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A Madagascar
Le Ministรจre de la Santรฉ estime que chaque annรฉe, 57 000 avortements sont pratiquรฉs sur la grande รฎle. Il ne sโagit que dโune estimation, aucune statistique officielle nโexiste. Si ce chiffre est exact, on compterait ร Madagascar environ un avortement pour 10 naissances vivantes. Si on applique ร Madagascar le taux de mortalitรฉ par avortement observรฉ pour lโAfrique delโEst (soit 770 dรฉcรจs pour 100 000 interruptions de grossesses), on peut penser que plus de 575 femmes dรฉcรจdent chaque annรฉe des complications dโun avortement clandestin (10).
Les moyens abortifs
Les manลuvres abortives sont multiples et dรฉpendent gรฉnรฉralement de la demande de la gestante et des compรฉtences du prestataire. On peut distinguer :
– les moyens abortifs directs,
– les produits toxiques et les mรฉdicaments rรฉputรฉs abortifs
– et les moyens abortifs indirects.
Les manลuvres abortives directes
Les IVG
Les IVG sont pratiquรฉes pour les grossesses de moins de 14 SA en France. Deux mรฉthodes sont pratiquรฉes.
Les IVG mรฉdicamenteuses
Cette mรฉthode utilise la RU486 ou mifรฉpristone associรฉe au misoprostol. Cest la premiรจre anti-progestรฉrone disponible en clinique humaine. Cโest un 19 norstรฉroรฏde substituรฉ en II๏ข par un radical dimรฉthyl-aminophรฉnyl, ce qui lui confรจre ses activitรฉs anti-hormonales. Le schรฉma associe une prise de 600 mg de mifรฉpristone suivie, 36 ร 48 h plus tard de 400 ยตg de misoprostol par voie orale. En 2007, le nombre dโIVG รฉtait รฉvaluรฉ ร 213 380 en mรฉtropole, la moitiรฉ environ des IVG (49 %, 104 556) รฉtait rรฉalisรฉe par mรฉthode mรฉdicamenteuse.
Cette mรฉthode est indiquรฉe dans les grossesses de moins de 7SA. L’efficacitรฉ de lโassociation mifรฉpristone โ prostaglandine est en grande partie dรฉpendante de lโรขge gestationnel de la grossesse (16) , des doses et de la voie dโadministration de la prostaglandine. Les ยซ taux de succรจs ยป de la mรฉthode, dรฉfinis dans les รฉtudes cliniques par lโobtention dโun avortement complet n โayant pas nรฉcessitรฉ de geste chirurgical, mรชme complรฉmentaire, avoisinent les 95% jusquโร 7 semaines dโamรฉnorrhรฉe (SA), soit au maximum de 49 jours dโamรฉnorrhรฉe.
IVG chirurgicale
La mรฉthode la plus utilisรฉe est lโaspiration. Cett technique est indiquรฉe pour les grossesse de plus de 7SA. Cโest une technique qui utilise la sonde de Karman. La technique chirurgicale repose sur la dilatation du col et l’รฉvacuation du contenu utรฉrin par aspiration dans des conditions trictes d’asepsie. La dilatation du col peut รชtre prรฉcรฉdรฉe d’une prรฉparation cervicalemรฉdicamenteuse.
Le taux de succรจs de cette technique est trรจs รฉlev. La plus grosse sรฉrie rapportรฉe conclut ร un taux de succรจs d’environ 99,7 %, on note que les taux d’รฉchecs rapportรฉs par technique chirurgicale restent infรฉrieurs ร ceux des techniques mรฉdicales d’IVG.(17)
La deuxiรจme mรฉthode est le curetage. Cโest une technique qui est rarement utilisรฉe. Le procรฉdรฉ est le mรชme que lโaspiration mais lโutรฉrus est รฉvacuรฉ ร lโaide dโune curette ร la place de la canule. (18)
Les manลuvres abortives ร risque
Ce sont celles qui sont les plus gรฉnรฉratrices de omplications. Ces manลuvres induisent la mise en contact direct de la muqueuse utรฉrine avec des instruments ou des produits toxiques divers. On peut citer :
– lโintroduction de tubulure ou de sonde urรฉtrale dans le col
– lโinsertion dโaiguille ร tricoter, de crayon ร bill e ou de tige vรฉgรฉtal comme le nifinโakanga au niveau du col.
