Généralités sur les amphibiens

Les forêts tropicales malgaches comptent parmi les plus grandes priorités mondiales pour la conservation de la biodiversité (Myers et al. 2000) et le pays figure parmi ceux du monde ayant des proportions particulièrement élevées d’espèces menacées. Ce qui en fait un des hots spots mondiaux pour la conservation de la biodiversité (Baillie et al. 2004 ; Mittermeier 2004 ; Andreone 2007). Cette île est l’un des endroits les plus riches en amphibiens au monde (Andreone et al. 2007), classée au douzième rang en matière de richesse spécifique, elle compte actuellement 238 espèces décrites d’après l’évaluation globale des amphibiens (Andreone et al. 2008) avec un taux d’endémisme de près de 99% (Glaw & Vences 2007). Cela fait de cette grande île, une priorité pour la conservation des amphibiens. Le pays dispose de la stratégie pour la conservation des amphibiens des Madagascar (ACSAM) qui constitue le principal outil de la conservation des amphibiens qui dispose actuellement d’un secrétariat et du plan d’action « sahonagasy » en 2006. Les priorités de ce plan d’action sont la coordination des activités de conservation des amphibiens, la formation et la sensibilisation, les inventaires et études écologiques, la génétique, l’intégration des habitats dans les aires protégées, le développement de la collection herpétologique nationale, l’élevage en captivité et les pathologies (Andreone & Randriamahazo 2006).

Les amphibiens malgaches font aussi l’objet de vente sur le commerce international des animaux de compagnie qui, pour le genre Mantella risque de porter préjudice à la survie. Ces animaux sont très demandés sur le marché, et à cause du manque d’informations, ils sont exploités démesurément (Baillie 2004; Food and Agriculture Organization 2006; Rabemananjara et al. in press). Le commerce de la faune et de la flore sauvage à Madagascar est régi par la loi n°2005-018 du 17 octobre 2005 conformément à la convention sur le commerce international de la faune et de la flore sauvage (CITES). La conservation de la biodiversité est tenue en compte par le Madagascar Action Plan (MAP) qui constitue le plan directeur national adopté depuis 2007 comporte dans son engagement 7 relatif à l’environnement les défis 1 et 2 respectivement sur l’augmentation de la superficie des aires protégées et sur le maintien des étendues de forêts et de zones humides pour la conservation et la valorisation de la biodiversité terrestre, lacustre, marine et côtière. Le SAPM est un outil pour la réalisation du défi 1. Les autres défis concernent la réduction du processus de dégradation des ressources naturelles, notamment des feux et des défrichements et le développement du réflexe environnemental à tous les niveaux qui inclut l’éducation environnementale.

Importance de l’étude

Les amphibiens sont les plus menacés d’extinction parmi les vertébrés : tandis que les mammifères ont environ 10% d’espèces en danger, les oiseaux 5%, le rapport sur l’évaluation globale des amphibiens en 2004 (Andreone et al. 2005) a montré que plus de 32% des quelques 6000 espèces d’amphibiens décrites courent le risque d’extinction (Gascon et al. 2005). Les principales causes de la perte en amphibiens sont la destruction, la fragmentation et la pollution de leur habitat (Blaustein 2002; Primack & Ratsirarson 2005) et leur vulnérabilité augmente avec la spécificité de cet habitat. Le manque d’informations sur 23% des espèces d’amphibiens (Gascon et al. 2005) y contribue largement aussi et constitue un obstacle majeur à leur conservation. Finalement, la proportion de la batracofaune en danger est largement supérieure à celles des autres classes du règne animal (Gascon et al. 2005). La destruction des forêts atteint gravement les populations amphibiennes. On pense que plus de 50% des espèces faunistiques terrestres s’abritent dans les forêts tropicales (Lovejoy 1997; Primack & Ratsirarson 2005). Les forêts tropicales couvrent environ10% de la surface émergée des terres (Mayaux et al. 2005) et sont détruites à raison de 0,5% par an d’après une estimation entre 1990 et 1997 (Achard et al. 2002) entrainant avec elles la disparition des espèces hôtes.

