GENERALITES SUR LES ANNONACEAE

L’emploi de plantes comme remède remonte à l’antiquité. De nos jours, malgré le développement de l’industrie pharmaceutique, les plantes médicinales occupent une place importante dans la thérapeutique en Afrique. Le recours à la médecine traditionnelle, est souvent guidé par l’insuffisance de personnel médical qualifié, le coût élevé des prestations et des facteurs socioéconomiques défavorables. La flore africaine réputée pour sa richesse comprend des milliers d’espèces végétales. Cependant, l’art médical traditionnel doit faire face à des obstacles, comme celui du mode d’administration et des doses employées dans la préparation. Cette imprécision des doses constitue un véritable problème de la médecine traditionnelle. La prospection des extraits administrés de façon empirique nécessite donc une surveillance de posologie, afin d’éviter les risques réels d’accidents thérapeutiques qui peuvent parfois s’avérer tragiques (Adjoungoua et coll., 2006). C’est dans ce cadre que de nombreuses recherches scientifiques s’effectuent sur les recettes traditionnelles afin d’aboutir à des médicaments utilisables dans les soins de santé primaire selon les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (Keita et coll., 1993). Annona senegalensis (ANNONACEAE) est une plante de la pharmacopée traditionnelle africaine, utilisée dans le traitement des parasitoses, des affections microbiennes, tumorales et dans les processus inflammatoires (Aké et Guindo, 1991 ; Adzu et coll., 1996). Les travaux antérieurs réalisés au laboratoire de pharmacologie de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie (FMPO) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) ont montré l’existence d’une activité antiinflammatoire d’extraits de feuilles de A. senegalensis à des doses très faibles (1 et 3 mg/kg per os) (Lo Fall, 2010 ; Tchemy, 2012 ; Ndong, 2013). Eu égard à l’efficacité de cette plante, la détermination des paramètres toxicologiques s’impose, pour optimiser son utilisation.

GENERALITES SUR LES ANNONACEAE

La famille des Annonaceae est une des plus archaïques des angiospermes. Avec 2300 espèces et 130 genres, elle est la plus importante de l’ordre des Annonales qui compte 2620 espèces réparties en 152 genres (Takhtajan, 1986).

Origine et répartition géographique

Elle est rencontrée de manière quasi-exclusive sous les tropiques et est particulièrement caractéristique des forêts de basse altitude. Les genres Asimina et Deeringothalamus poussent dans certaines régions tempérées d’Amérique du Nord (Hutchinson, 1964). Il existe aussi des cultures dans le bassin méditerranéen. L’origine de cette famille serait sud-américaine et africaine, d’après les études phytogéographiques, morphologiques florales et palynologiques de Le Thomas (Le Thomas, 1983) .

Caractères botaniques
Ce sont des plantes ligneuses, souvent aromatiques, aux formes variées : arbres (15-20 m), arbustes et arbrisseaux (1-10 m) ou lianes. Les formes arborescentes ont un tronc généralement cylindrique, à écorce plissée et fissurée, de couleur le plus souvent grisâtre. Les Annonaceae présentent une grande homogénéité morphologique. Elles ont un certain nombre de caractères botaniques témoignant de leur appartenance aux Magnoliales et donc de leur archaïsme. La pollinisation est entomophile. (Takhtajan, 1986).

Classification
L’importante homogénéité de la famille des Annonaceae rend sa classification interne difficile, ce qui explique les divergences entre botanistes au niveau des tribus et de leurs subdivisions. Les différentes classifications proposées sont basées sur des données morphologiques florales (Fries, 1959 ; Hutchinson, 1964) et sur des observations palynologiques ainsi que phytogéographiques (Le Thomas, 1983 ; Walker, 1971). Tous les auteurs admettent la division des Annonaceae en deux sous familles évoquées précédemment, suivant le degré d’évolution du gynécée :
– la sous-famille des Annonoïdeae (120 genres) : carpelles libres accolés dans la fleur et dans le fruit, avec ovules insérés latéralement à la soudure carpellaire, en un ou plusieurs rangs.
– la sous-famille des Monodoroïdeae (2 genres : Monodora et Isolona) : carpelles soudés en un ovaire uniloculaire avec placentation pariétale des ovules, conduisant à un fruit parasyncarpique.