– le placement de comprimรฉ de permanganate de potassium au niveau du col.
La mise en ลuvre de ces mรฉthodes aboutit souvent ร un avortement effectif.
Mais ces manลuvres sont rรฉputรฉes gรฉnรฉratrices de complications redoutables.
Les produits toxiques et les mรฉdicaments rรฉputรฉs abortifs
A Madagascar, de nombreuses substances abortives sont utilisรฉes pour lโexรฉcution des avortements et cela ร des degrรฉs divers dโefficacitรฉ. Ces mรฉthodes sont souvent dangereuses. On peut citer :
-le tambavy de feuilles diverses (avocatier, thym, rotra gasy …),
-lโassociation aspirine et alcool fort, les antipaludรฉens de synthรจse (chloroquine)
-les graines de vatolalaka ou de tangogo.
Ces mรฉthodes sont rรฉputรฉes comme ayant des propriรฉst ocytociques (19). Actuellement, la prise de comprimรฉs de misoprostolest trรจs ร la mode. Cette pratique se rรฉpand comme une trainรฉe de poudre de bouche ร oreille. Elle est associรฉe ou non ร une injection dโocytocique.
METHODOLOGIE
Type dโรฉtude
Il sโagit dโune รฉtude prospective et descriptive aprรจs enquรชte par questionnaire auprรจs des patientes qui ont avouรฉ un avortement provoquรฉ non thรฉrapeutique.
Lieu dโรฉtude
Cette รฉtude a pour cadre lโHรดpital Universitaire de Gynรฉcologie et Obstรฉtrique de Befelatanana (HUGOB) Antananarivo. Cโest un centre de rรฉfรฉrence nationale et rรฉgionale en matiรจre de Gynรฉcologie etdโobstรฉtrique.
Durรฉe dโรฉtude
Notre รฉtude sโest effectuรฉe sur une pรฉriode de sixmois allant de 1er novembre 2011 au 31 avril 2012.
Population dโรฉtude
Elle est reprรฉsentรฉe par toutes les femmes ayant rรฉsentรฉp des complications ร la suite dโun avortement clandestin et qui ont รฉtรฉ hospitalisรฉes dans ce centre, dans le service de Gynรฉcologie.
Critรจres dโinclusion
Ont รฉtรฉ incluses dans lโรฉtude toutes les femmes admises pour une complication dโavortement, ayant avouรฉ un avortemen provoquรฉ clandestin rรฉcent lors de lโinterrogatoire et ayant acceptรฉ de rรฉpondre auquestionnaire proposรฉ.
Critรจres dโexclusion
Ont รฉtรฉ exclus de cette รฉtude :
– Les cas de complications dโavortements spontanรฉs
– Les complications des avortements clandestins non avouรฉs
– Les complications des avortements thรฉrapeutiques.
Variables รฉtudiรฉes
Indicateurs sociodรฉmographiques
– lโรขge
– le niveau dโinstruction
– la profession
– leur situation matrimoniale
-la distance du domicile par rapport ร lโHUGOB
Antรฉcรฉdents gynรฉcologiques et obstรฉtricaux
– la gestitรฉ et la paritรฉ
-les contraceptions antรฉrieures
– les IVG antรฉrieures II.7.3. Concernant lโavortement
– le motif de lโavortement
– le moyen abortif
-lโopรฉrateur
– le motif dโadmission
– lโexamen clinique
– le dรฉlai entre avortement et hospitalisation
– la durรฉe dโhospitalisation
Complications et conduite ร tenir
– les complications
– la conduite ร tenir
– lโissue maternelle
Traitement des donnรฉes
Les donnรฉes ont รฉtรฉ analysรฉes avec le logiciel Rersionv 2. 9. 0, utilisant le test khi 2 de Pearson.
RESULTATS
Nous avions colligรฉ 78 cas au cours de la pรฉriode โรฉtude, rรฉalisant une frรฉquence hospitaliรจre de 4,46% parmi le nombre dโadmissions en service de Gynรฉcologie qui รฉtait de 1747.
Indicateurs sociodรฉmographiques
Lโรขge
Lโรขge moyen des femmes รฉtait de 26,81 ans avec des extrรชmes de 15 et 43 ans (Page 20, figure 1).
