Généralités sur les compléments alimentaires

Depuis toujours, l’alimentation est connue pour être un élément très important pour la santé. Ainsi, au 5e siècle avant J.C, Hippocrate affirmait : « Que ton alimentation soit ta principale médecine ». Avicenne en 792 avait écrit dans « Poème de médecine» les propos suivants : « Si tu tiens à maintenir en bon état le tempérament de quelqu’un, donne lui une alimentation appropriée ». La connaissance de la valeur diététique des aliments, l’identification des constituants des aliments, notamment par le développement de la chimie organique et analytique ont modifié notre rapport aux aliments. Ces dernières années, l’avancée des connaissances sur les aliments a induit une avancée de la médication par des produits issus de l’alimentation. Ainsi, l’idée de la prévention des maladies par une alimentation saine et équilibrée s’est développée et a vu fleurir de nombreuses catégories d’aliments en rapport avec la santé : aliments fonctionnels, compléments alimentaires.. Toutefois, les compléments alimentaires n’ont pas vocation à se substituer à une alimentation quotidienne équilibrée ou à un traitement médicamenteux. En France, malgré l’impact potentiel en termes de santé publique de la consommation de compléments alimentaires, ce sujet est encore très peu documenté, et les compléments alimentaires incluant des champignons sont assez méconnus. Au Sénégal, il y a de plus en plus une émergence très remarquée de ces compléments alimentaires dans le marché, impliquant plusieurs structures qui emploient un grand nombre de personnes pour le démarchage et la promotion desdits produits. Par ailleurs, les produits qui sont commercialisés sous plusieurs formes, peuvent contenir des aliments classiques, des nutriments (vitamines et minéraux), des plantes et d’autres substances telles que les champignons. Grâce à leur statut de complément alimentaire, ils ne sont pas soumis aux mêmes exigences que les médicaments, mais doivent garantir une sécurité d’utilisation. Aujourd’hui, face à une législation encore embryonnaire dans le domaine des compléments alimentaires, il est probable selon l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) que l’utilisation de champignons dans leur composition puisse exposer le consommateur à différents risques : confusion entre espèces toxiques et non toxiques, toxicité de certaines espèces, contamination par des micro-organismes opportunistes lors de la conservation des spécimens avant et après traitement.

GENERALITES SUR LES COMPLEMENTS ALIMENTAIRES

DEFINITION

DEFINITION PAR FONCTION

Conformément au décret 2006-352 publié au J.O. de la République Française, le 20 mars 2006, on entend par complément alimentaire : « Toute substance ou produit transformé, partiellement transformé ou non transformé dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés, commercialisés sous forme de doses, à savoir les formes de présentation telles que les gélules, les pastilles, les comprimés, les pilules et autres formes similaires, ainsi que les sachets de poudre, les ampoules de liquide, les flacons munis d’un comptegouttes et les autres formes analogues de préparations liquides ou en poudre destinées à être prises en unités mesurées de faible quantité. » [3]. Dans cette définition, est précisée la notion d’effet nutritionnel et physiologique qui caractérise les compléments alimentaires, qui est à opposer aux médicaments qui ont une action pharmacologique. Les compléments alimentaires maintiennent un état d’équilibre ou d’homéostasie alors que, le médicament le restaure. L’homéostasie est la régulation naturelle de l’organisme consistant à maintenir les paramètres biologiques (température, composition du sang, …) de manière constante face aux modifications du milieu extérieur. Elle dépend du système nerveux végétatif (ou autonome, dont dépend le fonctionnement des viscères et des fonctions vitales) et des glandes endocrines (qui sécrètent les hormones dans le sang). Maintenir l’homéostasie se fera par un effet physiologique, tandis que la rétablir en corrigeant un état pathologique se fera par un effet pharmacologique. Ainsi, selon la dose, la présentation ou l’intention du geste thérapeutique ou du conseil nutritionnel, une substance pourra dans certains cas avoir les deux effets.

DEFINITION PAR LA PRESENTATION ET LA PUBLICITE 

Dans la définition des compléments alimentaires donnée par le décret 2006-352, il est dit qu’un complément alimentaire peut être commercialisé sous forme « de doses, à savoir les formes de présentation telles que les gélules, les pastilles les comprimés, les pilules et autres formes similaires, ainsi que les sachets de poudre, les ampoules de liquide, les flacons munis d’un compte-gouttes et les autres formes analogues de préparations liquides ou en poudre destinées à être prises en unités mesurées de faible quantité. » [3]. Ainsi, par cette définition, on peut voir qu’un complément alimentaire peut revêtir les mêmes formes galéniques qu’un médicament et donc ce type de caractérisation n’est pas suffisant comme définition pour le différencier des spécialités. Cependant, la présentation des compléments alimentaires ne doit pas attribuer des propriétés de prévention ou de traitement de maladie. Aussi, le conditionnement primaire des compléments alimentaires ne doit en aucun cas faire penser à celui d’un médicament.

