avec la loi n°65-412. Celle-ci considère comme dopé « quiconque aura en vue ou au cours d’une compétition sportive, utilisé sciemment l’une des substances déterminées par le règlement d’administration publique, qui sont destinées à accroitre artificiellement et passagèrement ses possibilités physiques et sont susceptibles de nuire à la santé » (Journal officiel de la République française, 1965).

Cette première législation sur le dopage pénalisait sévèrement les infractions à la prise de produits ou de substances considérés comme dopants dans le sport, avec des sanctions allant jusqu’à la peine d’emprisonnement. Le décret d’application n°66-373 de cette loi décrit une première liste de substances interdites, qu’elles soient incluses ou non dans un médicament ou une composition (Ministère de la Jeunesse et des Sports, 1966) :
– Substances vénéneuses visées à l’article R5149 du Code de la santé publique.
– Acide nicotinique, ses sels, ses esters, utilisables par voie rectale ou parentérale.
– Amino-6 méthyl-2 heptanol-2 et ses sels.
– Bases xanthiques et leurs dérivés, utilisables par voie rectale ou parentérale.
– Camphre et ses dérivés, utilisables par voie rectale ou parentérale.
– Dialcoylamides des acides alcoylaminobutyriques.
– Oxyde d’éthyle (éther).
– Diethylnicotinamide.

A la suite de ce décret, le premier contrôle antidopage a lieu en France lors du Tour de France 1966 avec la création du Laboratoire national de dépistage du dopage (LNDD).

La loi n°89-432, du 28 juin 1989 ou « Loi Bambuck » remplace la loi de 1965 et définit : « Il est interdit à toute personne d’utiliser, au cours des compétitions et manifestations sportives organisées ou agréées par des fédérations sportives ou en vue d’y participer, les substances et les procédés qui, de nature à modifier artificiellement les capacités ou à masquer l’emploi de substances ou de procédés ayant cette propriété, sont déterminés par arrêté conjoint des ministres chargés des sports et de la santé » (Journal officiel de la République française, 1989). La liste de substances et procédés interdits est publiée avec l’arrêté du 3 janvier 1991 relatif à cette loi. Elle comprend plusieurs centaines de produits, répartis en différentes catégories qui sont : le dopage sanguin, les amphétamines et les autres produits excitants, les stupéfiants antidouleurs et autres antidouleurs, la cortisone et les autres corticoïdes par voie générale, la testostérone et les autres anabolisants, les hormones peptidiques, les diurétiques et produits masquants, les bêtabloquants, les anesthésiques locaux (Ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, 1991).