Le niveau dโinstruction
Les niveau secondaire prรฉdominait avec 62% des enquรชtรฉes ( Page 20, figure 2).
La profession
Les รฉtudiantes prรฉdominaient dans lโรฉtude avec 28%et les mรฉnagรจres avec 24% (Page 21, figure 3).
La situation matrimoniale
Les cรฉlibataires occupaient 39% des patientes de notre รฉtude (Page 21, figure 4).
La distance du domicile par rapport ร l โHUGOB
Les 82% des patientes habitaient ร proximitรฉ de lโHUGB ร moins de 10km (Page 22, figure 5).
Antรฉcรฉdents gynรฉcologiques et obstรฉtricaux
La gestitรฉ
Les paucigestes prรฉdominaient avec la moitiรฉ des cas (Page 22, figure 6).
La paritรฉ
Les paucipares constituaient 47,44% des patientes (Page 23, figure 7).
Les contraceptions antรฉrieures
Les 80% des patientes nโavaient jamais eu de contraceptions avant lโavortement (Page 23, figure 8).
Les IVG antรฉrieures
Les patientes nโavaient jamais eu recours ร lโavort ement dans 89,75% des cas. (Page 24, figure 9)
Concernant lโavortement
Le motif de lโavortement
Le problรจme financier prรฉdominait dans les motifs des patientes avec 31% des cas. (Page 24, figure 10)
Les moyens abortifs
Le moyen abortif le plus utilisรฉ รฉtait le misoprostol avec 47,44%. (Page 25, figure 11)
Lโopรฉrateur
La patiente effectuait lโavortement par elle-mรชme dans 37,17% des cas et par un personnel mรฉdical dans 41,03% (Page 25, figure 12).
Signes cliniques et hospitalisation
Le motif dโadmission
Lโhรฉmorragie รฉtait le principale motif dโadmissionavec 69% des cas. (Page 26, figure 13)
Lโexamen clinique
Lโexamen clinique retrouvait des douleurs lombo pelviennes(DLP) dans 57,7% des cas. (page 26, figure 14)
Le dรฉlai entre lโavortement et lโhospitalisation
Les patientes arrivaient ร lโhรดpital prรฉcocement, d ans les deux jours ,dans 44,8% des cas. (Page 27, figure 15)
La durรฉe dโhospitalisation
La durรฉe dโhospitalisation rapide, de moins de 4 jours, รฉtait la plus frรฉquente avec 61% des cas. (Page 27, figure 16)
Les complications et la conduite ร tenir
Les complications
Les rรฉtentions placentaires prรฉdominaient dans lโรฉtude avec 70% des cas. (Page 28,figure 17)
La conduite ร tenir
Le curage digital, avec 48% des cas, รฉtait la conduite ร tenir la plus utilisรฉe dans notre รฉtude. (Page 28, figure 18) 13 patientes, soit % avaient reรงu une transfusion s anguine.
COMMENTAIRES
Cette รฉtude prospective a permis dโobtenir des informations consรฉquentes sur les avortements clandestins compliquรฉs admis ร lโHUGOB. Ces donnรฉes vont รชtre confrontรฉes aux donnรฉes de la littรฉrature afin dedรฉgager des suggestions constructives pour lโamรฉlioration des conditions des femmes malgaches.
Nous allons commenter et discuter successivement :
– les indicateurs sociodรฉmographiques
– les antรฉcรฉdents gynรฉcologiques et obstรฉtricaux
– les modalitรฉs de lโโavortement clandestin
– les signes cliniques et hospitalisation
– les complications et la conduite ร tenir.
Les indicateurs sociodรฉmographiques
Lโรขge
La tranche dโรขge prรฉdominante de nos patientes est celle entre 20 et 24ans reprรฉsentant 24,36% de la population รฉtudiรฉe. Leseunesj de moins de 25 ans constituent 43,59% de ces femmes. Un taux plus ou moins similaire a รฉtรฉ retrouvรฉ ร Antsirabe entre 1995 et 1997 avec un taux de 37,77% sur la mรชme tranche dโรขge, mais la tranche de 15-20 ans prรฉdominait alors avec 26,22% des patientes(24).
