Generalites sur les anticancereux

Définition

Un médicament anticancéreux peut être défini comme tout médicament destiné à lutter contre le cancer quel qu’en soit le mécanisme (Ahrens, 1996). La chimiothérapie fait partie des méthodes de lutte anti-cancéreuse, au même titre que la radiothérapie et la chirurgie. Il s’agit d’un traitement général, diffusé dans tout l’organisme, qui a pour but de détruire les cellules malignes issues de la tumeur d’origine. La chimiothérapie comprend les agents anti-infectieux et les traitements antinéoplasiques. Ces substances chimiques agissent sur la multiplcation et la division des cellules, entraînant ainsi leur mort. Leur cytotoxicité fait qu’elles s’attaquent à toutes les cellules de l’organisme en cours de division et provoquer de nombreux effets tels que les irritations et les allergies .

Classifications et mécanismes d’action des anticancéreux

La chimiothérapie dite conventionnelle 

Elle correspond aux médicaments dont le mode d’action principal a pour cible les mécanismes impliqués dans la multiplication cellulaire (figure1). Qu’elle soit normale ou néoplasique, cette action est dite cytotoxique ou cytostatique (Niedhammer, 2007).

Les classes pharmaco thérapeutiques incluses dans ce groupe sont les suivantes (Durand, 2015):
− Les antimétabolites : Ils affectent le métabolisme des nucléosides. Ce sont des analogues structuraux des bases nucléiques ou faux substrats qui vont s’incorporer dans l’ADN à la place des bases ou pyrimidiques. Ils peuvent aussi inhiber des voies métaboliques qui participent à la biosynthèse de ces bases (inhibition de la synthèse d’acide folique par les anti foliques). Comme anti-métabolites nous pouvons citer :
o Les antagonistes foliques : Méthotréxate
o Les pyrimidiques : 5Fluoro-uracile, Gemcitabine, Cytarabine, Capécitabine
o Les antagonistes puriques : mercaptopurine, thioguanine,Fludarabine
− Les agents alkylants : ils empêchent la duplication de l’ADN en créant des ponts intramoléculaires entre les 2 chaines d’ADN.
Dans ce groupe, nous avons :
o Les dérivés de la moutarde azotée : cyclophosphamide, melphalan, chlorambucil
o Les sulfonates d’alkyl : Busulfan
o Les nitroso-urées : Carmustine, Lomustine
o Les triazènes : Dacarbazine
o Les sels de platine : Cisplatine
o Les dérivés du Platine : Carboplatine, Oxaliplatine
− Les inhibiteurs de la Topoisomérases : ils ont pour cible la Topoisomérase. Cette topo isomérase est impliquée dans la réplication de l’ADN en relaxant l’ADN super enroulé par des coupures simples brins de l’ADN. Comme exemples nous avons :
o Les inhibiteursde Toposiomérases 1 :Topothecan
o Les inhibiteurs de Topoisomérases 2
• Les pipodophyllotoxines: Etoposide
• Les anthracyclines : Daunorubicine, Doxorubicine
• Les bléomycines : antibiotiques
− Les poisons du fuseau : Ils bloquent la cellule en mitose en se fixant à la β–‐tubuline dont la polymérisation est nécessaire à la construction du fuseau mitotique.

Dans ce groupe nous retrouvons :
o Les alcaloïdes de la Pervenche : Vinblastine, Vincristine
o Les taxanes : Paclitaxel, Docétaxel
− Les Inhibiteurs de la ribonucléase diphosphate réductase : L’enzyme inhibée a pour rôle physiologique de réduire les ribonucléotides en désoxyribonucléotides lesquels sont ensuite incorporés à l’ADN Nous pouvons citer comme inhibiteurs de la ribonucléase diphosphate réductase : les hydroxy-urées
− Les intercalants : ils inhibent la duplication de la transcription de l’ADN en s’insérant entre 2 brins d’ADN, mais ils inhibent également des radicaux libres et liaison non dissociable aux topoisomérases. Ceux-ci entrainent des cassures monos et bi caténaires. La plupart sont des antibiotiques cytotoxiques et autres agents similaires. Comme exemples nous pouvons citer l’actinomycine D et l’idarubicine .

La chimiothérapie dite ciblée

Par opposition à la chimiothérapie classique, cette technique de traitement cible les cellules cancéreuses. Elle a donc une action à un niveau précis du fonctionnement ou du développement des cellules tumorales (Boulogne, 2014).

Cette catégorie est représentée par :
-les inhibiteurs de tyrosine kinase et apparentés :
Nous avons l’imatinib et crizotinib .