DEFINITION PAR LA COMPOSITION 

Les compléments alimentaires peuvent également être qualifiés en fonction de leur composition. Ainsi, les ingrédients employés dans la fabrication des compléments alimentaires doivent conduire à la préparation de produits sûrs, non préjudiciables à la santé des consommateurs, comme cela est établi par des données scientifiques généralement acceptées. Comme des apports excessifs en vitamines et en minéraux peuvent avoir des effets néfastes, des limites maximales et minimales ont été établies pour chaque vitamine et chaque minéral ajoutés aux compléments. L’annexe II de la directive 2002/46/CE [4] relative aux compléments alimentaires contient ainsi une liste des substances vitaminiques et minérales autorisées qui peuvent être ajoutées à des fins nutritionnelles particulières aux compléments alimentaires.

L’inclusion des substances vitaminiques et minérales dans cette liste positive ne peut se faire qu’après l’évaluation par l’autorité européenne de sécurité alimentaire (European Food Safety Authority) d’un dossier scientifique adéquat apportant toutes les informations nécessaires sur la sécurité et la biodisponibilité de chaque substance individuelle. Les sociétés souhaitant commercialiser une substance ne figurant pas dans la liste des substances autorisées doivent soumettre une demande à la Commission Européenne. Ainsi, il a été défini que seules les substances suivantes peuvent être utilisées pour la fabrication des compléments alimentaires :
● Les nutriments et les substances à but nutritionnel ou physiologique ;
● Les plantes et les préparations à base de plantes ;
● Les autres ingrédients dont l’utilisation en alimentation humaine est traditionnelle ou reconnue comme telle ou autorisée;
● Les additifs, les arômes et les auxiliaires technologiques dont l’emploi est autorisé en alimentation humaine [3].

NUTRIMENTS

Les nutriments sont des substances organiques ou minérales, directement assimilables sans avoir à subir les processus de dégradation de la digestion. Ainsi, il existe la catégorie des nutriments non énergétiques que sont les minéraux et les vitamines. Ces deux types de nutriment comprennent une liste bien définie décrite dans l’arrêté du 17 novembre 2006 relatifs aux nutriments pouvant être employés dans la fabrication des compléments alimentaires [5]. L’utilisation de ces nutriments est harmonisée dans l’Union Européenne. Ainsi, la commission se charge de fixer les critères de pureté, les quantités maximales et minimales autorisées pour ces substances. Cependant, aujourd’hui, il n’existe pas encore de texte communautaire sur ces points, c’est pourquoi en France l’arrêté du 9 mai 2006 relatif aux nutriments pouvant être employés dans les compléments alimentaires et fixant les doses journalières maximales fait foi [6].

SUBSTANCES A VISEE NUTRITIONNELLE OU PHYSIOLOGIQUE 

Les substances à but nutritionnel ou physiologique sont définies dans le décret n° 2006-352 du 20 mars 2006 relatif aux compléments alimentaires : « Substances chimiquement définies possédant des propriétés nutritionnelles ou physiologiques, à l’exception des nutriments (vitamines et minéraux) et des substances possédant des propriétés exclusivement pharmacologiques (médicaments) ».

PLANTES

L’article 2 du décret n° 2006-352 du 20 mars 2006 relatif aux compléments alimentaires donne comme définition aux plantes et préparations de plantes : « Ingrédients composés de végétaux ou isolés à partir de ceux-ci, à l’exception des nutriments (Vitamines et Minéraux) et des substances à but nutritionnel ou physiologique, possédant des propriétés nutritionnelles ou physiologiques, à l’exclusion des plantes ou des préparations de plantes possédant des propriétés pharmacologiques et destinés à un usage exclusivement thérapeutique (médicament).