Dans les pays en dรฉveloppement oรน la plupart des avortements sont ร risque, les complications des avortements sont surtout observรฉe chez les jeunes. Au Togo, Adjahoto et al (25) ont retrouvรฉ que les patientes entre 16 et 25ans reprรฉsentaient 75,76% des femmes. Alors que dans les pays dรฉveloppรฉs, lโรขge moyen semble plus รฉlevรฉ, 27,5 ans selon une รฉtude rรฉalisรฉe par Chalain et al en France (26). Dans le monde, une revue de littรฉrature dans the Lancet retrouve que la tranche dโรขge de 15-29 ans est la plus ร risque (27).
Le jeune รขge des femmes qui avortent est une tendan ce mondiale, surtout dans les pays en dรฉveloppement comme le nรดtre. Dans ces contrรฉes, les femmes ont une activitรฉ sexuelle plus prรฉcoce et comme la plupart ne sont pas protรฉgรฉe ni informรฉe contre les grossesses non dรฉsirรฉes, elles finissent majoritairement ร avoir recours ร lโavortement.
Dโautant plus que ces jeunes femmes sont dans des situations prรฉcaires oรน une grossesse empirerait leur situation.
Alors que dans les pays dรฉveloppรฉs, les femmes ontune plus grande accessibilitรฉ aux moyens de contraception, surtout chez les jeunes qui ont une รฉducation sexuelle plus poussรฉe qui est inexistante dans les pays en dรฉveloppement.
Niveau dโinstruction
Le niveau dโinstruction relevรฉ รฉtait dominรฉ par lesfemmes ayant fait des รฉtudes secondaires avec 62% des cas.
A Antsirabe, 64,44% avaient un niveau dโinstruction primaire, plus ou moins similaire ร celui retrouvรฉ au Togo (25) avec ร un taux de 75,76%.
Ce taux retrouvรฉ serait dรป ร la localitรฉ oรน se trouve lโHUGOB. Cโest ร Antananarivo et ses environs que lโon rencontre le plus dโรฉcoles. Lโaccessibilitรฉ ร lโรฉducation nโest pas uniforme ร Madagascar. Et comme la plupart des usagers du centre sont de la rรฉgion, cela expliquerait ce taux. En plus, chez ces patientes qui ont souvent arrรชtรฉ lโรฉcole, le recours ร lโavortement รฉtait unenรฉcessitรฉ ร cause de la prรฉcaritรฉ de la situation des femmes qui nโont pas fait beaucoup dโ รฉtude. Les universitaires รฉtaient les moins confrontรฉes ร ce problรจme, avec un taux de 10%, sans doute du fait de leur connaissance plus approfondie sur la grossesse, les moyens de contraception et la conduite ร tenir ร adopter dรจs les moindres signes de complications. Souvent, ces femmes ont une situation professionnelle ou sociale qui les poussent ร avorter, soit par peur dโรชtre licenciรฉ ou de se retrouver avec beaucoup dโenfant. Ces patientes ont aussi un niveau de vie plus confortable et ont un peu plus accรจs au centre de soin privรฉ de la capitale lors de complications.
Ce sont les mรชme constatations qui รฉtaient retrouvรฉes au Togo, dans une autre รฉtude, le taux de complications dโavortements clandestins varie fortement selon le niveau d’instruction: de 13 % pour les femmes qui ont seulement deux annรฉes d’รฉtudes primaires ร 33 % pour celles qui ont six annรฉes d’รฉtudes secondaires (28).
Profession
Ce sont les รฉtudiantes qui prรฉdominent dans notre tude,รฉ avec 24% des enquรชtรฉes. Il sโagit ici de jeunes femmes qui sont ร lโรฉcole et les universitaires. Les รฉtudiantes sont les couches les plus vulnรฉrables faces aux complications des avortements. Ces patientes , souvent jeunes, sont motivรฉes par le souci de pouvoir poursuivre des รฉtudes.
Dans une รฉtude effectuรฉe dans le mรชme centre en 2004, Randrianantoanina (29) a retrouvรฉ que ce sont les mรฉnagรจres qui sont les plus reprรฉsentรฉes avec 40% des cas.
Au Togo, les รฉlรจves et apprenties occupent 37,12% des cas et 38,6% au Malawi (30). Alors quโen Inde, ce sont les mรฉnagรจres qui sont les plus touches avec 63,8% des cas (31). Au Nigeria, ce sont les chรดmeurs qui son t les plus concernรฉs avec 76% (32).