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Table des matières

INTRODUCTION
1. GÉNÉRALITÉS SUR LES CONDUITES DOPANTES
1.1. Définition des conduites dopantes
1.2. Les différentes formes de conduites dopantes
1.2.1. Le dopage
1.2.1.1. L’histoire du dopage
1.2.1.2. Évolution des définitions et des législations
1.2.1.3. Épidémiologie du dopage
1.2.2. Le dopage intellectuel
1.2.2.1. Le dopage intellectuel à l’adolescence
1.2.2.2. Le dopage intellectuel chez les étudiants
1.2.3. Le dopage dans les milieux professionnels
1.3. Les facteurs favorisants une conduite dopante
1.3.1. Les facteurs prédisposants
1.3.1.1. Le sexe
1.3.1.2. L’âge
1.3.1.3. La catégorie socioprofessionnelle
1.3.1.4. Les conduites à risques
1.3.1.5. Le comportement des proches et l’environnement familial
1.3.2. Les facteurs incitants
1.3.2.1. La recherche de performances
1.3.2.2. Supporter l’exigence
1.3.2.3. La croyance dans les substances
1.3.3. Le facteur déclenchant
1.4. Les produits dopants utilisés
1.4.1. Les agents anabolisants
1.4.1.1. Les produits
1.4.1.2. Les effets recherchés
1.4.1.3. Les effets indésirables
1.4.2. Les hormones peptidiques, les facteurs de croissance et les substances apparentées
1.4.2.1. Les produits
1.4.2.2. Les effets recherchés
1.4.2.3. Les effets indésirables
1.4.3. Les bêta-2-agonistes
1.4.3.1. Les produits
1.4.3.2. Les effets recherchés
1.4.3.3. Les effets indésirables
1.4.4. Les modulateurs hormonaux et métaboliques
1.4.4.1. Les produits
1.4.4.2. Les effets recherchés
1.4.4.3. Les effets indésirables
1.4.5. Les diurétiques et autres agents masquants
1.4.5.1. Les produits
1.4.5.2. Les effets recherchés
1.4.5.3. Les effets indésirables
1.4.6. Les stimulants
1.4.6.1. Les produits
1.4.6.2. Les effets recherchés
1.4.6.3. Les effets indésirables
1.4.7. Les narcotiques
1.4.7.1. Les produits
1.4.7.2. Les effets recherchés
1.4.7.3. Les effets indésirables
1.4.8. Les cannabinoïdes
1.4.8.1. Les produits
1.4.8.2. Les effets recherchés
1.4.8.3. Les effets indésirables
1.4.9. Les glucocorticoïdes
1.4.9.1. Les produits
1.4.9.2. Les effets recherchés
1.4.9.3. Les effets indésirables
1.4.10. Les bêta-bloquants
1.4.10.1. Les produits
1.4.10.2. Les effets recherchés
1.4.10.3. Les effets indésirables
1.4.11. Les anxiolytiques
1.4.11.1. Les produits
1.4.11.2. Les effets recherchés
1.4.11.3. Les effets indésirables
1.4.12. Les hypnotiques
1.4.12.1. Les produits
1.4.12.2. Les effets recherchés
1.4.12.3. Les effets indésirables
1.4.13. Les antidépresseurs
1.4.13.1. Les produits
1.4.13.2. Les effets recherchés
1.4.13.3. Les effets indésirables
1.4.14. Phytothérapie, homéopathie, aromathérapie et compléments alimentaires
1.4.14.1. Contre l’anxiété et les troubles du sommeil
1.4.14.2. Pour améliorer la concentration et l’éveil
1.5. Les risques encourus et leur perception
1.5.1. Les risques pour la santé
1.5.2. Les risques sociaux
1.5.3. Les risques légaux
1.5.4. La perception des risques
1.6. Les sources d’approvisionnement
1.6.1. L’entourage de l’usager
1.6.2. Les professionnels de la santé
1.6.3. Internet
1.6.4. La contrefaçon
1.6.5. Le marché clandestin
1.6.6. Le vol
2. ENQUÊTE SUR LE DOPAGE INTELLECTUEL AUPRÈS DES ÉTUDIANTS EN SANTÉ DE ROUEN
2.1. Présentation de l’enquête
2.1.1. Contexte
2.1.2. Les objectifs
2.1.3. Matériel et méthodes
2.1.3.1. Le choix de la population
2.1.3.2. La construction de l’enquête
2.1.3.3. La diffusion de l’enquête
2.1.3.4. La récupération des données
2.2. Les résultats
2.2.1. Description de l’échantillon
2.2.1.1. Le sexe
2.2.1.2. L’âge
2.2.1.3. La filière
2.2.1.4. Le lieu de résidence et l’activité rémunérée pendant les études
2.2.2. La consommation de substances non médicamenteuses
2.2.2.1. La consommation de tabac
2.2.2.2. La consommation de café et de boissons énergisantes
2.2.2.3. La consommation de substances illicites pour améliorer les performances intellectuelles
2.2.3. La consommation de médicaments dopants
2.2.3.1. Le sexe
2.2.3.2. L’âge
2.2.3.3. La filière
2.2.3.4. Le lieu de résidence
2.2.3.5. L’activité rémunérée pendant les études
2.2.3.6. La consommation de médicaments dopants associée à d’autres substances
2.2.3.7. Les raisons pour lesquelles les étudiants consomment des médicaments dopants
2.2.3.8. Les raisons pour lesquelles les étudiants ne consomment pas de médicaments dopants
2.2.3.9. Les effets recherchés par les étudiants qui consomment des médicaments dopants
2.2.3.10. La période de la première consommation
2.2.3.11. Le nombre d’occasions
2.2.3.12. Les spécialités utilisées
2.2.3.13. L’amélioration ressentie par les étudiants
2.2.3.14. La dépendance ressentie par les étudiants
2.2.3.15. Les sources d’approvisionnement
2.2.4. Les méthodes « sans molécule »
2.3. Interprétation des résultats
2.3.1. Caractéristiques des consommateurs de produits dopants
2.3.1.1. Le sexe
2.3.1.2. L’âge
2.3.1.3. La filière
2.3.1.4. Le lieu de résidence
2.3.1.5. L’activité rémunérée pendant les études
2.3.2. La consommation de substances non médicamenteuses
2.3.3. La consommation simultanée de plusieurs produits dopants
2.3.4. La consommation de médicaments dopants
2.3.4.1. Les raisons pour lesquelles les étudiants consomment des médicaments dopants
2.3.4.2. Les raisons pour lesquelles les étudiants ne consomment pas de médicaments dopants
2.3.4.3. Les effets recherchés par les étudiants qui consomment des médicaments dopants
2.3.4.4. La période de la première consommation
2.3.4.5. Le nombre d’occasions
2.3.4.6. Les spécialités utilisées
2.3.4.7. L’amélioration ressentie par les étudiants
2.3.4.8. La dépendance ressentie par les étudiants
2.3.4.9. Les sources d’approvisionnement
2.3.5. Les méthodes « sans molécule »
2.4. Discussion
2.4.1. À propos de l’enquête
2.4.2. Limites de l’enquête
CONCLUSION
ANNEXES

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