Des études récentes par phylogénie moléculaire ont validé cette classification (Couvreur et coll., 2008). Les divergences entre botanistes ont lieu au sujet des niveaux des tribus de la sous-famille des Annonoïdeae, comportant la majorité des genres et espèces. La classification est basée essentiellement sur la préfloraison des pétales, leur forme et leur taille. Hutchinson (1964) divise cette sous famille en trois tribus : Uvarieae (36 genres), Miliuseae (11 genres), Unoneae (2 sous-tribus, 271 genres). Pour sa part, Fries (1959) subdivise les Annonaceae en trois tribus : les Uvarieae, Unoneae et les Tetramerantheae. Enfin, Walker (1971) a proposé une classification « informelle », fondée essentiellement sur les caractères morphologiques du pollen, et sur des données phytogéographiques, le degré d’évolution du fruit et la morphologie florale. Elle est subdivisée en 3 sous-familles : Malmeae (3 tribus comprenant 78 genres et 1944 espèces), Fusea (10 genres, 310espèces) ; Annona (4 tribus, 19 genres, 311 espèces, dont 198 pour les 4 genres de la tribu Annona).

Utilisations des Annonaceae

La famille des Annonaceae présente une importance économique car elle constitue une source de plantes à fruits comestibles avec principalement le genre Annona, dont il sera question dans cette thèse. Ses espèces sont cultivées et des produits alimentaires dérivés existent. Certaines espèces à fleurs odorantes trouvent un emploi en parfumerie et en cosmétologie (Cananga odorata ou « Ylang Ylang »). Les graines constituent parfois des condiments (Xylopia aethiopica, « poivre d’Ethiopie ») (Leboeuf et coll., 1982). Les Annonaceae sont aussi employées en médecine traditionnelle dans des indications très variées. Par exemple au Sénégal, les écorces de tiges d’Annona senegalensis sont utilisées, entre autres, en traitement des pneumonies, des diarrhées, des blennorragies…. Cependant une forte prévalence de syndromes parkinsoniens atypiques dans les Caraïbes a été reliée à la consommation d’infusions de feuilles d’Annonaceae (Annona muricata et Annona squamosa). En effet les acétogénines et les alcaloïdes contenus dans les graines et les feuilles de ces plantes pourraient représenter les composés neurotoxiques impliqués dans ces maladies (CaparrosLefèvbre et coll., 2006).

Composition chimique
Du point de vue chimiotaxonomique, les Annonaceae ont une composition conforme à leur statut de famille archaïque des angiospermes. Dans cette famille sont surtout retrouvées des molécules issues du métabolisme shikimique, avec la présence d’alcaloïdes benzylisoquinoléïques. Des marqueurs chimiotaxonomiques spécifiques de cette famille sont le polycarpol et les dérivés polyacétiques particuliers : les acétogénines. D’autres métabolites sont également isolés des Annonaceae (terpènes, tanins, lignanes, cyclopeptides …) (Takhtajan, 1986).

Habitat et répartition géographique

Annona senegalensis se rencontre dans toute l’Afrique de l’Ouest, les savanes claires ou boisées en zones soudaniennes et soudano-guinéennes allant du Sénégal à l’Afrique orientale et s’étendant à Madagascar. Il existe également dans les sables para-littoraux, mêlé à Annona glauca, mais sa répartition est inégale, depuis le Cayor jusqu’à la Casamance maritime.

Emplois en médecine traditionnelle

Annona senegalensis est considérée comme une panacée (Pousset, 2004) pour ses différentes actions curatives :

➤ Racines
– Lorsqu’elles sont macérées dans l’eau, elles luttent contre les néphrites, les blennorragies, le lumbago, les dysenteries et diarrhées, et sont utilisées pour les soins des abcès.
– Les racines bouillies peuvent être utilisées en massage contre les abcès. Elles peuvent aussi être utilisées contre la syphilis et les dysenteries amibiennes.

➤ Les écorces du tronc
– En poudre, elles luttent contre la stérilité et favorisent la lactation.
– Leurs fibres servent de garrot pour les piqûres de scorpion.
– Les fibres écrasées et mises dans l’eau interviennent dans le soin de la femme enceinte en état de délivrance.

➤ Les feuilles
– Lorsqu’elles sont grillées et réduites en poudre, elles servent à traiter les plaies.
– En infusion, elles sont efficaces contre les vomissements.
– Fraîchement mâchées, les feuilles permettent de lutter contre les dysenteries.
– En décoction, elles constituent un remède spécifique contre les diarrhées ordinaires, les vertiges fébrifuges, ainsi que les néphrites.