Le constat est que ce sont les personnes ร faible niveau socio-รฉconomique qui sont les plus exposรฉes aux avortements ร risque. Plusieurs auteurs ainsi que lโOMS ont rapportรฉ dans leurs รฉtudes que la pauvretรฉ qui estun facteur influent important de ces avortements dans les pays en dรฉveloppement (33)ย (34) (35).
Dans les pays en dรฉveloppement, les รฉtudiantes et esl mรฉnagรจres sont les plus exposรฉes aux avortements clandestins. Ces situation sont celles oรน elles nโont pas le choix, mais les motivations ne sont pas pareilles. Les mรฉnagรจres le font par souci dโespacement de naissance, c’est-ร -dire pour palier ร une manque de contraception.
Comme la majoritรฉ des enquรชtรฉes รฉtait sans revenutables mais dรฉpendait soit de leur parent soit de leur mari, lโavortement รฉtait plus facilement utilisรฉ. Pour les รฉtudiantes, la peur des parents voir la rรฉticence รชme de ces mรชme parents les font se tourner vers lโavortement ainsi que lโimpossibilitรฉ de poursuite de leur รฉtudes. Ces avortements sont aussi largement en relation avec la volontรฉ des partenaires, car sโils sont jeunes aussi, un mariage est inaccessible, dโoรน les avortements.
Situation matrimoniale
Dans notre รฉtude, 57% des patientes รฉtaient cรฉlibairest ou en concubinage (union libre).
Ce rรฉsultat rejoint plusieurs รฉtudes africaines comme celle ร Maputo oรน 58% ne vivaient pas en union, (36) ou au Nigeria oรน 54,7% des femmes ayant eu des complications รฉtaient cรฉlibataires (37). Cโest un onstatc qui est fait aussi au Kenya et au Malawi (38) (39) oรน il y a une forte proportion de cรฉlibataires pouvant atteindre jusquโร 83,33% au Togo ( 25).
Le recours des cรฉlibataires ร lโavortement clandestin serait dรป ร la peur et ร la stigmatisation de la femme vis-ร -vis des parents et de la sociรฉtรฉ, sans parler des motifs financiers et de lโavis du partenaire.
Mais dans certaines rรฉgions, ce sont les mariรฉes qui prรฉdominent, comme en Ouganda avec 51% de femmes mariรฉes (40) tout comme au Guatemala oรน les grossesses non dรฉsirรฉes ou non planifiรฉes chez lesfemmes mariรฉes sont estimรฉes ร 32% des cas (41).
On peut parler d’un ยซย phรฉnomรจne de gรฉnรฉrationย ยป tantla liaison entre le recours ร l’avortement et la gรฉnรฉration de naissance des femmes est forte. La pratique de l’avortement est donc beaucoup plus frรฉquente et plus prรฉcoce dans les jeunes gรฉnรฉrations. En dรฉbut de vie fรฉconde, elle tรฉmoignedu souhait de diffรฉrer la premiรจre naissance ; il s’agit dans ce cas essentiellement de jeunes femmes en situation familiale instable ou encore scolarisรฉes, pour lesquelles une grossesse est รฉconomiquement et socialement inacceptable. En revanche, pour les femmes ayant dรฉjร eu de nombreuses grossesses, le recours ร l’avortement est un moyen d’espacer ou de limiter les naissances.
La relation entre lโรขge, le niveau dโinstruction, l a profession et la situation matrimoniale est รฉvidente dans les avortements clandestins. Cโest souvent dans des situations de prรฉcaritรฉ que se trouvent les patientes candidates aux avortements.
Distance par rapport ร lโHUGOB
Les 82% des enquรชtรฉes habitaient ร moins de 10km delโHUGOB, c’est-ร -dire dans les environs dโAntananarivo. Cโest essentielle ment une population urbaine qui a eu recours ร lโavortement clandestin dans notre รฉtude.
Au Ghana comme en รgypte, lโavortement est plus frรฉ quent chez les femmes rรฉsidant en ville et ayant un niveau dโรฉducation รฉlevรฉ (42) (43).
Cette tendance peut sโexpliquer par lโaccessibilitรฉ de lโhรดpital par la population ; les usagers sont ceux qui habitent prรจs de lโhรดpita l. La prรฉsence dโun centre de santรฉ pouvant prendre en charge les complications des avortements, notamment au stade de dรฉbut, dans les campagnes environnantes de la capitale, participe aussi ร la faible proportion de patientes habitant loin du CHU.