AUTRES INGREDIENTS 

Ce sont des ingrédients dont l’utilisation en alimentation humaine est traditionnelle ou reconnue comme telle au sens du règlement (CE) n° 258/97 du Parlement Européen et du Conseil du 27 janvier 1997 relatif aux nouveaux aliments et aux nouveaux ingrédients alimentaires. Les règles pour l’autorisation des nouveaux aliments et ingrédients alimentaires sont harmonisées au niveau européen. Ainsi, avant toute mise sur le marché, ces produits doivent démontrer leur innocuité pour la santé et pour l’environnement dans des contrôles effectués par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES COMPLEMENTS ALIMENTAIRES
I. Définition
I.1. Définition par la fonction
I.2. Définition par la présentation et la publicité
I.3. Définition par la composition
I.1.1. Nutriments
I.1.2. Substances a visée nutritionnel ou physiologique
I.1.3. Plantes
I.1.4. Autres ingrédients
I.1.5. Additifs, arômes et auxiliaires technologiques
II. De la conception a la commercialisation du complément alimentaire
II.1. Fabrication d’un complément alimentaire
II.2. Notion de dose
II.3. Les allégations
II.3.1. L’allégation nutritionnelle
II.3.2. Les allégations de santé
II.3.3. Les procédures d’autorisation des allégations de santé
III. Règlementation des compléments alimentaires
III.1. En EUROPE
III.1.1. Définition commune
III.1.2. Composition qualitative
III.2. En France
III.2.1. Décret 2006/352 du 20 mars 2006
III.2.2. Procédure d’enregistrement d’un produit
III.2.2.1. Article 15 du décret du 20 mars 2006
III.2.2.2. Article 16 du décret du 20 mars 2006
III.2.2.3. Articles 17 et 18 du décret du 20 mars 2006
III.2.3. Dispositif de Nutrivigilance
III.3. Dans l’espace de l’UEMOA
DEUXIEME PARTIE : COMPLEMENTS ALIMENTAIRES A BASE DE CHAMPIGNONS COMMERCIALISES
I. Problématique
II. Objectif de l’étude
II.1. Objectif général
II.2. Objectifs spécifiques
III. Cadre de l’étude
III.1. Presentation de forever living products
III.1.1. Statut et localisation
III.1.2. Mission
III.1.3. Gamme de produits commercialisés
III.2. Présentation d’organogold
III.2.1. Statut
III.2.2. Mission
III.2.3. Gamme de produits commercialisés
IV. Matériel et méthode
IV.1. Matériel
IV.2. Méthodologie
V. Contraintes de l’étude
VI. Résultats
VI.1. Statut des structures
VI.1.1. Société Forever living product
VI.1.1.1. Forme d’exploitation
VI.1.1.2. Nom
VI.1.1.3. Siège social
VI.1.1.4. Nature de l’établissement
VI.1.2. Société Organo gold
VI.1.2.1. Forme d’exploitation
VI.1.2.2. Nom
VI.1.2.3. Siège social
VI.1.2.4. Nature de l’établissement
VI.2. Produits commercialises
VI.2.1. Forever Living
VI.2.1.1. Formes et composition
VI.2.1.2. Complément alimentaire à base de champignons
VI.2.1.3. Promotion des compléments alimentaires
VI.2.2. Organogold
VI.2.2.1. Formes et composition
VI.2.2.2. Complément alimentaire à base de champignons
VI.2.2.3. Promotion des compléments alimentaires
VII. DISCUSSION
VII.1. Sur le statut des sociétés
VII.1.1. Forever living product
VII.1.2. Organo gold
VII.2. Sur les produits commercialisés
VII.2.1. Sur la composition des compléments alimentaires
VII.2.2. Sur l’étiquetage et la publicité des compléments alimentaires
VII.2.2.1. Etiquetage des produits
VII.2.2.2. La publicité
VII.3 sur les risques d’utilisation des compléments alimentaires à base de champignons
VII.3.1. Considérations générales, indépendantes des effets directs sur la santé des consommateurs
VII.3.1.1. Problèmes taxinomiques
VII.3.1.2. Origine des récoltes. Risques de confusion
VII.3.1.3. Considérations biogéographiques
VII.3.1.4. Considérations liées aux possibilités de contrôle et aux paramètres de conservation
VII.3.2. Considérations relatives à des effets éventuels sur la santé des consommateurs
VII.3.2.1. Mécanisme dose-dépendant
VII.3.2.1.1. Toxicité intrinsèque
VII.3.2.1.2. Toxicité extrinsèque
VII.3.2.1.3. Absence de toxicité intrinsèque
VII.3.2.1.4. Toxicité intrinsèque conditionnelle
VII.3.2.1.5. Présence d’une toxine
VII.3.2.2. Mécanisme dose indépendant
VII.3.2.2.1. Intolérances
VII.3.2.2.2. Allergies alimentaires
VII.3.2.2.3. Allergies non alimentaires
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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