Le genre Mantella qui compte actuellement 16 espèces décrites (Rabemananjara et al., in press) est à 100% endémique de Madagascar (Glaw & Vences 2007). M. aurantiaca est une des cinq espèces amphibiennes à distribution restreinte considérées comme les priorités en matière de conservation des espèces (Blanc & Blommers 1987). Elle a une distribution limitée à la région Alaotra Mangoro et sur trois sites à Ambositra et à Ankaratra (Behra et al. 1995) qui sont très peu documentés. Reconnue comme la « star » des grenouilles malgaches (Blanc & Blommers 1987), M. aurantiaca est classée en danger critique d’extinction (CR B2ab (iii,v)) par la classification IUCN version 3.1 en 2001, ce qui signifie que l’espèce fait face à un haut risque de disparition à l’état naturel avec une aire de répartition restreinte à moins de 10 km2 , son habitat est sévèrement fragmenté et l’espèce continue de régresser en surface de répartition et en nombre d’individus d’âge mature. Il semble également que l’espèce ne se trouve dans aucune aire protégée d’après sa distribution connue, pourtant elle figure en annexe II de la CITES, ce qui la rend sujette à l’exploitation pour le commerce. Les recherches sur cette espèce se focalisaient sur des sites ou des zones différentes selon les investigateurs, sans compilation des résultats. En tout 13 populations sont mentionnées dans les rapports et publications (Food and Agriculture Organization 2004; Rabemananjara et al., in press) dont trois situées dans le bassin versant de Torotorofotsy et 10 dans la partie sud de Moramanga. Cette situation ne permet pas de connaître l’état des populations, ce qui appelle à entreprendre des recherches pour aboutir à des résultats utilisables pour la conservation.

Milieu biotique

Ressources floristiques

D’après l’Inventaire Ecologique et Forestier National (1996), la formation forestière de la région appartient à l’étage de moyenne altitude – pentes orientales du domaine du centre situé entre 800m et 1800m d’altitude. La végétation primaire est constituée de forêts denses humides sempervirentes de moyenne altitude se présentant sous forme d’une futaie de transition entre les forêts denses humides sempervirentes de basse altitude et les forêts sclérophylles de montagne. Elle comporte trois strates :
– une strate supérieure formée de grands arbres (de 20m à 25m) ramifiés assez bas,
– une strate moyenne de 10m à 15m avec de nombreuses espèces monoblastiques,
– une strate inférieure ayant l’aspect d’un taillis serré formé d’arbustes aux troncs droits, assez clair pour permettre le développement d’un tapis discontinu de mousses et de plantes herbacées parmi une épaisse couche d’humus mal décomposé.

Les formes de dégradations suivantes sont aussi rencontrées:
– jachères forestières après culture, souvent à base de Solanum auriculatum (Solanaceae), Harungana madagascariensis (Guttiferae), Trema orientalis (Ulmaceae), Dombeya spp. (Sterculiaceae) et bambous ;
– brousses éricoïdes à Helicrysum spp. (Compositae), Philippia spp.et Agauria spp. (Ericaceae) et Pteridium spp. (Dennstaedtiaceae) par suite de passage répétés de feux ;
– savanes à Imperata cylindrica, Hyparrhenia rufa, Eulalia villosa, Cymbopogon sp. et Heteropogon sp. Ainsi que pseudo steppes à Aristida similis, A. rufescens, A. multicaulis et Loudetia simplex (Graminae) en tant qu’ultime stade de dégradation sur les sols les plus érodés. On rencontre également dans cette zone les forêts marécageuses qui sont des formations climatiques édaphiques, et à part les formations naturelles, des reboisements d’eucalyptus et de pins existent sur une grande étendue. Ce sont des formations forestières subsistant dans des milieux très acides et sur sol hydromorphe. En particulier, concernant le système de marais de Torotorofotsy, c’est une grande cuvette marécageuse contenant le grand marais et ses bras jusqu’aux bassins versants forestiers d’Ambatovy. Les cypéracées en bordure du marais sont principalement constituées des espèces suivantes : Fimbristylis longiculmis, Eleoscharis plantaginae, Fuirena pubescens, Bulbostylis sp., Hypotlytrum madagascariensis, Fimbristylis bivalvis, Cyperus aequalis.