Ce recours ร lโavortement plus frรฉquent en milieu urbain et chez les femmes รฉduquรฉes pose question.
Pour ces femmes, il est probable que le contrรดle social soit moins fort et quโelles dรฉclarent plus facilement un avortement (44).
Lโabsence dโรฉtude sur lโavortement en milieu rural est trรจs marquรฉe dans notre pays comme dans tous les pays en dรฉveloppement. Il est alors trรจs difficile de chiffrer exactement le nombre dโavortement clandestin au niveau national. Dโautant plus que la sociรฉtรฉ malgache est trรจs stricte sur la pratique edlโavortement, surtout en milieu rural, souvent trรจs conservateur. En plus, dans les campagnes, les centre de santรฉ ne sont pas facilement accessible, et les patientes nโarrivent au niveau de lโHUGOB que pour les complications trรจs graves engageant le pronostic vital.
Les antรฉcรฉdents gynรฉcologiques et obstรฉtricaux
La gestitรฉ et la paritรฉ
Les paucigestes reprรฉsentaient 50% des patientes. Dans la littรฉrature, les rรฉsultats des diffรฉrentes รฉtudes sont variables sur ce sujet.Au Togo, Adjahoto et al (25) ont retrouvรฉ que les primigestes constituaient 56,82% des cas, alors quโune autre รฉtude au Peshawar ( en Pakistan) a retrouvรฉ que les multigestes constituaient 78,5% (45).
Les paucipares reprรฉsentaient 47,44% des patientes lors de notre รฉtude. Les nullipares constituaient 41% des cas.
Certains auteurs ont trouvรฉ que les nullipares prรฉdominent, comme au Togo ( %), ainsi quโร Enugu (Nigeria) avec 45% des patientes ( Nwogu-Ikojo et al ) voire mรชme 95% ร Nnewi (Nigeria) (Ikpeze OC). Dโautres รฉtudes ont montrรฉ une forte proportionnalitรฉ des multipares (46).
La disparitรฉ entre les rรฉgions est expliquรฉe par slediffรฉrences de cultures car cโest surtout dans les pays musulmans oรน les multigestes mutipares prรฉdominent, oรน les relations sexuelles en dehors du mariage sont interdites. Les jeunes qui avortent sans รชtre mariรฉs ne le dรฉclarent pas. Alors que les femmes mariรฉes sont moins embarrassรฉes ร le dรฉclarer.
Dans les autres pays, les jeunes femmes entrent plus prรฉcocement dans la vie sexuelle, sans รชtre pour autant mariรฉes. Ces jeunesfemmes sont pour la plupart des primigestes ou des paucigestes(46).
Ces constatations rejoignent les mรชmes observations par rapport ร lโรขge des patientes, qui laisse penser que les jeunes nullipares ont recours ร lโavortement pour sโassurer โโun avenirโโ et que les femmes plus รขgรฉe s le font pour rรฉguler les naissances.
Contraception antรฉrieure
Les 80% des patientes nโavaient pas recouru ร la co ntraception avant de rรฉaliser un avortement clandestin.
Il en est de mรชme au Togo oรน 81,82 % des patientesnโavaient jamais adoptรฉ une mรฉthode contraceptive.
La plupart des femmes connaissaient lโexistence des mรฉthodes contraceptives mais dans la plupart des cas, elles pensent que les mรฉthodes hormonales peuvent altรฉrer leur fรฉconditรฉ ou provoquer des malformations fลtales et que les mรฉthodes barriรจres sont mal acceptรฉes par les partenaires.
Dโaprรจs une รฉtude ร Abidjan, les femmes qui ont utilisรฉ la contraception par le passรฉ ont une probabilitรฉ trois fois plus รฉlevรฉeavoird’ avortรฉ au moins une fois que celles qui n’ont jamais eu recours ร la contraception. Elles utilisent donc conjointement les deux mรฉthodes pour rรฉguler leur fรฉconditรฉ(47).