Risques liés à la manipulation des anticancéreux

L’exposition du personnel soignant aux anticancéreux se fait lors des soins administrés au patient. Avec l’augmentation de l’utilisation des anticancéreux dans d’autres spécialités que la cancérologie, le nombre de personnel soignant moins bien formés à l’utilisation des anticancéreux a considérablement augmenté. (Niosh, 2004).

Voies d’exposition aux anticancéreux

La pénétration dans l’organisme se fait par (Valanis et al, 1993):
− Voie respiratoire, par inhalation des aérosols liquides ou solides ;
− Voie cutanée, par contact avec les cytostatiques ;
− Voie digestive, par ingestion des aérosols ou d’aliments souillés ;
− Voie oculaire, par projection des aérosols ou contact oculaire avec des mains souillées .

Sources d’exposition

Contamination de l’environnement

Différentes surfaces sont susceptibles d’être contaminées par les cytostatiques et représentent des sources secondaires de contact cutané : flacons de médicaments, poches de perfusion, paillasses, sacs poubelles, manchettes d’isolateur, surfaces intérieures des isolateurs, poste de sécurité microbiologique (PSM), sols des pièces de reconstitution ou d’administration, voire poignées de portes ou tiroirs, combinés téléphoniques, claviers d’ordinateurs.

Exposition lors de la reconstitution des médicaments 

L’opération d’introduire une solution aqueuse dans le flacon de cytotoxique induit une surpression, qui favorise la formation des aérosols de poudre cytotoxique ou de liquide ayant dissous cette poudre. Ces aérosols s’échappent souvent de manière incontrôlée par le bouchon en caoutchouc du flacon en polluant l’environnement immédiatement. Par ailleurs, certains cytostatiques tels que, la cyclophosphamide, la 5-fluorouracile, et la cisplatine sont susceptibles de se volatiliser à température ambiante.

Exposition lors de l’administration
L’exposition se fait surtout lors des accidents d’administration, mais dans les conditions normales, la contamination surfacique ou atmosphérique est minimale.

Exposition par les excrétas des patients
Cette exposition est largement sous-estimée et méconnue par rapport à l’exposition lors de la préparation ou de l’administration des cytostatiques, par conséquent les mesures de protection en place sont insuffisantes. Les médicaments sont excrétés par voie urinaire (jusqu’à 70%) et fécale. Nous les retrouvons aussi dans la salive et la sueur, pendant une période variable entre 1 et 7 jours, selon le médicament.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES ANTICANCEREUX
1.Définition
2 Classifications et mécanismes d’action des anticancéreux
2.1.La chimiothérapie dite conventionnelle
2.1.La chimiothérapie dite ciblée
3.Risques liés à la manipulation des anticancéreux
3.1.Voies d’exposition aux anticancéreux
3.2.Sources d’exposition
3.2.1.Contamination de l’environnement
3.2.2.Exposition lors de la reconstitution des médicaments
3.2.3.Exposition lors de l’administration
3.2.4.Exposition par les excrétas des patients
3.2.5.Exposition liée aux déchets
3.3.Effets toxiques des cytostatiques sur le personnel soignant
3.4.Évaluation du risque d’exposition
3.4.1.Classification des niveaux d’expositions
3.4.2.Métrologie d’ambiance
3.4.3.Le suivi médical du personnel exposé
3.4.3.1.Évaluation de l’exposition par monitoring biologique
3.4.3.2.Évaluation du risque génotoxique
4.Prévention à l’exposition aux risques
4.1.Recommandations pour la préparation des chimiothérapies
4.1.1.Locaux de préparation
4.1.2.Matériels de travail
4.2.Précautions avant toute administration d’anticancéreux (connor, 2006)
4.3.Mesures à prendre pour minimiser l’exposition aux excréta
4.4.Mesure à prendre après Contact accidentel du personnel avec un cytostatique
4.5.Élimination des déchets contenant les anticancéreux
4.6.Mesure à prendre après contaminations des surfaces de travail avec un cytostatique
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
1.Cadre et population d’étude
2.Critères de sélection
3.Questionnaires
4.Résultats
4.1.Répartition des infirmiers interrogés en fonction de l’âge
4.2.Estimation de l’exposition en fonction de l’ancienneté et de la fréquence de manipulation
4.3.Les anticancéreux utilisés dans les Hôpitaux
4.4.Répartition des effets produits par les anticancéreux utilisés
4.5.Calcul de l’indice de contact cytotoxique
4.6.Précautions prises pendant la manipulation des anticancéreux
4.7.Répartition des infirmiers ayant eu une formation concernant manipulation des produits de chimiothérapie
4.8.Conduite à tenir en cas d’accident de manipulation des produits de chimiothérapie
5.DISCUSSION
CONCLUSION
RÉFÉRENCES
ANNEXE

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