La couverture forestière actuelle est subdivisée en forêts classées, aires protégées et périmètres de reboisement (CIRconscription de l’Environnement, des Eaux et Forêts et du Tourisme 2005). Deux aires protégées gérées par l’ANGAP sont situées dans la partie Nord est de la région: le Parc National Mantadia étendue sur 15480 ha et la Réserve Spéciale Andasibe vaste de 810 ha. Une station forestière à Analamazaotra est gérée par une association locale (Mitsinjo). Une zone humide d’importance internationale ou site Ramsar se trouve également dans cette région: le marais de Torotorofotsy sur 9993 ha dont la gestion est actuellement confiée à une COBA (VOI Taratra) encadrée également par l’association Mitsin jo. Le corridor Ankeniheny – Zahamena est en cours de mise en place en tant que nouvelle aire protégée du SAPM sauf le bassin versant autour du marais de Torotorofotsy dont l’aménagement est concerté avec le projet Ambatovy.

Ressources faunistiques

La ressource en faune a été inventoriée au cours de l’évaluation biologique rapide du corridor Mantadia-Zahamena en 2005. Nous avons relevé ici les points saillants des résultats obtenus. Treize espèces de lémuriens dont le fameux Indri indri faisant la renommée de la région sont identifiées et recensées dans le corridor avec le Prolemur simus qui vient d’être découvert dans la zone Nord Ouest. Il y a 89 espèces de micromammifères dont 70,78% sont endémiques à Madagascar. La faune herpétologique est représentée par 129 espèces pour le corridor (Ravoninjatovo 1998; Schmid & Alonso 2005). Environ 1916 espèces d’insectes dont 61 cicindèles actuellement sont connues dans cette région. La partie Sud du corridor (Ankeniheny), comporte 32espèces de reptiles, 50 espèces d’amphibiens, des micromammifères (insectivores et rongeurs) ont été repérés, ainsi que des oiseaux tels que Coua cristata, Coracopsis vasa, Streptopelia sp., et des lémuriens représentés par Indri indri, Microcebus spp., Eulemur fulvus, Varecia variegata, Propithecus diadema etc. (Schmid & Alonso 2005).

Autres ressources naturelles
Les ressources minières sont également des ressources naturelles présentes dans la zone. Le nickel et le cobalt sont exploités à Ambatovy et Analamay, le graphite à Mantadia.

Menaces sur les ressources naturelles
Les menaces qui pèsent sur les ressources naturelles sont : les feux, les défrichements, la surexploitation et les catastrophes naturelles. Le taux de déforestation annuelle est de 0,37% de 2000 à 2005 (CIRconscription de l’Environnement, des Eaux et Forêts et du Tourisme 2008). L’exploitation minière est une menace aussi dans la mesure où les externalités négatives ne sont pas contrôlées, telles que la pollution et l’ensablement en aval, l’empiétement sur les territoires des espèces.

Milieu socioéconomique

Démographie 

En 2003, plus de trois cent vingt mille habitants sont enregistrés pour l’ensemble Moramanga – Anosibe An’Ala. La population est composée d’un brassage d’ethnies dont la majorité est principalement constituée par les Bezanozano et les Betsimisaraka auxquels s’ajoutent les Sihanaka et les migrants Merina et Betsileo. La densité de la population est de 26,73hab/km2 . Les immigrants, principalement d’Antananarivo et de Fianarantsoa exercent des activités ambulantes à vocation commerciale des activités dans les petites exploitations forestières non mécanisées dans l’ensemble de la zone (Tableau de Bord Environnemental Mangoro 2005). Le taux de scolarisation de Moramanga est de 64,77% et le taux d’alphabétisation 76,6%.

