En 2018, le nombre de nouveaux cas de cancer en France métropolitaine était estimé à 382 000 : 204 600 chez les hommes et 177 400 chez les femmes. Les cancers de la prostate, du sein, du poumon, et du côlon-rectum sont les cancers les plus fréquents. Le nombre de décès par cancer était estimé à 157 400 en 2018: 89 600 chez les hommes et 67 800 chez les femmes. Chez les hommes, le cancer du poumon est au premier rang des décès, devant le cancer colorectal et celui de la prostate. Chez les femmes, le cancer du sein est le plus fréquent en nombre de cas incidents devant les cancers du côlon-rectum et du poumon. Le cancer le plus meurtrier chez les femmes est le cancer du sein devant le cancer du poumon qui augmente considérablement (9) (49).
Les grands types de traitements contre le cancer sont la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie, l’hormonothérapie et les thérapies ciblées. Malheureusement, de nombreux cancers ne répondent pas ou mal à ces traitements et ces derniers entrainent de nombreux effets secondaires pouvant altérer la qualité de vie des patients. En quelques années, l’immunothérapie est devenue une des voies les plus prometteuses de traitement des cancers. De nombreux essais cliniques montrent des améliorations significatives des durées de vie et constituent un formidable espoir pour les patients, notamment sur des indications ayant jusque-là peu bénéficié d’innovations thérapeutiques.
Physiopathologie du cancer et traitements conventionnels
Généralités sur les cancers
Définition du cancer
Dérivé du grec karkinos, le mot latin cancer désigne le crabe. C’est Hippocrate de Cos (460-377 avant J-C), médecin et philosophe grec qui, le premier, compare le cancer à un crabe par analogie à l’aspect des tumeurs du sein avec cet animal. Galien (131-201 après JC) reprend cette comparaison en décrivant la tumeur lorsqu’elle s’étend sur la peau telle une masse centrale d’où rayonnent des veines gonflées ou des ramifications, imitant les pattes d’un crabe, la tumeur s’accrochant aux tissus voisins comme avec des pinces. Le terme général de «cancer» désigne un groupe de maladies pouvant toucher plusieurs parties de l’organisme. Le cancer est la prolifération rapide de cellules anormales, dérivant d’un même clone, la cellule initiatrice du cancer qui se divise de façon infinie. Ces cellules deviennent éternelles et peuvent envahir des parties adjacentes de l’organisme, puis migrer vers d’autres parties du corps en utilisant le système sanguin ou lymphatique. On parle alors de métastases, celles-ci étant la principale cause de décès par cancer .
Caractéristiques d’une tumeur
Une tumeur (appelée aussi néoplasme ou néoplasie) désigne une prolifération cellulaire excédentaire, entrainant une néoformation tissulaire, ressemblant plus ou moins à un tissu normal, échappant aux mécanismes de régulation de l’organisme, ayant tendance à persister et à s’accroître .
Prolifération cellulaire excessive
La prolifération cellulaire est liée à la multiplication des descendants d’une ou plusieurs cellule(s) initiale(s), on parle de clone. On définit les tumeurs poly- oligo- ou monoclonale, selon qu’elles se développent à partir de plusieurs, quelques ou une seule cellule. La prolifération cellulaire excessive aboutit à une néoformation tissulaire.
Néoformation tissulaire
La néoformation tissulaire correspond à la formation d’un nouveau tissu, celui-ci se forme à côté du tissu normal adjacent et constitue la tumeur.
Différentiation
La tumeur ressemble plus ou moins au tissu normal homologue (adulte ou embryonnaire) par l’aspect des cellules tumorales et leur regroupement. C’est ce qu’on appelle la différenciation tumorale, la tumeur est dite différenciée lorsqu’elle ressemble nettement et de façon homogène au tissu normal, peu différenciée lorsque la ressemblance est lointaine et indifférenciée (ou anaplasique) lorsque la tumeur est totalement différente du tissu d’origine. Ce degré de différentiation a une valeur pronostique importante : en général, plus le cancer est indifférencié, plus sa prolifération est grande et plus son pronostic est mauvais .
Echappement aux mécanismes de régulation
Une tumeur échappe aux mécanismes normaux de régulation car il s’agit d’un tissu dont la croissance est autonome et indéfinie.
Tendance à persister et à croître
La prolifération tumorale se poursuit de façon illimitée après la disparition du stimulus qui lui a donné naissance, celle-ci est biologiquement autonome.
Catégories de tumeurs
Deux grandes catégories de tumeurs sont connues : les tumeurs bénignes et les tumeurs malignes. Le caractère de bénignité ou de malignité est affirmé par la conjonction de critères cliniques et anatomopathologiques (41). Les tumeurs se développent et se comportent différemment selon qu’elles soient cancéreuses ou non.