➤ Les rameaux feuillés
– Ecrasés et mis dans l’eau (boisson), ils sont efficaces contre les hémorragies internes.
– En application locale, ils soignent les hémorragies externes.
– Les rameaux bouillis soignent les néphrites et les maux de ventre.
– En cure-dent, le jus du morceau de bois de A. senegalensis est efficace contre la diarrhée.

➤ Utilisations diverses
– senegalensis peut être utilisée comme bois de chauffage. La potasse tirée des morceaux de bois réduits en poudre à chauffage est mélangée au tabac traditionnel.
– Le fruit comestible (pomme cannelle) est consommé au Sénégal, plus spécialement contre le ver de Guinée, bien que l’emploi de ce fruit en médecine traditionnelle soit minime.

Chimie
Les travaux d’Eshiet et coll. (1971) ont permis d’isoler des diterpènes à partir d’extraits d’éther de pétrole de l’écorce de tronc de A. senegalensis. Les feuilles contiennent de la rutine, de la quercétine et de la querectrine (Kerharo et Adams, 1974). Cinq diterpènes (kauranes) ont été isolés des extraits d’écorces de racine de Annona (Kayode et coll., 1976). Le fractionnement bioguidé des extraits à travers l’essai contre Artemia salina a permis d’isoler les acétogénines (Sahpaz et coll., 1994).

Deux acétogénines monotétrahydrofuraniques cytotoxiques (Annosenegaline et Annogalène) ont été isolés à partir de l’extrait méthanolique de A. senegalensis (Sahpaz et coll., 1996). Des cyclopeptides à activité cytotoxique ont été décrits par Wélé et coll. dans les graines de A. senegalensis, pour les cyclosénégalines A, B, C et D (Wélé et coll., 2002). A partir des feuilles de A. senegalensis, ont été isolés des alcaloïdes de type aporphinique (liriodénine, isoboldine et anonaine) (Philipov et coll., 1995). You et coll. (1995) ont également mis en évidence d’autres alcaloides à partir des feuilles, la (-)-roemerine, la (-)-N-méthylanonaine et l’isocorydine. A partir de l’extrait chlorométhylénique des racines d’A. senegalensis, la structure de cinq acétogénines a pu être établie appartenant au types A-1b (acétogénines mono-THF à γ-méhyl-γ-lactone α,β-insaturée, hydroxylée en 4), B-1a (acétogénines bis-THF adjascents à γ-méthyl-γ-lactone α,β-insaturée, hydroxylée en 4) (Fall et coll., 2003).

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
I- GENERALITES SUR LES ANNONACEAE
I-1- Origine et répartition géographique
I-2- Caractères botaniques
I-3- Classification
I-4- Utilisations des Annonaceae
I-5- Composition chimique
II- Rappel sur Annona senegalensis
II-1- Systématique et dénominations de la plante
II-2- Etude botanique de la plante
II-3- Habitat et répartition géographique
II-4- Emplois en médecine traditionnelle
II-5- Chimie
II-6- Les propriétés pharmacologiques
III- Rappels sur l’étude de la toxicité aiguë et subaiguë des plantes médicinales
III-1- Toxicité aiguë
III-2- Toxicité subaiguë
DEUXIEME PARTIE: ETUDE EXPERIMENTALE
I- MATERIELS
I-1- Matériel végétal
I-2- Matériel animal
I-3- Appareillage
II- METHODES
II-1- Protocole d’extraction de la drogue
II-2- Caractérisation des composés chimiques
II-2-1- Principe de la chromatographie sur couche mince
II-2-2- Mode opératoire
II-3- Etudes toxicologiques
II-3-1- Toxicité aiguë
II-3-2- Toxicité subaiguë
II-3-3- Analyse statistique
III- RESULTATS
III-1- Rendement de l’extrait hydro-alcoolique des feuilles de Annona senegalensis
III-2- Résultat de la chromatographie sur couche mince de l’extrait hydroalcoolique
III-2-1- Caractérisation des tanins
III-2-2- Caractérisation des alcaloïdes
III-2-3- Caractérisation des flavonoïdes
III-2-4- Caractérisation des stérols et des triterpènes
III-3- Etudes toxicologiques
III-3-1- Toxicité aiguë
III-3-2- Toxicité subaiguë
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES

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