Activités économiques 

Les principales fonctions de la population sont l’exploitation forestière, l’agriculture (86,16% de la population), l’élevage, la pêche, le commerce et la fonction publique. Différentes formes d’exploitation forestière existent dans cette zone. Des compagnies d’exploitation forestière à grande échelle sont implantées, dont la Fanalamanga, la Transformation Industrielle du Bois (TIB), Panomad, etc. les grandes entreprises exploitent les plantations industrielles de pins et d’eucalyptus. Par contre, les COBA et d’autres exploitants exploitent des forêts naturelles par le transfert de gestion ou par adjudication. Les produits de l’exploitation forestière sont notamment le bois d’œuvre pour les forêts naturelles, le bois d’œuvre, le bois de chauffe et le charbon pour les forêts de pins et d’eucalyptus (CIRconcription de l’Environnement, des Eaux et Forêts et du Tourisme 2008). Le secteur tourisme prend aussi une importance capitale dans l’économie de la région. Il y a des sites touristiques le parc national Mantadia et la réserve spéciale Analamazaotra gérés par l’ANGAP, la station forestière d’Analamazaotra gérée par l’association Mitsinjo, et d’autres sites comme Vohimana et Maromizaha dont la gestion est actuellement confiée au Groupe d’Etudes et de Recherches en Primatologie ou GERP (BIODEV 2005).

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Table des matières

I. INTRODUCTION
I.1. Contexte et cadre général de l’étude
I.2. Importance de l’étude
I.3. Problématique
I.4. Hypothèses
I.5. Objectifs
II. PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
II.1. Milieu physique
II.2. Climat
II.3. Relief, topographie et formation pédologique
II.4. Hydrographie
II.5. Milieu biotique
II.5.1. Ressources floristiques
II.5.2. Ressources faunistiques
II.5.3. Autres ressources naturelles
II.5.4. Menaces sur les ressources naturelles
II.6. Milieu socioéconomique
II.6.1. Démographie
II.6.2. Activités économiques
III. METHODOLOGIE
III.1. Etudes bibliographiques
III.2. Choix des sites d’études
III.3. Observations directes
III.4. Etudes écologiques et morphométriques
III.5. Etudes socioéconomiques
III.6. Traitement des données
III.7. Limites de l’étude
IV. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
IV.1. Généralités sur les amphibiens
IV.2. Les amphibiens de Madagascar
IV.3. La famille Mantellidae, Laurent 1946
IV.4. La sous-famille Mantellinae, Laurent 1946
IV.5. Le genre Mantella, Boulenger 1882
IV.6. Mantella aurantiaca, Mocquard 1900
V. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
V.1. Abondance
V.1.1. Localisation des sites avec l’abondance de M. aurantiaca
V.1.2. Abondance par site
V.1.3. Abondance par zone
V.1.4. Abondance par sexe et par âge
V.1.5. Abondance par période
V.1.6. Abondance par niveau topographique
V.1.7. Comparaison des deux méthodes de recherche
V.1.8. Corrélation entre les deux méthodes
V.2. Etudes morphométriques
V.2.1. Comparaison de la taille et du poids entre male et femelle
V.2.2. Relation entre la taille et le poids de M. aurantiaca
V.2.3. Comparaison des caractères morphométriques par zone
V.2.4. Comparaison de la taille et du poids par site
V.3. Caractérisation de l’habitat
V.3.1. Caractéristiques de l’habitat par zone
V.3.2. Caractéristiques des sites avec et sans M. aurantiaca
V.4. Etudes socioéconomiques
V.4.1. Opportunités et atouts pour la conservation
V.4.2. Menaces et pressions liées aux activités de production
V.4.3. Menaces liées à la gestion des ressources
IV. DISCUSSIONS
IV.1. Variation de l’abondance
IV.2. Abondance par période
IV.3. Comparaison des deux méthodes de recherche
IV.4. Relation entre l’abondance et les paramètres de l’habitat
IV.5. Variation de la taille et du poids
IV.6. Connaissance des personnes sur l’espèce
IV.7. Efficacité des réglementations
IV.8. Priorités pour la conservation
V. RECOMMANDATIONS
V.1. Recommandations méthodologiques
V.2. Choix de sites potentiels
V.3. Plan de conservation de la zone sud reliée au bassin versant du Mangoro
VI. CONCLUSION

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