Ceci reflรจte la mauvaise utilisation ou lโutilisation irrรฉguliรจre des mรฉthodes contraceptives qui sont pourtant trรจs efficaces et bien accessible en milieu urbain oรน habitent la plupart de nos enquรชtรฉes.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. GENERALITES SUR LES AVORTEMENTS CLANDESTINS ET LEURS COMPLICATIONS
I.1. Dรฉfinitions
I.1.1. Lโavortement spontanรฉ
I.1.2. Les avortements provoquรฉs
I.1.2.1. Lโavortement mรฉdical
I.1.2.2. Lโavortement provoquรฉ non mรฉdical
I.2. Epidรฉmiologie
I.2.1. Dans le monde
I.2.2. A Madagascar
I.3. Les moyens abortif
I.3.1. Les manลuvres abortives directes
I.3.1.1. Les IVG
I.3.1.2. Les manลuvres abortives ร risque
I.3.2. Les produits toxiques et les mรฉdicaments rรฉputรฉs abortifs
I.3.3. Les manลuvres abortives indirectes
I.4. Les complications des avortements clandestins
I.4.1. Les complications prรฉcoces
I.4.1.1. Les complications locales
I.4.1.2. Les complications rรฉgionales
I.4.2. Les complications tardives
I.4.2.1. Les lรฉsions inflammatoires chroniques
I.4.2.2 Les troubles gynรฉcologiques
I.4.2.3. Les consรฉquences psychologiques
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
II. METHODOLOGIE
II.1. Type dโรฉtude
II.2. Lieu dโรฉtude
II.3. Durรฉe dโรฉtude
II.4. Population dโรฉtude
II.5. Critรจres dโinclusion
II.6. Critรจres dโexclusion
II.7. Variables รฉtudiรฉes
II.7.1. Indicateurs sociodรฉmographiques
II.7.2 Antรฉcรฉdents gynรฉcologiques et obstรฉtricaux
II.7.3. Concernant lโavortement
II.7.4. Signes cliniques et hospitalisation
II.7.5. Complications et conduite ร tenir
II.8. Traitement des donnรฉes
III. RESULTATS
III.1 Indicateurs sociodรฉmographiques
III.1.1. Lโรขge
III.1.2.Niveau dโinstruction
III.1.3. Profession
III.1.4. Situation matrimoniale
III.1.5. Distance domicile par rapport ร lโHUGOB
III.2. Antรฉcรฉdents gynรฉcologiques et obstรฉtricaux
III.2.1. Gestitรฉ
III.2.2. Paritรฉ
III.2.3. Contraception antรฉrieure
III.2.4. IVG antรฉrieure
III.3. Concernant lโavortement
III.3.1. Motif de lโavortement
III.3.2 Moyen abortif
III.3.3. Lโopรฉrateur
III.4. Signes cliniques et hospitalisation
III.4.1. Motif dโadmission
III.4.2. Examen clinique
III.4.3. Dรฉlai entre avortement et hospitalisation
III.4.4. Durรฉe dโhospitalisation
III.5. Complications et conduite ร tenir
III.5.1.Complications
III.5.2. Conduite ร tenir
III.5.3 Issue maternelle
TROISIEMME PARTIE : COMMENTAIRES ET SUGGESTIONS
IV. COMMENTAIRE
IV.1 Indicateurs sociodรฉmographiques
IV.1.1. Lโรขge
IV.1.2.Niveau dโinstruction
IV.1.3. Profession
IV.1.4. Situation matrimoniale
IV.1.5. Distance domicile par rapport ร lโHUGOB
IV.2. Antรฉcรฉdents gynรฉcologiques et obstรฉtricaux
IV.2.1. Gestitรฉ et la paritรฉ
IV.2.2. Contraception antรฉrieure
IV.2.3. Antรฉcรฉdent dโavortement provoquรฉ
IV.3. Concernant lโavortement
IV.3.1. Motif de lโavortement
IV.3.2 Moyen abortif
IV.3.3. Lโopรฉrateur
IV.4. Signes cliniques et hospitalisation
IV.4.1. Motif dโadmission et examen clinique
IV.4.2. Dรฉlai entre avortement et hospitalisation
IV.4.3. Durรฉe dโhospitalisation
IV.5. Complications et conduite ร tenir
IV.5.1. Complications
IV.5.2. Conduite ร tenir
IV.5.3 Issue maternelle
V. SUGGESTIONS
V.1. Au niveau familiale et communautaire
V.2. Pour le personnel de santรฉ
V.3. Au niveau des autoritรฉs compรฉtentes
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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