Tumeur bénigne
Une tumeur bénigne, non cancéreuse est généralement d’évolution spontanée locale, a une croissance lente, comprime les tissus alentours et ne récidive pas après exérèse totale. Elle a également tendance à avoir une forme régulière, lisse et est recouverte d’une capsule (coque faite de tissu conjonctif). Dans certains cas, une ablation chirurgicale peut être nécessaire et suffisante. Dans d’autres cas, un simple suivi médical est effectué afin de surveiller l’évolution de la tumeur. On peut citer à titre d’exemple les nævi, appelés aussi « grains de beauté » qui sont formés par la prolifération de mélanocytes qui se rassemblent en amas, ceux-ci peuventsubir des mutations et devenir malins .
Tumeur maligne
Contrairement aux tumeurs bénignes, les tumeurs malignes sont cancéreuses, elles ont une croissance anarchique rapide, sont mal limitées et non encapsulées, envahissent et détruisent les tissus avoisinants. Lorsqu’elles sont superficielles, elles ont tendance à saigner et à se nécroser. Elles ont la capacité de former des métastases et peuvent récidiver (21). Il s’agit de tumeurs plus ou moins différenciées par rapport au tissu normal. Toutes les cellules cancéreuses ne donnent pas forcément des cancers menaçant l’organisme. En effet, notre système immunitaire dispose de moyens de défense capables de détecter les cellules anormales et de les éliminer. C’est seulement si ces défenses immunitaires sont débordées que le cancer se développe .
Les pseudotumeurs
A côté des tumeurs, il existe des pseudotumeurs, qui sont des masses ou grosseurs, visibles à l’œil nu, palpables ou repérées à partir d’un examen radiologique. Elles ne sont pas dues à des tumeurs mais à un amas de cellules réunies au même endroit ou à une malformation d’un organe. Une biopsie de l’organe concerné permet de réaliser un examen microscopique du tissu prélevé, d’éliminer l’hypothèse d’un cancer et de déterminer l’origine et la nature de la pseudotumeur. Il existe des pseudotumeurs inflammatoires, dystrophiques et malformatives .
Pseudotumeur inflammatoire
On parle de pseudotumeur inflammatoire lorsque celle-ci est formée de tissu fibreux et inflammatoire, cela peut être, par exemple, une cicatrice au développement excessif, une boursouflure fibreuse sur la peau ou encore une lésion autour d’un corps étranger tel qu’un fil de suture.
Pseudotumeur dystrophique
Une pseudotumeur dystrophique résulte d’un désordre endocrinien ou nutritionnel. On peut citer dans cette catégorie un goitre thyroïdien, dû à une carence en iode, une dystrophie mammaire ou une gynécomastie provoqués par un déséquilibre hormonal.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. Généralités sur les cancers
1.1 Définition du cancer
1.2 Caractéristiques d’une tumeur
1.2.1 Prolifération cellulaire excessive
1.2.2 Néoformation tissulaire
1.2.3 Différentiation
1.2.4 Echappement aux mécanismes de régulation
1.2.5 Tendance à persister et à croître
1.3 Catégories de tumeurs
1.3.1 Tumeur bénigne
1.3.2 Tumeur maligne
1.4 Les pseudotumeurs
1.4.1 Pseudotumeur inflammatoire
1.4.2 Pseudotumeur dystrophique
1.4.3 Pseudotumeur malformative
2. Classification des cancers
2.1 Les tumeurs « liquides » ou hématologiques
2.1.1 Les leucémies
2.1.1.1 Les leucémies lymphoïdes
2.1.1.2 Les leucémies myéloïdes
2.1.2 Le myélome
2.1.3 Les lymphomes
2.1.3.1 Lymphome hodgkinien
2.1.3.2 Lymphome non hodgkinien
2.2 Les tumeurs « solides »
2.2.1 Les carcinomes
2.2.2 Les sarcomes
2.2.3 Les gliomes
3. Les facteurs de risque
3.1 Les facteurs évitables
3.1.1 Le tabagisme
3.1.2 L’alcool
3.1.3 Les facteurs nutritionnels et l’exercice physique
3.1.4 L’environnement
3.1.5 Les expositions professionnelles
3.1.6 Les agents infectieux
3.2 Les facteurs non évitables
3.2.1 L’âge
3.2.2 Le sexe
3.2.3 La prédisposition génétique
4. Mécanisme de l’oncogenèse
4.1 Initiation
4.2 Promotion
4.3 Progression
4.4 Dissémination
5. Les métastases
5.1 Définition d’une métastase
5.2 Les voies de dissémination métastatique
5.2.1 La voie lymphatique
5.2.2 La voie sanguine
5.2.3 Les cavités naturelles
5.3 Le mécanisme du processus métastatique
6. Les gènes impliqués
6.1 Les oncogènes
6.2 Les anti-oncogènes
7. Les traitements des cancers
7.1 La chirurgie
7.2 La radiothérapie
7.2.1 La radiothérapie externe
7.2.2 La curiethérapie
7.2.3 La radiothérapie métabolique
7.3 La chimiothérapie anticancéreuse
7.4 L’hormonothérapie
7.5 Les thérapies ciblées
CONCLUSION